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d'une partie de ce fluide, que ces molécules fe rapprochent, & parviennent à fe toucher & à

s'unir.

4°. Que par conféquent le concours de l'air ambiant, celui du chaud & du froid, font ordinairement néceffaires à la criftallisation.

5°. Que la réunion des molécules intégrantes ou fimilaires a lieu lorfqu'elles font parvenues à un tel degré de proximité, qu'elles puiffent aisément franchir l'efpace qui les fépare, par la tendance qu'elles ont entre elles.

6°. Que ces molécules forment des maffes d'une figure conftante & régulière, lorfqu'elles ont le temps & la liberté de fe joindre les unes aux autres par les faces qui font le plus difpofées à cette

union.

7°. Que ces mêmes molécules forment des maffes irrégulières & variées à l'infini, lorfque la fouftraction du fluide interpofé fe fait fi promptement, que les parties qu'il fépare fe trouvent rapprochées & dans le point de contact avant d'avoir pu prendre, refpectivement les unes aux autres, la pofition vers laquelle elles tendent naturelle

ment.

8°. Enfin, qu'un effet femblable peut provenir de l'agitation qu'auroit éprouvée le fluide dans le temps de la criftallisation; car alors les molécules se font jointes indiftin&tement par les faces que le

hasard présentoit l'une à l'autre dans ce contac forcé.

Ces molécules intégrantes des corps font homogènes entre elles ; car, quoiqu'à proprement parler il n'y ait rien dans la Nature d'intrinfèquement homogène que les feuls principes primitifs, puisque les élémens fecondaires font déja compofés, & que ceux-ci font la base de tout ce qui existe, în regarde comme homogènes, c'est-à-dire de même nature, les molécules intégrantes des corps, tandis que les molécules primitives ou conftituantes de ces mêmes corps font en effet très-hétérogènes, c'eft-àdire de nature très-différente entre elles. Si la matière étoit homogène, comme quelques Philofophes l'ont avancé, il n'y auroit ni action, ni réaction, ni affinité, ni pefanteur, ni combinaison, ni criftallisation (31).

(31) » Confidérons, dit Wallerius, le nombre prefque infini » des corps naturels, la diversité de leur caractère, les parti»cules très-hétérogènes qui les compofent; ces corps ne peu» vent tirer leur origine d'une matière fimple, homogène dans »fon espèce. En effet, une matière simple & homogène ne peut "produire que des corps homogènes, qui ne fauroient être regar"dés comme mixtes ou compofés, mais feulement comme for"més par agrégation. Il n'exifteroit alors qu'une différence »numérique entre les corps naturels, ce qui répugne à l'expé"rience. En obfervant enfuite qu'il y a des corps dont les qua"lités font abfolument contraires, nous ne pouvons raisonna»blement dériver ces affections & qualités d'une feule & même "matière. Nous favons de plus, par l'expérience, qu'on obtient "des corps des principes qui ne peuvent mutuellement fe-con

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Toute la matière, prise en général, étant donc effentiellement hétérogène, fon homogénéité n'eft relative qu'aux parties de cette matière qui conviennent entre elles par la combinaison des mêmes principes conftituans, foit que ces principes, hétérogènes entre eux, foient primitifs ou déja modifiés par une combinaison fubféquente à leur exiftence. Or l'union des principes primitifs est telle dans l'acide, le phlogistique, la terre abforbante & l'eau, qui font nos élémens fecondaires, qu'elle ne peut être rompue ni diffoute par aucun procédé

connu.

D'un autre côté, l'union des principes fecondaires entre eux & leurs dérivés, telle, par exemple, que celle d'un acide avec une base aqueuse, phlogistique, alkaline ou terreufe, ou bien celle d'un foufre avec un alkali, &c. quoique moins parfaite la précédente, eft cependant fi intime, que leur féparation devient impoffible par tous les moyens que l'on nomme mécaniques, & qu'elle ne peut être opérée que par les divers degrés d'af

que

•, vertir l'un dans l'autre. Concluons donc qu'un feul principe ne fuffit point pour expliquer cette différence des corps." De P'Origine du monde, trad. franç. p. 139 & 140. Wallerius penfe qu'il ne peut y avoir ni plus ni moins que deux principes des corps naturels, l'un fixe & passif, l'autre actif& volatil: il convient néanmoins que tous les corps fe réfolvent, par l'analyse, en principe terreux, inflammable, falin & aqueux, mais il croit ces deux derniers conversibles.

finité, ou les rapports plus ou moins grands que l'expérience a fait trouver entre les principes conftituans des corps. Ainfi, tant qu'on n'aura point recours à l'analyse ou décompofition chimique, les molécules intégrantes d'un corps quelconque pourront être atténuées, divifées, diffoutes même jufqu'à la plus extrême petiteffe, fans ceffer cela d'être homogènes entre elles, puifque leur homogénéité résulte de leur compofition, & nullement de leur agrégation.

pour

Mais fi l'on a recours a la décompofition, bien différente d'une fimple divifion des parties, qui n'eft qu'une folution de continuité, le nouveau compofé qui en résultera, de même que celui qui exiftoit avant la décompofition, n'eft point une agrégation de particules hétérogènes, douées chacune de la propriété qui les caractérise comme telles ; c'est un nouveau mixte, un nouveau corps, qui diffère effentiellement, tant par fa figure que par les autres propriétés, de chacune des fubftances élémentaires qui le conftituent. Si c'est, par exemple, un fel neutre, il n'a plus les propriétés acides ni alkalines, mais celle d'une fubftance faline particulière, qui n'exiftoit point avant la combinaison: dès lors les molécules intégrantes de ce nouveau fel font homogènes entre elles, quoique formées par la réunion de principes vraiment hétérogènes.

Enfin tous les compofés & furcompofés, quelle que foit leur nature faline, pierreufe, fulfureufe ou métallique, ont, avec leurs congénères, l'homogénéité qui résulte d'une même combinaison, d'une même denfité, d'une même configuration. S'il arrive donc qu'un nombre plus ou moins grand de ces différentes substances se trouve, à l'aide d'un ou de plufieurs intermèdes, en diffolution dans un même fluide, elles tendront généralement à s'agréger, à fe réunir chacune à celle qui lui eft homogène; &, felon les divers degrés d'affinité qu'elics auront avec le diffolvant commun, elles formeront plus ou moins rapidement des maffes cristallines particulières, qui fe précipiteront fucceffivement, à mesure qu'elles cefferont d'être équipondérables avec le fluide, de manière que chaque espèce de fel, de pierre ou de minéral, fera trèsdiftin&te de celle qui lui eft hétérogène. Delà ces maffes mélangées de différens criftaux, souvent contenus les uns dans les autres, & que la Nature nous préfente, depuis la fimple géode & les groupes de toute efpèce qui tapiffent les cavités des filons, jufqu'à ces énormes maffes granitiques qui fervent de bafe à nos continens.

Nulle criftallisation ne pouvant s'opérer fans le concours d'un fluide, qui, par fon interpofition, mette les molécules intégrantes des fels à portée de s'unir, tantôt par toutes leurs faces indiftinc

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