Imágenes de páginas
PDF
EPUB

reine. Elle étoit tellement devouée au duc de AN1540. Norfolk fon oncle, & à l'évêque de Winchefter, qu'elle ne le gouvernoic que par leurs confeils. Comme elle avoit beaucoup d'afcendant für Pefprit du roi, il y a beaucoup d'apparence qu'elle l'auroit enfin engagé à fe livrer à la conduite de fes deux miniftres, qui étoient favorable à la religion Catholique, & qui auroient peut-être travaillé à la rétablir, fi la difgrace de la nouvelle reine, qui arriva fur la fin de l'année suivante, n'eut renversé leurs bons deffeins. Cependant ils furent profiter autant qu'il leur fut poffible du tems que la reine fut en faveur, pour donner quelques atBurnet bift, teintes à la reforme. Ils en vouloient fur tout de la veform. à l'archevêque de Cantorbery, qui fe trouvoit v. 3, P. dans une fituation affez fâcheufe depuis qu'il 320.639 avoir perdu fon ami Cromwel. Déja on enten

doit en differens endroits faire des plaintes contre lui, on le regardoit comme le prote &teur, & le principal chef des novateurs. Mais comme il avoit une lâche complaifance pour tout ce que le roi fouhaitoit, & qu'il ne s'étoit jamais oppofé à fes volontez, il le maintine dans la faveur malgré les ennemis.

EXX.. Cependant on ne laiffa pas d'appercevoir Inftruction quelques changemens dans la religion depuis fur la reli- la mort de Cromwel. Les commiffaires que le gion dreffée par l'autoris roi avoit nommez pour les affaires de la relité d'Henri gion, drefferent d'abord une expofition de la THI doctrine Chrétienne, concernant les inftructions

neceffaires pour un fidéle. Ils commencerent par l'explication de la foi en general, ou ent difant que c'eft la foi qui nous juftifie, on n'entendoit pas une foi détachée de la charité, de l'efperance, de l'amour de Dieu & de la penitence; mais une foi jointe avec ces dif pofitions chrétiennes, & comprenant la fou.

miffion

[ocr errors]
[ocr errors]

mission à l'évangile & l'obéïffance à la religion de JESUS-CHRIST. On entroit enfuite dans Pexplication du fymbole des apôtres; & c'eft-là où, après avoir parlé en bons Catholiques, ils font un difcours également long & faux pour montrer que l'églife Romaine eft déraisonnable, en faifant confifter l'unité de l'églife Catholique dans la foumiffion à Pévêque de Rome, fans être, difent-ils, apputé là-deffus, ni de l'écriture ni des faints peres. De-là ils pafferent à l'examen des fept Sur les fafactemens, dont on conferva le nombre, quoi-cremens. que Cranmer infifta beaucoup pour qu'on n'en admit que deux feulement. On déclara que la penitence confiftoit dans l'abfolution donnée par le prêtre. En parlant de l'euchariftie, on établit pofitivement le dogme de la tranfubftantiation la concomitance du fang avec la chair; on dit que les fidéles qui ne commu nioient pas, pouvoient néanmoins trouver de Putilité à entendre alors la meffe. Touchant le mariage, on declara que Dieu l'avoit institué, & que JESUS-CHRIST Pavoit fanctifié. Quant aux ordres, on dit, qu'il falloit les conferver dans l'églife; qu'aux deux ordres de prêtres & de diacres dont l'écriture fait mention, l'églife ancienne avoit ajoûté d'autres or dres inferieurs, dont l'inftitution ne devoit pas être negligée. Mais on y trouve une longue difgreffion pour combattre les droits & prétentions du fiege de Rome, & pour montrer en quel fens le roi étoit le fouverain chef de l'éni glife. On y parle de la confirmation comme les Catholiques; & Pextrême-onction fut reconnue pour un facrement, qui, suivant le témoignage de l'apôtre faint Jacques, conferoit la fanté fpirituelle & corporelle.

On pafla enfuite à l'explication du décalo-sur le déca gue,logue.

AN.1540. gue, & fur le premier & fecond commande ment, on marque que les images étoient utiles, parce qu'elles rappellent dans nôtre memoire les idées des graces de JESUS-CHRIST, & celles de la bonne vie & de la vertu des Saints; qu'ainfi l'on ne devoit pas les mépri fer, & l'on ne défendit ni de leur offrir de l'encens, ni de fe mettre à genoux devant el les, pourvû que le peuple fut inftruit que c'étoit à Dieu, & non pas à l'image qu'il falloit rendre cet honneur. Par le troifiéme, il étoit permis, fuivant la doctrine de l'église Catho lique, d'adreffer des prieres aux Saints, comme à des interceffeurs. On dit fur le quatrié me, que le repos du feptième jour pour les Chrétiens doit être fpirituel & confifter dans Pabftinence du peché & des plaifirs. Ce qui n'empêche pas que ce commandement n'impofe l'obligation d'interrompre fon travail pour fervir Dieu en public & dans le particulier. On expliquoit de même tous les autres commandemens, on en tiroit de falutaires exhortations pour exciter tout le monde à la prati que des devoirs du Chriftianifme.

Sur le Pa- On parle enfuite de l'oraifon dominicale ter, Ave comme du modéle de nos prieres, on paffe à la Maria & la falutation angelique, où l'on explique le mi

liberté.

ftere de l'incarnation de J. C. & l'Ave Maria. On traite du libre arbitre, qu'on définit une puiffance, de la volonté accompagnée de raifon, par laquelle une créature raisonnable difcerne & choifit le bien & le mal dans les chofes morales, le bien avec l'affistance de la grace de Dieu, & le mal par elle même. Que cette liberté étoit parfaite dans l'état d'innocence, & qu'elle a été affoiblie par le peché du premier homme, mais qu'elle a été rétablie par la grace qui eft offerte à tous les hommes, quoique ceux-là feuls en reffentent l'ef

ficace,

AN.1540.

ficace, qui la reçoivent volontairement & de bon cœur. Que Dieu n'eft point auteur du peché ni caufe de la damnation des hommes · que ce font eux à qui l'on doit reprocher leur propre perte. A ce difcours étoit jointe une exhortation aux prédicateurs, de fe menager de telle forte dans l'explication d'un dogme fi difficile, qu'en établiffant l'operation de la grace, ils n'ôtaffent point à l'homme les droits de fon libre arbitre, & qu'en élevant le libre arbitre, on ne fit point de tort à la grace.

œuvres.

Dans le dogme de la juftification, Pon par-De la juftile de la malheureufe condition de l'homme fication & des bonnes depuis fa chûte, de l'énormité & de la coulpe) du peché, & de la bonté infinie que Dieu a eue de nous envoier fon Fils pour nous racheter par fa mort & pour être mediateur entre le ciel & la terre. On montre enfuite de quelle maniere nous avons part aux fruits de la miffion du Sauveur; que Dieu étant la cause principale de nôtre juftification, l'homme prévenu par la grace travaille lui-même à sa propre juftification par l'obéiffance & le confentement libre qu'il y apporte; que quoiqu'elle foit le fruit de la mort de JESUS-CHRIST, & de fes merites, il faut toutefois de nôtre part une foi folide, une repentance fincere, une veritable refolution de reformer nôtre vie par la pe nitence, le jeûne, les aumônes, la priere & d'autres bonnes ceuvres, pour affurer nôtre prédeftination. Car enfin, dit-on, il n'y a point de certitude de l'élection, fi-non lorsqu'on fent dans fon cœur les infpirations de l'efprit de Dieu, qu'on vit chrétiennement, & que l'on a la grace de l'efperance finale. Enfin les bonnes œuvres furent déclarées entierement neceffaires pour le falutá mais on marquoit qu'il falloit entendre pat ces bonnes œuvres, des œu

vres

AN1540.

foi.

LXXL

vres interieures & fpirituelles, comme la crain te & l'amour de Dieu, la patience, l'humilité, & d'autres actions de cette nature', non pas feulement de fimples actions exterieures. On ajoûta que ces bonnes œuvres étoient les fruits de la charité Chrétienne, pourvû qu'elles fortiffent d'un cœur pur, qu'une bonne confcience les fecondât, & qu'ils fuffent appuïez d'une foi folide. Le dernier chapitre eft touchant la priere pour les morts, qu'on reconnoît utile & bien fondée. En forte que dans cette expofition tout paroiffoit conforme à la foi Catholique, à l'exception de la primauté du pape. Les commiffaires aïant achevé cet ouvrage, Cette ex- le prefenterent au roi qui en ordonna la pupofition eft-blication. Quoique cette expofition corrigeât publiée par ordre du divers abus, les reformez n'y trouverent que du defavantage, néanmoins ils fe confoloient dans l'efperance de pouvoir un jour abuser des principes qui y étoient établis, pour détruire ce qu'ils appelloient erreurs comme l'ancien nombre des facremens, le merite des bonnés œuvres, l'invocation des faints, le culte des images & d'autres. D'un autre côté les Catholiques croïoient avoir beaucoup gagné parce qu'ils y voïoient établis des dogmes aufquels vraisemblablement les Proteftans ne voudroient jamais fe conformer, & qu'ils efperoient que cette refiftance attireroit la colere du roi fur tout leur parti. Quant à ce qui les regardoit eux-mêmes, comme ils avoient toûjours eu beaucoup de complaifance pour leur roi, fe propofoient de fuivre la même route, d'achever de le mettre dans la difpofition où ils le fouhaitoient, tandis que la resistance des reformateurs l'aigriroit, & que les trouvant fans deference à fon jugement & à fes ordres, il en feroit dégoûté & les abandonneroit. Aussi Phu

[ocr errors]
[ocr errors]

ils

afia

meur

« AnteriorContinuar »