de ce fel à l'air libre y démontre une combinaison moins parfaite des principes conftituans que dans l'alkali végétal faturé d'acide méphitique. Auffi fa forme primitive n'eft-elle point un o&taèdre re&angulaire, mais un octaèdre rhomboïdal, comme on le voit par les descriptions fuivantes.

Figure des Criftaux d'alkali fixe minéral.

Oftaèdre rhomboïdal, dont les bords & les angles font entiers (Pl. V. fig. 1). Cet octaèdre eft plus comprimé que celui du foufre, & il en diffère d'ailleurs en ce que les angles aigus de la base des pyramides qui, dans le foufre, font de 55°, font ici de 60°, ce qui donne 120° pour les angles obtus. L'angle formé par la jonction des bafes de ces pyramides eft. de 76°, & conféquemment l'angle du fommet pris fur deux faces oppofées, de 104°.

Variété 1. Oftaèdre rhomboïdal cunéiforme, ou dont chaque pyramide offre deux triangles fcalènes alternes avec deux trapézoïdes, (Pl. V, fig. 34). Variété 2. Oftaèdre rhomboïdal cunéiforme dont les fommets des pyramides font tronqués plus ou moins près de leur bafe, d'où réfultent des décaèdres obliquangles, (Pl. V, fig. 43). Cette variété dans ce sel eft la plus commune: j'ai cependant vu très-fouvent les deux autres (29).

(29) Suivant M. Bergman, les criftaux de cet alkali, qu'il

L'alkali minéral offre encore des lames hexa

gones qui ne font que des fegmens plus ou moins avancés de l'octaèdre que je viens de décrire : quelquefois auffi ces o&aèdres s'implantent les uns dans les autres, ce qui produit des efpèces de prismes quadrangulaires articulés, terminés par des pyramides aufli quadrangulaires. Quelquefois enfin ces prifmes font croifés par d'autres; mais tous ces accidens particuliers ne font point caractéristiques, & ils tiennent aux circonftances locales de la criftallifation.

par

Quant à la figure du natron, donnée VonLinné (3), & que j'ai rapportée d'après lui, p. 50 de mon Efai de Cristallographie, il y a lieu de croire que, dans ce fel, l'alkali minéral n'étoit point pur, ou qu'il fe trouvoit naturellement mêlé avec quel

appelle alkali minéral aéré, font des décaèdres, ou plutôt des octaèdres ayant leurs fommets oppofés tronqués profondément. Opufc. chim. vol. 1, p. 21, pl. 1, fig. 6. Cette figure cft celle du décaèdre rectangulaire (Pl. III,fig. 51), obfervé par M. Macquer dans les criftaux que fournit l'alkali fixe du tartre, après avoir été diffous dans l'efprit de vin (ci-defius, p. 145); ce qui peut faire préfumer que l'alkali fixe minéral de M. Bergman étoit déja modifié, ou que fon décaèdre étoit obliquangle comme celui de notre variété 2.

(30) Natrum, fal calcarium fubalcalinum. Cryftallus propria: Prisma tetraedrum ex planis pentagonis: alternis verticalibus & anguftioribus. Pyramis feu utraque extremitas è planis duobus parallelogrammis. Mylii Saxon. 2, p. 8, fig. 2. Linn. Syft. nat. 1768, tom. III, p. 84, pl. I, fig. 7, 8. Cette figure eft une de celles du vitriol de magnefie ou fel de Sedlitz, (Pl. VII, fig. 19).

que autre substance faline ou terreufe qui modifioit fa forme.

Je ne dirai rien ici de l'halinatron, ni de l'aphronatron ou fel mural dont parlent quelques Auteurs (31), vu qu'on n'a point encore fuffifamment déterminé les fubftances qu'on a voulu défigner par ces noms (32).

Suivant M. Macquer, l'alkali marin diffous dans l'efprit-de-vin qu'on a fait bouillir deffus, donne, par l'évaporation, des criftaux cubiques bien ré

(31) Wallerius, Min. genre XXXI, §. 88, efpèce 191 & 192. Cronstedt, Min. §. 137. Eff. de Cristall. p. 50 & 51.

(32) M. Prouft nous apprend que les fondemens des maisons de la ville d'Angers font la plupart bâtis avec des fchiftes ou ardoises qui fervent également à leur couverture. » Les caves, » dit-il, font cintrées de ces mêmes pierres, enduites d'un mor"tier de chaux & de fable. On trouve, dans celles qui font les "plus fèches, une efflorefcence que l'on peut recueillir tous les "mois en affez grande abondance: ce font des aiguilles très"longues, qui reffemblent, par leur figure, aux fleurs de ben "join. Le peuple & les gens non inftruits l'appellent falpêtre. "J'ai examiné ce fel par les moyens ordinaires : c'eft un alkali » minéral très-pur, donnant du fel de Glauber avec l'acide "vitriolique, du fel marin avec l'acide de ce fel, &c. Je n'ai "point rencontré ce fel effleuri immédiatement fur les fchiftes » découverts de leur enduit par accident ou vétufté. Il y a des "caves qui, de temps immémorial, fourniffent ce fel abon» damment, & l'enduit fur lequel on le retire n'a fouvent pas "plus de deux lignes d'épaiffeur. Tout ce que l'on fait, c'eft "que la chaux qui paroît avoir fervi de tout temps pour conf"truire la ville d'Angers, a été faite avec des marbres que l'on »tire des environs." Obfervations fur le natrum, dans le Supplément au Journal de phyfique, année 1778, p. 443.

guliers. Quel eft le principe de cette modification (33)?

III°. L'alkali volatil eft une fubftance faline, d'une odeur fubtile & pénétrante. Il ne fe trouve point pur dans la Nature, mais toujours faturé, fous forme de fel neutre, avec un acide quelconque. Si le premier des alkalis fixes paroît propre au règne végétal, le fecond au règne minéral, on peut dire que le troifième eft particuliérement affecté au règne animal. En effet, il provient en plus grande partie de la décompofition des fubftances animales, quoiqu'on le retire auffi de quelques fubftances végétales, & qu'il foit en général un produit de la fermentation putride tant des unes que des autres, &, comme tel, un des principaux agens de la végétation (34). Il n'eft pas aifé d'expliquer la for

(33) » La couleur rouffâtre de l'alkali qui a été diffous, dit » M. Macquer, indique qu'il agit auffi fur la partie huileufe de "l'efprit de vin, ou fur les principes de ce compofé qui font "propres à former une combinaison huileuse, de la même ma,,nière que le fait l'alkali fixe végétal. « Mémoire fur la diffolubilité des fels neutres, &c. Journal de Physique, mars 1777, p. 186 & 187. C'eft fans doute à la faveur de cette matière graffe ou huileufe que la forme primitive de ce fel eft ici modifiée. C'eft de même à la faveur d'une matière graffe ou huiHeufe que l'octaèdre rhomboidal de l'alkali volatil concret fe transforme en un octaèdre rectangulaire très-applati dans le sel ammoniac méphitique, qui n'est autre chofe que ce même alkali volatil, complètement faturé par l'acide méphitique. Voyez ciaprès, p. 155, note 40.

(34) Démefte, Lettres, vol. I, p. 75, 80, 575, 578 & 580μ

mation de celui qui fe rencontre dans le règne minéral. M. Sage a rapproché plufieurs expériences qui peuvent mettre fur la voie de cette découverte (35); & le Docteur Démeste a cru remarquer que, dans ce règne, l'alkali volatil se manifeftoit lorfqu'on opéroit la décompofition d'un foie de foufre à base térreuse métallique par l'intermède d'un acide (36). Celui qu'on obtient par la diftillation de certains fchiftes, des tourbes, des charbons de terre & autres matières bitumineufes, eft dù bien certainement aux matières animales ou végétales contenues dans ces fubftances (37).

Enfin, l'action diffolvante de l'alkali volatil fur le cuivre fait qu'il fe combine avec la terre métallique de ce métal, foit naturellement, foit par art, ce qui l'a fait ranger, par M. Sage, au nombre des minéralifateurs (38).

(35) Telles font celles du volcan artificiel de Lemery ; la trituration du fer ou du mercure avec parties égales de foufre; l'altération & l'inflammation spontanée des pyrites, &c. Elém. de Minér. vol. I, p. 26.

(36) Toute odeur de foie de foufre volatil n'eft autre chofe qu'un réfultat de la combinaison du foufre avec l'alkali volatil qui fe forme alors; & fi les foies de foufre à base d'alkali fixe, de terre ou de métal, produifent cette même odeur, c'est qu'une portion de ces bafes naturellement fixes, fe modifie & fe change en alkali volatil. Démefie, Lettres, vol. I, p. 80, 81 & 189. (37) Ibid. vol. I, p. 534, 537, 583 & 602.

(38) Elem. de Minér. vol. I, p. 25; & vol. II, p. 5.