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la France, de l'Espagne, & de l'Italie, il en ANA540. naîtroit une dangereufe divifion de cet état d'avec tous les autres; que c'étoit une coûtume établie du tems même des apôtres, de terminer les differends de la religion par la voïc du concile, & que tous les rois, les princes & gens de bien en demandoient un. Que l'on pouvoit aisément conclure une paix folide, entre l'empereur & la France, & tenir le concile auffi-tôt après; & que cependant il falloit s'appliquer à augmenter la puissance de la ligue Catholique d'Allemagne : ce qui intimideroit les Proteftans, & les contraindroit de Le foumettre au concile, de peur d'y être for cez par les Catholiques. Que cette ligue étant puiffante l'on pourroit encore faire contribuer les Proteftans aux frais de la guerre contre le Turc. Qu'en tout cas il falloit de deux maux choifir le moindre; qu'il y avoit beaucoup plus de mal à offenfer Dieu, en abandonnant la caufe de la religion, qu'à fe paffer des fecours d'une partie d'une province, outre qu'on ne pouvoit pas décider lefquels étoient plus contraires à JESUS-CHRIST, ou les Proteftans, ou les Turcs; puifque ceux-ci ne mettent que le corps en fervitude & que les autres y veu. lent mettre auffi les ames. Il conclut qu'il ne falloit pas traiter les affaires de la religion dans les diétes d'Allemagne, mais ouvrir le concile dès cette année, travailler inceffamment à au. gmenter la ligue Catholique, & faire la paix avec le roi de France.

XLV.

Farnefe le

On délibera fur les remontrances de Farnefe Départ du mais elles ne furent pas fuivies, & la diéte cardinal fut indiquée à Haguenau au lieu de Spire, à gat qui fe caufe de la pefte qui ravageoit cette derniere ville. Farnefe aïant appris cette resolution qu'on ne lui avoit pas communiquée avant de

retire à Rome.

la

la prendre, partit auffi-tôt très-peu content de fa légation, & il arriva à Paris le quinziéme "Sleidan. ib. AN.IS 40. de Mai jour de la Pentecôte, & donna dans ut fup.4.13. l'églife cathedrale le chapeau rouge nouvelle-p. 411. & ment apporté de Rome, à Antoine Sanguin de 422. Meudon oncle de la ducheffe d'Etampes, nommé par le pape à cette dignité le douzième Decembre dernier. Pendant le fejour que le légat fit à Paris, il obtint du roi un édit trèsfevere contre les heretiques, fur-tout contre les Lutheriens, lequel fut enfuite executé avec beaucoup de rigueur dans toute la France. En- Pallav.hift. fuite il s'en retourna promptement à Rome, & Marcel Cervin que le pape avoit nommé cardinal dans la derniere promotion, eut ordre de retourner auprès de l'empereur en qualité de légat.

conc. Trid. Lib. I c. II.

rend à Ha

Ferdinand roi des Romains partit auffi de XLVI. Flandres pour le rendre à Haguenau : mais la Le roi Ferdiéce n'y commença que le vingt-cinquième de dinand fe Juin un mois environ après l'arrivée de ce guenau prince. Avant que d'entrer en matiere, les pour la Proteftans s'étoient adreffez au prince Palatin, diéte. aux archevêques de Cologne & de Treves, à Sleidan. Henri de Brunswick, aux évêques d'Ausbourg ut fup.l. 12. & de Spire, à chacun en particulier dans fa 422 Cochlée in maifon, pour les fupplier d'être les mediateurs ad.& fript. de la paix. Ferdinand au jour marqué appel- Lather. boc la les Proteftans, & s'étant plaint que les prin-an. p. 297. ces eux-mêmes ne fuffent pas venus en perfonnes, il leur demanda leur procuration & leur pouvoir; il leur expofa le fujet de cette diéte, & nomma pour mediateurs Loüis comte Palatin, Jean archevêque de Treves, Louis de Ba viere, & Guillaume évêque de Strasbourg, qui accepterent la commiffion. On y vit parmi les theologiens Proteftans, Jufte Menius, Boulanger qu'on appelloit Piftorius, Urbain Regius, Tome XXVIII.

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Bucer,

Bucer, Brentius, Blaurer, Ofiander, Schnepf AN.1540. & d'autres; Melanchton fut arrêté en chemin par une maladie affez dangereufe; & comme tous ces miniftres prêchoient dans leurs logis, felon la coûtume, à tous ceux qui vouloient les entendre, principalement quand tous les députez étoient affemblez pour deliberer, Ferdinand qui en fut informé le défendit, malgré les remontrances des ambaffadeurs, qui foutenoient qu'il leur étoit permis de faire prêcher, pourvû que ce ne fut pas en public, & que le roi des Romains ne devoit point les priver de ce privilege.

XLVII.

tions dans

Les mediateurs aïant demandé aux ProteContefta- ftans quels étoient les principaux points de leur cette diéte, doctrine; ceux-ci répondirent qu'il y avoit dix ans que leur confeffion de foi avec l'apologie avoit été prefentée à Ausbourg, qu'ils perfiftoient encore aujourd'hui dans les mêmes sentimens, & qu'ils étoient prêts d'en rendre compte devant tout le monde; qu'ils ne fçavoient pas ce que leurs adverfaires y pourroient trouver à redire; que néanmoins fi on en venoit à une conference, ils contribueroient de leur côté à la paix. Quelques jours après les mediateurs répondirent, que puifque les Proteftans s'en tenoient à leur confeffion d'Ausbourg, dans laquelle on étoit d'accord fur quelques articles, & non pas fur tous, ils s'emploïeroient pour accorder ceux en quoi l'on differoit, & qu'on les prioit d'exposer leurs intentions. A celales Proteftans repartirent qu'il étoit vrai qu'on avoit conferé fur quelques articles à Ausbourg, mais qu'on n'y avoit rien défini, & qu'il n'y avoit eu aucun accord. Tout cela produifit quelques conteftations de part & d'autre, parce que les Proteftans infiftoient pour la conference entre les theologiens; les Catholiques au contraire

alle.

alleguoient qu'ils avoient ordre de l'empereur & du roi des Romains, de proceder en la maniere qu'on l'avoit fait à Ausbourg; fur quoi Ferdinand les fit tous appeller le feiziéme de Juillet, & leur dic, que puifque les chofes étoient dans une fituation à ne pouvoir rien définir, d'autant plus que l'électeur de Saxe & le lantgrave étoient abfens, il falloit convenir d'une autre diéte dans laquelle les députez & les theologiens des deux partis s'affembleroient en pareil nombre, pour conferer de la confeffion d'Ausbourg, de telle forte néanmoins que l'édit imperial d'Ausbourg demeureroit dans toute la force, & qu'il feroit permis au pape d'envoïer fes nonces à cette diéte.

AN.1540.

Les Catho

Enfuite comme il y avoit beaucoup de Ca- XLVIII. tholiques qui fe plaignoient d'avoir été dépoüil- liques delez de leurs biens par les Proteftans, & qui mandent la demandoient d'être rétablis dans la poffeffion reftitution des biens ecclefiaftiques, puifque le differend des biens de la religion étoit indécis, ou du moins qu'il ecclefiaftileur fut permis de répeter par les voies de la Sleidan. in juftice ce qui leur appartenoit legitimement comm. 1. 13. les Proteftans repliquerent, que ces biens n'a-P. 423. voient point été ufurpez, mais appliquez par 424. le rétabliffement de la doctrine évangelique au legitime ufage auquel ils étoient deftinez dans la premiere inftitution, dont les ecclefiaftiques avoient beaucoup degenerez: & qu'ainfi il falloit décider les points de la doctrine avant que de parler des biens. Cette réponfe ne fut rendue que cinq jours après la conclufion de la diéte; ils y ajoûterent qu'ils approuvoient fort la conference, & qu'ils fouhaitoient que l'empereur y affiftât en perfonne, & non pas par fes amballadeurs; qu'à l'égard du pape, ils confentoient qu'il y envoïat fes nonces, pourvû qu'on ne lui attribuât aucune primauté ni

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auto

autorité, non plus qu'à fes envoiez, & qu'ils AN-1540. ne fiffent pas la loi à fa majefté imperiale. Ferdinand & les mediateurs infiftoient toûjours fur la reftitution des biens ecclefiaftiques & demandoient qu'ils fuffent du moins mis en fequeftre jufques à ce qu'on cut fini les conte ftations. Il affigna enfuite la ville de Wor mes pour la prochaine diéte qui devoit s'ouvrir le vingt-huitième d'Octobre fuivant, à quoi les Proteftans confentirent avec joie, fe promet tant fort d'y faire voir qu'ils poffedoient juftement les biens de l'églife & qu'ils ne travailloient qu'à procurer la gloire de Dieu.

XLIX.

Le roi des Romains confirma cette convocaAutre diéte tion de la diéte de Wormes par un décret du convoquée Wormes, Vingt-huitiéme de Juillet, en fuppofant l'agré Sleidan. ib. ment de l'empereur qui confirma

će

décret, it fup. l. 13. comme on dira bien-tôt. L'on envoïa ordre

Cochlée in

F. 424. aux princes électeurs & aux évêques de Magallfeript, debourg, de Saltzbourg, de Strasbourg, à Luther. hoc Guillaume & Louis de Baviere, & au duc de an.p.297. Cleves, d'envoïer leurs députez, & aux Proteftans de faire la même chofe; enforte qu'ils puffent être onze de chaque côté notaires, qui mettroient tout par écrit. Il fut auffi ordonné que le fujet de la conference regarderoit les articles propofez à Ausbourg, & qu'on prieroit l'empereur de tenir une

avec onze

imperiale; & l'on recommanda à tous de vivre en paix, & de ne faire aucune violence à perfonne, fur de très-groffes peines établies par Pempereur. Sur ce que les Proteftans demandoient qu'il fût défendu à la chambre imperia le de proceder contre l'accord de Nuremberg on en renvoïa la connoiffance à l'empereur qui leur avoit pourtant écrit de Bruxelles le treiziéme de Juin, que le roi des Romains fon frere les inftruiroit de fes intentions touchant

la

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