Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

prébendes qu'il voulut referver, afin de les
donner aux Lutheriens. Bugenhagen voulant
contrefaire le pape au lieu des fept évêques
du roïaume, ordonna fept furintendans pour
remplir à l'avenir la fonction des évêques, &
faire executer les reglemens qni concernoient
l'ordre ecclefiaftique. Cette ordination se fit le
douzième du mois d'Août après le couronne-
ment du prince. Chriftiera fit la même chose
dans la Norwege qu'il avoir conquife.

AN.15 37.

LII.

hunc an. n.

18.

Les Chrétiens de Conftantinople coururent
auffi rifque dans cette année, de voir entiere. Dangers
des églifes
ment perir la religion en Orient. Soliman em- des Chré-
pereur des Turcs avoit ordonné que toutes les tiens à Con-
villes des Grecs qui avoient été prises par for- ftantinople.
ce, & qui ne s'étoient pas rendu volontaire Spond. in
ment, n'auroient plus d'églises, qu'elles fe- annal, at
roient toutes rafées, & qu'on n'y feroit plus
le service divin. Cet ordre inquieta beaucoup
le patriarche & tous les Grecs Chrétiens, qui
fe voïoient à la veille d'être fans églifes, &
fans aucun exercice de leur religion. L'artifi
ce qu'emploïa le patriarche pour faire revo
quer cette ordonnance, fur de gagner le grand
vifit, & de l'engager à faire venir deux Turcs
d'Andrinople âgez de plus de cent ans, qui à
force d'argent depoferent qu'ils avoient porté
les armes fous Mahomet II. étant dans le corps
des Janiffaires, & qu'ils avoient été témoins
que ce fultan aïant affiegé Conftantinople en
1453. l'empereur des Grecs Constantin XV.
s'étoit rendu volontairement, & avoit appor-
té au vainqueur les clefs de fa ville. Ce té-
moignage fut reçû, on revoqua l'ordre qui
commandoit la deftruction des églifes, & le
patriarche fut affuré pour l'avenir. Jeremie
étoit alors patriarche de C. P.

Paul III. voulant empêcher les obstacles qui
Tome XXVIII.

H

pou

LIII.

& le roi de

pouvoient arrêter la tenue du concile qu'il AN.1537. avoit indiqué à Vicenze, crut qu'il étoit imLe pape portant de reconcilier l'empereur & le roi de travaille a France, dont les divifions nuifoient beaucoup reconcilier aux interêts de l'églife. A cet effet il envoïa les l'empereur cardinaux Chriftophle Jacobatii & Renaud CarFrance. pi pour moïenner cette affaire, & l'on obtint Raynald. que ces deux princes, fçavoir, l'empereur & ad hanc an. le roi de France auroient une entrevûë avec le n.8. pape à Nice en Savoie. Paul III. s'y rendic Pallavicin. le dix-huitiéme du mois de Mai. Le vingthift. conc. Trid. lib. 4. huitiéme fuivant l'empereur fe rendit à Ville.6. n. 1. Franche qui appartenoit au duc de Savoïe, & &feq. quelques jours après François I. fe trouva à LIV. Ville-Neuve avec la reine fon époufe. Ce qu'il l'empereur y eût de particulier dans cette entrevûë eft que & le roi de les deux princes ne fe virent point: ils virent France s'afen particulier le pape, & traiterent avec lui separement; Paul III. portant la parole de part Sadolet 1. 2.& d'autre, pendant tout le tems que la négo. ciation dura; avant que de parler d'affaires, on Ant. de Ve- fe rendit des civilitez réciproques. ra hift. de

Le pape

femblent à

Nice.

ep. 4.

Charles V.

P. 206.

407.

LV.

On entra enfuite en negociation, & quinze jours le pafferent fans qu'on eut pû rien conDu Bellay clure. François I. s'obftina à vouloir pour préLiv. 8. p. liminaire, que l'empereur lui remit le duché de Milan, & Charles V. n'y vouloit confenOn entre tir qu'à certaines conditions que le roi refu en negocia-foit d'accepter. Le pape voïant qu'il ne poution, qui voit réuffir à accorder ces deux princes, pensa finit par à travailler lui-même; il tira parole du Belcar. in roi, qu'il feroit réuffir le mariage d'Antoine comm. lib. de Bourbon premier prince du fang avec Vi22.7. 25. &toire Farnele fille du duc de Parme & niece de Paul III. mais ce projet ne réuffit pas. Enfin le pape voïant qu'il ne pouvoit accorder les deux princes, obtint d'eux, qu'ils confentiroient à une treve de dix ans, ce qui fai

une treve.

pour

[ocr errors]

la paix.

foit à peu près le même effet que
Cette treve fut ratifiée fur le champ & publiée.
Après quoi le pape aïant pris congé des deux
princes, s'embarqua fur les galeres de France,
& arriva à Genes le troifiéme de Juillet.

AN.15 38.

Genes.

L'empereur qui y étoit arrivé deux heures LVI. avant lui, alla loger au palais Doria, bâti fur Le pape & le bord de la mer hors de la ville, où il fut l'empereur reçû & traité magnifiquement. Le pape & lui arrivent à y refterent cinq jours, pendant lesquels ils fe D. Ant. de virent deux fois incognito, & conclurent entr'eux Vera hift. plufieurs affaires particulieres. Enfuite Paul III. de Charles V.p.207. prit la route de Rome, & Charles V. s'embarqua pour l'Espagne. Mais le vent qui paroiffoit trèsfavorable étant devenu contraire, il se vit obligé, pour éviter la tempête, de prendre terre dans P'Ifle de fainte Marguerite. Ce que le roi François I. qui étoit pour lors à Marseille, n'eut pas fi-tôt appris, qu'il lui dépêcha un ambassadeur pour le prier de vouloir fe tranfporter à Marseille, afin de s'y remettre des fatigues de la tempête, & y attendre le vent favorable. Charles répondit d'une maniere très-obligeante à cette civilité, & s'excufa fort fur ce que le tems le preffoit de s'embarquer. Il s'embarqua en effet auffitôt après mais une nouvelle tempête étant fura venuë, il fut jetté pour une feconde fois à Aigues-mortes, ville du bas Languedoc à deux lieues du Rhône.

:

reur & du

François I. fçachant l'empereur dans cette LVII. ville, monta promptement dans une barque Entrevûë legere, accompagné du cardinal de Lorraine, de l'empe& de douze de fes principaux officiers pour roi de Franatler le falüer. Et après s'être entretenus quel- ceà Aigues que tems ensemble, le roi partit. Le lende- mortes. main au matin l'empereur fit avancer fa gain comment. lere vers le de Marfeille, où il fut reçû. 22. . 32. en débarquant par la reine fa four, le dau

port

H 2

phin,

Belcarius

Sleidan. in

172

Hiftoire Ecclefiaftique."

AN.1538. Phin, le duc d'Orleans, le cardinal de Lorraine & autres, & à la porte de la ville par Ant. de le roi même. Ces deux princes avant le repas Vera hift. de eurent une conference ensemble de plus d'une Charles V. heure, & après une autre qui en dura deux, pag. 207 & à laquelle la reine affifta, mais on ne fçut comment. 1. point quel fut le fujet de leur conversation. 12. p. 380. L'empereur après cette entrevûë partit, & arriva heureufement à Barcelonne où il trouva le prince Philippe fon fils alors âgé de douze ans. Enfuite il alla à Madrid où l'imperatrice étoit malade, & dès qu'elle fut parfaitement guerie, il s'en alla avec toute la cour à Tolede, pour y tenir une affemblée des états, & y traiter des fubfides néceflaires pour la guerre

On com

tre le

Turc.

contre le Turc.

LVIII. Les conditions de la ligue conclue entre le mence à pape, l'empereur & les Venitiens, & publiée à executer la Rome, étoient qu'on équipperoit une flotte de ligue con-deux cens galeres, dont le pape en fourni roit trente-fix, l'empereur quatre-vingt-deux, Raynald, ad & les Venitiens autant; qu'outre cela l'empehunc an. n.reur armeroit cent vaisseaux pour conduire les 3.& 6. foldats, les provifions & les armes, & payeroit la moitié de la dépenfe. Qu'il y auroit cinquante mille hommes d'infanterie, d'Alle magne, d'Italie & d'Espagne, avec quatre mille cinq cens chevaux pour être tout prêts au commencement du printems. Que le pape contribueroit à la fixième partie des frais, Charles V. au tiers, & les Venitiens la moitié. Qu'André Doria feroit generaliffime de route la flotte, & commanderoit en particulier les vaiffeaux de l'empereur, Marc Grimani patriar che d'Aquilée ceux du pape, & Vincent Capello ceux des Venitiens; & qu'en cas qu'il y eut une armée de terre, Ferdinand de Gonfague viceroi de Sicile en auroit le commande

ment.

ment. Que de toutes les conquêtes qu'on feroit, les alliez rentreroient dans leurs anciennes poffeffions; que Rhodes feroit renduë aux chevaliers de Malthe, qu'on cederoit au saint siege quelques provinces confiderables, & que le refte feroit partagé fuivant la dépense qu'on auroit faire.

ANJ5 38.

de Doria

tiens.

13.

Cette ligue auroit peut-être eu un heureux LIX. fuccès, fi Doria n'eut pas laiflé échapper l'oc- La lâcheté cafion d'une victoire certaine, & n'eut point arrête les fait perdre aux Venitiens & aux Genois par de conquêtes longs délais & une lâche fuite la reputation des Chrêqu'ils avoient acquife fur mer. On avoit em- Paul Jove ploié beaucoup de tems à équiper une flotte › hift. lib. 37. & à déliberer fur la maniere de commencer la Maurocen. guerre; & cette flotte nombreuse compofée 5. Penviron cent cinquante galeres, foixante na- Juftin. 1. vires de charge & beaucoup de brigantins, ce Raynald.ad qui faifoit en tout deux cens cinquante vaif- hunc and the feaux, aïant abordée en l'’isle de Corse, on 26. avoit refolu d'aller combattre Barberouffe qui commandoit l'armée navale des Turcs au gol fe d'Ambracie, & qui n'avoit que cent cin quante vaiffeaux. Barberouffe étonné d'abord du grand nombre de celle des Chrétiens, ne laiffa pas de vouloir en venir à une action : mais les galeres qu'il avoit envoïées à la dé. couverte des ennemis, aïant été miles en fuite par l'avant-garde des alliez, & les Chrétiens pouvant aifément profiter de ce trouble; Doria quoique follicité puiffamment par le patriar che d'Aquilée qui commandoit l'efcadre du pape, & par les chevaliers de Malthe, refufa opiniâtrement d'avancer fur les infidéles, fous prétexte que fes vaiffeaux manquoient de vent, & vit tranquillement échapper Barberouffe.

Ainfi la conduite ou lâche ou politique de Doria arrêta les conquêtes de l'armée des Chré.

H3

tiens,

« AnteriorContinuar »