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Adhérence d'agrégation & de compofition.

Il eft effentiel de diftinguer, dans toute criftallifation, l'union qui réfulte de l'agrégation des molécules intégrantes entre elles, d'avec celle que produit la combinaison des molécules primitives ou conftituantes. La première peut ceffer par furabondance ou par défaut de l'un des principaux agens de la criftallifation. Ainfi l'eau, dans les criftaux falins, peut les diffoudre de nouveau, fi elle excède la quantité néceffaire au contact immédiat des molécules intégrantes de la fubftance faline; & cette même eau peut encore rompre l'agrégation de ces molécules, lorsqu'elle les abandonne pour fe porter ailleurs. L'un ou l'autre effer a lieu dans plufieurs fels, par le feul contact de l'air extérieur, qui tantôt abforbe l'eau de leur criftallifation au point de les réduire en cet état pulvérulent que l'on nomme efflorescence, & tantôt introduit dans ces fels une humidité furabondante à leur agrégation, d'où réfulte cet état de folution que l'on nomme déliquefcence. Dans l'un ou dans l'autre cas, le fel n'eft point décomposé; l'union de fes molécules intégrantes eft feulement rompue, tandis que celle des principes conftituans fubfifte dans fon intégrité. On peut donc reftituer à ces fels la forme criftalline qui leur eft propre, en débarraffant les uns de cette humidité fura

bondante, & en reftituant aux autres celle qui manque à l'intimité du contact des molécules entre elles.

Il en eft à peu près de même, fur-tout dans les métaux parfaits, de l'agrégation des molécules métalliques: elle peut être rompue par furabondance de fluide igné, & rétablie par la fouftraction de la portion de ce fluide excédente à leur agrégation, fans que l'union des principes conftituans de la fubftance métallique ait été fenfiblement altérée par cette défunion des molécules intégrantes. Mais, comme on l'a vu plus haut, l'action du feu, qui d'abord n'opère que la défunion de ces molécules intégrantes, ne tarde pas, fi elle eft aidée du concours de l'air, & que le métal foit du nombre de ceux que l'on appelle imparfaits, à détruire l'union même. des molécules conftituantes, en portant ce métal à l'état de chaux, puis à l'état vitreux, par la volatilisation de fon phlogistique, & la faturation de fa terre avec l'acide igné.

Quoique le fluide aqueux feul ne puiffe parvenir à rompre l'agrégation des molécules métalliques, fi ce n'eft par la voie mécanique du frottement ou de la trituration, cependant ce même fluide, aidé du concours de l'air, parvient ausfi fans peine à détruire l'union de combinaison des métaux imparfaits. Le phlogiftique eft, par ce

,

moyen, dégagé de la furface du métal; & l'acide méphitique, qui s'y introduit en même temps, forme, avec la portion décomposée du métal, cette nouvelle combinaison qui, dans le fer, prend le nom de rouille, & que les Antiquaires nomment patine fur les bronzes antiques.

Quant à l'adhérence d'agrégation des molécules homogènes des fluides, elle ne cède en force qu'à l'adhérence de combinaison, qui produit l'homogénéité; mais l'une & l'autre de ces farces, réunies dans l'acte de la criftallisation, font bien supérieures à l'adhérence de fimple juxtapofition. Dans celle-ci, des molécules ou des maffes non diffoutes, & déja combinées, entaffées tumultuairement par la feule force de la gravitation centrale ou de la pefanteur, ne peuvent avoir entre elles qu'un conta& très-fuperficiel. C'eft cette dernière forte d'adhérence qu'on rencontre dans les dépôts terreux & fablonneux, formés par couches horizontales, tant par les eaux de l'océan, que par celles des fleuves, des lacs, des torrens, & généra lement par toutes les caufes qui ont bouleversé ou modifié la furface de nos continens; encore parmi ces dépôts de matières accumulées, s'en rencontre-t-il un grand nombre, tels que les marbres fecondaires ou coquilliers, les brêches, les poudingues & autres roches concrètes, dont les parties, d'abord juxtaposées, ont été, depuis leur accumulation,

cimentées & réunies en maffes folides plus ou moins confidérables, par une matière diffoute, qui, après avoir pénétré & rempli leurs interstices, s'y est criftallifée d'une manière plus ou moins confuse. comme j'espère le démontrer dans l'appendice à la feconde partie.

Transparence des Criftaux.

L'homogénéité des molécules intégrantes qui conftitue la transparence de certains fluides, eft auffi ce qui conftitue la tranfparence des cristaux qui s'y forment. Ainfi, de cela feul qu'un criftal eft diaphane, j'ai droit de conclure que fes molécules intégrantes font homogènes entre elles. Si, au contraire, ce criftal eft opaque, je ne fuis pas également fondé à en conclure l'hétérogénéité de fes molécules intégrantes, & cela, pour trois rai-fons principales. La première, c'eft qu'il exifte plufieurs corps, tels que le mercure & les autres fubftances métalliques, les foufres, les huiles, les graiffes, les bitumes, & généralement tous les corps furchargés de phlogistique, dans lesquels. les molécules intégrantes, quoique homogènes entre elles, n'ont cependant que peu ou point de transparence dans l'état de fluidité. La feconde, c'est que les fluides même les plus transparens peuvent, fans rien perdre de leur homogénéité, former des criftaux plus ou moins opaques, par

une agrégation rapide & confufe de leurs molécules, comme on le voit dans plufieurs fels dont on a trop accéléré la criftallisation. La troisième, c'est qu'un cristal diaphane dans l'instant de sa formation, peut, avec le temps, acquérir de l'opacité par la perte ou le dégagement de l'une de fes parties intégrantes ou constituantes.

L'opacité d'un criftal n'indique donc pas toujours l'hétérogénéité de ses molécules intégrantes; & cette remarque a lieu fur-tout dans tout cristal métallique ou fortement phlogistiqué, & même dans tout cristal falin qui s'effleurit en perdant l'eau de fa criftallisation; mais à l'égard des criftaux pierreux, on peut regarder leur opacité comme généralement produite par des molécules hété-: rogènes déja concrètes ou non diffoutes, qui fe trouvoient interpofées ou suspendues dans le fluide, au moment où ses parties fe font rapprochées par la criftallifation.

Que ces molécules foient aqueufes, aérées, terreufes, fulfureuses ou métalliques, fi elles font dans des circonftances peu favorables à leur combinaison avec d'autres molécules diffoutes, ou qu'elles foient déja combinées de manière à ne pouvoir faire un tout homogène avec le diffolvant, & que de plus la cristallisation s'opère trop rapidement pour qu'elles puiffent fe féparer de la maffe, en obéiffant aux lois de la pefanteur, elles

feront

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