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caufe contraire produit le criftal, qui n'est qu'une eau congelée par le froid le plus exceffif; on n'en trouve certainement point ailleurs que dans les lieux où la neige fe convertit en glace (5); aussi

des vafes de porcelaine, s'ils cuffent rapproché ce paffage de Pline: Humorem putant sub terrâ calore denfari, &c. de ce qu'il ajoute enfuite: Contraria huic caussa cryftallum facit, &c. Pline étoit trop inftruit pour placer un produit de l'art, tel que la porcelaine, au rang du cristal de roche & des autres pierres précieufes qu'il décrit dans fon trente-feptième livre. Voyez la note 6 fur le chap. IX du Traité des Bienfaits de Sénèque, tom. III, pag. 402 & fuiv. de la traduction françoife de M. La Grange; & l'excellente Differtation de M. l'abbé Le Blond, de l'Académie royale des Infcriptions, fur les vafes Murrhins.

(5) La neige n'eft qu'un amas de petits glaçons, pour la plupart de figure oblongue. On a remarqué que ces filamens de vapeurs criftallifées dans la moyenne région de l'air, étoient fouvent rameux, & quelquefois raffemblés autour d'un centre commun, en forme d'étoiles à fix rayons (Pl. VIII, fig. 1, KP, LN, OM). Cette propriété qu'ont les particules de l'eau qui fe glace de s'affembler entre elles fous un angle de 60o, ou de 120°, qui en eft le complément à deux droits, me paroît démontrer que la figure des parties intégrantes ou fimilaires de la glace, eft le triangle équilatéral (PI. VIII, fig. 1, ABC), puifqu'elle tend à former de petits o&aèdres (Pl. III, fig. 1), dont l'agrégation produit ces élégantes arborisations qu'on obferve quelquefois fur les vitres de nos appartemens quand il gèle, ou à la furface des vafes remplis d'eau qui commence à fe congeler. Voyez les différentes figures des cristaux furcompofés en étoiles hexagones branchues, tant de fa neige que de la glace, dans la favante Differtation de M. de Mairan, part. II, chap. 9, p. 160; & ibid. chap. II, p. 311, pl. 1, 2, 3. La figure des étoiles à rayons branchus de la neige, (très-analogue à celle des régules métalliques) a auffi été donnée par Erafme Bartholin, dans une Differtation qu'il publia fur ce fujet en 1661.

n'eft-il que de la glace, comme fon nom grec témoigne (6).

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Cette opinion des anciens, adoptée par quelques modernes (7), s'eft diffipée, comme plufieurs autres, aux premières lueurs du flambeau de l'expérience. On ne tarda pas à s'appercevoir que les climats les plus chauds n'étoient pas moins abondans en Cristal de roche que les régions les plus froides; que l'eau pouvoit bien être un des princi paux agens de fa formation, mais qu'elle n'y entroit point comme partie conftituante; & qu'enfin s'il fe trouvoit communément dans les plus hautes montagnes, c'eft que ces montagnes font de granite, dont un des principaux ingrédiens eft comme l'on fait, le quartz ou cristal de roche.

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(6) Contraria huic (calori) cauffa cryftallum facit, gelu vehementiori concreto. Non aliubi certè reperitur, quam ubi maximè hybernæ nives rigent, glaciemque esse certum eft; undè & nomen Graci dedêre. Plin. Nat. Hift. lib. 37, cap. 2, §. 9. Stace dit, en parlant du cristal de roche: Raraque longavis nivibus crystalla gelari. L'opinion populaire, que le criftal eft une glace durcie par le froid, eft difcutée fort au long par Browne, dans fon Traité des Erreurs populaires. Voyez la Table des Auteurs.

(7) Entr'autres par Jofias Simler, Vallefii defcript. Des chimiftes modernes, qui admettent la poffibilité de la transmutation de l'eau en terre, croient que la Nature opère ce changement par la combinaison avec d'autres particules. Telle eft, fuivant eux, l'origine des pierres cristallines, de celles du moins qui font diaphanes elles diffèrent des fels, en ce que de ceux-ci on peut extraire l'eau coagulée, & des autres on ne le peut pas Voyez Wallerius, Origine du monde, trad. franç. p. 91.

La forme angulaire du cristal, du diamant & de quelques autres corps diaphanes, fut donc apperçue par les Anciens; mais, trop peu avancés dans la connoiffance des différens mixtes, ils regardèrent cette forme comme une fingularité qu'ils fe contentèrent d'admirer, fans en chercher la cause.

Les Modernes ayant rencontré ces formes angulaires dans un très-grand nombre de fubftances falines, pierreufes & métalliques, commencèrent à foupçonner une loi fondamentale de la Nature, en vertu de laquelle les parties intégrantes ou fimilaires (8) d'un corps, atténuées, diffoutes & fépa

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(8) M. de Morveau définit la Cristallisation ❝ une opéra»tion par laquelle une infinité de parties fimilaires, qui se » trouvent actuellement en équilibre dans un fluide quelcon» que, font déterminées à fe rapprocher par la fouftraction d'une » certaine portion de ce fluide, & à former avec la portion qui » demeure des maffes régulières, telles que la figure de ces "parties le décide conftamment, par l'attraction prochaine ré»ciproque, quand elle n'eft pas vaincue, ou par quelque per

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cuffion, ou par la gravitation centrale, c'eft-à-dire, de pefan"teur." Effai fur la Diffolution & la Criftallifation, pag. 324. L'Auteur emploie l'expreffion de parties fimilaires comme géné ralement plus jufte que celle de parties intégrantes ; » car, ajoute»t-il, pour que l'on pût les nommer ainfi, il faudroit que le » fluide n'entrât pour rien dans la production de la maffe crif"talline..... J'entends done par parties fimilaires, l'homogé » néité résultante d'une même denfité ou d'une même confi»guration des molécules: il n'importe que ces parties foient "fimples, compofées ou furcompofées en quelque ordre que "ce fuit." Ibid, pag. 325 & 327. I eft vrai que dans tout

rées les unes des autres par l'interpofition d'un fluide, font déterminées à fe rejoindre & à former des masses folides, d'une figure polyèdre, régulière & conftante; & c'eft ce qu'ils nommèrent CRISTALLISATION.

Dès-lors le nom de CRISTAL prit une fignification plus étendue : la transparence & l'opacité des fubftances furent regardées comme absolument indifférentes à l'arrangement régulier de leurs parties conftituantes, & l'on mit au rang des CRISTAUX tous les corps du règne minéral auxquels on trouva une figure polyèdre & géométrique, c'eft-à-dire, composée de plufieurs faces planes & de certains angles déterminés, foit que ces corps fuffent diaphanes ou non; enforte qu'on dit aujour d'hui des pierres opaques, des pyrites & des minéraux, & même des régules métalliques qui ont des formes régulières, qu'ils font CRISTALLISÉS, comme on le difoit autrefois des pierres tranfparentes & des fels. Mais, avant que de parler des phénomènes de la criftallifation, qui embraffent pour ainfi dire tout le règne minéral, & qui tiennent de fi près aux principes élémentaires des corps, eft à propos de jeter un coup d'œil fur ces mêmes principes, & fur les rapports qu'ils ont entre eux.

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criftal falin diffoluble dans l'eau, le principe aqueux fait une des parties conftituantes de la criftallifation; mais doit-on en dire autant des criftaux, qui, après avoir pris naiffance dans ce fuide, n'y confervent plus leur diffolubilité ?

Des Elémens.

Il faut d'abord avouer notre ignorance fur la nature, le nombre & la figure des élémens primitifs des êtres ; élémens fimples, indivifibles (9), & d'une telle ténuité, que Leibnitz a cru devoir les défigner fous le nom de monades, comme des étres inétendus & fans figure. Il ne fera donc ici queftion que des élémens fecondaires, compofés de ces premiers principes inacceffibles à toutes nos recherches, & qui, dans cet état d'élémens fecondaires, font tellement unis, que tous les efforts de l'art font impuiffans pour les décomposer ou y apporter la moindre altération.

(9) Ces principes comme primitifs, dit très-bien Wallerius font néceffairement fimples, n'admettent aucune compofition, aucun mélange de particules hétérogènes, & conféquemment aucune divifion. Ils font auffi néceffairement homogènes, & "c'eft ce qui leur a fait donner le nom d'élémens..... De la "fimplicité de ces principes fuit naturellement leur subtilité; »& cette fubtilité eft fi grande, que l'œil, armé des meilleurs ,, inftrumens, ne fauroit les appercevoir, quoiqu'ils exiftent » dans tous les corps.... Ces principes ne pouvant être divifés par aucune force naturelle, il eft clair que leur essence & » leur caractère ne peuvent être changés, altérés ou diminués, » de quelque manière que ce foit; car fi ces principes étoient

fujets à une divifion, mutation ou altération quelconque, les "corps qui en font compofés, & qui leur doivent leur effence, » feroient effentiellement muables : les terres, les eaux & les " autres corps naturels ne feroient pas aujourd'hui de même "nature qu'autrefois; or, l'expérience démontre le contraire. » De l'Origine du monde, pag. 130 de la trad. franç

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