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deux Sœurs qui ont fait enterrer leur père ce matin. C'étoit un homme bourru, & qui avoit tant d'averfion pour le mariage, ou plutôt tant de répugnance à établir fes filles, qu'il n'a. jamais voulu les marier, quelques partis avantageux qui fe foient préfentés pour elles. Le caractère du défunt é... toit tout à l'heure le fujet de leur entretien. Il eft mort enfin, difoit l'ainée, il eft mort ce père dénaturé, qui fe faifoit un plaifir barbare de nous voir filles, il ne s'oppofera plus à nos vœux. Pour moi ma foeur, a dit la cadette, j'aime le folide. Je veux un homme riche', fût-il d'ailleurs une bête, & le gros Don Blanco fera mon fait. Doucement ma four, a repliqué l'aînée, nous aurons pour époux ceux qui nous font deftinés, car nos mariages font écrits dans le Ciel. Tant pis vraiment, a reparti la cadette, Fai bien peur que mon père n'en déchire la feuille. L'aînée n'a pu s'empêcher de rire de cette faillie, & elles en rient encore toutes deux.

Dans la maifon qui fuit celle des deux fours, eft logée en chambre garnie ti ne Avanturiere Arragonoife.Jela vois qui fe mire dans une glace, au lieu

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de fe coucher. Elle félicite fes charmes, fur une conquête importante qu' ils ont faite aujourd'hui. Elle étudie des mines, & elle en a découvert une nouvelle, qui fera demain un grand effet fur fon Amant. Elle ne peut trop s'apliquer à le ménager. C'eft un fujet qui promet beaucoup. Auffi a-t-elle dit tantôt à un de fes Créanciers, qui fuieft venu deinander de l'argent: Attendez mon ami, revenez dans quelques jours; je fuis en terme d'accommodement avec un des principaux perfonnages de la Douanne.

Il n'eft pas befoin, dit Léandro, que je vous demande ce qu'a fait certain Cavalier qui fe préfente à ma vue. Il faut qu'il ait paffé la journée entière à écrire des Lettres. Quelle quantité j'en vois fur fa table! Ce qu'il y a de plaifant, repondit le Démon, c'eft que toutes ces Lettres ne contiennent que la même chofe. Ce Cavalier écrit à tous fes amis abfens. Il leur mande une avanture qui lureft arrivée cet après-midi. Il aime une Veuve de trente ans, belle & prude. Il lui rend des foins qu'elle ne dédaigne pas. Il propofe de l'époufer. Elle accepte la propofition. Pendant qu'on fait les préparatifs des

noces,

môces, il a la liberté de l'aller voir chez elle. Il y a été cette après dînée; & comme par hafard il ne s'eft trouvé perfonne pour l'annoncer, il est entré dans l'appartement de la Dame, qu'il a furprise dans un galant deshabillé, ou pour mieux dire prefque nue fur un lit de repos: Elle dormoit d'un profond fommeil. Il s'aproche doucement d'elle, pour profiter de l'occafion. Hlui dérobe un baifer. Elle fe réveille, & s'écrie en foupirant tendrement: Enco re! Ah! je t'en prie, Ambroise, laisse-moi en repos. Le Cavalier en galant homme a pris fon parti fur le champ, il a renoncé à la veuve, il eft forti de l'apartement, il a rencontré Ambroise à la porte. Ambroife, lui a-t-il dit, n'entrez pas, votre Maîtreffe vous prie de

la laiffer en repos.

A deux maifons au-delà de ce Cavalier, je découvre dans un petit corps de logis un original de Mari, qui s'endort tranquillement aux reproches que La femme lui fait d'avoir paffé la journée entière hors de chez lui. Elle feroit encore plus irritée, fi elle favoit à quoi il s'eft amufé. Il aura fans-doute été occupé de quelque avanture galante, dit Zambullo. Vous y êtes, G 7

reprit

reprit Afmodée, je vai vous la détailler.

L'homme, dont il s'agit, eft un Bourgeois nommé Patrice. C'elt un de ces maris libertins qui vivent fans fouci comme s'ils n'avoient ni femmes, ni enfans. Il a pourtant une jeune époufe aimable & vertueufe, deux filles & un fils, tous trois encore dans leur enfance. Il eft forti ce matin de fa maifon, fans s'informer s'il y avoit dupain pour fa famille, qui en manque quelquefois. Ila paffe par la grande place, où les aprêts du Combat des taureaux qui s'eft fait aujourd'hui, l'ont arrêté. Les échaffauts étoient déjà dreffés tout autour, & déjà les perfonnes les plus curieufes commençoient à s'y pla

cer.V

Pendant qu'il les confidéroit les uns & les autres, il apperçoit une Dame bien faite & proprement vétue, qui laiffoit voir, en defcendant d'un échaf faut, une belle jambe bien tournée, couverte d'un bas de foie couleur de rofe, avec une jarretière d'argent. II n'en à pas fallu davantage pour mettre notre foible Bourgeois hors de lui-même, Il s'eft avancé vers la Dame qu' accompaguoit une autre, qui faifoit

affez

affez connoître par fon air qu'elles étoient toutes deux des Avanturières. Mefdames, leur a-t-il dit, fi je puisVous être bon à quelque chofe, vous n'avez qu'à parler, vous me trouverez difpofé à vous fervir. Seigneur Cavalier, a répondu la Nymphe au bas couleur de rofe, votre offre n'eft pas à rejetter. Nous avions déjà pris nos places, mais nous venons de les quitter pour aller déjeuner. Nous avons eu f'imprudence de fortir ce matin de chez nous, fans prendre notre chocolat. Puifque vous êtes affez galant pour nous offrir vos fervices, conduifez-nous, s'il vous plaît, à quelque endroit où nous puiffions manger un morceau, mais que ce lieu retiré. Vous avez que les filles ne peuvent avoir trop de foin de leur réputation. A ces mots, Patrice, devenant plus honnête & plus poli que la néceffité, mene ces Princeffes à une taverne de fauxbourg, où il demande à déjeuner. Que

oit dans une.

deulez-vous, lui dit l'Hôte?. J'ai

de refte d'un grand feftin qui s'eft donné hier chez moi, des poulets de grain, des perdreaux de Léon, des pigeonneaux de la Caftille Vieille, & plus de la moitié d'un jambon d'Eltramadure.

En

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