été ordoné évêque, S. Loup lui écrivit, & Sidonius l'en remercia en des termes, qui font voir en même tems combien il eftimoit S. Loup, & combien il fe croyoit indigne de l'épifcopat. Il y avoit alors quarante cinq ans que S. Loup étoit évêque, ce qui revient

à l'an 472. puifqu'il avoit été ordoné en 427. Sup. XXV. comme il a été dit. Il vécut encore sept ans, n. 15. & mourut en 479. aprés cinquante-deux ans d'épifcopat l'églife honore fa mémoire le Martyr. R. vingt-neuviéme de Juillet. Il laiffa plufieurs 19. Jul. difciples entre autres S. Polycrone évêque de Verdun, S. Severe évêque de Treves l'apôtre de la premiere Germanie, S. Aubin évêque de Châlon, qui chaffa les démons de plufieurs poffedez, auffi - bien que S. Polycrone. Le fucceffeur de S. Loup dans le fiege de Troyes, fut Camelien imitateur de ses

vertus.

XLIII.

Commencement de

s. Remy.

Flodoard.

Jan.

Cependant s'élevoit une autre grande lumiere dans la même partie des Gaules, faint Remy évêque de Reims. Son pere Emilius & fa mere Celinie avoient eu un autre fils en leur jeuneffe nomé Principius, qui fut évêque hift. 1 c.11. de Soiffons, & pere de Loup fon fucceffeur. L'églife honore S. Principe le vingt-cinquié- Hinemar. me de Septembre. Long-tems aprés fa naif- ap Sur. z o fance, Emilius & Celinie étant fort âgez, un folitaire nomé Montan conut par révelation, qu'ils auroient encore un fils qui feroit nomé Remy, & procureroit le falut des peuples. Il le dit à Celinie, & ajoûta pour preuve de fa prédiction: Je fuis aveugle comme vous voyez, mais en me frottant les yeux de vôtre lait je recouvrerai la vue. L'enfant nâquit, & au baptême fut nomé Remigius ou Remy, & le folitaire Montan re

Bb S

con

couvra la vue par le lait de la mere. S.Remy nâquit vers l'an 450. dans le territoire de Laon. Sa nourrice Balfamie eft comptée auffi entre les Saints, & conue à Reims par une églife collegiale, qui porte le nom de fainte Nourrice. Elle fut mere de Celfin, depuis difciple de S. Remy, & conu à Laon, fous le nom de S. Souffin.

S. Remy avoit l'efprit excellent, & fit un tel progrès dans les lettres, qu'il devint au 1x Epift.7 jugement de Sidonius le plus éloquent de fon tems. Sa vertu n'étoit pas moindre,& dès fa plus grande jeuneffe il joignit la gravité à la pureté des mœurs : ce qui fut caufe qu'aprés #led...11. la mort de Bennage êvêque de Reims, il fut élu pour lui fucceder, d'un confentement unanime de tout le peuple, malgré fa refiftance & fa jeuneffe, car il n'avoit que vingtdeux ans. L'évenement fit voir que Dieu avoit conduit cette élection ; & S. Remy gouverna dignement l'églife de Reims pendant foixante-quatorze ans. On raporte fon ordination à l'an 471.

fo 17.

Sigebert.

Chr.

XLIV.

Autres

ques en

Gaule.

Sid. IX.

Sidonius nous a confervé la mémoire de

faints évê- plufieurs autres faints évêques dont les plus conus font, Aprunculus de Langres, qui étant chaffé de fon fiege, vint en Auvergne, ep. 10. & fut choifi par Sidonius même pour fon Greg Tur. fucceffeur en l'évêché de Clermont. Aufpi11. hift c. cius évêque de Toul, Cenfurius évêque d'Auxerre, à qui le prêtre Conftantius auffi ami p 10. de Sidonius adreffa la vie de S. Germain. L'éiv. ep. 10. glife honore la mémoire de Cenfurius le dixieMartyr. me de Juin ; & le vingt-neuviéme de Juil10. Jan. let celle de Profper d'Orleans, qui pour la 29 Jul. gloire de S. Agnan fon prédeceffeur avoit vouSid. Vill. Iu engager Sidonius d'écrire la guerre d'Atspift. is.

Sid. VII.

2. ep. 1.

tila, mais il s'en excufa.

Ua

Un officier du palais nomé Maxime avoit IV. ep. 249 prêté une fomme d'argent à Turpion, qui avoit été tribun. Celui-ci malade à la mort, & preffé de payer, pria Sidonius ami com mun de lui obtenir du tems. Maxime demeuroit à Toulouse, & Sidonius l'alla trou ver à une maison de campagne qu'il avoit auprés. Quand j'arrivai, dit-il, il vint lui-même au devant de moi, mais fort changé. J'avois accoutumé de lui voir le corps droit, la démarche aisée, la voix libre, le vifage ouvert : alors la posture, le pas, la parole, la couleur, la modeftie; tout fentoit la religion. Il avoit les cheveux courts, la barbe longue, des felles à trois pieds, des rideaux de groffe étoffe à fes portes: point de plume à fon lit: point de pourpre fur fa table. Il faifoit une chere honête, mais frugale, avec plus de lé gume que de viande; & ce qu'il y avoit de meilleur étoit pour les hôtes, & non pour lui. En nous levant de table, je demandai tour bas aux affiftans, lequel des trois genres de vie il avoit embraffé: s'il étoit moine : clerc ou pénitent? On me dit qu'il étoit depuis peu chargé du facerdoce, où l'affection de fes citoyens l'avoit engagé malgré lui.

Sidonius raconte enfuite comme il propo fa à Maxime de doner du tems à Turpion. & comme Maxime non feulement lui accorda un délai d'un an ; mais lui remit encore tous les interêts, qui montoient plus haur que le principal: promettant s'il venoit à mourir de ne rien demander aux enfans que ce qui conviendroit au devoir de fa profeffion. On ne conoît point d'ailleurs ce Maxime, & comme il ne fe trouve point en- ".Gal. Chr. tre les évêques de Toulouse, on peut croire to. 1.

Bb 6

qu'il

XLV. Lettre cir

<. 4.

Sup. n. 20.

1. p. 550 epift. 4.

qu'il n'étoit que prêtre : mais cette hiftoire eft remarquable, pour montrer le change ment qu'attiroit la clericature, même dans l'exterieur.

En Orient Bafil'fque étant reconu empeculaire de reur aprés la fuite de Zenon, reçut une déBafilifque putation de quelques Alexandrins, fuivant Sup. n. 40. laquelle il rapella Timothée Elure de l'exil Evagr. III. où il étoit depuis dix-huit ans. Timothée vint donc à C. P. & y fut reçu par ceux de fa Theod. let. faction, avec des acclamations, où ils difoient: Beni foit celui qui vient au nom du Seigneur mais comme il alloit en procefSimpl.P. fion du palais de Bafilifque à l'églife, fuivi d'une troupe d'Alexandrins, & monté fur un afne, il tomba fi rudement, qu'il fe rompit le pied. Pierre le Foulon fortit auffi du monaftere des Acemetes, où il se tenoit caché; & tous les ennemis du concile de Calcedoine commencerent à paroître, & à l'attaquer librement.

Timothée perfuada même à l'enipereur Ba filifque de condamner le concile, & la lettre de S. Leon, par une lettre circulaire adressée à tous les évêques: où fous pretexte de conAp. Evagr. firmer les loix de fes prédeceffeurs, de procurer l'union de l'églife, & de conferver les decrets de Nicée, de C. P. & d'Ephefe: il ordone à tous les évêques d'anathématifer & de mettre au feu le tome de Leon, & tout ce qui a été fait à Calcedoine: tant la définition de foi, que les interpretations & les difputes, comme autant de nouveautez. Il eft vrai qu'il condamne ceux qui ne confeffent pas, que le fils de Dieu s'eft veritablement fait homme & qui fupofent que fa chair eft yenue du ciel, ou qu'il ne s'eft in

car

c. So

Earné qu'en aparence. La lettre circulaire An. 476 ajoûte que tous les évêques y fouferiront & anathématiseront expreffément ce qui s'eft fait à Calcedoine ; & ceux qui oferont à l'avenir en faire mention, feront punis comme perturbateurs des églifes, & ennemis de Dieu & de l'empereur. Les évêques & les clercs feront dépofez, les moines & les laïques banis, avec confifcation de leurs biens. Timothée Elure fut renvoyé à Alexandrie, Evagr. Ha & Pierre le Foulon à Antioche: mais avant que de partir de C.P. ils foufcrivirent les premiers à la lettre circulaire de Bafilifque, & furent fuivis d'un grand nombre d'évêques ; en forte qu'on en comptoit environ cinq cent, qui avoient foufcrit, en condamnant la lettre de S. Leon & le concile de Calcedoine. Les fchifmatiques qui reftoient autour de Je- Vita S. E rufalem, fe prévalurent de l'occafion, & mi- thym. p.36. rent à leur tête en qualité d'archimandrite, Geronce abbé de fainte Melanie, qui ne fit guére moins de mal qu'avoit fait Theodofe, vingt-trois ans auparavant. On dit même qu'Anaftafe patriarche de Jerufalem foufcri- XXVIII vit à la lettre circulaire.

Sup.

1. 47.

Acace de C. P. fut le feul des patriarches qui réfifta à Bafilifque, & refufa de foufcrire: ayant pour lui les moines, & tout le Theod. peuple de C. P. qui s'affembla dans l'églife l. 1. contre Bafilifque. Acace prit des habits noirs & couvrit de draps noirs la chaire & l'autel. Des prêtres, des abbez & des moines zelez Simpl.epif de C. P. avoient déja donez avis au pape Sim- 4. t. 4. plicius du retour de Timothée Elure, & des troubles qu'il faifoit à C. P. pour fe faire rétablir à Alexandrie. Sur quoi le pape écrivit à l'empereur le dixiéme de Janyier 476. l'exBb 7.

hor

Conc.

1070