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FAMILLES

IMPÉRIA

Avec ce Prince finit l'Empire des Mim. Quelques Miniftres fideles engagerent les Tartares Man-tcheous à venir au fecours de l'Empire. On repouffe Li-tching, mais les Tar- LES. tares introduits dans Pe-king s'en rendent les maîtres, ils y proclament Empereur un Prince de leur nation, & toute la Chine tombe fous leur domination.

xxxi.

Dynastie des TIM.

Les Tartares Man-tcheous en s'emparant de la Chine donnerent à leur Dynaftie le nom de Tçim. Ils en font encore les maîtres, & leur cour eft à Pe-king. Voyez l'article de la Tartarie Orientale dont ces peuples font originaires. Leut établissement dans la Chine n'a point interrompu le commerce avec les nations d'Occident. Les Portugais, les Espagnols, les François, & la plupart des autres nations de l'Europe vont trafiquer à Canton,& les Miffionnaires Chrétiens ont élevé des Eglifes dans Pe-king. Ils ont inftruit les Chinois dans les Arts & les Sciences de l'Europe; mais il y a lieu de craindre qu'une nouvelle révolution qui fera retourner les Man-tcheous dans la Tartarie, ne rende l'Empire aux Chinois, n'interrompe tout ce commerce, & ne détruise fur-tout jufqu'à la moindre trace de la Religion, comme il eft arrivé après la deftruction des Mogols.

Les noms de toutes les Dynafties que l'on vient de voir, ont été fucceffivement le nom de l'Empire Chinois. On lui en donne encore quelques autres qui font plus génériques & qui appartiennent à tous les tems, indépendamment de celui qui lui eft impofé par la Dynaftie regnante. Tels font ceux de Tchong-koue, c'est-à-dire, Royaume du Milieu, de Tchong-hoa, fleur du Milieu, &c. Mais le nom de Chine que nous lui donnons eft inconnu dans ce pays, & il nous vient des Indiens qui appelloient la Chine Maha-tchin,c'eft-à-dire, Grande Tchin: les Perfans l'ont auffi pris des Indiens,mais les Arabes ont dit plus communément Sin. Les Anciens, tels que Ptolémée qui vivoit dans un tens où la Chine étoit connue

des peuples Occidentaux, appellent les Chinois Sina; & la FAMILLES ville appellée Sine Metropolis dont parle cet Auteur, ne IMPERIA- peut être nommée que dans la Chine. C'eft probablement

LES.

non la capitale de l'Empire, mais celle de la Province où les Romains & les Indiens abordoient, c'est-à-dire, Kouamtcheou ou Canton. Les Chinois établis dans le Nord de cet Empire, qui s'étendoient dans toute la petite Bukharie jusqu'à Akfou, & qui donnoient la foie aux Parthes, d'où elle paffoit chez les Romains, furent appellés par les anciens Ecrivains Seres.

que

Les Chinois paroiffent n'avoir été que médiocrement connus par les anciens Auteurs Grecs & Latins, au moins il nous en refte peu de traces: mais leurs Hiftoriens nous fourniffent eux-mêmes une fuite de preuves, que cette nation n'a prefque point ceffé d'être en commerce avec les peuples d'Occident. Nous avions cru jufqu'à préfent le contraire. Un autre préjugé nous a toujours trompés, c'eft de regarder l'Empire Chinois comme un Empire qui a prefque toujours joui de la paix, & comme le plus tranquille qu'il y ait eu dans le monde. Il eft fort difficile de juger de l'état de la Chine jufqu'au tenis de la Dynastie des Tcheou. L'Hiftoire jufqu'à cette épon'eft, , pour ainfi dire, que la lifte des Empereurs, & n'offre que quelques événemens rangés felon leur année. Sous la Dynaftie des Tcheou elle devient un peu plus détaillée, quoiqu'elle foit encore très-abbrégée. La différence que l'on doit mettre entre ces anciens monumens de la Chine & ceux que les Grecs nous ont confervés, c'eft que les premiers ne nous ont tranfmis que la charpente de l'Hiftoire, c'est-à-dire, les dates chronologiques, de la maniere la plus exacte qu'il leur a été poffible, & que les autres nous ont fouvent donné des ornemens & des parties détachées, que nous ne pouvons remettre en ordre. Deux cens ans avant J. C. l'Hiftoire Chinoise devient intéreffante, & c'eft alors que l'on peut juger du fort de cet Empire. Cela forme à peu près un efpace de 1944 ans. On peut dire en général qu'il a été heureux & tranquille fous les Han pendant environ 400 ans, à l'exception d'une vingtaine d'années pour la révolte de Vam-mam. Nous devons dire le contraire pour toutes les Dynafties fuivantes,

& que

FAMILLES

c'est-à-dire, qu'il a prefque toujours été en guerre, les intervalles de paix ont été très-courts. Après les Han il a IMPERIAété partagé en trois Empires. Un grand nombre de petites LES. Dynafties l'agiterent fous les Tfin, & ces troubles ne furent terminés que par une nouvelle divifion. Les Empereurs Chinois relégués dans le Midi, furent obligés de céder le Nord à des Monarques de race Tartare venus des environs de l'Amour. La paix fubfista assez long-tems fous les Tam, j'entens celle qui ne fut point troublée par des guerres civiles ou nationales, car fi l'on comprenoit celles que cet Empire a eu à foutenir contre les étrangers, ni la Dynastie des Han, ni celle des Tam n'auroient joui de la paix. Après cette derniere il fut très-agité; la Dynaftie des Song ne le pofféda jamais en entier. Il lui fut enlevé par les Tartares Mogols. Depuis ce tems il a été affez tranquille, mais il étoit fous une domination étrangere, comme il l'eft encore fous les Tartares de Niu-che. Entre ces deux Dynasties celle des Mim renfermée dans les bornes ordinaires de la Chine l'a poffédé paisiblement. En général, cette partie de l'Asie a été fujette à autant de révolutions que les autres contrées du monde. On pourra s'en convaincre encore davantage en jettant les yeux fur les Dynafties que je vais rapporter, & qui forment le fecond Livre.

ROYAUMES
PARTICU-
LIERS.

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ROYAUMES PARTICULIERS QUI N'ETOIENT POINT SOUMIS aux Empereurs.

J'Ardéja remarqué que l'Empire de la Chine fut divifé fous

le regne des Tcheou en un grand nombre de petites Principautés, dont jufqu'à préfent nous n'avons eu aucune connoiffance. Je donne ici les plus confidérables & les plus célebres; les autres ne font connues que de nom, par les Historiens de la nation; il y a même plufieurs de ces petits Royaumes dont on ignore la fituation. C'eft encore une des imperfections de l'Hiftoire Chinoise. A l'égard de ceux fur lefquels on s'étend le plus, nous n'avons que peu de détails fur leurs révolutions. La lifte de ces Princes & un très-petit nombre d'événemens forment toute l'Hiftoire Chinoise, même des Empereurs, pour le tems des Tcheou.

Il y a lieu de croire que c'eft à ces troubles que nous devons

ROYAUMES

attribuer ce peu de liaison que les Chinois ont eue alors avec les nations étrangeres ; on n'en apperçoit aucune trace dans PARTICUleur Hiftoire, & nous n'en trouvons guères plus dans les Hif- LIERS. toriens Grecs & Latins.Plufieurs des Modernes ont voulu que les Egyptiens, & quelques-unes de ces anciennes nations célebres qui étoient fituées à l'Occident de la Chine, aient pénétré dans cet Empire en différens tems. Mais il a été difficile qu'avant les Han on ait pu en avoir de grandes connoiffances, principalement par mer, puifque les peuples qui habitent dans les provinces méridionales de cet Empire étoient encore fous les Tcheou des Barbares qui étoient prefque nuds, & fe peignoient le corps comme les Sauvages. Les Chinois policés, & qui cultivoient les Sciences & fes Arts, demeuroient au Nord du Kiang. Après qu'ils eurent fait la conquête des provinces méridionales, & qu'ils les eurent réunies à l'Empire, ils en policerent les habitans. Si ces anciens Chinois ont eu directement commerce avec les

peuples Occidentaux, ce ne peut être que dans les ports qui font au Nord de la Province de Fokien, ou par terre. Celui que l'on pouvoit faire dans le Midi vers Canton, n'étoit point propre à donner une idée des Chinois, & les étrangers qui s'y rendoient, ne devoient regarder les habitans de ces provinces méridionales que comme ils regardoient les peuples des côtes d'Afrique avec lefquels ils étoient en commerce.

Les Chinois n'étoient pas moins refferrés du côté de l'Occident. Les provinces de Yun-nan & de Sfe-tchuen n'ont été policées que fort tard. Les habitans étoient des efpeces de fauvages, & quand ils eurent été foumis à l'Empire, ils conserverent long-tems leur barbarie. Après les Han même ils reffembloient encore aux Barbares du Tibet. C'eft pour cette raifon que la plupart des Royaumes que je vais faire connoître, étoient fitués, comme on pourra le remarquer, dans les provinces de Chen-fi, de Chan-fi, de Pe-tche-li, de Chantong & de Ho-nan. Celle de Chen-fi même n'avoit pas l'étendue que nous lui voyons aujourd'hui ; une partie confidérable dépendoit de la Tartarie. Voilà des réflexions qui doivent changer beaucoup les idées que l'on s'étoit formées de l'Empire Chinois. Quoique je me fois propofé de faire connoître

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