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lement l'approbation de nous tous en cas de AN.1539. neceffité, fur ce qu'elle defire, mais encore les reflexions que nous y avons faites : nous la prions de les pefer en prince vertueux

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fage

& chrétien; & nous prions Dieu qu'il conduife tout pour fa gloire & pour le falut de vôtre alteffe. Pour ce que vôtre alteffe marque dans fon inftruction, que fi elle nous trouve inexorables, elle s'adreffera à l'empereur pour cette difpenfe, quelque argent qu'il lui en put coûter, ce qu'il n'accordera pas fans la dif penfe du pape dont elle ne fe foucie guere; nous répondons que ce prince met l'adultere au nombre des moindres pechez; & il y a beaucoup à craindre que fa foi étant à la mode de celle du pape, des cardinaux, des Italiens, des Efpagnols, des Sarrafins, il ne traite de ridicule la propofition de vôtre alteffe, ou qu'il n'en prétende tirer avantage en amulant vôtre alteffe par de vaines paroles. Nous fçavons qu'il eft trompeur & perfide, & qu'il ne tient rien des mœurs Allemandes. Vôtre alteffe voit qu'il n'apporte aucun foulagement fincere aux maux extrémes de la Chrétienté, qu'il laiffe le Turc en repos, & qu'il ne travaille qu'à divifer l'empire, afin d'agrandir fur fes ruines la maison d'Aûtriche. Il est donc à fouhaiter, qu'aucun prince Chrétien ne se joigne à fes pernicieux deffeins. Dieu conserve votre alteffe, nous fommes très-prompts à lui rendre fervice. Fait à Wittemberg le mercredi après la fête de faint Nicolas, Pan 1539. & l'on voit la fignature de huit theologiens Proteftans, Luther étant à la tête. Le lantgrave muni de cette décifion ne penfa plus qu'à obtenir l'agrement de fa femme Chriftine de Saxe, & n'aïant pas eu beaucoup de peine à l'avoir en lui pro mettant de ne pas prendre une femme d'égale

qua.

qualité, afin de ne faire aucun tort aux enfans qu'il avoit déja il jetta les yeux_fur Marguerite de Saal, fille orpheline d'un fimple gentilhomme de Saxe, & l'épousa.

Il

AN.1539

qua

XII.

de Luther

2 montre

comm.!. 12.

Pe397~

Luther. hoc

Vers le même tems Luther répandit en langue vulgaire fon ouvrage fur les conciles & Ouvrages Péglife. Il traite d'abord de l'affemblée des des conciapôtres à Jerusalem, dont il eft fait mention les & de l'é au quinzième chapitre des actes des apôtres. glife. rapporte les opinions contraires des docteurs, Sleidan. in principalement de faint Cyprien & de faint, Auguftin, touchant le baptême; & là-deffus il Cocht. in parle des canons des apôtres dont il prétend act.&fcript. montrer la fauffeté par des preuves qu'il ap- an. p. 294. pelle invincibles, foutenant que ceux qui produifent ainfi de faux titres, meritent d'être punis de mort. Il vient enfuite au détail des tre premiers conciles generaux, de Nicée, de Conftantinople, d'Ephefe & de Chalcedoine; il rapporte la raifon pour laquelle ils furent affemblez, les décrets qu'on y fit quelle eft la puiffance du concile, & qu'il ne lui eft pas permis d'établir de nouveaux articles de foi, d'ordonner de nouvelles œuvres, de géner les confciences par de nouvelles pratiques ou ceremonies, de fe mêler du gouver nement politique ou civile, & de faire des conftitutions qui contribuent à augmenter la puiffance de quelqu'un. L'office du concile dit-il, eft de condamner & d'abolir les nouvelles doctrines contraires à l'écriture fainte, les ceremonies inutiles & fuperftitieuses, de connoître, juger & définir felon la regle de la parole de Dieu, des matieres contentieuses. Suivant ces principes il donne la definition de Péglife avec les marques aufquelles on la peut connoître; il dit que le pape doit être condamné, & obligé à remettre les chofes dans leur

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AN.IS 39.

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contre Lu

ther & con

premier état, attendu qu'il a feduit les fidéles par les fauffes doctrines, les tenebres étant parvenues à tel excès, qu'on croit que l'habit de religieux contribue beaucoup au falut, & que plufieurs de mediocre condition fouhaitent d'être enterrez avec cet habit ce que la posteri té, dit-il, aura de la peine à croire.

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Luther aïant eu dans la même année un déOuvrages mêlé avec quelques-uns de sa secte, qui rejetde Cochlée toient la loi des œuvres & qu'il nomme pour ccla Antinoméens, Cochlée écrivit contre lui tre Mory- pour le rendre odieux à ceux de fon parti ;. fin. fon livre contenoit cent cinquante trois propofitions contre foixante-dix de Luther, conactis & tenues dans la cinquième partie de fon ouvrafeript. Luge. Et dans la même année Cochlée aïant retheri ad an.çû d'Angleterre un ouvrage affez long impri3538. pag-mé à Londres & compofé par Richard Mory

Cochlaus in

292.

fin Anglois, où il étoit attaqué au fujet du livre qu'il avoit fait contre le mariage de Henri VIII. il y fit une réponse fous ce titre, Balay de Jean Cochlée pour fecoüer les araignées de Moryfin. Cet Anglois lui avoit réproché d'avoir été fait chanoine de Mersbourg à condition qu'il n'écriroit plus contre Luther, & d'avoir manqué à fa parole, parce qu'il s'étoit laifle feduire aux promeffes du pape. Cochlée déclare qu'il n'eft point chanoine de Mersbourg, que le prince George de Saxè l'a fait venir de Mayence où il étoit chanoine dans l'églife de faint Victor, pour lui donner un canonicat de l'églife cathedrale de Mifnie, afin d'aider Je rôme Emfer dans la défenfe de la foi Catholique contre les heretiques. Il ajoûte qu'il eft fi peu vrai qu'il ait promis de ne plus écrire contre Luther, que l'année precedente il avoit publié fix ouvrages contre lui fur le concile. Sçavoir deux en latin, & quatre en Allemand.

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Ο

*

Il défend ce qu'il avoit écrit contre le divorce
d'Henri VIII. & fe vante qu'Erafme a approu
vé fon ouvrage. Il prend la défense du chan-
celier Morus, & de l'évêque de Rochefter, en
montrant qu'on les a condamnez avec injustice.

AN.15 39.

• Sturmius

Cochlée vengea auffi cette année la conful- xiv. tation des prélats nommez par le pape Paul Réponfe III. fur la réformation de l'églife contre les de Cochlée écrits pleins d'invectives de Jean Sturmius. Jean L'écrit de Cochlée eft intitulé: Difcution équi- fur la ré table fur le confeil des cardinaux & autres depu- formation tez. Il y loüe beaucoup Sturmius fur fon équité de l'églife. & fa moderation, montrant qu'il accorde beaucoup de chofes niées par Luther, & qu'il Jaiffe quelque efperance de réunion dont Luther fait defefperer. Il lui propofe le concile pour juge, & fait voir que le feul moïen de procurer la paix de l'églife, eft de s'en raporter fincerement à fa décifion. Il avoue qu'il faut réformer les abus, Après cela Cochlée rapporte l'article dont Sturmius convient, qui cft que 1c pape doit être foumis aux loix & les obferver; il convient de cette verité, mais il ajoûte que le pape a le pouvoir de difpenfer fagement. Il obferve que le principal obftacle de la concorde, eft la reftitution des biens ecclefiaftiques. Il releve enfuite les erreurs qui font dans l'écrit de Sturmius, & demeure d'accord des moïens de réunion que ce theologien avoit propofez, qui font de rétablir des céremonies qui ne foient point contraires à l'inftitution de JESUS-CHRIST; de permettre que Pon reconnoiffe l'évangile, d'accorder des affemblées legitimes, de donner des pasteurs propres à s'acquitter de leurs fonctions, de maintenir l'ancienne doctrine & les anciennes loix, & de réformer les abus. Cochlée dit que le concile ne fera aucune difficulté d'accorder tous

ces

ces articles; que le pape a déja fait des avanAN.1539 ces qui doivent en faire bien efperer.

crità Stur

XV. Le cardinal Sadolet écrivit à Sturmius fur Le cardinal ce même ouvrage auquel Cochlée avoit répon Sadolet é du: il loue fon ftile, mais il condamne fort mius fur les termes pleins d'aigreur dont il s'étoit fervi, fon ouvra- & les injures atroces qu'il y débitoit contre ge. Péglife Romaine. Peu de tems après parut un

Cochl. in autre écrit du même Cochlée contre le fentiat.&frpt ment des Lutheriens, qui foutenoient que le a. p. 295. Corps de JESUS-CHRIST n'étoit pas per

Lutheri hoc

XVI.

roi d'An

manent dans l'euchariftie, & ne se trouvoit prefent que dans l'ufage. Il prouve le contraire par l'autorité de l'écriture fainte & des peres, montrant que le Corps de JESUS-CHRIST & fon Sang demeurent réellement & substantiellement fous les efpeces du pain & du vin, tant qu'elles demeurent entieres.

En Angleterre Henri VIII. peu content de HenrivIII. la dépredation entiere qu'il avoit faite l'année gleterre af- precedente des biens de tous les monafteres, femble fon & des articles redigez en forme de conftitutions parlement. par fon clergé, qu'il avoit approuvez en 1536. Burnet hift établit de nouveaux articles en cette année 15 39. de la réfor foit pour maintenir ce qu'il avoit déja publié, 1.3.in 40.Pfoit pour contredire le pape, qui dans fa bulle

351.

l'accufoit d'avoir répandu une doctrine heretique dans fon roïaume. Pour cet effet il affem. bla fon parlement le vingt-huitiéme d'Avril; & fept jours après l'ouverture des féances, le chancelier dit aux feigneurs, que le roi voulant établir dans fes états une entiere uniformité de fentimens au fujet de la religion, & étouffer toutes fortes de difputes à cet égard, il fouhaitoit qu'ils nommaffent des commiffaires pour examiner les opinions de part & d'autre, afin d'en dreffer enfuite un memoire fur lequel toute la chambre pût déliberer, Cromwel

fut

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