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du ventre. Il fe retira enfin fur les vieux jours à S. Maixent en Poitou, où felon la mode du tems il faifoit des Comé dies fur les principaux événemens de la Vie de Notre Seigneur, qui fe répréfentoient dans les Cimetières des Eglifes aux principales fêtes de l'année, & ce fut dans une de ces occafions qu'arriva la mémorable avanture du Frere Etienne Taperouë, rapportée par Rabelais, › Liv. 4. ch. 13.

XXII.

Bon efprit. Bel efprit.

Pour être bel efprit, il faut être bon efprit: mais pour être bon efprit, il n'eft pas néceffaire d'être bel efprit. Quelque vif, quelque brillant, quelque fécond que foit un efprit, s'il n'eft foli de & réglé, il fera mêlé de folie. On peut être bort efprit, au contraire, fans être bel efprit. La beauté de l'efprit confifte dans une vivacité, une fécon-dité, & une élévation, qui font pure. ment des dons de la nature, & que l'art & l'étude ne donnent point. La bonté de l'efprit dépend d'une jufteffe, d'une ségle, & d'une modération, qui dé

pendent auffi de la nature, mais qui peu vent être cultivées & augmentées par Part.

XXIII.

La Critique.

Depuis le rétabliffement des Lettres, la Critique a fait la principale occupa tion de ceux qui fe font appliquez aux belles Lettres. Cela étoit néceffaire après tant de fiécles d'ignorance & de ténébres. Il falloit, pour ainfi dire, abbat tre la pouffiére, nettoyer la moififfure, & tuer les vers qui rongeoient & défiguroient les anciens Manufcrits, qui avoient échappé à la fureur des barbares, & à la longueur des années. Cette étude fut en fa vigueur & en fon honneur pendant deux cens ans. Le fouverain dégré de l'érudition confiftoit à mettre au jour les anciens Auteurs, & à : corriger les fautes des Copiftes par les mains de qui ils avoient paffé; foit en le's conférant fur de bons exemplaires, . foit en employant fon efprit & fon favoir: au rétabliffement des paffages corrompus. Mais enfin cette occupation dégé néra en une étude baffe & obfcure,

dont tout le mérite confiftoit à rechercher & recouvrer les meilleurs Manufcrits, à les conférer, & à en remar quer foigneufement les diverfes leçons. Tel a été l'emploi de Gruter pendant tout le tems de fa vic. Ceux à qui ces fecours manquoient, fe fervoient de leur efprit & de leur, favoir, pour remettre les Auteurs dans leur pureté : & fouvent abufant de leur talent, & par trop ra- ́ finer, ils gâtoient ce qui étoit entier & fain, & donnoient la peine aux Critiques leurs fucceffeurs, mais plus fages qu'eux, de remettre-les chofes en leur premier état, & de guérir les plaies qu'ils avoient faites. Entre ces derniers, je donne le premier rang à Cafaubon comme je le lui ai ouï donner aufli feu M. de Saum aife. Gronovius ne lui étoit pas inférieur en ce genre. Mais aujourd'hui que prefque que prefque tous les meilleurs Auteurs ont été rendus publics par l'im. preffion, je n'approuverois pas qu'un homme fe dévouât à la Critique, & fit fon capital de coutir après ces fyllabes fugitives, & de travailler à ces réparations de mots ruïneux. Je regarde les critiques comme des farcleurs. Ils arrachent les mauvaises herbes, & laiffent

par

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recueillir les bonnes aux habiles Jardiniers, qui ont fçû les cultiver, & en faire leur profit.

XXIV.

Expofition des logemens.

,

Les Jefuites chez qui je fuis logé à Paris, dans le choix de leurs cham tres, préférent celles qui font exposées au midi. Je fuis d'un fentiment tout contraire, & je préfére fans comparaifon l'expofition au Nord. Voici mes Faifons. Tous les orages les grands vents, les grêles & les pluies violentes. viennent du midi. Les fenêtres qui y font tournées, fe trouvent fouvent brifées par la tempête. Ces chambres font des fournaïfes pendant les chaleurs de l'été ; & le foleil vous aveugle & vous brûle tout le long de la journée. Les objets du dehors qui le préfentent aux yeux, ne font vûs que du côté de l'ombre, qui en dérobe tout l'agrément. Aucun de ces défauts ne fe trouve dans l'expofition au Nord. Le calme y eft toûjours; la fraîcheur s'y trouve en été. On fe garantit de la bize & des froids de l'hyver, qui font par tout égaux, cu

fe calfeuttant, & fe muniffant de chaf fis & de rideaux. Les objets n'y paroiffent que de leur beau côté, & du côté qu'ils font éclairez & dorez des rayons du foleil. L'expofition au Levant a auffi les agrémens. Ce foleil naiffant, & l'aurore fa fourriere, font à mon gré✨ des objets délicieux: la fraîcheur de la nuit temperant l'ardeur de ses rayons.

X-X V.

Santé des vieillards.

La vigueur & la bonne fanté que l'on remarque dans quelques vieillards, reffemble à une tour fappée. Cette tour paroit aufli folide, auffi forte, & auffi durable, que lorfqu'elle fut achevée de bâtir; cependant elle n'a plus de fondement, & n'eft foûtenuë que par quelques étais, qui venant tout d'un coup à-manquer, elle eft ruinée en un inftant. Les fondemens de la vie font détruits dans les vieillards, le fuc radical eft épuifé, les parties vitales font ufées, la machine n'eft plus foûtenue: que par quelques étais, c'est-à-dire, par la force de la contexture, & par la continuation de l'impreffion du premier mouvement..

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