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te, il ne lui eft pas permis de refaire fon écart." Il faut nommer formellement la couleur; & il ne fuffiroit pas à celui qui joueroit, par exemple, en Trefle, de montrer qu'il écarte trois Cartes, qui feroient un Cœur, un Pique & un Carreau, & de dire: Vous voyez bien en quoi je joue; parce que l'on peut écarter des Triomphes.

Il ne fuffit pas auffi de dire: Je joue en Amour, Guerre, ou Indifference, pour dire en Trefle, Pique ou Carreau; en un mot, il faut nommer formellement, & il n'y a point d'équivalent qui fuffife.

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Si l'Hombre, après avoir vû fa rentrée, fe fouvient qu'il n'a pas nommé fa couleur, & qu'il la nomme devant que l'on en ait nommé une autre, il n'encourt aucune peine, & fa couleur eft bien nommée.

Si l'Hombre nomme une couleur pour l'autre, il doit jouer en celle qu'il nomme la premiere: ainfi fi ayant Jeu à jouer en Pique, il difoit, Je joue en Cœur, dis-je Pique, il feroit obligé de jouer en Cœur.

En ce cas 'il lui eft permis de refaire fon écart, fuppofé que la rentrée ne foit pas jointe à fon Jeu.

Celui qui jouant fans prendre, nomme une couleur pour une autre, il eft obligé de jouer en la couleur qu'il a nommée.

Des Matadors & de leurs Privileges.

Il n'y a proprement que trois Matadors

Efpadille, Manille & Bafte, qui font les trois premieres Triomphes de la couleur où l'on joue.

Efpadille eft toûjours l'As de Pique. Manille eft le Deux en noir, & le Sept en rouge, & le Bafte eft l'As de Trefle.

Le Privilege des Matadors eft de ne pou voit être forcez par aucune Triomphe inférieure; un exemple éclaircira ceci.

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Suppofons que j'aye en main le Baste feul, c'eft-à-dire, fans autre Triomphe, & que celui qui eft le premier en carte joue le Roi de Triomphe, je ne fuis pas obligé de met tre mon Bafte, & je m'en vas de telle carte qu'il me plaît de celles que j'ai dans la main.

J'ai dit d'aucune Triomphe inférieure, parce que les fupérieurs forcent les inférieures: ainfi dans l'exemple ci-dessus, fi le premier en carte jouoit Efpadille ou Manille, qui font Triomphes fupérieures au Baf te, je ferois obligé de le mettre, parce que, comme nous avons dit, le fupérieur force l'inférieur.

Remarquez cependant, qu'il faut que ce foit le premier qui joue le Matador fupérieur pour forcer l'inférieur.

Car, par exemple, fi je fuis dernier en carte & que j'aye le Baste seul, fi le premier joue à-tout du Roi, & que le fecond mette Efpadille fur le Roi, je ne fuis pas obligé de mettre le Bafte, parce que Efpadille n'a point été joué par le premier.

Quand je dis par le premier, je n'entends pas le premier en carte; mais celui qui joue après avoir fait la levée derniere.

Un autre privilege des Matadors, eft d'être payez d'un jetton, quand on les joue fimples, ou de deux quand on les joue doubles, comme nous l'expliquerons plus amplement.

Mais pour être payéz, il faut qu'ils foient tous les trois dans la main de celui qui joue, autrement ils ne fe payent point.

Autrefois l'Hombre les payoit quand il faifoit la Bête, & que les trois Matadors étoient dans la main de l'un des deux autres; mais cela n'eft plus en ufage.

Si l'Hombre gagne avec les trois Matadors, il fe les fair payer; s'il perd, il les paye aux autres. Ce privilege fe communique à toutes les autres Triomphes qui font de fuite, & ces Triomphes ufurpent alors le nom de Matadors: Ainfi celui qui a les quatre premieres Triomphes, fe fait payer quatre Matadors; s'il a les cinq premieres il en fait payer cinq; & ainfi des autres à proportion jufqu'à neuf: mais il faut pour être payez, que les Triomphes foient de fuite.

De la maniere de difpofer le Jeu.

Il faut d'abord compter pour chacun des Joueurs vingt Jettons & neuf Fiches, & fe fouvenir que chaque Fiche vaut vingt Jettons & s'appelle Cent.

Il faut enfuite convenir de la valeur de

chaque Fiche: fi elle vaudra cinq, dix, vingt, trente fols, ou plus ou moins; & c'eft ce qu'on appelle jouer aux cinq, aux dix, ou de trente fols le Cent.

Après quoi il faut tirer les places; ce qui fe fait en mettant aux trois places où font comptez les Jettons, trois cartes de. differentes couleurs, & en prenant trois des mêmes couleurs, que l'on fait tirer au fort aux trois Joueurs; & chacun fe place à la couleur qu'il a tirée.

Il y avoit autrefois des cérémonies trèsincommodes, chacun fe déferant l'honneur de tirer le premier dans les trois cartes que l'on préfente; mais on les a fupprimées: & l'ufage eft que celui qui eft entré le dernier dans la Chambre, tire le premier.

On ne laiffe pas encore de faire quelquefois quelques complimens ; mais cela ceffe dès le moment qu'on allegue la loi de tirer le premier, quand on eft entré le dernier.

Chacun ayant tiré & s'étant mis à fa place, on regarde à qui fera; & pour cela, on tourne une carte au milieu de la Table, après quoi en diftribuant aux trois Joueurs des cartes tournées l'une après l'autre, celui qui a la plus haute de la couleur de celle qui eft au milieu de la Table, eft celui qui fait.

Il y a fi peu de defavantage à faire d'abord , que les Meffieurs fe font ordinairement honneur de fervir les Dames. Mais quand il y a deux Dames & un homme, l'u

fage eft que les Dames fervent l'Homme.

De la maniere de donner les Cartes.

Nous avons dit que chacun des Joueurs doit avoir neuf Fiches & vingt' Jettons avant de donner: on marque le Jeu, en mettant chacun trois Jettons devant foi, & deux à chaque fois que l'on paffe ; & l'on appelle cela jouer trois & deux. Autrefois on ne mettoit devant foi que deux Jettons chacun, & un chaque fois qu'on paffoit; mais cela ne fe pratique plus: cependant il y en a encore qui ne mettent qu'un Jetton à chaque Paffe, & cela s'appelle jouer aux trois & un.

Chacun des Jettons qui marquent le Jeu, en vaut trois : & cette maniere abregée de marquer, eft afin que l'on voye plus facilement fi tous ont bien marqué.

Le Jeu étant marqué, celui qui doit faire, bat les Cartes, fait couper celui qui eft à fa gauche, & les donne trois à trois, jusqu'au nombre de neuf que chacun doit avoir.

Il n'eft pas permis de donner les Cartes autrement que trois à trois; & fi on les donnoit d'une autre maniere, par mégarde ou autrement, le coup eft nul, & celui qui a fait doit refaire.

Si les trois paffent, on en remet chacun deux devant foi; & cela autant de fois que l'on paffe.

Enfin, s'il fe trouve que le premier en Carte a beau jeu, il demande aux autres ;

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