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Bohus eft

& d'avoir quelque foin de fon honneur. CharAN.1536. les V. qui étoit naturellement porté à faire du CXIV. bien, concilia les interêts des deux concurrens, L'affaire en obligeant Bofius à païer au cardinal une s'accompenfion annuelle de neuf mille livres ; & l'em- mode, & pereur qui croïoit qu'il y alloit de fa gloire, fait évêque que celui auquel il avoit procuré l'évêché en de Malthe. jouit pleinement, le voulut dédommager de la penfion en lui donnant en Sicile une abbaye de pareille valeur. Par ce moïen tous les differends furent terminez dans cette année 1536. & Bofius fut pourvû de l'évêché de Malthe.

LIVRE CENT TRENTE-HUITIÉME.

AN.1537.

I.

P des princes Proteftans de la part du pape Affemblée PIERRE Vorft qui avoit été envoïé auprès

:

Pallavicin

2

pour les faire confentir à la tenue du concile de des princes Mantoüe, n'omit rien de ce qui pouvoit fai-Smalkal proteftans re réuffir fa negociation; mais les proteftans ne de. voulurent jamais lui donner de réponfe précise Sleidan. in qu'ils ne fe fuffent auparavant affemblés à Smal. comm.lib.VI. kalde. Vorft balança s'il s'y rendroit, parce 340 que les ordres du pape ne portoient point qu'il hf. conc parût dans cette affemblée mais Parchevêque Trid. lib. 4de Mayence lui aïant reprefenté que fa prefen- " ce étoit neceffaire, qu'en ne s'y trouvant pas on l'accuferoit d'avoir negligé la cause de l'églife, & qu'il y avoit moins de danger pour Jui à effuïer quelques reproches de la part dés heretiques, qu'à fe voir accufé de lâcheté par Jes Catholiques, il prit le parti de s'y rendre, & il y fut accompagné par le vicechancelier de l'empire Matthias Helt. Avant que de partir de Vienne, Vorft fit ce qu'il pur pour avoir une conference particuliere avec Pélecteur de Saxe, mais il ne put y réuflir, & tout ce qu'on

lui accorda fut de paroître dans le confeil de AN.1537. Pélecteur, auquel il prefenta deux brefs du pape. Le prince les reçut en fouriant, & comme ils étoient cachetez, il les mit fur la table fans les ouvrir, & fe retira enfuite avec fes confeillers; il envoïa le lendemain faire fes excuses. au nonce Vorft de ce qu'il ne pouvoit pas lui rendre vifite, parce qu'il étoit preffé de partir pour des affaires très-importantes.

H.

Le vice

Vorft voïant qu'il ne gagnoit rien, partit de Vienne avec le vicechancelier, & ils arrivechancelier rent tous deux à Smalkalde le quatorziéme de Helt & le Février. Le lendemain quinziéme ils fe trouve

nonce pa

de Smalkalde.

roiffent à rent à l'affemblée où le vicechancelier dit, l'affemblée que quoique l'empereur l'eut feulement chargé de parler à l'électeur de Saxe & au landgrave de Heffe, il vouloit bien fe rendre aux volontez de ces deux princes, qui fouhaitoient l'entendre devant tous leurs alliés; & que ce qu'il alloit dire les regardoit tous. Il entra enfuite en matiere & les affura que l'empereur avoit reçû ce qu'ils avoient dit pour fe juftifier fur Palliance qu'on les accufoit d'avoir contractée avec les rois de France & d'Angleterre. Il s'é tendit fort au long fur la guerre de François I. en Savoïe & en Piemont, & ajoûta que l'empereur avoit écrit aux membres de la chambre Imperiale de ne fe plus mêler des affaires de la religion reconnues comme telles, parce que fouvent il y a difpute fi la caufe eft de religion ou non, ce qui doit être décidé par les juges, plûtôt que par les parties qui y font trop intereffées. Quant à la troifiéme demande pour faire jouir des privileges ceux qui n'étoient pas compris dans la paix de Nuremberg, Helt reprefenta qu'il n'étoit pas jufte que ceux qui avoient approuvé les decrets des diétes, & qui 'étoient obligez par ferment à observer l'an

cienne religion, priffent fi aifément un autre AN.1537. parti; que l'empereur ne le fouffriroit pas, parce que cela ne s'accordoit nullement avec la paix de Nuremberg, qu'il n'étoit permis à perfonne de fe dédire de fa promeffe, & d'embraffer telle religion qui lui plaît; que cependant l'empereur examineroit après la fin de la guerre s'il devoit ou non accorder cette troifiéme demande. Après ces representations Helt parla du concile, & remontra aux Proteftans que l'empereur étoit enfin venu à bout de le faire convoquer, & que ce prince efperoit de s'y trouver en perfonne, à moins qu'il ne lui furvint quelque empêchement invincible. Pour vous, dit-il aux Proteftans, vous y affifterez fans doute ; & il ne vous conviendroit pas d'avoir appellé à ce tribunal, & de ne vous y pas trouver avec toutes les nations, qui fondent fur cette affemblée toute l'efperance de la reformation de l'église. Il ajoûta que l'empereur ne doutoit point que le pape n'en usat d'une maniere digne du chef de tout l'ordre ecclefiaftique. Que s'ils avoient quelques plaintes à faire contre lui, ils pouvoient les porter modeftement au concile. Quant à la forme de proceder, il dit qu'il n'étoit pas raisonnable qu'ils la prefcriviffent à toutes les nations; que leurs theologiens n'étoient pas les feuls fçavans: dans les chofes de la religion, & qu'il y en avoit encore ailleurs de très-recommandables par leur doctrine, & par la fainteté de leur vie.. Que pour le lieu, ils devoient bien avoir quel que égard à la commodité des autres nations ;; que Mantoüe étant proche de l'Allemagne, le païs étant fertile, fain, & fujet à un prince feudataire de l'empire, le pape n'y avoit aucum pouvoir; & que s'il leur falloit de plus gran des affurances, P'empereur étoit prêt de les leur donner:

E 6

Le

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lier avec

de Saxe.

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par

Le lendemain qui étoit le feiziéme Helt traita AN.IS 37 féparément avec l'électeur de Saxe, & témoiHelt traite gna l'estime que l'empereur faifoit de lui, & en particu- l'empreffement de ce prince à lui en donner des preuves, ajoûtant que ce qui l'avoit empêché l'électeur de le lui témoigner, venoit de la difference Sleidan. in de religion mais qu'aujourd'hui il y avoit comm. lib. lieu d'efperer une parfaite union le moïen FI. p. 344. du concile publié & convoqué & qu'il le conjuroit de ne point fruftrer fes efperances, & d'envoier des ambassadeurs à ce concile, afin que tout differend ceffant, la concorde pût êtte parfaite. Que s'il le refufoit, il pouvoit aifément prévoir les inconveniens qui s'enfuivroient, & dont il ne feroit plus le maître alors de fe débarraffer. Enfin il ajoûta que l'empereur aïant fupporté feul tous les frais de la chambre imperiale, & de la guerre, il prioit que, felon la coûtume établie dans l'empire, il voulut bien y contribuer, comme les autres princes avoient promis de le faire. L'électeur répondit que toutes ces demandes regardant fes alliez aufsi-bien que lui, il en délibereroit avec eux, & feroit réponse au vicechancelier.

des Prote

Sleidan, in

IV. Le vingt-quatriéme de Février les princes Réponse Proteftans répondirent qu'ils étoient fort redefans au dif-vables à l'empereur des bonnes difpofitions dans cours du vi- lefquelles il paroiffoit être à leur égard. Mais cechance- qu'alant entendu ceux d'Ausbourg ils ne pou lier Helt. voient fe féparer d'eux. Qu'ils le remercioient somm. lib. de ce qu'il vouloit bien maintenir la paix de Nuremberg; & que quant aux jugemens de la chambre imperiale, & du chagrin qu'il avoit eu de voir l'admiftration de la juftice retardée, ils avouoient qu'ils en avoient fenti la difficulté, dans le tems que l'archevêque de Mayence & le prince Palatin étoient les médiateurs de cette affaire mais qu'après plufieurs déliberations,

II. P. 344

on

on ne trouva pas de plus sûr expedient pour ANJ5 37. affermir l'état, que de ne point toucher à la religion jufqu'au concile general de toute l'Europe, ou national de toute l'Allemagne : fans quoi on verroit tous les jours de nouveaux troubles, qu'ils étoient fort fenfibles à la commillion qu'il avoit donnée aux juges de la chambre, de juger de la qualité des causes, parce qu'ils croïoient que tous ces procez regardoient la religion, & que par confequent ils ne pouvoient être jugez par fentence définitive, fi auparavant les differends de la religion n'étoient terminés par un concile legitime.

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la convo

cation du

347.

Trid 14. Cr

2.

A l'égard du concile indiqué à Mantoйe, ils dirent d'abord qu'ils avoient eu copie de la Ils retufent bulle du pape Paul III. pour la convocation d'accepter de ce concile, & qu'il leur avoit paru que la penfée du fouverain pontife étoit bien differen- concile de te de celle de l'empereur. Et reprenant enfuite Mantoue. tout ce qui s'étoit paffé fous Adrien VI. & Sleidan. nt Clement VII. ils concluoient que Paul III. fe Supra p. propofoit le même but, & tendoit à la même Pallav.in fin, qui étoit de condamner leur doctrine parhift. conc. un certain préjugé, qui la faifoit paffer pour herefie, au lieu de s'appliquer à réformer les erreurs & les vices de fon églife, dont il y avoit fi long-tems qu'une infinité de gens de bien gémiffoient amerement. Enfuite ils alleguerent les raifons pour lesquelles le pape ne pouvoit être juge dans le concile, ni ceux qui lui étoient attachez par ferment. Ils ajoûtent que le choix du lieu pour le concile, étoit contraire à quatre décrets des diétes imperiales, & qu'ils ne pourroient s'y rendre fans. danger, quelques sûretez qu'ils priffent; parce que le pape aïant dans toute l'Italie des partifans ennemis jurez de la doctrine des Prote ftans, ils avoient fujet de craindre, les embû

ches

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