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TABLES

CHRONOLOGIQUES

DES PRINCES

QUI ONT REGNÉ DANS L'ASIE.

LIVRE CINQUIEME.

TARTARES

L

OCCIDENTAUX.

Es Tartares Occidentaux font ceux qui font l'objet de cet Ouvrage, & dont j'ai entrepris de donner l'Hif- LES HUNS toire. Ils fe font répandus dans toute l'Afie, & ont occupé une partie de l'Europe & de l'Afrique. Les Hiftoriens Romains les ont connus fous le nom de Huns, & ont débité beaucoup de fables fur l'origine de ces peuples, fans nous faire connoître précisément de quel pays ils venoient. Dans la Tartarie ils portoient le nom d'Hiong-nou. Ils y avoient établi un Empire confidérable qui fut détruit par les Chinois. Alors ils fe difperferent. Les uns pafferent vers l'Occident, & dans la fuite ils entrerent dans l'Empire Romain. Personne n'ignore les incurfions du fameux Attila. Les autres refterent fur les frontieres de la Chine, & ne furent détruits que par les Tartares Geou-gen. Quelques-uns s'établirent dans la Chine, où ils formerent plufieurs Empires.

Ils étoient prefque entiérement détruits, ou du moins ils LES HUNS. n'avoient aucune puiffance dans la Tartarie, lorsqu'un Chef de cette Nation, appellé Tou-muen, fe mit à la tête de plufieurs Hordes, & forma un nouvel Empire. Ces peuples porterent alors le nom de Turcs. Ils devinrent maîtres de toute la Tartarie. Ces Turcs fe diviferent en deux branches; alors les Turcs Orientaux & les Turcs Occidentaux eurent chacun leur Khan. Ces derniers s'étendoient jufqu'aux frontieres de la Perfe & de l'Empire Romain, où ils pénétrerent. Ils donnerent naissance aux Hongrois, aux Uzes & aux Patzinaces. Pendant ce tems-là, d'autres Turcs, appellés Hoei-ke, s'emparerent de la Tartarie, & détruifirent les premiers. Plufieurs Hordes de Turcs, voisines de la Perfe, y entrerent fous le nom de Seljoucides, & étendirent leurs conquêtes jufqu'au Détroit de Conftantinople. Ils fe partagerent en plufieurs branches. L'une regna dans la Perfe; une feconde, à Iconium ; une troisieme, à Damas; une quatrieme, à Alep ; & une cinquieme, dans le Kerman. Auparavant des efclaves Turcs avoient fondé de puiffans Empires, tels font les Thoulounides & les Ikhfchidites en Egypte, & en Syrie; les Ghaznevides au Nord des Indes. Plufieurs Officiers des Princes Seljoucides profiterent de la foiblesse de leurs maîtres pour établir de nouveaux Empires; de-là l'origine des Sulthans de Kharifme, & des Atabeks qui ont regné dans la Syrie.

Pendant que ces Princes regnoient dans la partie occidentale de l'Afie, Genghiz-khan, de la nation Mogole qui faifoit partie de celle des Turcs, s'éleva au fond de la Tartarie, & fe rendit maître de ce vafte pays. Ses fucceffeurs pénétrerent dans la Perfe, qu'ils foumirent. La poftérité de Genghiz-khan forma un grand nombre de Royaumes, dont l'Empire de la Chine étoit le plus confidérable. La Perfe, la Crimée, & les autres parties de l'Afie avoient des Khans particuliers, tous defcendus de Genghiz-khan. Au milieu des troubles que l'irruption de ces Mogols avoit excités, quelques reftes des Seljoucides d'Iconium qui s'étoient confervés dans les montagnes de l'Afie mineure, jetterent les fondemens de l'Empire des Ottomans, aujourd'hui maîtres de

Conftantinople. Des efclaves Turcs achetés dans le Captchaq, s'emparerent du gouvernement de l'Egypte, & furent connus fous le nom de Mamlucs.

Tamerlan, auffi de la nation Mogole, & qui fortit de la Tartarie, profita de la foibleffe des Genghizkhanides pour faire la conquête d'une grande partie de l'Afie. Sa poftérité y poffede encore quelques Royaumes, & fur-tout les Indes, ou ce que nous appellons aujourd'hui les Etats du Mogol.

C'est ainsi que les Huns ont paru dans le monde fous différens noms; mais outre ces peuples il y en a encore quelques autres dans la partie occidentale de la Tartarie, dont l'hiftoire nous eft moins connue, parceque les Chinois ont négligé de nous la conferver. Tels font les Ou-fiun, na¬ tion confidérable qui demeuroit aux environs de la riviere d'Ili; les peuples de Kaschgar, de Khoten, & des autres pays voifins, qui étoient gouvernés par des Rois particuliers. Le défaut de monumens ne m'a pas permis d'entrer dans quelques détails fur ces derniers. On apperçoit feulement que ces Royaumes font fort anciens, & même antérieurs à la naiffante de J. C. Mais on ne peut former une lifte fuivie des Princes qui y ont regné, ni diftinguer les différentes familles.

I.

Empire des HIONG-NOU, ou des HUNS.

Les Hiong-nou, une des plus nombreuses nations de la Tartarie Occidentale, erroient dans ces vaftes campagnes qui font au Nord de la Chine, nourriffoient de nombreux troupeaux, & habitoient fous des tentes. Ils étoient fouvent en guerre avec la Chine, fans que pour cela les Hiftoriens Chinois nous aient tranfmis l'hiftoire des Hiong-nou dès les premiers tems de l'établissement de ces peuples. Ce n'eft en effet qu'environ l'an 209 avant J. C. que l'on commence à trouver d'amples détails fur cette Hiftoire, & à pouvoir donner une Suite chronologique des Princes Hiong-nou qui portoient le titre de Tanjou ou Tchen-you. Mais il paroît en même tems que ce n'eft qu'à cette époque que nous devons fixer le commencement de la puiffance des Huns. Ils porterent alors la guerre dans les provinces orientales, & foumi

LES HUNS

rent les Tartares qui habitoient au Nord de la Corée. Ils LES HUNS. tournerent enfuite du côté de l'Occident, où ils étendirent leurs conquêtes jufqu'aux environs de la Mer Cafpienne, & dans la Siberie.

Teou-man-tanjou eft le premier Empereur connu. Il mourut l'an 209 avant J. C. En remontant de cette époque jufqu'à Tchun-goei, Prince de la famille impériale de Hia, qui fe retira alors en Tartarie, où il fonda l'Empire des Huns, on compte environ 1000 ans. Ainfi c'eft aux environs de l'an 1200 avant J. C. que nous devons placer le commencement de l'Empire des Huns. Dans la fuite ces Huns poffé→ derent toute la Tartarie, & firent de fréquentes incurfions dans la Chine. Leurs Empereurs demeuroient au Nord du Defert, vers les fources de la riviere de Selinga & d'Onon,

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Sous le regne de Pou-nou-tanjou l'Empire des Huns s'affoiblit confidérablement. Une grande famine qui fe fit sentir chez ces peuples, fut comme l'annonce de tous les malheurs qui arriverent dans la fuite. Les Huns, autrefois si fiers, demanderent la paix aux Chinois, dans la crainte que ceux-ci n'entrassent dans leur pays; mais les Tartares Orientaux qui avoient été foumis à l'Empire des Huns, les vinrent alors attaquer, & les obligerent de fe retirer plus avant dans le Nord. La divifion se mit enfuite dans la famille Royale. Pour établir fon propre fils fur le trône, Pou-noutanjou fit tuer celui qui devoit lui fuccéder. Un Prince de fa famille afpira alors à la fouveraineté, mais fes prétentions penferent lui coûter la vie; averti à tems,il trouva le moyen de fe fauver, & de fe mettre à la tête d'un parti. Ces troubles n'empêcherent pas que les Huns n'attaquaffent de nouveau les Chinois. Teou-hien, Général expérimenté, qui comman doit les armées Chinoifes, entra dans la Tartarie, battit les Huns dans plufieurs rencontres, & les contraignit d'abandonner leur pays. Les uns fe retirerent vers Kaschgar & Aksou, d'autres remonterent plus au Nord vers le Jaick & le pays des Baschkirs, où ils furent gouvernés par des Tanjou dont on ignore les noms. Ainfi fut détruit l'Empire des Huns dans la partie de la Tartarie qui eft au Nord de la Chine, que l'on doit appeller proprement le Turkeftan.

Ce font ces Huns qui pafferent dans la fuite en Europe fous le regne de l'Empereur Valens : ils étoient alors gouvernés par différens Chefs, dont voici les plus confidérables, & ceux dont les noms font parvenus jufqu'à nous. On ignore s'ils fe font fuccédé immédiatement, ou s'ils regnoient en même tems fur différentes bandes.

Introd. Tome I. Part. I.

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