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C

ront foufcrites par l'empereur & le roi des Ro-
mains, ou en leur abfence par leurs ambassa- AN1539.
deurs. 12°. Que durant la treve on s'abftien-
dra de part & d'autre de tous preparatifs de
guerre ;
& que
fi quelqu'un a interêt de le fai-
re, il en déclarera le fujet, étant jufte que
chaque particulier pourvoie à fa jufte défense,
& joüiffe de la liberté de l'empire. 13o. Qu'on
ne comprendra dans ce traité aucun Anabapti-
fte, ni Sectaire, mais feulement ceux qui fui-
vent la confeffion d'Ausbourg. 14°. Enfin que
les Proteftans & les Catholiques tiendront prêts
les fecours pour la guerre contre le Turc, &
que le dix-hultiéme de Mai précifement, ils
envoïeront leurs ambaffadeurs ou leurs dépu-
tez à Wormes, felon les ordres de fa majesté
imperiale; ce que feront auffi les électeurs,
princes & états pour déliberer & conferer fur
les vrais moïens de faire la guerre aux Turcs
en Hongrie. Ces articles furent unanimement
reçûs.

II.

Autres af

cette diéte.

12.p.394.

On convint encore de donner fix mois à l'empereur, à commencer au premier jour de faires qui Mai, pour ratifier ce traité, pendant lequel furent traitems tout ce qui y étoit marqué demeureroittées dans en vigueur, & l'on ajoûta que fi ce prince ne déclaroit pas les intentions durant cet inter-Sleidan. ut valle, on ne laifferoit pas de s'en tenir à l'ac-fuprà lib. cord de Nuremberg, qui auroit fon effet comme auparavant. Un article fur lequel l'éleAteur de Saxe infifta, fut qu'il ne vouloit pas reconnoître Ferdinand pour roi des Romains, voulant s'en tenir aux accords faits à Cadam & à Vienne; mais l'affaire s'accommoda dans la fuite. Guillaume duc de Cleves presenta aux Proteftans un écrit, pour montrer fous quels titres il poffedoit le païs de Gueldres, & les prioit d'interceder pour lui auprès de l'empe

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reur,

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reur s'ex

reur, & de recommander cette affaire à fon AN.1539 ambaffadeur. Ulric duc de Wittemberg reçur auffi des lettres du roi de France, pour l'engager à ne point faire la guerre à certains évêques d'Allemagne, comme le bruit fe repandoit qu'il s'y preparoit. Ulric remercia François I. & fe juftifia auprès de lui, en luimar quant que ce bruit étoit fans fondement, & qu'il avoit été répandu en Allemagne par les ducs de Baviere qui ne lui vouloient pas de bien, ce qui fut confirmé par l'électeur de Saxe & le lantgrave, qui juftifierent Ulric au roi de France par leur lettre du dix-neuviéme Ayril. On envoïa deux copies du traité à l'empe L'empe- reur en Espagne, l'une par terre & l'autre par cufe de ra- mer avec ordre aux deux gentils-hommes dé putez, de faire ce voïage avec toute la diligence neceffaire, & de hâter leur retour avec Sleidan. in la ratification dudit traité. Mais ce prince fe comm. 1. 12. trouva fort embarrassé fur le parti qu'il prenPo 396. droit. En défapprouvant ce traité, il fe voïoit Spond. in obligé de paffer au plûtôt en Allemagne, afin par fa prefence aux defordres que la diéte avoit prétendu éviter, & cependant les affaires particulieres de la monarchie d'EL pagne ne permettoient pas alors qu'il s'en éloignât. D'un autre côté en confirmant l'arrêté de la diéte, il hazardoit de perdre ce qui lui reftoit d'autorité dans l'empire, bien loin de recouvrir ce que l'herefie lui en avoit ôté. Ainsi il prit le parti de ne point s'expliquer.

tifier le

traité de Francfort.

annal, hoc

An. n. 3.

de remedier

Il avoit alors un prétexte affez plaufible pour tenir cette conduite, fans qu'on pût l'en blâmer ouvertement. Il venoit de perdre l'imperatrice Ifabelle fa femme qui étoit morte en couches le premier de Mai, âgée de trente-fix ans, & il étoit très-naturel de penser que cette mort cauferoit à l'empereur une douleur af

Lez

fez vive pour l'empêcher de s'occuper alors. d'aucune autre affaire. On dit que François AN.1539 Borgia héritier du duc de Candie & neveu du pape Alexandre VI. aïant jetté les yeux fur le cadavre de l'imperatrice, & l'aïant trouvé extrêmement défiguré, il fe fentit dès ce moment un fi grand dégoût pour les choses du monde, & qu'il fit de fi ferieufes reflexions fur le néant & Pinstabilité des grandeurs humai nes, qu'il prit fur l'heure la refolution d'y renoncer, & en effet il entra quelque-tems après dans la focieté d'Ignace de Loyola.

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IV.

Francfort.

Le pape aiant été inforiné des articles de la diéte de Francfort en fut très-mécontent plaint du Le pape fe prétendant qu'on y avoit favorifé les heretiques refultat de au préjudice de la religion. Il s'en prit fur-la diéte de tout à l'archevêque de Londen que Charles V. Pallav. hift. y avoit envoïé, & il s'en plaignit à ce prince conc. Trid. avec une amertume qui montroit la douleur que lib. 4. c. 8. la refolution de cette diéte lui avoit caufée; il n. 13. accufa l'archevêque de s'être laillé gagner par argent afin de favorifer les heretiques, pour lefquels, difoit-on, il avoit toûjours eu de penchant. L'empereur tâcha d'excufer le prélat; mais comme la diéte ne lui plaifoit pas plus il n'eut qu'au pape pour d'autres raifons, garde de la ratifier, ce qui irrita fortement les Proteftans & augmenta les brouilleries.

V.

Sleidan. ut

Pendant ce tems-là les Catholiques perdi- Mort du rent le prince George de Saxe, fouverain de prince Mifnie & de Thuringe, qui mourut le vingt-George de quatrième d'Avril, un peu après le prince Saxe. Frederic fon fils décedé fans enfans; ainfi • fuprà lib.12. George n'aïant point d'enfans qui puffent lui. 395. fucceder, laiffa par teftament fes états à fon Raynald. frere Henri de Saxe, & à fes deux fils Mauri-hoc an. n. ce & Augufte tous trois Lutheriens, à condi- 19° tion qu'ils ne changeroient point la religion Catho.

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Catholique qui y étoit établie, & en cas qu'ils AN.1539. P'entrepriffent, il donnoit fes états à l'empereur & à Ferdinand roi des Romains, jufqu'à ce que fon frere, ou fes enfans, ou quelqu'un de fa famille executât la condition.

Son teftament ainfi fait, il voulut le communiquer à la nobleffe & enfuite au peuple, aufquels il reprefenta qu'étant vieux & infirme, il étoit tems qu'il pensât à fe donner un fuccefleur; il leur expofa les conditions, & les pria de les ratifier, avec ferment qu'ils les feroient accomplir, ce qu'ils refuferent d'executer, jufqu'à ce qu'ils euffent appris la volonté du prince Henri, & qu'ils lui euffent envoïé des députez pour lui faire agréer la clause du teftament, efperant qu'il confentiroit volontiers à ne faire aucun changement dans la religion. Ces députez étant arrivez auprès d'Henri emploïerent plufieurs raifons pour le faire condefcendre aux volontez de fon frere; ils lui representerent qu'il trouveroit beaucoup d'ar gent, un palais garni de meubles precieux, que toutes ces chofes lui appartiendroient pourvû qu'il confentît à la claufe. Vôtre députation, leur dit-il, me rappelle ce qui eft marqué dans Pévangile, lorfque fatan promettoit à JESUSCHRIST tous les roïaumes du monde, dition qu'il fe profterneroit à fes pieds & l'adoreroit. Penfez-vous que je faffe un fi grand cas des biens & des richeffes, que pour en joüir je vouluffe abandonner la verité & la religion? Si vous penfez ainfi, vous vous trom pez. Les deputez prirent donc congé de lui fans avoir rien fait; & à leur retour ils trouverent que le prince George étoit mort. Henri alla auffi-tôt fe faifir de Drefde & des autres villes, & exigea des peuples le ferment de fidelité.

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introduit le

Le Lutheranifme fut auffi-tôt introduit dans AN.1539. la Mifnie, dans la Thuringe & dans les ter- VI. res qu'il poffedoit en Saxe. Luther fut appellé Henri fon à Leipfick par le duc Henri, & profitant de frere lui l'inconftance ordinaire au peuple & de Pau- fuccede & torité qu'on lui donnoit à lui-même, il prê- Lutheracha vivement contre la religion Catholique, nifme dans & par un feul fermon & dans un feul jour il fes états. vit changer tout l'état de la religion dans cette Seidan, ut ville, qui devint en un moment Lutherienne.fuprà l. 12. P. 396. Le jeune Joachim électeur de Brandebourg quit avoit toûjours fait profeffion de la foi Catholique, follicité par fes fujets de fuivre le même parti, & voïant qu'ils lui promettoient de païer toutes fes dettes, s'il vouloit avoir pour eux cette complaifance, fe laiffa auffi gagner & imita le marquis Joachim fon pere, fon oncle même le cardinal de Maïence, tout zelé Catholique qu'il paroiffoit, ne refifta pas au torrent qui entraînoit toute l'Allemagne feptentrionale, & se vit contraint d'accorder aux diocefes de Magdebourg & d'Alberstad, la liberté d'embraffer la confeffion d'Ausbourg à l'exemple de leurs voifins.

VII.

Le pape

concile

Au milieu de ces troubles le pape reculoit toûjours la tenue du concile qui devenoit de plus en plus neceffaire. Enfin craignant que fa proroge le propre reputation ne fouffrit de ces délais, il pour le dit, qu'il vouloit finir cette affaire, & pour ne tems qu'il laiffer aucun doute fur ce qu'il penfoit, il tint lui plaira Pallav.hift. un confiftoire où il propofa cette affaire avec conc. Trid. I. vivacité. Les fentimens furent fort partagez 4. c. 9. n. I. dans cette affemblée. Quelques cardinaux vouloient qu'il ne fût plus queftion d'un concile, & qu'on revoquât tout ce qui avoit été fait jufques alors pour s'y preparer leur prétexte étoit que les princes Chrétiens étant en guerre les uns contre les autres, on ne pouvoit s'afK 4

fem

8.

Sleidan. in comm. lib.

12. p. 396.

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