réfine odorante. Il criftallife, fuivant M. Sage, en petites lames minces, oblongues, quadrangulaires, blanches & tranfparentes. On peut ajouter ici les acides empyreumatiques, qu'on obtient dans la diftillation des végétaux (23), de leurs extraits, de leurs fels effentiels & de leurs huiles, baumes, réfines, &c. Ils font rarement fous forme concrète.

DANS LE RÈGNE MINÉRAL.

XII°. Le fel volatil de fuccin, eft un fel acide concret qui paffe avec l'huile de fuccin, & qu'on obtient auffi par l'évaporation de l'efprit acide qui s'eft formé pendant la diftillation. Quoique le fuccin foit une substance foffile du genre des bitumes, ce bitume, ainfi que tous les autres, eft étranger au règne minéral, & l'acide concret qu'il fournit paroît être, de même que celui du benjoin & des autres réfines, une modification particulière de l'acide végétal. Il cristallise en aiguilles jaunâtres, luifantes & ftriées (24), qui partent d'un centre

commun.

(23) Tel eft l'acide lignique ou acide du bois de M. Goettling, d'après la méthode duquel M. de Morveau a extrait de trois livres & demie de copeaux de hêtre, 18 onces d'acide rectifié. Nouvelles de la république des Lettres, 1782, no 17.

(24) In lamellas verò tenues oblongas fal volatile fuccini, flores benzoini; in maffas hexagonas irregulares difcoideas camphore Evaporationes abfcedunt. Capp. Prodr. cryft. p. 14. M. Sage croit avoir reconnu dans le fel de fuccin des prifmes quadrangulaires.

XIII°. Le fel fédatif eft un acide concret, ou plutôt un fel neutre avec excès d'acide (25), qui, saturé d'alkali fixe minéral, forme le borax. Cet acide, qui paroît être une modification très - particulière de l'acide animal (26), étoit connu, depuis Homberg, comme un des principes conftituans du borax: mais l'Apothicaire du Grand-Duc (27) en a fait depuis peu la découverte dans quelques eaux ftagnantes du pays de Sienne en Toscane; & depuis, M. Paul Mafcagni nous a appris (28) » que le fel » fédatif concret se rencontroit tantôt adhérent au » fchifte, en maffes affez considérables; tantôt en » groupes filamenteux dans le limon des bords » des lagonis, ou dans les fchiftes & le limon des

(25) Cette fubftance, dit M. Bergman, présente à l'examen » des fignes foibles, mais non équivoques, d'acidité : elle » attaque les alkalis, même quelques métaux, & plufieurs autres "fubftances. Opufc. chim. & phyf, trad. franç. pag. 415.

(26) Voyez les raifons qui appuient ce fentiment, dans les Lettres du docteur Démeste, vol. I, p. 196.

(27) M. Hubert Hoefer. Voyez fon Mémoire fur le fel fédatif de Tofcane, &c. publié en italien, in-8°. Florence, 1778, & traduit en françois en 1779, Journal de Physique, cahier de juin. Scheuchzer dit avoir trouvé des eaux qui contiennent du borax. Voyez Itinera Alpina, p. 14.

(28) Dans l'ouvrage qui a pour titre : Dei Lagoni del Senefe e del Volterrano, commentario di Paolo Mascagni. In Siena, in-8°. 1779, p. 9, 11, 58, 62, 71-75. Il s'exprime ainfi fur fa forme: "Tutto il fal fedativo concreto, in qualunque forma "compariva, efaminato colla lente fi vede effer compofto di "piccoliffime laminette," Ibid. pag. 73.

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"foffés par où les eaux s'écoulent (29). On le >> voit quelquefois criftallifé en aiguilles perpendi»culaires à la furface des pierres fchifteufes. Sa >>forme varie beaucoup : fa couleur eft tantôt » très-blanche, tantôt d'un blanc fale, ou jau» nâtre, ou verdâtre. Ce fel fédatif, purifié & com>> biné avec les divers alkalis, forme un borax dont » l'usage est également bon pour les arts que celui >> du commerce (30). « Quant au fel fédatif retiré du borax par l'intermède des acides, il criftallife en petites lames brillantes, minces & légères, foit fublimation, foit par fimple criftallisation. Il ne paroît pas qu'on ait encore déterminé positivement la figure de ces lames (31). M. Sage dit qu'elles lui ont paru présenter des hexagones.

par

XIV. L'acide arfenical, que MM. Scheele & Bergman font parvenus à obtenir libre ou prefque entièrement dégagé de fa bafe terreuse métal

(29) Les eaux autour defquelles règne une terre marneufe dépofent beaucoup de limon, & ce limon contient du fel fédatif. Lorsque le temps fe conferve fec, l'efflorefcence de ce fel croît au point qu'on peut le ramaffer à poignées; mais il est mêlé avec les autres fubftances falines. Ibid.

(30) Journal de Phyfique, novembre 1780, p. 364.

(31) Le fel fédatif, vu au microscope, s'eft montré à Ledermullers fous la forme de feuilles dentelées ou profondément découpées dans leurs bords; mais on ne peut pas prendre de telles figures pour la forme cristalline primitive de ce fel. Voyez Amusemens microfcopiques, part. I, tab. 3. Voyez aufli Storr, de fale fedativo Hombergii Dissert. p. 6 & 7..

lique, eft encore une modification de l'acide phofphorique; ce qui femble d'abord indiqué par l'odeur d'ail que le phosphore répand en brûlant, de même que l'arfenic. Cet acide, lors même qu'il eft fous forme concrète, ou déja combiné comme il l'eft dans la chaux blanche d'arfenic, a la propriété remarquable de décompofer le nitre, & de contracter une union fi intime avec l'alkali fixe, que le fel neutre qui en réfulte ne peut être décompofé par aucun des acides minéraux, à raison fans doute de leur pefanteur, inférieure à celle de l'acide phosphorique (32). C'eft encore à raison de l'acide que contient l'arfenic, que cette fubftance métallique a plus de tendance à s'unir aux alkalis, qu'à faire les fonctions de base en se faturant de quelque autre acide (33).

XV°. L'acide du fpath fufible, phofphorique ou vitreux. La première analyfe connue du fpath fufible, eft due au célèbre MARGRAFF; mais cet habile Chimifte s'eft contenté de caractériser cette pierre par fa propriété fingulière de fe volatiliser avec les acides, fans affigner la caufe de ce phé nomène : il n'a pas même reconnu dans ce spath la présence d'un acide quelconque, quoiqu'il eût très-bien remarqué qu'après fa diftillation, foit

(32) Voyez les Lettres du docteur Démefte, vol. II, p. 117&

fuiv.

(33) Ibid. pag. 301.

avec l'acide vitriolique, foit avec les autres acides le verre du récipient & celui de la retorte étoient fortement corrodés (34). Quelques années après, M. SCHEELE en Suède, & M. SAGE en France, s'étant occupés de l'analyse de cette même substance (35), le premier reconnut dans le spath fufible un acide particulier (acidum peculiare, acidum fui generis), différent de tous les autres acides connus. M. Sage, de fon côté, apprenoit aux Chi

(34) Voyez, dans le tome XXIV des Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Berlin, année 1768, & dans le tome XII de la Collection académique, p. 281 & suiv. le Mémoire de M. Margraff qui a pour titre : Obfervations concernant une volatilisation remarquable d'une partie de l'espèce de pierre à laquelle on donne les noms de FLOSSE, FLUSSE, FLUS-SPATH, &c. laquelle volatilisation a été effectuée au moyen des acides. Quoique M. Bofc d'Antic, dans fon Examen critique des expériences faites fur les fpaths féléniteux & vitreux, ait fait tous ses efforts pour attribuer à M. Margraff la découverte de l'acide phosphorique dans le fpath fufible ou vitreux, on voit, par les paffages mêmes qu'il cite (vol. II de fes Œuvres, p. 133 & suiv.), que le Chimifte de Berlin n'en avoit pas la moindre idée, puisqu'il ne trouvoit dans le fublimé qu'il avoit obtenu par l'intermède de l'huile de vitriol, qu'un fel composé de terre fpathique & d'acide vitriolique. Mais quoique M. Margraff n'ait point eu connoiffance de l'acide du spath fufible, il a fort bien vu que ce spath étoit une espèce très-diftincte, même par fa forme extérieure, du spath pesant ou féléniteux, qu'on avoit jufqu'alors confondu avec celui-là, fous le nom de spath fufible.

(35) Les expériences de M. Scheele furent publiées dans les Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Stockholm, pour l'année 1771. Celles de M. Sage fur le fpath fufible datent de la même époque.