Joueurs eux-mêmes qui les mettent dans leurs cornets.

On commence ce jeu par faire deux ou trois piles des Dames, qu'on pofe fur la pre miere Flêche du Trictrac; & lorfqu'on fe place pour jouer, il ne faut jamais que ce foit à contre-jour: la commodité des Joueurs femble le vouloir ainfi. Si c'est à la chandelle qu'on joue, on n'a point de regles à garder là-deffus, & il eft indifferent de quel côté on place les piles des Dames.

A l'égard des Dames, les blanches font les Dames d'honneur; c'est pourquoi par honnêteté, on les prefente toûjours aux perfonnes qu'on confidere.

L'honnêteté exige auffi qu'on donne le choix des Cornets, & qu'on prefente le Dez à celui pour lequel on a de la confideration pour tirer à qui l'aura ; ou bien qu'on lui donne les deux Dez pour tirer coup & dez; auquel cas celui qui a de fon côté le dez qui marque le plus haut point, gagne la primauté.

On peut s'affocier fi l'on veut au Trictrac, pour jouer tour à tour ; ou fi l'on fe fent foible, il eft loifible de prendre un Confeil, du confentement de celui contre lequel on joue; fans cela,c'eft une malhonnêteté à celui qui s'ingereroit de le faire, même par quelque figne, qui marqueroit à un des Joueurs qu'il fe trompe à fon défavantage.

Des noms differens qu'on donne au Dez, & de l'ordre qu'on doit garder en jouant.

Certaines regles de bon fens, veulent on a

quand on a jetté les Dez, de nommer toûjours le premier, celui qui amene le plus de points; & dire, par exemple, quatre & trois; cinq & quatre; deux & as; ainsi du refte.

On appelle au Trictrac, nombres fimples, ceux qu'on amene impairs comme quatre &trois; cinq & deux, &c. & doublets ceux qui viennent égaux, comme deux trois, deux fix, deux cinq, & le refte.

Les doublets fe nomment differemment ; on appelle les deux as, Ambezas, Bezet, ou tous les as; les deux deux, Double-deux; les deux trois, Ternes; les deux quatre, Carnes › ou Carmes; les deux cinq, Quines ; & les deux fix, Sonnez, ou Sannes.

Avant que de paffer outre, de paffer outre, il eft bon que les Novices en ce jeu, apprennent dans la Figure qui fuit, ce que c'est que flêche, ou Lame dans un Trictrac, Coin de repos & Table, ce que d'autres appellent Tablier.

Explication de la Figure qui fuit.

A. Table; B. Flêches, ou Lames; C. Coin de repos; D. lieu où l'on peut placer les pites

des Dames; c'eft à droite,ou à gauche, il n'importe ; & ce Coin de repos eft toûjours dans la Table où ne font point les Dames.

Tas 1. 2. 3. 4. 5. 6.、

7. 8. 9. 10. II.

A

B

7. 8. 9. 10. 11. Coin de
repos.

Tas de 1. 2. 3. 4. 5. 6. bois. Pour jouer avec ordre, on obfervera que fi l'on amene d'abord Ambezas, de jouer deux Daines de la pile, & de les accoupler fur l'as, qui eft la flêche qui joint celle fur laquelle font ces Dames empilées, & onnomme cela abattre du bois. On fait autre-ment, fi on veut, en jouant une Dame feule, & la mettant fur la feconde flêche ; cela s'appelle jouer tout d'une: c'eft la même chofe à l'égard de tous les autres nombres qu'on peut abattre, ou jouer tout d'une Dame, fi vous en exceptez fix & cinq, qu'on doit abattre abfolument, quand on l'amene le

premier coup, parce que les regles du jeu ne permettent point qu'on mette une Dame feule dans le coin de repos.

Il eft de la prudence du Joueur, autant qu'il le peut, d'accoupler deux Dames enfemble; cette maniere de jouer s'appelle cafer; & on commence à cafer d'abord dans la table, où les Dames font en piles, qui eft pour l'ordinaire la premiere. On paffe enfuite dans celle du coin de repos, quelquefois même dans celle de fa partie, quand le progrès du jeu y conduit.

Un Joueur ne doit jamais compter pour jouer les nombres qu'il a amenez, la flêche d'où il part, foit qu'il abatte du bois, ou qu'il joue en commençant, ou dans le cours du jeu.

CHAPITRE III.

De quelques obfervations à l'egard des Dez.

On fait qu'on joue au Trictrac avec des

Cornets; & pour l'ordinaire on doit jetter les dez rondement, & fans vetiller. Il faut les pouffer, de maniere qu'ils touchent à la bande de la table, qui eft du côté de celui contre lequel on joue.

Tous dez affis fur leur cube font bons, pourvû qu'ils foient dans le Trictrac

non

l'un fur l'autre, ou fur la bande du Trictac,

Bb iiij

ou bien qu'ils foient dreffez l'un contre l'au

tre.

Le dez eft encore de bon jeu fur une ou deux Dames, fur les jettons, & fur l'argent, s'il y eft bien affis, & de maniere que portant, l'autre dez ne puiffe tomber.

On appelle un dez en l'air, lorfque pofant fur une Dame, en étant foûtenu par la bande du Trictrac, il tombe en tirant doucement cette Dame, pour lors il ne vaut rien, & le Joueur doit retirer le coup; au lieu que s'il tient, on n'a rien à dire.

Le dez eft bon auffi, lorfque par hazard il en faute un dans une des tables du Trictrac, & que l'autre demeure feul dans celle où l'on l'a jetté.

On peut arrêter du fond d'un cornet le dez qui pirouette trop long-tems, fans croire qu'on y entende fineffe, la chûte en étant incertaine.

Change de dez qui veut, & autant de fois qu'il en prend envie; cela eft permis, ainsi que de rompre le dez de fon adverfaire, quand on craint quelque coup.

Cependant, fi en commençant le jeu, on étoit convenu de ne point rompre, il faudroit bien s'en donner de garde; & au cas qu'on le fit impunément, celui à qui on rompt, peut jouer tel nombre qu'il voudra; à moins qu'il n'y ait eu d'autres peines impofées dans la convention, comme, par exemple, de fixer une certaine fomme, ou