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pièces juftificatives de fon existence & de fa réalité. Ces pièces font les Notes & les Citations dont mon texte eft presque partout accompagné : c'eft une espèce de concordance ou de fynonymie que quelques - uns de mes Lecteurs peuvent fans doute s'exempter de lire dans fon entier, mais dont le plus grand nombre avoit befoin pour favoir le degré de confiance méritoient mes principes & les conféquences que j'en déduis.

que

D'ailleurs, en m'appropriant tout ce qui dépendoit de mon fujet, j'ai voulu rendre à chacun ce qui lui appartient; & mon feul but étant la vérité, je n'ai pas été moins attentif à la faifir, lorfque j'ai cru l'entrevoir, qu'à la débarraffer des nuages qui Jobfcurciffent quelquefois dans les Ouvrages les plus eftimés.

On ne connoiffoit encore qu'un trèspetit nombre de formes criftallines déterminées, lorfque LINNÉ conçut le projet d'affocier à la Minéralogie la science des formes cristallines, & d'en faire une des

bafes principales de fon fyftême lapidaire Ces formes, dont le nombre alloit à peine à dix-huit dans les premières éditions du Syftema Natura, montoient à quarante, lorfque parut mon Effai de Cristallographie qui les porta jufqu'à cent dix. Ce fut fans doute à cette quantité de nouveaux cristaux qu'il faifoit connoître, que mon Ouvrage dut l'accueil obligeant qu'il reçut du Pline du Nord. Quoique je ne prétendiffe qu'à l'honneur d'être un de ses plus chers Difciples, ce génie rare & prefque univerfel, fermant en quelque forte les yeux fur fes propres travaux cristallographiques, voulut bien élever les miens au rang où fes Ouvrages étoient montés, en plaçant dans la Lettre qu'il m'écrivit à ce fujet (3), mon

(3) Viro Notiffimo Domino DE ROMÉ DE L'ISLE, Acad. Elect. des Sc. de Mayence.

S. PL. D. CAR. LINNÉ.

» Defideratiffimam diù Crystallographiam tuam nuper cum D. Troill è Galliâ veftrâ reduce, tuâ ex » liberalitate ritè accepi & grates quas unquam reddere poffum calidiffimas nunc defero. Mihi gratiùs

Effai de Cristallographie parmi les Productions Minéralogiques les plus diftinguées de notre fiècle.

>> nihil contingeret quam fi teftari poffem, quantùm tibi debeo, quantùm te colo & amo.

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» Inter Opera hoc fæculo elaborata Mineralogica, > certè Cryftallographia tua primaria eft. Teftatur a» cerrimum tuum ingenium, obfervationum numerum » immenfum, lectionem ftupendam, & tamen, QUOD » RARUM EST, animum in me mitiffimum.

» Novi optimè parathemata mea numerofa, qui non » potui me Crystallis totum tradere, tua anima can» didiffima ad hæc non refpexit, fed ea omnia placidâ » manu obtegifti. Habes certè Cryftallos benè multas,. quas ego non vidi, quæque tamen varietates non funt, opere tuo divino detexifti, & ita delineafti & detexifti ut quivis etiam lufcus eas dignofcat, eòque authoritatem dedifti Crystallographia anteà neglecte > ut pofthac omnibus in deliciis erit.

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Accepi unà cum tuo opere etiam D. SAGE Elementa Mineralogica, opus certè præftantiffimum. Oroque, quæfoque meas devotiffimas grates reddas præf tantiffimo ejus Authori. Hoc opus percurram & devorabo, mihi poft aliquot dies redditus, dum præzdium meum petam ut æftivem. Tuas omnes novas » Cryftallos hifce diebus curavi formari è ligno folido, » uti anteà omnes meas quo intueri queam omnes ună & fimul. Me in numerum Amicorum tuorum candidiffimorum recipias, qui tuus dum vixero permane

Je fus moins fenfible à cet éloge qu'affligé du reproche qu'on me fit alors, d'avoir indifpofé contre moi le docteur Hill, en critiquant, dans mon ESSAI, la nomenclature & la distribution méthodique qu'il avoit données des Criftaux quartzeux, fpathiques & féléniteux; mais ce Naturalifte me fit bientôt connoître qu'on lui avoit prêté des fentimens bien éloignés de fa façon de penfer. Il a même prouvé par fa conduite à mon égard (4), que la cri

> furus fum devotiffimus cultor. Dabam Upfaliæ 1773, Maji 10.c

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Quelque glorieux que foit pour moi le fuffrage du feul homme qui jufqu'alors eût approfondi la Science des Criftaux, j'ai long-temps héfité fi je rendrois publique une Lettre où mes talens font appréciés fort au-delà de leur jufte valeur; mais l'amitié qui a dicté les éloges que j'y reçois, m'est fi précieuse, & d'ailleurs fi rare entre deux hommes qui écrivent fur la même Science, que j'ai cru devoir en configner ici la preuve, où ne brille pas moins la modeftie de cet homme célèbre, que la candeur, la nobleffe & l'élévation de fes fentimens.

(4) Voici l'extrait d'une Lettre qu'il m'écrivit de Londres, le 30 juillet 1773.

tique, lorfqu'elle eft jufte & modérée, loin d'altérer l'eftime que fe doivent réciproquement ceux qui courent la même carrière, ne fait que les exciter à de nouveaux efforts, & qu'une telle critique ne déplaît jamais qu'à des efprits fuperficiels ou gâtés par les éloges outrés de leurs contemporains.

Pour moi, loin de redouter la critique, je la follicite avec inftance; car je fuis bien éloigné de penser que mon Ouvrage foit fans défauts : quelque attention que j'aie apportée pour en bannir l'erreur, je

→ Vos Ouvrages ne font pas fuffifamment connus en »Angleterre. Milord Bute m'a remis entre les mains. » votre Cristallographie, & je lui en ai parlé (comme » il étoit de mon devoir) avec admiration & gratitude,. en homme charmé & inftruit tout-à-la-fois. Per> mettez-moi, Monfieur, de vous féliciter de cette » gloire que vous acquérez fi juftement dans la Ré» publique des Lettres, en poursuivant vos propres & juftes pensées, au lieu de fuivre les idées des autres.. » Les Auteurs originaux feront toujours admirés, &c.«e Ce ne font point là les expreffions d'un homme aigri par la critique ; & ma Correfpondance avec le docteur. Hill a duré jufqu'à fa mort.

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