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Charles V. fe trouvant einbarraffé, voulut éluder cette demande; mais fe voiant de nou

AN.1536.
Du Bellay

veau preflé par les inftances de l'ambaffadeur lev. 5. pag.
François; il répondit qu'il étoit vrai qu'il l'a- 234. &
voit dit, & qu'il l'avoit même fait dire au roi,fuv.
mais que c'étoit à des conditions qui ne fe-
roient jamais accomplies. Velli aïant repliqué
que promettre avec des conditions impossibles,
étoit détruire la promeffe même par une con-
tradiction manifefte; l'empereur repartit qu'il
n'en feroit jamais rien fans le confentement
de tous les alliez, qui ne fe déclareroient ja-
mais en faveur du duc d'Orleans, parce qu'il
étoit trop proche de la couronne de France
& que les princes Italiens ne vouloient pas
avoir pour voifin un prince fi puiffant, qui
d'ailleurs avoit des prétentions fur d'autres fei-
gneuries d'Italie, en vertu des droits de Ca
therine de Medicis fa femme ; qu'enfin le roi
n'avoit pas accepté fes offres en tems & lieu,
& qu'à prefent d'autres confiderations lui fai-
foient changer d'avis, vû que le roi s'étoit em-
paré des terres du duc de Savoie vaffal de l'em
pire, & qu'il étoit obligé de le proteger contre
l'oppreffion de fes ennemis. Velli voulut re
pliquer; mais l'empereur l'interrompit, en di
fant qu'il étoit obligé de partir; & le tournant
vers le pape, il lui dit d'un ton railleur : n'eft-
il pas beau, qu'il faille que je prie le roi
de France d'accepter le duché de Milan, pour
l'un de fes enfans, & que quoiqu'ils ne foient
point enfans de la reine ma foeur, on veüille
me contraindre à fuivre le choix des autres.
Là deffus il prit congé du pape & fe retira.

XXII.

3

Il partit de Rome le dix-huitiéme d'Avril, & fut accompagné, jufques hors des portes, L'empede tout le facré college, avec la même pompe & la même folemnité qui avoient été pratiquées

reur part de Rome.

AN.1536. Du Bellay

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à fon entrée. Tout ce qu'il y eut de plus, fut une troupe de jeunes filles au nombre de foixante vêtues de blanc aux dépens de la ville Raynald. avec des couronnes de fleurs fur leurs têtes; hot an.n.10. elles avoient été choifies pour être tirées au

liv.5.

XXIII.

ne va trou1-

fort & enfuite mariées, comme l'empereur Pa voit ordonné. On les avoit rangées en haye, trente de chaque côté à la fortie de la porte, afant chacune à la main une corbeille de fleurs qu'elles jettoient autour de l'empereur fur fon paffage, & chantant des vers à la gloire de ce prince. Cette ceremonie fut fr agréable à Pempereur, qu'il fit encore la même gratification à douze autres dès le foir même : c'està-dire qu'il en dota fix de trois cens écus chacune, & fix autres de deux cens.

bec an.n. II.

Le cardinal de Lorraine aïant appris de Velli Le cardinal & de l'évêque de Mâcon tout ce qui venoit d'arde Lorrai- river à Rome, alla trouver l'empereur à Sienne, ver l'em- pour lui faire quelques reproches fur fa conpereur à duite au fujet de l'inveftiture du duché de MiSienne. lan. Ce prince lui avoüa. qu'il étoit vrai qu'il Belar. in avoit donné fa parole, mais que le roi aïant comm./.21.continué de faire la guerre au duc de Savoye, 23.31. il n'étoit plus obligé de la tenir ; qu'il étoit Kaznald. refolu de ne point donner l'inveftiture du duPaul Joveche de Milan au duc d'Orleans; que tout ce lib.35. qu'il pourroit faire, ce feroit de l'accorder au duc d'Angoulême; mais à condition que fes alliez y donneroient leur confentement, & qu'on prendroit toutes les fûretez neceffaires pour le repos de l'Italie. Le cardinal connut bien par cette réponse que l'empereur ne vou loit point de paix; il l'écrivit au roi & lui manda qu'il ne devoit plus penfer qu'à se bien défendre, parce qu'il avoit trouvé l'empereur dans la difpofition de lui declarer la guerre. I donna les mêmes avis à l'amiral de Brion

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qui avoit déja conquis tout le Piemont jufqu'à AN.15 36,
la Doüere; & qui fe voïoit en état de con-
querir tout le refte, afin qu'il le tint fur fes
gardes; & celui-ci écrivit au roi pour le prier
de temporifer, jufqu'à ce qu'il eût mis Turin
en état de défense & qu'il fe fût affûré de
quelques places du Piemont, après quoi il n'au
roit plus rien à craindre des ennemis, étant
déja maître de Coni, de Foffan, de Carmagno+
le & d'autres places.

Sur ces entrefaites Leidekerke ambaffadeur XXIV.
On lit au
de l'empereur auprès du roi de France, reçut roi la ha-
de fon maître un extrait de la harangue qu'il rangue de
avoit faite à Rome en prefence du pape & de l'empe-
tout le confiftoire, avec les modifications qu'il reur
avoit jugé à propos d'y inferer, avec ordre de Raynald
le lire feulement au roi, fans lui en laiffer de hoc an.n.13.
copie. L'ambaffadeur fuivit ces ordres, & le roi,
fur ce qu'il en put retenir, avec ce que Velli
& l'évêque de Mâcon lui en avoient écrit, y
fit une réponse qu'il adreffa au pape, aux car.
dinaux & à tous ceux de la cour Romaine
qui pouvoient avoir entendu cette harangue.
I reprefentoit dans cette réponse, qu'il eût
fouhaité d'avoir été prefent au difcours de l'em-
pereur, afin de répondre à chaque article, &·
fufpendre les jugemens qu'on a portez, ayant
que d'entendre les deux parties. Mais que puif-
que cela lui a été impoffible, il fe croit obligé
d'expofer par écrit la verité des faits qu'on lui
reproche, & de mettre fon honneur à couvert. XXV.
1°. Que la mort de fes deux filles, qui avoient Réponse
été accordées à l'empereur, l'avoit empêché des
lui tenir fa parole. 2°. Que s'il a brigué l'em-barangue
pire, il l'a fait ouvertement, & refpectant toû- de l'empe-
jours l'alliance qui étoit entre eux. 3.. Que reur.
bien loin d'avoir fufcité Robert de la Marck con- Dupleix.
tre Pempereur, il avoit au contraire rappellé France tom.
tous 3.p.408.

du roi de

France à la

biftcire de

tous les François qui le fervoient durant leur AN.1536 querelle; qu'on ne prouveroit pas qu'il eut fuf-. cité le duc de Gueldres à fe foulever contre lui,

& à fe declarer fon ennemi, leur haine étant déja affez inveterée. 4°. Que s'il a affifté le fieur d'Albret roi de Navarre, c'eft qu'il ne pouvoit refüfer du fecours à fon allié & à fon vaffal; encore ne l'avoit-il fait, qu'après que l'empereur s'étant obligé à le dédommager de la perte de fon roïaume, s'étoit moqué de lui en refufant d'executer fes promeffes. 5°. Que quant aux traitez de Madrid & de Cambray, il avouoit que fon intention n'avoit jamais été de les obferver, Pun aiant été extorqué pendant fa prifon, & l'autre durant celle de fes enfans; & tous deux faits avec des conditions tyranniques qu'il lui étoit impoffible d'accomplir. 60. Que quant au duc de Savoie, après l'avoir fouvent fommé de lui faire raifon des droits de Louise de Savoïe fa mere, vraïc & legitime heritiere du duc défunt; fon fucceffeur n'en tenant aucun compte, il a crû pouvoir fe mettre en poffeffion de ce qui lui appartient fi legitimement, prêt à reftituer ce qu'il aura pris audeffus de fes droits, fuivant la decifion d'arbitres non fufpects. 7°. Pour ce que l'empereur lui reproche d'avoir prêté de l'argent à quel ques princes Proteftans d'Allemagne, pour lui faire la guerre, & avoir contracté une alliance avec eux, il répond que de tout tems il y a eu une étroite liaison entre les princes de l'empire, & les rois de France, fans qu'aucune guerre entre les empereurs & les mêmes rois y ait pu donner atteinte. Qu'il convient d'avoir acheté du duc de Wittemberg le comté de Montbeliard, à condition de rachat au bout d'un an ; qu'il avoit été remboursé, & qu'il ignoroit la caufe de cet engagement. 8°. Qu'il

avoit affuré très-fincerement l'empereur, qu'il iroit le joindre avec cinquante mille hommes AN.1536. de pied, & quatre mille chevaux, préferant ce deffein à la demande qu'on lui faifoit de l'argent, après avoir exigé de lui deux millions d'or pour procurer la liberté de les deux fils; ce qui lui avoit fait dire qu'il n'étoit pas banquier. 9°. Que ne trouvant point fon hon. neur intereflé dans le combat fingulier que propofoit l'empereur, il n'étoit pas befoin d'y répondre, qu'auffi bien leurs épées étoient trop courtes pour le battre de fi loin, mais que s'ils en venoient à une guerre, il efperoit de fe faire voir de fi près, qu'il pourroit donner fatis faction à Charles, de quelque maniere qu'il le voudroit, & montrer à tout le monde que fon honneur le touche plus fenfiblement qu'un combat. Enfin il prie la fainteté & les cardinaux de prendre les réponses en bonne part, pour la défenfe de fa jufte cause, & non pour offenfer perfonne, ni pour s'éloigner de la paix qu'il préferera toûjours à la guerre, & qu'il embraffera très-volontiers, pourvû que ce foit à des conditions raifonuables. François I. enyoïa auffi une copie de cette réponse au roi d'Angleterre, parce qu'il étoit informé que l'empereur faifoit tous les efforts pour engager ce prince dans fa ligue.

. Le cardinal de Lorraine aïant vu que l'empereur paroiffoit tout difpofé à vouloir la guerre, & qu'il commençoit même à parler d'un ton plus haut, parce qu'il voïoit fes affaires en meilleur état, rompit entierement avec lui vû que dans toute l'Italie, & dans toute l'Allemagne, les imperiaux fe vantoient d'avoir fi bien difpofé toutes chofes, que le roi ne reti reroit aucun fecours de fes alliez, & feroit en même-tems attaqué par tant d'endroits, que

bien

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