ASIE. An de An del P'Heg. J. C. Novairi. Schehabeddin, fils de Touran fchah. Salgour fchah, fils de Touran fchah. Seifeddin. En 1705 Don Alphonfe Albuquerque, Portugais, fe rendit maître de cette ville; & depuis elle a paffé sous la domination des Rois de Perfe. Après qu'Othman, fils d'Affan, eut été proclamé Kha'AFRIQUE. lif, il dépofa Amrou, fils d'Al-aff, du gouvernement d'EBencaldoun gypte, & mit à fa place Abdallah, fils de Saad. Celui-ci obtint du Khalif la permiffion de paffer en Afrique, pour y étendre l'Empire des Mufulmans. Avec une armée de vingt mille hommes il arriva vers l'an 27 de l'Hegire, de J. C. 647, devant la ville de Tripoli de Barbarie. Il en commença le fiege, mais l'arrivée d'une flotte des Grecs l'obligea de le lever, & il alla au-devant des Grecs qu'il défit. Il affiégea enfuite Cabes, battit en plufieurs rencontres les Grecs, & s'empara de plufieurs villes, entre autres, de celle de Soubaithala, où réfidoit le Gouverneur. L'Empereur de Conftantinople informé des progrès des Musulmans dans l'Afrique, y fit faire des levées considérables d'argent. Les peuples, mécontens de ces exactions, implorerent le fecours du Khalif Moavia, fils d'Abou fophian, qui envoya en Afrique Moavia, fils de Khadidgé, l'an 45 de l'Hegire, de J. C. 665. D'un autre côté, l'Empereur de Conftantinople envoya trente mille hommes, qui camperent fur le bord de la Mer à Santbartah. Les Mufulmans les vinrent attaquer, & emporterent cette ville d'affaut. Ce fut-là la feconde expédition en Afrique. La troisieme fut entreprise par Oucba, fils de Naphi, qui y fut envoyé l'an 50 de l'Hegire, de J. C. 670, par le même Khalif Moavia. Cet Officier, après l'expédition d'Amrou, étoit demeuré dans Barca & Rouila, où il avoit raf femblé les Berbers qui avoient embrassé le Mahométifme. Moavia lui donna de nouvelles troupes, avec lesquelles il paffa en Afrique. Il y bâtit l'an 55 de l'Hegire, de J. C. 675, la ville de Cairouan, qui fut depuis ce tems la résidence des Gouverneurs, que les Khalifs ne cefferent d'envoyer. L'an 69 de l'Hegire, de J. C. 688, fous le gouvernement de Haffan, fils de Nooman, les Mufulmans enleverent la ville de Carthage aux Grecs qui fe réfugierent en Sicile & en Efpagne; ceux qui refterent en Afrique, fe cantonnerent à Safatcoura & à Bizert, où ils furent battus de nouveau. Les Berbers, d'un autre côté, se réfugierent dans Bouna. Dans la fuite ils s'y révolterent fous la conduite d'une femme, nommée Damia, qui battit les Mufulmans, & s'empara de toute l'Afrique & du Mogreb. Il eft néceffaire d'obferver que les Arabes ont donné à la partie Orientale de la côte de Barbarie le nom d'Afrique, & à la partie Occidentale, celui de Mogreb. Haffan, Gou verneur d'Afrique, fut obligé de fe retirer à Barca, où il resta jufqu'à ce qu'il eût reçu du Khalif des fecours avec lesquels il battit Damia, & reconquit tout ce que les Mufulmans avoient perdu. Il eut pour fucceffeur Moufa, fils de Nafir, fous lequel l'Espagne fut conquife. Les Khalifs d'Orient pofféderent l'Afrique, & y envoyerent des Gouverneurs jufqu'au tems des Aglabites, dont nous parlerons dans la fuite. CONQUESTE D'ESPAGNE. AFRIQUE. Novairi: L'an 92 de l'Hegire, de J. C. 711, Thareq, fils de Ziad, Officier de Moufa, Gouverneur de l'Afrique pour les Khalifs Bencaldoun Ommiades, qui demeuroient en Syrie, fit la conquête de l'Espagne. Les débauches de Rodrigue, Roi d'Espagne, occafionnerent ce grand événement. Ce Prince avoit enlevé la fille du Comte Julien, qui poffédoit en ce tems Ceuta & l'ifle de Khadhra, ou l'Ifle verte. Le pere, au défespoir, se foumit à Moufa, & l'introduifit dans fa ville, fur la fin de l'an 90 de l'Hegire, de J. C. 709. Moufa envoya auffi-tôt un courier au Khalif Oualid en Syrie, l'informa de cette nouvelle, lui demanda la permission d'entrer en Efpagne, & d'y porter AFRIQUE. la guerre. Le Khalif la lui ayant accordée, Moufa envoya Thareq à la tête de quatre cens hommes de pied & de cent cavaliers, fur une flotte de quatre vaiffeaux. Cette petite armée fit quelques courfes dans le pays, & revint chargée de butin, dans le mois Ramadhan de l'an 91 de 'Hegire, de J. C. 710. Moufa envoya de nouveau Thareq à la tête de fept mille hommes, partie Barbarefques, & partie Arabes. Thareq aborda au pied d'une montagne fituée fur le bord de la Mer, anciennement le Mont Calpé, il lui donna le nom de Montagne de Thareq, en Arabe Dgiabal thareq, d'où par corruption on a formé le nom de Gibraltar. İl aborda en Efpagne dans le mois Redgeb de l'an 92 de l'Hégire, de J. C. 711. Le Roi Rodrigue, ayant appris fon débarquement, raffembla une armée de cent mille hommes; Moufa, de fon côté, envoya à Thareq un renfort de cinq mille hommes; ainsi toute l'armée Musulmane ne montoit qu'à douze mille hommes. Le Comte Julien leur fervoit de guide. Les deux armées fe rencontrerent près du fleuve Leté, ou Ouad-al-leté, dans le territoire de Medina fidonia, fur la fin du mois Ramadhan de l'an 92 de l'Hegire, de J. C. 711. Il fe donna une fuite de combats pendant huit jours. Les Efpagnols furent mis en déroute, & le Roi Rodrigue, qui étoit à leur tête, fut noyé. Thareq pourfuivit les fuyards jufqu'à la ville d'Ecija, & s'arrêta près d'une fontaine, à laquelle il donna fon nom. Les Espagnols épouvantés s'étoient tous retirés à Tolede, & avoient abandonné les autres villes. Le Comte Julien confeilla à Thareq de partager fes troupes, & d'en former différens corps d'armée. Thareq en conféquence en envoya un à Cordoue, un autre à Grenade, un troifieme à Malaga, un quatrieme à Tadmin, & marcha avec ce qui lui reftoit vers Tolede. Tous ces différens corps de troupes s'emparerent des pays qui leur avoient été affignés, pendant que Thareq s'avançoit vers Tolede. Il trouva cette ville abandonnée, les habitans s'étoient retirés dans les montagnes des environs. Il y laiffa des Juifs avec un Officier, & alla à Almeida, où il trouva une table qui n'étoit que de pierreries & de perles ; on prétend qu'elle venoit du Roi Salomon. Il pilla enfuite la ville de Maïa, & revint à Tolede. Moufa, Gouverneur d'Afrique, informé de ces fuccès, en devint jaloux. Il entra en Efpagne dans le AFRIQUE. mois Ramadhan de l'an 92 de l'Hegire, de J. C. 712, à la tête d'une nombreuse armée, dans le deffein d'enlever à Thareq la gloire de cette belle expédition. Conduit par le Comte Julien, il s'empara de plufieurs villes, & vint enfuite faire le fiege de Seville, une des plus confidérables de toute l'Espagne. Il la prit, & y logea les Juifs, les habitans s'étant retirés ailleurs. L'an 94 de l'Hegire, de J. C. 712; il furprit la ville de Merida. Pendant ce tems-là les habitans de Seville qui s'étoient raffemblés, rentrerent dans leur ville, où ils tuerent tous les Mufulmans qu'ils trouverent. Moufa y envoya fon fils Abdolaziz, qui reprit la ville, & paffa les habitans au fil de l'épée. Moufa partit de Merida, & prit le chemin de Tolede. Thareq vint au-devant de lui, & fe profterna en fa préfence. La baffe jaloufie de Moufa le porta à des excès qui le deshonorerent; non content de faire à Thareq des reproches qu'il ne méritoit pas, il le frappa du fouet qu'il tenoit dans fa main. Il entra dans Tolede, & fe fit préfenter tout le butin que Thareq avoit fait, entre autres chofes, la prétendue table de Salomon; mais Thareq avoit eu la précaution d'enlever un des pieds de cette table, & de dire qu'elle avoit été trouvée en cet état. On en fit faire un d'or en place de celui qui manquoit. Moufa alla prendre Saragoffe & d'autres places. Il vint à Barcelone, & pénétra jufqu'à Narbone, dans le pays des Francs, où il fit dreffer une ftatue, avec une infcription qui marquoit le terme de fes conquêtes, & il revint. Dans ces entrefaites il arriva de la part du Khalif Oualid un Envoyé, qui ordonna à Moufa de quitter l'Efpagne, & de paffer en Orient. Moufa retint auprès de lui l'Envoyé, continua toujours de faire de nouvelles conquêtes, & arriva jufques fur les bords de l'Océan. Il vint dans la Galice, & rencontra dans la ville de Lugo un fecond courrier; ne pouvant alors fe difpenfer d'obéir, il fe difpofa à partir, & emmena avec lui Thareq. Il laiffa en Espagne fon fils Abdolaziz, & se rendit enfuite à Ceuta, dont il donna le gouvernement, ainfi que de Tanger & des environs, à fon X x iij AFRIQUE. Novairi. cortoubi. Le Card. fils Abdolmalek, pendant qu'Abdallah, fon fils aîné, refta en Afrique. Il tranfporta en Orient la fameufe table, quantité de perles, de meubles précieux, & trente mille jeunes filles. Arrivé en Syrie, il fe vanta auprès du Khalif Oualid d'avoir fait la conquête de l'Espagne, & lui présenta la table. Thareq qui l'accompagnoit, foutint fes droits, & engagea le Khalif à demander le pied qui manquoit. Moufa répondit qu'il la lui préfentoit dans l'état où il l'avoit prife; auffi-tôt Thareq fit paroître ce pied, & convainquit Moufa d'impofture. Celui-ci fut chaffé, & dépofé de fes Gouvernemens. Quelques Hiftoriens prétendent que cette conteftation arriva fous Abdolmalek, fils de Oualid. Depuis ce tems l'Espagne resta soumise aux Khalifs qui y envoyerent des Gouverneurs. XIX. OMMIADES d'Efpagne. Après que les Abbaffides eurent détruit les Ommiades en Khathibel Orient, Aboul modhaffer abderrahman, fils d'Hescham, fils d'Abdolmelik, fils de Merouan, paffa en Afrique, où Soyouthi. Abderrahman, fils de Habib, étoit Gouverneur pour les Ximenès. Ommiades. Il efpéroit y trouver un afyle, & même du secours; mais le Gouverneur informé de la deftruction de la maison d'Ommie, fe tourna du côté des Abbaffides, & voulut tuer Abderrahman avec tous ceux qui l'avoient suivis. Abderrahman fut obligé de prendre la fuite, & de paffer chez les Miknes, une des plus puiffantes tribus des Berbers. Plufieurs autres tribus le prirent fous leur protection, & écrivirent en fa faveur aux partisans des Ommiades qui étoient dans l'Espagne. Ceux-ci envoyerent un vaiffeau qu'il monta, & qui le conduifit en Efpagne, dans le mois Rabi elaoual de l'an 138 de l'Hegire, de J. C. 755. Les principaux de Seville, & quantité d'autres le reconnurent pour Khalif. Il refta poffeffeur de cette dignité, & devint Souverain de l'Efpagne, malgré les oppofitions de quelques-uns qui s'étoient déclarés en faveur des Abbaffides. Tel fut l'établiffement des Ommiades dans l'Efpagne. Le Cardinal Ximenès nous a donné une Hiftoire de ces Khalifs d'Espagne ; l'examen que j'en ai fait, m'a convaincu qu'il avoit eu connoiffance de Novairi, dont il ne s'écarte prefque point. |