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J'ai lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, la Cristallographie ou Defcription des Formes propres à tous les Corps du Règne minéral, &c., par M. DE Romé de L'ISLE. Je n'y ai rien trouvé qui puiffe empêcher l'impreffion de cet Ouvrage important, que je regarde comme un des plus utiles pour l'étude des Minéraux.

A Paris, ce 13 novembre 1782.

SAGE.

PRIVILÈGE

LOUIS,

DU RO I.

OUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE, A nos amés & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra: SALUT. Notre amé le fieur DE ROME DE L'ISLE, Nous a fait expofer qu'il defieroit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage de fa compofition, intitulé: Criftallographie ou Defcription des Formes propres à tous les Corps du Règne minéral, &c. s'il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilège à ce néceffaires. A CES CAUSES, voulant favorablement traiter l'Expofant, nous lui avons permis & permettons de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera, & de le vendre, faire vendre par tout notre Royaume. Voulons qu'il jouiffe de l'effet du préfent Privilège, pour lui & fes hoirs à perpétuité, pourvu qu'il ne le rétrocède à perfonne; & fi cependant il jugeoit à propos d'en faire une ceffion, l'Acte qui la contiendra fera enregiftré en la Chambre Syndicale de Paris, à peine de nullité, tant du Privilège que de la ceffion; & alors par le fait feul de la ceffion enregistrée, la durée du préfent Privilège fera réduite à celle de la vie de l'Expofant, ou à celle de dix années à compter de ce jour, fi l'Expofant décède avant l'expiration defdites dix années. Le tout conformément aux articles IV & V de l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777, portant Réglement fur la durée des Privilèges en Librairie. FAISONS défenfes à tous Imprimeurs, Libraires, & autres perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiffance; comme auffi d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage, fous quelque prétexte que ce puiffe être, fans la permiffion expreffe &

par écrit dudit Expofant, ou de celui qui le repréfentera, à peine de faifie & de confifcation des exemplaires contrefaits, de fix mille livres d'amende, qui ne pourra être modérée, pour la première fois, de pareille amende & de déchéance d'état en cas de récidive, & de tous dépens, dommages & intérêts, conformément à l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777, concernant les Contrefaçons. A la charge que ces Préfentes feront enregistrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles; que l'impression dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beau caractère, conformément aux Règlemens de la Librairie, à peine de déchéance du préfent Privilège; qu'avant de l'expofer en vente, le manufcrit qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Ouvrage fera remis, dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le fieur HUE DE MIROMENIL, Commandeur de nos Ordes; qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Chateau du Louvre, un dans celle de notre trèscher & féal Chevalier, Chancelier de France, le fieur DE MAUPEOU, & un dans celle dudit fieur HUE DE MIROMENIL. Le tout à peine de nullité des Préfentes; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes hoirs pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble, empêchement. VOULONS que la Copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, foit tenue pour duement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers-Secrétaires foi foit ajoutée comme à l'original. COMMANDONS au premier notre Huiffier fur ce requis, de faire pour l'exécution d'icelles, tous Actes requis & néceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires. Car tel est notre plaifir. Donné à Paris le dix-huitième jour de Décembre, l'an de grace mil fept cent quatre-vingt-deux, & de notre Règne le neuvième. Par le Roi en fon Confeil.

LEBEGU E.

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Régiftré fur le Registre XXI de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, no. 2698, fol° 831, conformément aux difpofitions énoncées dans le prefent Privilège; & à la charge de remettre à ladite Chambre les huit Exemplaires preferits par l'article CVIII du Réglement de 1723. A Paris, ce 28 Février 1783.

LECLERC, Syndic.

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CRISTALL

CRISTALLOGRAPHIE,

OU

DESCRIPTION

DES FORMES PROPRES A TOUS LES CORPS

DU RÈGNE MINÉRAL,

dans l'état de combinaison faline, pierreuse ou métallique.

INTRODUCTION.

Sur les Criftaux en général.

LA Criftallifation des corps, c'est - à - dire, la propriété qu'ont prefque toutes les fubftances du règne minéral, d'affecter une figure polyèdre, conftante & déterminée dans chaque espèce, eft Tome I.

A

un des plus curieux phénomènes de la Nature, & l'un de ceux dont on peut dire que la décou verte eft due à notre fiècle, par le grand nombre d'obfervations qui en conftatent la réalité.

Les Anciens connoiffoient, à la vérité, la forme angulaire du cristal de roche & de quelques autres pierres tranfparentes; mais ils étoient bien éloignés de foupçonner que cette propriété de prendre une forme angulaire déterminée, fût commune à la plupart, pour ne pas dire à toutes les fubftances dont notre globe eft compofé. Le nom même de CRISTAL (1) porte avec lui la preuve de la fauffe idée qu'ils avoient de la formation de cette pierre transparente. Ils s'imaginèrent qu'elle n'étoit qu'une eau congelée (2), que la

(1) Quoiqu'il foit plus conforme à l'étymologie d'écrire crystal par un y, comme ce mot & fes dérivés reviendront fouvent dans le cours de cet ouvrage, j'ai cru devoir adopter l'orthographe la plus fimple & la plus conforme au génie de notre langue, en écrivant ainfi ces mots: Cristal, cristallifer, cristallifation, chimie, &c. Si je ne fais pas le même changement pour les mots phyfique, pyramide, &c. c'eft que ces termes confervent encore aujourd'hui la même fignification qu'ils avoient parmi les Grecs; tandis que la Chimie & la Cristallographie font des fciences nouvelles, inconnues à toute l'Antiquité. Le mot Kpusa ne défignoit chez les Anciens que de la glace, ou une eau durcie jufqu'à la confiftance d'une pierre diaphane. Le mot cristal ne répond plus aujourd'hui à de pareilles idées, quoique la glace & le cristal de roche foient de vraies criftallisations.

(2) Cette opinion des Anciens, malgré fon peu de fondement, a été renouvelée de nos jours, relativement au diamant,

fuite des temps avoit rendue plus folide & plus durable que la glace la glace ordinaire. Il eft probable qu'ils étoient tombés dans cette erreur, non-feulement par l'espèce de reffemblance qui fe trouve entre ce corps diaphane & l'eau durcie par le froid, mais auffi par la pofition des lieux où le cristal fe rencontre. Alors, comme aujourd'hui, les Alpes & d'autres montagnes très-élevées receloient dans leurs cavités des maffes confidérables de criftal de roche (3); & comme les plus hautes de ces montagnes font perpétuellement couvertes de neiges, ils crurent pouvoir déduire de la reffemblance des circonftances, l'identité des causes: c'eft du moins ce qu'on peut conclure de ce paffage de Pline le Naturaliste, où, après avoir parlé des effets de la chaleur (4), il ajoute : Une

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par M. de Morveau, de l'Académie de Dijon. Ce Phyficien très-verfé dans la chimie, d'après les expériences qui nous apprennent que le diamant s'évapore lorsqu'on l'expofe à un certain degré de feu, croit pouvoir conjecturer que cette pierre »n'est véritablement qu'une eau pure, c'est-à-dire, féparée de tous "les corps étrangers qu'elle tient ordinairement en diffoluntion, & privée de cette portion même du principe inflam"mable qui la rend fluide à un degré de chaleur capable de "la diffoudre. Voyez fa Dissertation fur la dissolution & la cristallisation, à la fuite des Digressions Académiques, pag. 368. (3) Voyez Scheuchzer, Itin. Alp. Gruner, Hift. Nat. des glatiers de la Suiffe. Bertrand, Dia. oryeol. &c.

(4) C'est à l'occasion de la matière des vafes Murrhins, qui n'eft autre chose que la Sardoine orientale. MM. Mariette, Defmareft & d'Arcet n'auroient pas pris ces vafes précieux pour

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