ou pierreuses, telles que les vitriols, les albâtres de toute espèce, les flos-ferri, les incruftations, les tufs ou dépôts, les géodes & ludus, les guhrs métalliques ou terreux, &c. &c. toutes fubftances où la cristallisation, ainfi que je l'ai déja fait obferver, n'est qu'ébauchée ou extrêmement confuse. Delà ces formes Sphéroïdales, coniques, cylin driques, hemifphériques, lenticulaires, globuleufes, protubérancées, mamelonées, granuleuses, ramifiées, fiftuleuses, ondulées, &c. &c. que des Cristallographes (61) ont rangées parmi les crif (61) Cappeller, dans fon Prodromus Crystallographiæ, a divifé tous les criftaux, tant naturels que factices, en neuf claffes, & chaque claffe en trois fections, dont la première eft pour les criftaux pierreux, la feconde pour les cristaux métalliques, & la troifième pour les cristaux falins. Voici les titres de ces neuf claffes: 1. Globofa, rotundata, fphæroidea. II. Conica & conoidea, ac fufiformia. V. Prifmatica, parallelipipeda, rhomboïdea, trapezoïdea. VIII. Cruftis, fquamis, lamellifque contexta, fine vel cum figurà propria. IX. Corpora quorum cum cryftallo affinitas in pelluciditate potif fimum confijtit, & eorum figura nativa vel incerta est, vel nondum perfpelta. C'eft auffi pour n'avoir pas diftingué les formes effentielles & primitives des criftaux d'avec leurs formes accidentelles, que, tout récemment, M. Scopoli, dans fa Crystallographia Hungarica, divife les criftaux calcaires en dix ordres, qu'il caractérise taux, parce qu'elles font, en effet, autant de pro duits de la criftallifation, mais d'une cristallisation rapide & confuse, où la forme primitive de la substance est à peine indiquée par des lignes, des ftries, des feuillets ou quelques facettes fuperfi cielles. Ce feroit s'écarter du but de la criftallographie, que de faire entrer dans l'énumération des figures polyèdres qui diftinguent une espèce d'une autre, les groupes infiniment variés qui résultent d'une agrégation rapide & confufe des mêmes criftaux. Le cristal de roche, par exemple, offre, dans les mines de Schemnitz, un grand nombre d'agrégations incomplètes ou interrompues, très-curieuses en ce qu'elles peuvent nous conduire à une connoiffance plus parfaite du mécanisme de la criftallifation; mais il ne faut les donner que pour ce qu'elles font, & fur-tout éviter d'en faire des efpèces nouvelles, fi l'on ne veut tout confondre ainfi: Tuberofa, fibrofa, turrita, leprofa, fquamofæ, peltatæ, lamellofa, rugofæ, tubulofæ, anomala. Les cristaux gypfeux y compofent fept ordres, fous les dénominations de fibrofa, Thombea, lamellofa, criftata, cubica, hexagona, prifmatica. Les criftaux de roche fimples ou non groupés y font divifés en prifmatica, clavatæ, pyramidales, ventricofe, &c. Or, de toutes ces formes, il n'y en a qu'un très-petit nombre qui puiffent être regardées comme spécifiques & vraiment diftinctives; toutes les autres ne font dues qu'à des circonftances locales, qui ont accéléré, retardé, interrompu, favorifé ou dérangé la criftallifation. en multipliant le nombre des espèces jusqu'à l'infini. Il en doit être de ces accidens ou de ces jeux de la criftallifation dans le règne minéral, comme des monftres ou des accidens de l'organifation dans le règne animal. Les Anatomistes diffèquent avec foin ces derniers pour étudier la nature jusques dans ses ébauches ou fes écarts; mais ils n'en font pas pour cela des espèces diftin&es dans le genre de l'animal qui a produit ces monftruofités. La science cristallographique ne confifte donc point à décrire fcrupuleufement tous les accidens des formes cristallines; mais à spécifier, en décrivant ces formes, les rapports plus ou moins immédiats qu'elles ont entre elles (62). C'eft pour parvenir à ce but que je vais préfenter aux Naturaliftes un petit nombre d'axiomes ou de principes généraux, qui font le fruit d'une étude approfondie des phénomènes, & de l'observation la plus affidue depuis plus de vingt ans que je m'occupe de cet objet. ritè (62) » Nifi ha forma, quæ non ineptè primitivæ vocantur, invefligentur, in pofterùm ficut hucufque tota de cryftallis doc"trina maffam conftituet chaoticam, operamque & oleum, ut dici tur, illi perdent, qui earum defcriptiones vel fyftematicam medi» tantur digeftionem. « Bergm. de formis cryftallor. Opufc. vol. II, page 2. Axiomes & principes généraux. I. Tout fel ou compofé quelconque, résultant de l'intime combinaison de deux ou d'un plus grand nombre de principes hétérogènes, est susceptible de criftallifation (ci-deffus, p. 16 & 17). II. Et conféquemment tout polyèdre angulaire, ou toute fubftance criftallifée, eft un SEL dans l'acception la plus étendue de ce terme (ibid. pag. 29). & III. Tout criftal formé par deux pyramides jointes base à base, fans aucun prifme intermédiaire, peut, fans changer de nature, se préfenter avec un prifme plus ou moins long entre fes deux pyramides. IV. Par la même raison, tout criftal dont le prisme eft terminé par une pyramide à chaque extrémité, peut, fans changer de nature, exifter fans prifme intermédiaire; & pour lors les deux pyramides font jointes base à base ou oppofées par leur base. V. Tout cristal dont le prisme n'offre qu'une feule pyramide, en offriroit une feconde à l'autre extrémité, fi cette extrémité n'étoit point enga gée dans la bafe du groupe; ainfi, de l'existence d'une pyramide, l'autre peut fe conclure; mais l'existence du prifme ne fuppose pas toujours la 93 poffibilité de l'existence des pyramides dans l'efpèce où ce prisme se rencontre. VI. Tout criftal groupé a néceffairement quelques-unes de ses faces masquées par le corps auquel il adhère. Il n'y a de criftaux complets, que ceux qui font folitaires ou ifolés de toutes parts. VII. Les faces d'un criftal peuvent varier dans leur figure & dans leurs dimenfions relatives; mais l'inclinaison refpective de ces mêmes faces eft conftante & invariable dans chaque espèce. (ci-deffus p. 70 & fuiv.) VIII. Quand, dans un criftal quelconque, il fe trouve un ou plufieurs angles rentrans, on doit en conclure que ce n'est point un cristal fimple, mais un groupe de deux ou de plufieurs criftaux, ou même de deux moitiés retournées d'un même cristal. Ce criftal prend alors le nom de MACLE. Le gypse, l'hyacinte, la pierre de croix, le fchorl, le feld- fpath, le rubis fpinelle, les marcaffites & les criftaux d'étain en fourniffent des exemples. IX. Un cristal quelconque peut être tronqué dans fes angles folides & dans les arétes ou bords; & les nouveaux angles ou bords qui en réfultent, peuvent encore être tronqués, fans qu'on doive ceffer pour cela de regarder ce cristal tronqué comme une feule & même espèce avec |