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AN. 430.

Vita c. 18.
Indic. Pof-

fid.

XXVII.

tes.

le facrifice, en préfence des évêques. Il ne fir point de teftament, parce qu'il étoit fi pauvre, qu'il n'avoit pas de quoi en faire; mais il recommandoit toûjours de conferver avec grand foin la bibliotheque, & tous les livres de fon églife. Nous aprenons toutes ces particularitez de Poffidius, qui avoit vécu familierement avec lui prés de quarante ans.

Il raconte aufli fes miracles. Je fai, dit-il, qu'étant prêtre & étant évêque, comme on le preffa de recomander à Dieu des poffedez, il pria avec larmes, & les démons fe retirerent. Je fai qu'étant malade & au lit, quelqu'un le vint trouver avec un malade, & le pria de lui impofer les mains pour le guérir. Il dit: Si j'avois quelque pouvoir fur les maladies, je me guérirois le premier. L'autre répondit Il m'a été dit en fonge: Vas trouver l'évêque Auguftin, qu'il impofe la main à ce malade, & il fera guéri. Il le fit fans plus diférer, & auffi-tôt le malade fe retira en fanté. Le même Poffidius nous a laifié un catalogue des ouvrages de S. Auguftin, tant des livres, que des fermons & des lettres, où il en compte mil trente, avoüant toutefois qu'il n'a pû tout compter. Il s'y en trouve plufieurs que nous n'avons pas.

Vers le même tems mourut prés de C. P. S. Alexan- S. Alexandre, fondateur du fameux inftitut dre auteur des Acemetes. Il nâquit dans 1A'fie mineure des Aceme d'une famille noble, & étudia à C. P. puis il eut une charge dans le palais de l'empereur, il reconut bien-tôt la vanité du fiécle, & la lecture de l'écriture fainte P'en dégoûta davantage. Il quitta fon emploi, diftribua fon bien aux pauvres, & alla en Syrie, où il embrafla la vie monaftique, fous la conduite

Vita Boll. 35. Jan.

d'un

d'un abbé nomé Elie, dont la réputation l'a- AN. 430voit attiré. Aprés y avoir demeuré quatre ans, il fe retira dans le défert, à l'exemple du prophéte Elie, & y demeura fept ans. H convertit Rabbula gouverneur d'une ville voifine, & plufieurs autres payens. Ils vouloient l'avoir pour évêque, & comme ils gardoient les portes de la ville, Alexandre fe fit defcendre la nuit par la muraille, dans une curbeille. Rabbula étant converti, mit en liberté fes efcla

ves,

dona fes biens aux pauvres, & fe retira dans la folitude, où il mena la vie d'anachorete. Mais il en fut tiré depuis pour être évêque d'Edeffe métropole de Mefopotamie. Sa femme fe confacra à Dieu de fon côté, & bâtit un monaftere, où elle s'enferma avec Les filles & fes fervantes, & y finit faintement fes jours.

Alexandre s'étant fauvé de la ville où on vouloit le faire évêque, & ayant marché deux jours dans le défert, fe trouva dans un lieu qui fervoit de retraite à trente voleurs. Il demanda à Dieu leurs ames; le capitaine fe convertit le premier, & mourut huit jours aprés fon baptême. Les autres ayant auffi été baptifez, firent un monaftere de leur caverne, fous la conduite d'un fuperieur qu'Alexandre leur dona.

Les ayant quittez ; il bâtit un monaftere fur le bord de l'Euphrate, & demanda à Dieu pendant trois ans d'y pouvoir établir une pfalmodie continuelle. Sa comunauté s'accrut tellement, qu'il eut jufques à quatre cent moines de diferentes nations: des Syriens naturels du pays, des Grecs, des Latins, des Egyptiens. Il les divifa en plufieurs chœurs, qui fe fuccedant les uns aux autres, céle

C 1

broicut

AN. 430.

Sup. lit.

XXI. n. 47.

Sup. liv.

XIX. n. 15.

broient continuellement l'ofice divin ; & c'eft le premier exemple de cette pratique. Ces moines de S. Alexandre obfervoient une exa&te pauvreté, chacun n'avoit qu'une tunique; & ne fe fourniffoit de vivres que pour chaque jour. S'il en reftoit, on les donoit aux pauvres, fans rien garder pour le lendemain.

Aprés avoir demeuré vingt ans dans ce monaftere fur l'Euphrate, il deftina foixante & dix de fes difciples pour aller prêcher la foi aux gentils; il en choifit cent cinquante pour le fuivre dans le défert, & laiffa les autres dans le monaftere, fous la conduite de Trophime. Il avoit autrefois été à Antioche, &

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avoit montré un grand zele, en s'opofant à l'intrufion de l'évêque Porphire en 404. Il y revint au bout de vingt ans, fous l'évêque Theodofe, accompagné de fes difciples : mais l'évêque prévenu contre lui, le fit chaffer, aparemment le prenant pour être de la fecte des Euchites ou Maffaliens, à caufe de fa priere continuelle, de fa vie errante, & du pays d'où il venoit. Un ecclefiaftique nomé Malcus, accompagné de quelques laïques, alla par ordre de l'évêque, pour chaffer Alexandre, & lui dona un fouflet. Alexandre fans s'émouvoir, dit feulement ces mots Fran.XVIII de l'évangile : Or le nom du ferviteur étoit Malcus. Le peuple qui le regardoit comme un prophéte, prit fa défenfe, & Malcus fut obligé de fe retirer. Toutefois Alexandre fur contraint de quitter Antioche, par ordre du gouverneur, qui le relegua à Calcis avec fes difciples. S'étant déguifé en mandiant, il alla dans un monaftere nomé Crithen, & fur bien étoné d'y trouver fon inftitut de pfalmodie perpetuelle. Il jugea, comme il étoit

30.

vrai, que cette maison avoit été fondée par AN. 430, un de fes difciples.

Enfin il quitta la Syrie, & avec vingt de fes moines il retourna à C. P. où il fonda un monaftere prés l'églife de S. Menne. En peu de tems il y eut jufques à trois cent moines de diverfes langues, Grecs, Latins & Syriens, tous catholiques, & dont plufieurs avoient demeuré dans d'autres monafteres. Il les divifa en fix chœurs, qui chantoient l'ofice tour à tour, fe fuccedant les uns les autres : en forte que Dicu étoit loué en ce monaftere à toutes les heures du jour & de la nuit. Delà vint le nom d'Acemetes Acoimétai qui fignifie en Nil ap. Va grec des veillans, ou gens qui ne dorment lef.in Theod. point parce qu'il y avoit toûjours une parrie de la comunauté qui veilloit. Comme ils ne travailloient point, & n'avoient autres biens que leurs livres on admiroit comment ils pouvoient fubfifter, & on les foupçonuit d'être de la fecte des Maffaliens. Alexandre fut arrêté par deux fois. On voulut l'obliger à interrompre fa pfalmodie perpetuelle: on renvoya fes difciples à leurs premiers monafteres; enfuite on les mit en liberté, croyant qu'il demeureroit feul Mais le jour même qu'il fortit de prifon, fes moines le rejoigni

rent,

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& ils recomencerent leur pfalmodie. Il s'en alla avec eux vers l'embouchure du Pont-Euxin fonda un monaftere,& y mou

rut vers l'an 430.

XXVIII.

Sur la fin du mois de Novembre 430. & Autre letaprés la convocation du concile d'Ephese, Ne- re de Neftorius écrivit au pape S. Celeftin en ces ter- ft rius au mes: J'ai apris que le vénerable Cyrille évê- Pape. que d'Alexandrie, épouvanté par les plaintes at. qui nous ont été préfentées contre lui, cher- p. 80. € 3

che

Ap. Mcr

Garn.

&

A 430. che à éviter le S. concile, qui fe doit tenir à caufe de fes accufations ; & s'attache à des paroles, favoir aux mots de Theotocos Chriftotocos dont il admet l'un, & rejette l'autre, qu'il admet pourtant quelquefois. Pour moi je ne m'opofe pas à ceux qui veu→ lent dire Theotocos pourvû qu'ils ne l'entendent pas comme Arius & Apollinaire, pour confondre les natures: mais je n'hésite pas à préferer le mot de Chriftotocos comme employé par les anges & les évangeliftes. C'eft te qu'il infiftoit fur les paffages de l'évangile, où en parlant de la nativité temporelle du fils de Dieu, il eft nomé Jefus ou Chrift. Il continue: Si nous confidérons deux fectes contraires, dont l'une n'employe que le mot de Theotocos (avoir celle d'Arius ou d'Apol linaire; l'autre ne fe fert que d'Antropot cos, favoir celle de Paul de Samofate, parce que la premiere ne reconnoît Marie, que mere de Dieu; & la feconde ne la reconnoît que mere d'un homme: ne faut-il pas effayer de ramener les uns & les autres, par un nom qui fignific les deux natures, qui eft celui de mere de Chrift, Chriftotocos J'ai écris ceci à l'évêque d'Alexandrie, comme vous ver→ rez par les lettres que je vous envoye. Aus refte, il a plû au très-pieux empereur d'indiquer un concile cecumenique, pour y examiner d'autres affaires ecclefiaftiques. Car pour cette queftion de mots, je ne croi pas que la difcuffion en foit dificile. Il y a aparence que Neftorius envoya cette lettre avec celle de l'empereur, pour la convocation du concile cecumenique.

XXIX. Ses derniers Sermons.

Cependant les quatre évêques députez par le concile d'Alexandrie, étant arrivez à C. P..

al

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