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AN.15 36. jefté imperiale, & s'étoit emparé de foh païs. Qu'il avoit fufcité contre fa perfonne le landgrave de Hefle, le duc de Wittemberg, & les autres princes Lutheriens, jufqu'à leur fournir de l'argent pour les mettre en état d'entreprendre la guerre.

Il vint enfuite à la mort du duc de Milan, & dit que le roi avoit demandé les états du défunt, comme échus à fes enfans par la fucceffion de leur mere, quoiqu'il eut reconnu François Sforce en qualité de poffeffeur legitime de ce duché, que cependant on avoit promis de les en gratifier, pourvû que le roi s'expliquât nettement fur ce qu'il avoit deffein de faire par reconnoiffance pour la ruine de l'herefie, pour la tranquillité des Italiens, & pour le recou vrement de la Hongrie. Que depuis fur une lettre de la reine de France, qui portoit qu'en core que le roi fon mari eut mieux aimé Pinveftiture pour fon fecond fils, il feroit néanmoins content qu'elle paffât au troifiéme, on avoit affuré le roi que le duc d'Angoulême feroit invefti à ces trois conditions; & que nonobftant cela, ce prince dans le même tems qu'il attendoit cette inveftiture, avoit ufurpé les états du duc de Savoïe feudataire de l'empire. L'empereur ajoûta que malgré cette conduite fi peu raifonnable, il vouloit bien lui offrir encore ce duché, fuppofé qu'en le donnant on établit une paix folide & durable dans la Chrétienté, ce qui ne pouvoit arriver fi le duc d'Orleans en étoit invefti, à caufe des prétentions de Catherine de Medicis fa femme, fur les duchez de Florence & & d'Urbin, parce que toutes les rénonciations qu'il y pourroit faire, ne feroient pas meilleures que celles que le roi fon predecefleur avoit faites du duché de Bourgogne, & qu'il avoit toutefois

retenu.

L'em

XVI.

de France.

L'empereur conclut en difant qu'il offroit de trois chofes l'une au roi de France en preAN.15366 fence de toute l'affemblée, ou le duché de Mi-Offices que lan pour fon troifiéme fils, à l'exclufion dul'empereur duc d'Orleans, & à condition que François I. fait au roi l'affureroit du nombre & de la qualité des forces, que lui empereur Paul Jove demandoit pour aller hift. lb. 3.1. contre les Turcs ou les heretiques: ou un duel Bekar. par lequel ils vuideroient enfemble, & seul àsuprà. feul toutes leurs querelles, afin d'épargner le fang de leurs fujets, & que ce duel fe feroit dans une ifle, fur un pont, ou dans un ba teau, Pépée, ou le poignard à la main, & en chemife fi le roi de France le vouloit, pourvû qu'on mît en depôt d'un côté le duché de Milan, de l'autre le duché de Bourgogne au profit du vainqueur, & que les troupes des deux couronnes s'uniffent enfuite, pour rendre l'églife Romaine maîtreffe des heretiques, & la mettre en état de ne pas craindre le Turc. La troifiéme chofe que fempereur offroit, étoit qu'en cas que le duel vînt à manquer, guerre fe continueroit entre eux à toute outrance, jufqu'à ce que l'un eut reduit l'autre à l'état de fimple gentilhomme il ajoûta que tout lui promettoit la victoire afant de fon côté la juftice & la raison, fes affaires en bon état, une heureufe difpofition dans fes fujets, du courage dans fes foldats, de l'experience & de la valeur dans fes capitaines: au lieu que les affaires de François I. étoient ruinées, les fujets mal intentionnez, fes troupes très-peu confiderables, & fes officiers fi peu capables de commander, que fi les fiens n'étoient pas plus habiles, il iroit la corde au cou le jetter aux pieds du roi, pour tâcher d'obtenir de fa clemence inifericorde & pardon. En finiffant il s'étendit beaucoup fur les miferes que cause la

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la

guer

1

AN.IS 3.6. accoûtumé à propofer la paix à fes ennemis, guerre, & protefta que quoiqu'il ne fut pas il feroit cependant très-content qu'on cherchât des expediens pour la faire , avec cette condition néanmoins, qu'avant que d'entrer en negociation, le roi de France fûr obligé de retirer toutes les troupes du Piémont & de la Savoie ; & il pria le pape d'examiner qui du roi ou de lui avoit railon, & de favorifer celui de qui la conduite feroit plus fincere. XVIII. Paul III. qui avoit entendu patiemment l'emRéponfe du pape au pereur fans l'interrompre, répondit enfin qu'il difcours de loüoit les bonnes intentions de ce prince pour l'empereur.la paix, & pour faire un bon accord entre lui Du Bellay & le roi de France, & déclara qu'afin de pouliv. 5. pag. voir être plus utile aux uns & aux autres, il fe tiendroit dans une parfaite neutralité, & que Raynald. fans donner le moindre ombrage, il feroit de hoc ann. t. fon ôté tout fon poffible pour parvenir à une 21..7. heureufe fin, priant l'empereur de vouloir bien embraffer ce parti, & d'être perfuadé que François I. de fon côté ne manqueroit pas de faire la même chofe. Il defapprouva la propofition du duel, comme nullement convenable à la dignité des perfonnes, & pernicieuse à la republi. que chrétienne.

229.

230.

ambaffa

XIX. Les ambaffadeurs de France ne furent pas fi Meconten-moderez que le pape. Velli reprocha à l'empe tement des reur qu'il manquoit à fa parole, puifqu'il lui deurs de avoit promis pofitivement de donner l'inveftiFrance. ture du duché de Milan au duc d'Orleans, & Raynald, affura que la paix dépendoit fi peu du roi de hann. 8. France fon maître, qu'il était prêt de la figner

fur le champ, & d'en reprefenter la ratification dans trois femaines, pourvû que l'empereur convînt des mêmes conditions qu'il lui avoit propofées. L'évêque de Mâcon dit à Charles V. que n'entendant pas affez bien l'Espagnol pour

com

comprendre tout ce qu'il avoit dit, il répondoit
feulement fur l'article de la paix, que le roi fon AN15 36..
maître y étoit très-difpofé, & qu'il ne fouhai
toit rien davantage, pourvû qu'elle fe fit à des
conditions juftes & raifonnables. L'empereur les
interrompit brufquement, en difant qu'il vou-
loit des effets & non pas des paroles, qu'il leur
communiqueroit fon difcours, & fe retira. Le
cardinal du Bellay qui étoit prefent, garda le
filence, parce qu'il n'étoit dans le confiftaire
qu'en qualité de cardinal, & qu'il n'étoit point
chargé des affaires de France, mais il ne laiffa
pas d'être fenfible à la maniere injurieuse dont
on venoit de traiter fon prince.

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Le pape entra dans les reffentimens de ce prélat & des deux autres François, & leur dit à tous trois, que s'il avoit été informé de ce que l'empereur devoit dire, il l'auroit empê ché, & les pria d'écrire en France d'une ma» niere à ne point aigrir l'efprit du roi. Mais l'é. vêque de Mâcon, & Velli voulant que l'empe reur s'expliquât avec eux fur plufieurs faits qu'il avoir avancez, prierent le pape de leur mena ger une audience de ce prince, afin d'en pouvoir mieux inftruire leur maître. Le pape le leur promit & tint fa parole. Les ambaffadeurs L'empe fupplierent Charles V. de leur dire, fi le duel reur veut dont il avoit parlé étoit un defi qu'il eût fait fon dife interprêter au roi, s'il l'accufoit ferieufement d'avoir man- cours à la qué à sa parole, & de vouloir bien communi. fatisfaction quer au pape les memoires touchant l'inveftie du roi. ture du duché de Milan, afin que fa fainteté Paul Jove en fût le juge. Sur ces demandes l'empereur Du Bellay hift. lib. 31. Loit qu'il eût fait reflexion fur ce qu'il avoit. 5. p. 232, dit de trop fort, foit que le pape lui eût repre fenté en particulier qu'il avoit offenfé un prince, qui fans doute en auroit du reffentiment, voulut modifier par une douce interpretation

l'ai

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AN.15 36. Paigreur de fon difcours, & dit aux ambassadeurs que comme il avoit parlé publiquement, il vouloit auffi que fa réponse fut publique. Ainfi tous ceux qui étoient dans la falle s'étant avancez, il dit: Que certaines perfonnes aïant mal interpreté fon difcours de la veille, comme fi fon deffein eut été d'offenser le roi de France, & le provoquer à un duel, il vouloit bien s'expliquer plus clairement, & déclarer que fon intention n'avoit jamais été de blâmer ce prince, connoiffant fon mérite & fon grand cœur. Mais que ce qu'il avoit dit n'étoit que pour fe difculper lui-même. Que la propofition qu'il avoit faite d'un combat fingulier, n'étoit pas un défi qu'il eut voulu lui faire en prefence du pape, fans l'avis duquel il ne voudroit rien entreprendre, mais feulement un expedient qu'il propofoit pour le bien de la Chrétienté, & pour épargner le fang de tant de milliers de perfonnes innocentes qu'une guerre très-fanglante feroit perir. Qu'il fçavoit bien que la nature avoit avantageufement partagé le roi de France, d'une grandeur de courage qui répondoit à fa force & à fon adreffe, & qu'en aïant fi souvent donné des preuves en differentes occafions, lui empereur connoiffoit trop bien à quel danger il s'expoferoit dans une femblable occafion; enfuite il parla d'autres affaires, proteftant toûjours qu'il fouhaitoit la paix avec François I.. tant pour le bien de la Chrétienté, qu'en confideration de leur allian ce. Le pape parut fort content de cette décla ration & Velli fupplia l'empereur de déclaL'ambaf- rer en prefence de fa fainteté s'il n'étoit pas fadeur Velli convenu avec lui d'inveftir le duc d'Orleans demande à du duché de Milan, d'autant que l'aïant écrit qu'il con- au roi fon maître, il pourroit paffer pour un firme la pa- impofteur, si sa majesté imperiale disoit à fent le contraire.

XXI.

l'empereur

role.

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Char

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