L'alkali volatil qu'on dégage du fel ammoniac par les chaux calcaires ou métalliques étant impregné d'acide igné, refte toujours fous forme fluide, avec une odeur très-pénétrante. On le nomme, dans cet état, alkali volatil cauftique ou fluor, efprit volatil de fel ammoniac, &c. M. Sage l'a employé avec le plus grand fuccès dans les afphyxies (39), & les contradictions qu'il a éprouvées à ce fujet n'ont fait que rendre plus éclatant le fervice qu'il venoit de rendre à l'humanité.

L'alkali volatil, dégagé du fel ammoniac par la craie, à une chaleur modérée, ou par l'intermède de l'alkali fixe végétal, étant au contraire à peu près faturé d'acide méphitique, s'obtient fous forme concrète ou cristalline, ce qui lui a fait donner le nom d'alkali volatil concret. Expofé à l'air, il fe diffipe dans l'atmosphère; & fi l'alkali volatil étoit

pur,

mis.

il ne refte rien au fond du vase où on l'avoit

(39) Voyez la brochure qu'il a publiée fous ce titre: Expériences propres à faire connoltre que l'alkali volatil fluor eft le remède le plus efficace dans les afphyxies, &c. in-8°, Paris, Imprimerie royale, 1777. La troifième édition eft de 1778. Outre les réimpreffions de cet ouvrage faites à Douai, Rennes, Metz & Lyon, on peut citer en preuve de l'empreffement avec lequel il fut reçu, les traductions qui en furent faites fucceffivement à Londres, Madrid, Lisbonne, Upfal, S. Pétersbourg, Strasbourg, Vérone, &c.

Figure de fes Criftaux.

Octaèdre rhomboïdal (40) tronqué aux fommets des deux pyramides, & aux angles aigus de la base de ces mêmes pyramides (41), ( Pl. V, fig. 3 ).

(40) M. Pelletier, élève de M. d'Arcet, m'a fait voir des criftaux d'alkali volatil, dont la forme eft un ocaèdre ređangulaire cuneiforme applati, ayant deux faces oppofées fur chaque pyramide plus inclinées que les deux autres. L'angle de la base des pyramides, pris fur les faces les plus inclinées, eft de 45o: il eft de 6c fur les deux autres (Pl. III, fig. 81). Quelquesuns de ces cristaux, plus alongés, étoient décaèdres par la troncature du fommet de chaque pyramide (Pl. III, fig. 82): d'autres étoient à quatorze facettes par la troncature des arêtes formées par la jonction des bafes des deux pyramides. Enfin, il y en avoit dont les quatre angles folides des mêmes bafes étoient auffi tronqués, ce qui portoit le nombre des facettes jusqu'à feize ou dix-huit. Mais ces cristaux ne font point ceux qu'on défigne fous le nom d'alkali volatil concret; ils appartiennent au fel ammoniac méphitique (ci-après, §. XVI, no 3), dans lequel l'alkali volatil eft parfaitement faturé par l'acide méphitique. En effet, on fait que l'on obtient, en diftillant de la corne de cerf à feu nu, de l'alkali volatil en liqueur & fous forme concrète. Or, ce n'eft point de ce dernier dont il s'agit, mais de celui qui eft en liqueur, & mêlé avec l'huile qui passe dans cette même diftillation. C'eft après avoir féparé l'huile de cet alkali qu'il parvient, à la faveur de l'acide mephitique fourni par cette huile même, à l'état parfait de fel ammoniac méphitique, lequel fe fépare au bout d'un certain temps de l'alkali en liqueur, fous la forme de beaux criftaux octaèdres rectangulaires & très-comprimés.

(41) Malgré les précautions prifes par M. Bergman pour faire criftallifer régulièrement l'alkali volatil concret, qu'il appelle aéré, cet habile Chimiste convient qu'il n'a pu fe procurer ces

par

Variété. Prisme hexaèdre comprimé, terminé des fommets trièdres. C'eft le décaèdre rhomboïdal tronqué dans fes deux angles folides aigus, mais plus alongé que le précédent.

J'ai vu des grouppes de criftaux d'alkali volatil fous la forme de petits prifmes, minces, tétraèdres, comprimés, terminés à leur extrémité fupérieure par un fommet dièdre. L'extrémité inférieure de ces prifmes étoit engagée dans la bafe du groupe (42). Quant aux lames hexagones, plus ou moins régulières, que ce fel préfente quelquefois, je les regarde comme des fegmens de l'odaèdre, ou des ébauches de criftaux plus complets (43), qui ten

criftaux parfaitement réguliers." Il paroît feulement, dit-il, » que ce sont des octaèdres ayant quatre de leurs angles tron"qués, tels que les repréfente la figure 7, où l'on voit leur » surface supérieure.« Opufc. chim. vol. I, p. 24. On voit, par cette figure, que c'eft un octaèdre rhomboïdal tronqué aux fommets des deux pyramides & dans les deux angles aigus qui font à la base de ces pyramides, d'où réfulte un polyèdre à douze facettes, dont huit font des pentagones irréguliers, & les quatre autres des rhombes ou lofanges. M. Model, dans fon Examen du fel commun, dit auffi avoir obtenu l'alkali volatil en cristaux rhomboidaux à angles émouffés.

(42) Ces groupes imitoient celui qui eft représenté planche XVI, fig. 5 du premier volume des Amanit. acad. Linn. Les criftaux qui les compofent me paroiffent être une fimple modification du décaèdre rhomboïdal.

(43) » De l'alkali volatil concret qui avoit été dégagé du seł » ammoniac par l'intermède de l'alkali fixe végétal, ayant été diffous dans l'efprit de vin, a donné, par l'évaporation à l'air

doient à fe former. Voyez les combinaisons de l'acide méphitique.

»libre fur une glace, des cristaux ramifiés, mais aucun cristal "folitaire d'une forme régulière; mais par le refroidiffement dans une fiole bouchée, il s'eft formé, dit M. Macquer, une "quantité affez confidérable de criftaux féparés & non groupés, "figurés comme des tranches de colonnes prismatiques à fix côtés, "fans y comprendre les faces fupérieure & inférieure, ou les » deux grandes faces de chaque cristal. Il n'y avoit qu'un petit nombre de ces hexagones qui fuffent réguliers. Il y avoit dans "la plupart un, deux ou trois côtés plus petits que les autres. « Journal de Physique, mars 1777, p. 187. M. Macquer pense que la vraie forme des cristaux d'alkali volatil concret eft cette dernière, qu'il a obtenue par le refroidiffement fans évaporation; & il préfume que c'eft le feul moyen d'obtenir des cristau folitaires & réguliers de cette fubftance faline: il en a auffi obtenu de femblables d'une diffolution faite dans l'eau pure, par le refroidiffement. Ibid. p. 188.

QUO

SELS NEUTRE S.

UOIQU'ON reftreigne généralement ce nom aux fels dont l'acide eft combiné jufqu'au point de faturation avec une bafe alkaline ou terreufe quelconque, je rangerai dans la même claffe toute combinaison des acides avec les fubftances auxquelles ils peuvent s'unir, foit que cette combinaison foit parfaite ou imparfaite, avec excès d'acide ou avec excès de bafe, & je fuivrai l'ordre que j'ai tracé précédemment dans l'énumération des acides & de leurs différentes modifications.

§. I.

COMBINAISONS DE L'ACIDE PHOSPHORIQUE ANIMAL AVEC DIFFÉRENTES BASES.

1o. Avec le phlogistique, jufqu'au point de faturation, cet acide forme une espèce particulière de foufre ou de fel neutre inflammable, infoluble dans l'eau, que l'on connoît sous le nom de phosphore. Le fel microcosmique de l'urine a long-temps été la feule fubftance d'où l'on fût extraire l'acide propre à entrer dans la compofition du phosphore, ce qui avoit fait donner à ce produit chimique les noms de phosphore d'urine ou de Kunckel, pour le diftinguer des autres phosphores naturels ou arti