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les fervices qu'il rendit à la patrie, Comme il étoit favorable aux erreurs du tems, & que d'ailleurs la ville de Strasbourg avoit été trèsfacile à recevoir ceux des heretiques qu'on chalfoit des Païs-bas & d'ailleurs, Calvin n'eut pas de peine à y être reçû même avec agrément, & le fenat auffi porté à entrer dans fes vûës lui que la ville avoit été facile à le recevoir, accorda volontiers la permiffion d'y établir une églife pour les François.

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AN.1538.

CXI..

blit la fecte

Antinom,

On place dans cette année le commencement de la fecte des Antinomes, ou Antinoméens, Agricola c'eft-à-dire contraires à la loi, dont on fait flebius étaauteur un certain Jean Agricola Allemand fur- des Antinommé Ilebius, parce qu'il étoit d'Iflebe ou noméens. Eifleben dans le comté de Mansfeld, où il prit Prateol. in naiffance le vingtiéme d'Avril de l'an 1492. "Pontan, in Après avoir étudié en théologie à Wittemberg cat. hares.. il y donna dans les nouveautez que Luther fon concitoïen commençoit à y débiter. Il s'acquit beaucoup de réputation par fes fermons pendant la conference de Spire, où il fuivit l'électeur de Saxe avec le comte de Mansfeld dont il étoit miniftre. Peu après il fe brouilla avec Melanchton, contre lequel il écrivit en 1527. & il quitta fon païs pour fe retirer à Wittemberg, où il obtint une chaire de profeffeur & de miniftre. Après dix ans de féjour dans cette ville, il voulut être chef de parti, & enfeigna que la loi n'étoit d'aucun ufage, que les bonnes œuvres ne fervoient de rien, & que les mauvaises ne nuifoient point au falut; que Dieu ne punit jamais les peuples d'un païs pour leurs pechez; que le meurtre, l'adultere, livrognerie & femblables crimes ne font pas de veritables pechez en euxmêmes, mais qu'ils ne font tels que lorsqu'ils font commis par des méchans; & que par confe

I

quent

AN.IS 38.

XCII.

crit contre

tracter.

quent le menfonge & la diffimulation d'Abraham n'étoient point des pechez; que les enfans de Dieu étant une fois affurez de leur fa lut, ne peuvent plus en douter quoi qu'ils faffent; qu'aucun homme ne doit être troublé en fa confcience pour fes pechez; qu'on ne doit point exhorter un Chrétien à s'acquitter des devoirs du Chriftianifme; qu'un hypocrite peut avoir toutes les graces qu'Adam avoit avant fa chûte; que JESUS-CHRIST eft le feul fujet de toute grace, qu'aucun Chrétien ne croit ni ne fait aucun bien, mais que c'est JESUS-CHRIST feul qui croit & qui fait bien; que Dieu n'aime aucun homme pour fa fainteté; que la fanctification n'eft pas une preu ve & une marque de la juftification; qu'enfin pourvû qu'on croïe aux promeffes de l'évangile on eft infailliblement dans la voïe du falur, quelque méchante & déreglée que foit la vie.

Luther ne manqua pas d'attaquer cet hereLuther é- tique & de le réfuter fort au long, ne faifant lui & l'obli- pas reflexion qu'il avoit enfeigné à peu près ge à fe re- la même chofe dès le commencement de fon herefie, comme Cochlée le lui reprocha affez vivement; mais voïant qu'il ne pouvoit lui fai re abandonner les erreurs malgré la vivacité de ses remontrances, il affembla les theologiens de Wittemberg, qui après avoir convaincu Agricola dans fix difputes differentes, l'obligerent à fe retracter, & à lire publiquement fa retractation dans cette même ville: non conrent de cela Luther étoit fur le point de le faire condamner, lorfqu' Agricola fe retira à Berlin où on lui donna l'emploi de miniftre.

La faculté de theologie de Paris s'étant asfemblée le dix-neuviéme de Mai 1538.condamna le livre intitulé Cimbalum mundi qui lui avoit été cavoïé par le parlement. Après avoir

nom

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du Cimba

denov. er

ror.to. I.

2.p. 1.30

in

nommé des commiffaires pour examiner ce li
vre, elle conclut
AN.1538.
que quoiqu'il ne contînt pas XCIII.
des erreurs expresses dans la foi, il ne laffoit cenfure de
pas d'être pernicieux & que par confequent illa faculté
devoit être fupprimé. Bonaventure des Periers de theolo
né à Bar fur-Aube en Champagne, & valet degie de Paris
chambre de Marguerite de Valois reine de Na- -lum mundi.
varre, fœur de François I. étoit auteur de cet D' Argentré
Ouvrage qui eft en françois, quo:que le titre collect. jud.
foit latin. Il a été imprimé en 15 38. & l'on n'en,
connoifloit que deux exemplaires, quand un append.p.
libraire de Hollande le fit réimprimer il y a 1o. tom.
près de vingt ans. Tous ceux qui en ont par-
lé, le traitent d'ouvrage deteftable, de livre
impie, qui auroit merité d'être jetté au feu avec Franc.pag.
fon auteur. Sans doute que ceux qui en ont 56.0 57.
porté ce jugement, ne l'avoient point lû. Sa
lecture leur auroit fait voir que cet ouvrage (à Merfenne in
quelques obfcenitez près que l'auteur auroit dû Genefim p
nous épargner) peche beaucoup plus contre le Gub. Voc
bon fens que contre la religion, & que c'efttium difp..
une piece beaucoup moins recommandable partheolog. to.
fon
propre merite, que par la répuration qu'on •P. 199~
lui a donné en le cenfurant ; il eft divifé en
quatre dialogues qu'on appelle dans le titre du
livre, des dialogues poëtiques fort antiques, joyeux

facetieux. Le deuxième dialogue eft une rail-
lerie affez fine de ceux qui cherchent la pierre
philofophale, c'eft le meilleur, les trois autres.
ne meritent prefque aucune attention.

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La croix dis
Maine bibl.

669. ap..

Proteftans.

Les Proteftans après l'affemblée de Smalkal. XCIV. de fe trouverent à Brunswick, pour y traiter Affemblée des affaires concernant leur ligue dans la des princess quelle ils reçurent Chriftiern III. roi de Danne- à Brunfmarck, qui avoit introduit le Lutheranifme wick.. dans fes états. Jean marquis de Brandebourg Sleidan in frere de l'électeur Joachim, demandoit auffr d'entrer dans cette ligue, & l'on chargea le feq.

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prince

comm. l. 1.2.

P.379.

ne

prince de Saxe de convenir avec lui des conAN.IS 38. ditions, & de le recevoir à fon retour au nom de tous. Albert duc de Pruffe faifoit la même demande, mais parce qu'il y avoit fix ans que la chambre imperiale l'avoit profcrit, on voulut pas l'admettre, quoique chacun en par ticulier lui promit fon amitié & fa protection. L'électeur de Saxe, le lantgrave & les autres alliez avoient befoin d'un fauf-conduit d'Henri duc de Brunswick, pour le rendre à la diéte, ne pouvant fe difpenfer de paffer par fes états. Mais ce prince qui penfoit à la guerre, refufa de leur accorder ce fauf-conduit. Il fallut donc prendre d'autres mefures. Maurice neveu de Georges de Saxe & fils d'Henri accompagnoit l'électeur de Saxe; c'étoit un jeune prince de dix-fept ans. Le roi de Dannemarck fe trouva avec les autres à Brunswick, mais tout ce qu'on y détermina fe réduifit à la reception de quelques princes dans la ligue; & l'on remit les principales affaires à une autre affemblée qui devoit fe tenir à Ifenac dans la Thuringe le vingt-quatrième de Juillet.

Cependant l'électeur de Brandebourg envoïa Euftache Schleb vers le commencement de Juin, à l'électeur de Saxe pour lui reprefenter que Sigifmond roi de Pologne & Jean Scepus roi de Hongrie lui avoient mandé que l'empereur des Turcs faifoit de grands préparatifs pour venir fondre en Allemagne avec une puiflante ar mée, & qu'il fe croïoit obligé d'en donner avis à l'état, afin de prévenir la ruine entiere du pays. Que c'étoit par ce motif qu'il s'étoit tranfporté dans la Luface pour informer Fer dinand roi des Romains de ces preparatifs, dont ce prince avoit déja eu avis par plufieurs lettres qui lui avoient été écrites de toutes parts. L'électeur ajoûtoit: il eft vrai que j'ai promis

de

de fournir au roi Ferdinand tous les fecours

que je pourrai lui procurer, mais ce feroit une AN.15 38. foible reffource fitoutes les puiffances de l'empire ne s'uniffoient pour le même deffein, ce qui ne peut fe faire que par une bonne paix à laquelle j'ai fortement exhorté le roi des Romains, afin qu'il emploie pour cela fa médiation auprès de l'empereur.

Proteftans

Sleidan. ib.

L'électeur de Saxe communiqua cette lettre XCV. de Joachim de Brandebourg au lantgrave, & Les princes tous deux lui répondirent le douziéme de Juin, demandent que l'affaire dont il les avoit inftruit étoit affez la paix pour importante pour meriter d'être communiquée à agir contre: leurs alliez; mais que voïant néanmoins les les Turcs. fuites fâcheufes d'un délai, ils lui écrivent pour ut fup. liv. lui marquer qu'ils entrent dans fes fentimens, 12. p. 386.. & qu'ils connoiffent auffi-bien que lui; d'un côté qu'il n'y a point de tems à perdre, & de l'autre qu'il faut auparavant établir une paix honnête, veritable & conftante, n'étant pas naturel qu'ils envoient leurs troupes contre le Turc, pendant qu'ils font en guerre avec leurs voilins. Qu'ainfi leur avis eft qu'il faut affembler une diete, dans laquelle on convien-. ne des articles d'une paix folide, pour délibe rer enfuite fur la guerre contre les Turcs. Qué fi le roi des Romains ne peut s'y trouver au nom de l'empereur, il fuffit qu'il y envoie fes. ambaffadeurs, avec d'amples pouvoirs qu'à ces conditions, ils ne fe refuferont point au fervice de l'empire, & donneront des preuves effectives de leur zele. Que fi l'empereurà caufe de la brieveté du tems ne peut enga ger tous les princes à confentir à la paix qu'il s'aflure au moins de Guillaume & de Louis de Baviere, de George de Saxe, des ar chevêques de Maïence, de Cologne & de Tré ves, des évêques de Saltzbourg, de Magde

1.6

bourg,,.

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