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ches & les trahifons: outre que plufieurs de AN537. leurs miniftres devant affifter en perfonne au concile des procureurs n'étant pas fuffifans. pour traiter de pareilles affaires) ce feroit laiffer les églifes défolées.

Ils continuerent à dire qu'ils ne pouvoient recevoir le bref du fouverain pontife, parce que Papprouver, ce feroit accepter fon jugement.. Qu'ils avoient toûjours demandé un concile libre & chrétien, non pas tant pour que chaGun pût y parler librement, & que les infidéles en fuffent exclus, que pour empêcher que ceux qui étoient liez enfemble par ferment ou par quelque traité, ne fuffent les juges, n'en voulant point d'autres que la parole de Dieu.. Qu'ils fçavoient bien qu'il y avoit des gens pieux & fçavans parmi les autres nations, mais qu'ils étoient affurez que fi la puiffance du pape étoit refferrée dans fes juftes bornes, non feulement leurs theologiens, mais plufieurs autres qui fe tenoient cachez dans la crainte de Poppreffion, contribueroient à la réformation de l'églife. Qu'ils ne conteftoient point la commodité de la ville de Mantoüc; mais que la guerre étant en Italie, ils ne pouvoient s'y ren dre fans crainte, outre que le duc de Manroue, avoit un frere cardinal qui étoit l'un des principaux fujets du facré college. Qu'il y avoit plufieurs villes en Allemagne auffi commodes que Mantoiie, & où la juftice étoit en vigueur : que d'ailleurs on ne connoiffoit point en Allemagne ces moïens fecrets de fe défaire des gens fans formalité, & qui font d'un fi grand ufage en Italie. Que les anciens conciles avoient toûjours recherché principalement la sûreté du heu; & quand même l'empereur fe trouveroit en perfonne à Mantoüe, ils ne feroient pas à couvert pour cela, puifque les papes fe refer

ce,

"AN.1537

vent à eux feuls le pouvoir de déterminer quoiqu'ils appellent l'empereur aux confultations. Que tout le monde fçavoit l'affront fait à l'empereur Sigifmond au concile de Conftanou fon fauf-conduit fur violé par les peres, quoiqu'il y fut prefent: qu'ils fupplioient donc l'empereur d'avoir quelque égard à la juftice de leur cause & de recevoir leurs excuses, d'autant plus qu'ils ne foutenoient aucune mau vaise doctrine; & qu'ils n'avoient en vûë que la gloire de Dieu.

VI.

approu

Sleidaan, in

Les deputés de George de Brandebourg avec La réponfe ceux des villes de Nuremberg, de Hall, & de eft Heilbrun approuverent cette réponse en ce quivée par concernoit le concile, fans faire mention des toute l'affemblée. autres articles, parce qu'ils n'étoient pas de la ligue. Luther qui étoit prefent à cette affem- comm. lib. blée s'expliqua très-durement contre le pape, L. p. 349 & mit parmi les articles dont il ne fe relâcheroit jamais, que le pape n'étoit pas de droit divin, que fa puiffance étoit ufurpée, pleine d'arrogance & de blafpheme; que tout ce qu'il avoit fait & faifoit encore en vertu de cette

VIE..

cette af

puiffance, étoit diabolique. Que l'églife pou Emporte voit & devoit fubfifter fans avoir un chef. mens de. Que quand le pape avoiieroit qu'il n'eft pas de Luther droit divin, mais qu'on l'a établi feulement contre le pour entretenir plus commodément l'unité des pape dans Chrétiens contre les fectaires, il n'arriveroit femblée. jamais rien de bon d'une telle autorité, & Lutherus in: que le meilleur moïen de & de congouverner ferver l'églife, c'étoit que tous les évêques quoique inégaux dans les dons, demeuraffent égaux dans leur miniftere sous un feul chef qui eft JESUS-CHRIST, qu'enfin le pape étoit le vrai Antechrift..

articulu Smalkald! " • art.4.p.3.12.

Bucer qui affifta auffi à cette affemblée de Smalkalde s'expliqua fi formellement fur la pre fence

VII.

fence réelle, qu'il fatisfit même ceux des ProAN.1537 teftans qui avoient été les plus difficiles. Luther Articles qui vouloit qu'on s'expliquât nettement fur qu'on dref- cette matiere, dressa ainfi l'article fixiéme. Sur fe à Smal- le facrement de l'aurel, dit-il, nous croïons kalde fur la que le pain & le vin font le vrai corps & le presence réelle. vrai fang de nôtre Seigneur, & qu'ils ne font Apud Hof-pas feulement donnez & reçûs par les Chrépinian. ad tiens qui font pieux, mais encore par ceux qui ann. 1537 font impies. Ces derniers mots font les mêmes Melancht. l. qu'on a vûs dans l'accord de Wittemberg, 4.p.296. fi-non qu'au lieu du terme d'indignes, il fe fert de celui d'impies qui eft plus fort.

p. 155.

IX.

ton veut

qu'on ré

In concord.

pag.336.6

A la fin des articles de Smalkalde, on voit Melanch- deux liftes de foufcriptions, ou paroiffent les noms de tous les miniftres & docteurs de la connoiffe confeffion d'Ausbourg. Melanchton figna avec l'autorité tous les autres, mais parce qu'il ne vouloit du pape. pas convenir de ce que Luther avoit dit da pape, il fit fa foufeription en ces termes : Moi Philippe Melanchton j'approuve les articles pré338 Melancht. 1.cedens comme pieux & chrétiens. Pour le pa10.ep. 76. pe, mon fentiment eft que s'il vouloit recevoir l'évangile, pour la paix & la commune tranquillité de ceux qui font déja fous lui, ou qui y feront à l'avenir, nous lui pouvons accor der la fuperiorité fur les évêques, qu'il a déja de droit humain. Cet acte étoit contraire à cet autre que Luther avoit fait figner à Melanch& par lequel toute la nouvelle réforme difoit en corps Jamais nous n'approuverons que le pape ait pouvoir fur les autres évêques; & ce fut la premiere & la feule fois que Melanchton dedit fon maître par un acte public.

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ton ›

Le vice-chancelier Helt ne manqua pas de Réponse du repliquer au difcours des princes Proteftans : vicechance il juftifia les juges de la chambre imperiale, cours des affurant qu'ils n'étendoient point leur jurifdi

lier au dif

Proteftans,

ction

l'empiretome

ction fur les caufes qui concernoient la reli- AN.1537. gion, & que l'empereur n'avoit rien fait con- Sle:dan, in tre les traitez; il fit voir l'injuftice des Pro-comm.l.11. teftans qui ne vouloient pas permettre que les p. 349.& Catholiques fuffent rétablis dans leurs biens, illeg. infifta fur l'obligation dans laquelle étoient, Heiff.hift.de ceux qui n'étoient pas compris dans le traité 1v.4.3. p. de Nuremberg, d'obferver les decrets de Pem- 367. pire, & d'attendre la décifion du concile; & parce que l'empereur ne cherchoit que la paix & l'union, il fit de nouvelles inftances pour engager les princes à contribuer aux dépenses neceffaires pour la guerre contre les Turcs, & pour les befoins de l'empire, puisque de-là dépendoit le falut de toute l'Allemagne. Sile Turc, ajoûta-t-il, ne fait aucun mouvement, je vous exhorte à fournir les mêmes fecours contre le roi de France. Il s'étendit davantage fur le refus qu'ils faifoient du concile.

XI.

touchantla

Il dit que les princes n'ignoroient pas les foins que l'empereur avoit pris pour fa con- Ce qu'il dit vocation, n'aïant pas d'autres vues que d'ap-convocapaifer d'une maniere pacifique les differends detion du la religion, & de contribuer à la gloire deconcile. Dieu & au falut des hommes; qu'aujourd'hui que le concile étoit indiqué, & qu'on étoit prêt de l'affembler, l'empereur n'auroit jamais crû qu'ils vouluffent s'y oppofer, & ufer de remifes pour faire échouer une affaire, qui étoit de la derniere importance. Qu'il les con juroit donc d'avoir cette complaifance pour un prince qui ne fouhaitoit que la paix, & de ne le point feparer en cela des princes Catholiques, d'autant plus que le deffein de l'empereur étoit d'empêcher qu'on fit dans ce concile des decifions contraires à la parole de Dieu, & aux bonnes mœurs: que rien ne s'y feroic par passion, & que l'écriture fainte y feroit

toi.

toujours la premiere regle des fentimens. Il AN.15 37. ajouta, que ce qu'ils avoient avancé avec un peu trop d'aigreur touchant les intentions & les deffeins du pape, étoit fans fondement, & ne feroit jamais approuvé d'aucune perfonne équitable; que l'empereur non feulement l'ignoroit, mais qu'il étoit même certain , que le pape, comme le chef de tout l'ordre ecclefiaftique, fe conduiroit avec toute la religion que fa dignité demandoit. Que cependant s'ils avoient quelques plaintes à faire contre lui, ou contre le clergé, il leur feroit permis de les propofer dans le concile, pourvû que ce fût fans animofité, & avec moderation, auffi-bien que fur ce qui regarde la forme, la maniere d'opiner, & autres chofes; ne devant pas croire que leurs theologiens feuls fuffent animez de l'efprit de Dieu, & feuls fçavans dans les chofes faintes, puifqu'il s'en trouvoit ailleurs qui ne leur cedoient pas ni en science, ni en fainteté, ni en profonde érudition.

XII.

au refus

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Quant au lieu du concile le vicechanceIl répond fier ajoûta, qu'il étoit vrai que les princes de que les Pro- l'empire & les Proteftans fur-tout avoient deteftans fai- mandé qu'on s'affemblât en quelque ville d'Alfoient de lemagne; à quoi Pempereur ne s'étoit jamais Mantouie. oppofe; que cependant il les prioit de faire

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reflexion qu'on devoit auffi penfer aux avantages & à la commodité des autres nations; & que fi le pape avoit choifi Mantoue préferablement à toute autre ville il avoit eu égard à la proximité de l'Allemagne, & à la fituation du lieu, où l'on pouvoit aisément apporter ce qui étoit neceffaire, outre que l'air y étoit très-fain, la fituation avantageufe; & que l'endroit étoit du domaine de l'empire dont le duc étoit vaffal. Si toutefois, continue-t-il, les Proteftans apprehendent qu'il n'y

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