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Gaures mea

ciam ad percutientem, fed ad sanawiem, & oculi mei fint magis intenti in remedium meum quàm in vulnus meum: fit vita mea pendens ante me. Credam vita mea ut vivam, & non credam morti ut moriar.Ne ultra avolare facias à me doctorem meum: fint oculi mei vi dentes præceptorem meum audientes vocem poft tergum monentis. Hæc eft via, ambulate in ea. QUE je regarde, non celui qui me frappe, mais celui qui me guérit:que mes yeux foient plus attentifs à mon remede qu'à ma blefjure. Que j'aye toujours ma vie fufpendue devant mes yeux. Que je me confie en celui qui eft ma vie afin que je vive ; que je ne me confie point en celui qui eft la mort, depeur que je ne meure Ne faites plus retirer de moi celui qui m'enfeigne. Que mes yeux voyent mon maître,& que mes oreilles entendent celui qui eft derriere moi pour m'avertir, & qui me dit: C'est là la voye, marchez-y.

On peut réduire tous ces avis à un feul est qui les comprend tous, qui que N obéiffe comine à Dieu-même, aux Prê tres à qui Dieu l'a adreflée, & qu'il a chatgés de fon falut, en les croyant humblement & fidelement; le diable eft vaincu, car Jesus-Christ a dit lui-même dans l'Evangile : Que les portes d'enfer ne prévaudront point contre l'Eglife. Pour ce qui eft des remedes qui ne

regardent que le corps, il me femble que l'avis des Médecins qui les approuvent eft non feulement conforme à leur art & à la raison, mais auffi aux lumieres que nous donne la Religion. Ainfi on ne fauroit mieux faire que de le fuivre.

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Des voyes extraordinaires, & des attraits qui portent à des pratiques de mortifi cations exceffives.

Ous ne devez jamais avoir, M. allcune peine de me dire avec une entiere liberté ce que vous trouvez à redire dans ce que je vous écris de moimême, & ce qui vous peut faire de la peine dans ce que je vous écris de la part des autres, Car il me femble qu'à mon égard je n'embrasse jamais tellement un fentiment, que je ne fois prêt d'écouter tout ce qu'on allegue contre,& je le prens même pour une marque de fincerité, En effet, pourquoi faire paroître qu'on eft convaincu quand on ne l'eft pas. Si l'on a raifon de ne l'être pas, on fait plaifir à ceux à qui on le déclare, & quand on autoit tort, on leur fait paroître de la bonne foi. Cette raison conclut de même à l'égard des avis des autres. Il est

auffi permis de propofer les doutes qu'on ena; & non fentement je ne trouve rien à redire à cette conduite, mais elle me paroît beaucoup plus humble & plus digne d'une perfonne qui cherche Dieu véritablement que fi on témoignoit une approbation aveugle de tout ce qu'on nous dit. Je fuis affuré de la difpofition de M. d'Alet fur ce point, & jelai bien que je lui faifois plaifir quand je lui témoignois que je n'entrois pas dans quelque chofe qu'il me propofoit. Ainfi, M. fi vous voulez vous épargner quelques paroles inutiles vous ne me ferez jamais d'excufe fur ce point; & fi vous me voulez faire tout à fait justice, vous n'aurez jamais aucune défiance que j'en puiffe être cho qué. Si j'ai quelque chofe à repartir, je ne laifferai pas de le faire avec confiance, fans craindre de même de vous blef fer en vous contredifant. Car enfin que cherchons-nous que la verité: & pour quoi ne pas dire ce qu'on a dans l'efprit quand on parle à des perionnes qui la cherchent comme nous.

Je ne vous repliquerai rien fur le détail de cette philofophie que j'avois quelque fcrupule de vous avoir écrite. Car après tout, qui me demanderoit à moi-même fi je croi cette explication fort probable, je vous dirois franche

ment

ment que non. Auffi ne prétendois je détruire que la certitude, & il me paroît qu'elle n'eft point dans votre efprit, & qu'ainfi il eft inutile de travailler à vous mettre dans l'état où vous êtes déja. Il fuffit de favoir que comme il y a deux fortes d'operations de grace; l'une ordinaire, & qui ne fe diftingue pas fenfiblement des actions qui ont pour principe la nature; l'autre extraordinaire qui fair agir les hommes d'une maniere fort éloignée de celle dont ils agiflent ordinairement; il y a auffi deux fortes d'actions naturelles, l'une commune qui eft celle dont on agit communément ;l'autre extraordinaire, & qui furprend même ceux qui l'éprouvent, & les porte à prendre ce qu'elle leur fait faire pour des mouvemens de Dieu; & comme nous ne favons jamais bien à quoi fe peut étendre cette puiflance inconnue de la nature, ce n'est jamais que par les effets que nous pouvons nous affurer de la bonté de quelque état. Tout ce qui nous porte à aimer Dieu, à haïr le monde, à être fidelle à nos devoirs doit être jugé bon: tout ce qui nous détourneroit de quelqu'une de ces chofes, doit être jugé mauvais. C'est par-là que ces Meffieurs ont approuvé ce que l'on leur a expofé de votre état, que l'on leur a reprefenté à peu près de la maTome VILL

N

niere dont vous l'exprimez: car quoique vous penchiez à dire que dans cet état on n'a point de penfees, il paroît pourtant que vous prenez ce mot dans une fignification trop refferrée, puisque vous avouez qu'on y eft attaché à quelque objet, & qu'on y a quelque connoiffance, Or connoître & penfer, c'eft la même chose. Mais il est vrai qu'il peut n'y avoir point de raifonnement, mais une fimple vue, & c'eft auffi en cette maniere que que je l'ai conçu.

Je ne fai fi vous approuverez une queftion qu'il me vient dans l'efprit de vous faire fur cet état, & qui me pourroit éclaircir fur quelques paffages de faint Auguftin. La voici. L'acoutumance que nous avons à lier nos idées aux fons & aux mots, fait que non seulement quand nous parlons aux autres, mais auffi quand nous parlons à nous-mêmes, les chofes nous રે paroiffent revêtues de ces mots; de forte qu'en penfant à Dieu, comme à un être infini, je conçois en même tems l'idée de ces mots, Dieu, être infini. Je demande donc s'il en eft de même de cette connoiflance fimple & fi en penfant à Dieu l'idée de ce fon, ou de quelques autres femblables fe préfente. Voilà ma queftion à laquelle vous répondrez fi vous voulez. Pour l'avis que je vous ai propofé de la

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