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AN. 431

XXXII.

Loi pour

Socr VII. 8.32.

la néceffité du mot Theotoc ́s ́ l'unité du file de Dieu, fes foufrances, & fon facerdoce. Ces trois ouvrages furent compofez avant le concile d'Ephefe.

Il arriva cependant un accident funefte à C. P. Des barbares esclaves d'un homme puifles Afyles. fant, traitez cruellement par leur maître, se refugierent dans l'églife, & entrerent jufques dans le fanctuaire, portant des épées. On les exhorta à fe retirer, mais ils n'en voulurent rien faire. Ils empêchoient le fervice divin, & pendant plufieurs jours ils tenoient leurs épées nues, prêts à fe défendre contre qui~ conque aprocheroit. Ils tuerent un clerc, blefferent un autre, & enfin s'égorgerent euxmêmes. Cette profanation de l'églife fut regardée comme un mauvais préfage; pour prévenir de pareils accidens, l'empereur Theodofe fit une loi adreffée à Antiochus préferdu prétoire, & datée du dixième des calendes d'Avril, fous le confulat du même Antiochus, c'eft à dire du 23. de Mars 431.

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en

Elle porte que les temples de Dieu doivent être ouverts à ceux qui font en péril; & qu'ils feront en fûreté; non feulement prés de l'autel, & dans le lieu des prieres, c'eft à dire dans le corps de l'églife, mais dés l'ertrée, & en tous les lieux compris dans l'enceinte du lieu facré : chambres, maifons, bains, jardins, cours, galeries. Auffi ayant tout cet efpace de fûreté, il ne leur fera permis ni de manger, ni de coucher, ou demeurer dans le fanctuaire ou dans le temple, & ils ober ront aux clercs qui les en empêcheront. Ir eft défendu à ceux qui fe refugient dans les églifes d'y porter aucune arme de quelque efpece que ce foit: non feulement dans le lieu

La

facré, mais dans toute l'enceinte. Ceux qui AN. 431. n'obéiront pas, feront chaffez de l'afyle, & même tirez par force & à main armée, s'il eft befoin. Et c'eft le feul cas où il eft permis d'entrer dans l'églife avec des armes. L'empereur déclare que lui-même, qui par tout ailleurs eft environé de fes gardes, laifle les armes dehors en entrant dans l'église, qu'il quitte jufques à fon diadême ; & n'entre dans le fanctuaire que pour l'ofrande. On voit entre autres chofes par cette loi la quantité de bâtimens qui accompagnoient les églifes & la fup. liv. grande enceinte qui les enfermoit. Outre l'ex- xv.n.42. trait de cette loi inferé dans le code Theodo- 1. 4. c. Th. de his qui fien, elle est entiere dans les conciles avec ad eccl. la date de fa publication en Egypte, indiction conf. lib. 9 quatorziéme, le douziéme de pharmouthi, tom. 3.conc. c'eft à dire le feptiéme d'Avril 431. car c'étoit P· 32,30 une loi génerale pour tout l'empire.

Nole.

vita cont..

Cette même année 431. l'églife d'occident xxxIII. perdit S. Paulin de Nole. Il étoit évêque de- Fin de S. puis environ vingt ans, & dans cette char- Paulin de ge il n'avoit jamais cherché à fe faire crain- Vram. dre, mais à fe faire aimer de tout le monde. prest epift. Dans les jugemens il examinoit rigoureufe- ad Paul. ment, & décidoit avec douceur. Quoi qu'il p 143. eût autrefois doné fi liberalement fes biens, il Pomer. de prenoit grand foin de ceux de l'églife, pour 1.6. 9. les difpenfer fidélement. Il donoit à tous, il pardonoit, il confoloit, il édifoit les uns par fes difcours, & par les lettres, les autres par fes exemples: fa réputation s'étendoit non feulement dans tout l'empire, mais chez les barbares. Il étoit âgé, comme l'on croit de foixante & dix-huit ans, quand il tomba malade d'une douleur de côté, & comme on désesperoit de sa vie, deux évêques Symma

AN. 431. que & Acyndinus vinrent le vifiter. Leur ag→ rivée lui dona tant de joye, qu'il fembloitoublier fa maladie, & comme étant pret à aller à Dieu, il fit aporter devant fon lit les va→ fes facrez, afin d'ofrir avec les éveques le facrifice pour recomander fon ame à Dieu, & rendre la paix à ceux qu'il avoit féparez du S. miniftere, fuivant la difcipline de l'églife. Aprés avoir tout acompli avec joye, il dit tout d'un coup à haute voix : Où font mes freres? Un des affiftans croyant qu'il parloit des éveques qui étoient préfens, dit les voici. S. Paulin reprit : Jé parle de mes freres Janvier & Martin qui viennent de me parler, & m'ont dit qu'ils alloient venir me trouver. Il entendoit S. Janvier évêque de Capoue, & martyr, dont les reliques étoient deflors à Naples, & S. Martin de Tours, qui lui étoient aparus. Enfuite il étendit les mains au Ciel & chanta le préaume: J'ai levé mes yeux aux montagnes, & le refte, & finit par whe oraifon. Alors le prêtre Poftumien l'avertit qu'il étoit dù quarante fous d'or pour des habits que l'on avoit donez aux pauvers. S. Paulin répondit en fouriant doucement : Mon fils n'en foyez point en peine, il fe trouvera quelqu'un, qui acquittera la dette des pauvres. Peu de reins aprés entra un prêtre venant de la Lucanie, envoyé par l'évêque Exuperance & fon frere Urface, l'homme du rang des clariffimes, qui lui apportoit cinquante fous d'or en pur don. S. Paulin les ayant reçus, dit: Je vous rends graces, Seigneur de n'avoir point abandoné celui qui efpere en vous. Il dona deux fous d'or de fa main au prêtre qui les avoit aportez, & ordona que du refte on payât les marchans qui

Pfal. 120

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avoient doné des habits aux pauvres.

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La nuit étant venue, il repofa jufques à minuit: puis fa douleur de côté étant redoublée avec violence, joint le mal que lui a voient fait les medecins en lui apliquant le feu plufieurs fois inutilement : il foufrit beaucoup de fon opreffion de poitrine, jufques à la cinquiéme heure de la nuit, c'est à dire, une heure avant le jour. A la pointe du jour il fuivit fa coûtume, éveilla tout le monde, & dit matines, ou plûtôt laudes, à l'ordinaire le jour venu, il parla aux pretres, aux diacres, & à tout le clergé, & les exhorta à la paix puis il demeura fans parler jufques au foir. Enfuite comme s'éveillant, il reconut le tems de l'ofice des lampes, c'est à dire des vêpres:& étendant les mains, il chanta, quoique lentement: J'ai préparé une lam- Pf. 131. 17 pe à mon Chrift. Aprés quelque tems de filence, vers la quatrième heure de la nuit ; c'est à dire dix heures, tous les affiftans étant bien éveillez, fa cellule fut ébranlée d'un fi grand tremblement de terre, qu'ils fe profternerent pour prier tout épouvantez: fans que ceux qui étoient hors de la chambre s'aperçuffent de rien. Alors il rendit l'efprit, & fon vifage & tout fon corps parut blanc comme de la neige. Il mourut le dixième des calendes de Juillet, fous le confulat de Baf-fus & d'Antiochus, c'eft à dire l'an 431. lè 22. startyr. He de Juin, jour auquel Péglife honore encore 2. Jum fa mémoire. Les circonftances de fa mort ont été écrites par un prétre nomé Uranius. qui y avoit été préfent. Il nous refte des écrits de S. Paulin cinquante-deux lettres, & vingt-fix poemes, dont il y en a dix à la louange de: S. Felix avec les fragmens de quelques autres.

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XXXIV.

Incontinent aprés la fête de pâque, qui cette année 431. fut le 19. d'Avril, S. Cyrille Arrivée des & Neftorius partirent chacun de leur côté, évêques à pour fe rendre à Ephefe en diligence. NeftoEphefe rius étoit accompagné d'un grand nombre Socr. VII. de troupes, & des deux comtes Candidien &

C. 34.

c. 35.

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Epift Irenée. Candidien étoit comte des domeftiTheod. I p. ques, c'eft à dire capitaine des gardes de l'emSonc. Eph. pereur, pour prêter main forte au concile : Irenée y alloit fans aucune autorité, seulement par amitié pour Neftorius qui étoit auffi accompagné de dix évéques, & en troutva plufieurs déja affemblez à Ephefe. S. CyEpift rille partit d'Alexandrie accompagné de cinfchifm. P Conc. Eph quante évêques, c'eft à dire de la moitié ou P. 605. E environ de ceux de fa dépendance: les autres étoient demeurez, pour prendre foin des églifes. Le tems lui fut favorable jufques à Rho1. p. conc. des, d'où il écrivit à fon clergé, & à fon peuEp. 33 ple une lettre pleine de charité paternelle : le refte du voyage ne fut pas fi tranquille, & il eut quelque tempête à effuyer. Enfin il ar13. priva à Ephcfe quatre ou cinq jours avant la 1052. D. pentecôte, qui cette année 431. étoit le fep

L.

Apolog ad

Thead. 3.

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tiéme de Juin. Incontinent aprés fon arrivée, il écrivit encore à fon clergé & à fon peuple une lettre, où il dit, Le méchant, la bête qui ne dort point, va & vient de tous côtez pour attaquer la gloire de J. C.mais le malheureux fe frape lui-même, & périra avec fes enfans. On veut qu'il entende Neftorius, mais c'eft plûtôt le dé on auteur de toutes les héréfies: quoi qu'il puiffe avoir voulu marquer par cette énigme les cabales du parti contraire. Juvenal de Jerufelem arriva cinq Sect. VII. jours aprés la pentecôte avec les évêques de Palestine, entre lefquels étoit pierre, autre

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