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reur.

CIV.

de l'églife, de communiquer l'affaire au légat du pape fuivant le décret de la diéte de Haguenau, d'examiner foigneufement avec lui s'il fe trouve dans les articles accordez quelque chofe qui foit contraire à la doctrine des faints peres, ou aux pratiques de l'églife, de faire expliquer ce qu'il y aura d'obfcur: après quoi il traiteroit avec les Proteftans, & emploïeroit les foins pour les engager à convenir fur les autres articles, ou à les remettre au jugement d'un concile general ou d'un national de tous les états d'Allemagne.

Parmi les états il y en avoit qui étoient opLes Pro- pofez à la reformation, & l'on croit qu'ils futeftans pre- rent cause qu'on remit toute l'affaire à la defentent leur cifion du légat. L'empereur leur répondit le fepréponse à l'empe- tiéme de Juillet qu'il avoit crû qu'ils fe feroient expliqués plus au long & d'une maniere moins Sleidan. ut obfcure, aïant eu le livre fi long-tems entre fuprà p.441. leurs mains; mais que puifqu'ils ne l'ont pas 442. fait il fuivra leur avis, en communiquant l'af faire au légat, afin de ne rien omettre de ce qui concerne fon devoir. Les Proteftans presenterent leur réponse à l'empereur avec une explication plus étendue des articles accordez, & montrant combien il feroit facile de convenir des autres; cependant ils infifterent fur la confeffion d'Ausbourg, à laquelle ils vouloient s'en tenir, & à l'égard de la demande de l'empereur touchant la réformation de l'état civil, ils remontroient qu'on devoit rappeller l'ufage des reglemens faits à Ausbourg, il y avoit onze ans: & pour ce qui concerne le gouvernement ecclefiaftique, ils donnoient à entendre qu'on pour roit le regler fi l'on enfeignoit l'évangile dans toute fa pureté, fi, felon les loix anciennes, on choififfoit des miniftres de l'églife du confentement du peuple, fi les évêques confervoient

Pad.

l'administration civile, & fi ne pouvant ou ne voulant vacquer à leur devoir, par une coûtu- AN,1541. me qui n'eft que trop inveterée, ils en députoient d'autres qui s'en acquittaffent avec édification, & qui fuffent entretenus des biens du benefice; fi l'on permettoit le mariage aux prê tres; fi l'on retranchoit de l'église la fimonie qui fait qu'on trafique des chofes les plus faintes; fi les biens étoient diftribuez felon les loix anciennes ; fi l'on avoit foin d'inftruire les jeunes gens dans la pieté, & de les affermir dans la faine doctrine; fi les pecheurs publics & déclarez étoient retranchez de la communion de l'églife, jufqu'à ce qu'ils rentraffent dans leur devoir; fi le magiftrat rempliffoit dignément fes obligations en aboliffant le faux culte; fi pour juges ecclefiaftiques on choififfoit des hommes qui s'informaffent exactement des miniftres, du peuple, & des vices d'un chacun.

CV.

aux propo

L'empereur aïant donc communiqué toute l'af faire du legat du pape, & faifant inftance au- Réponse près de lui fur la réforme qu'il demandoit de du legat P'état ecclefiaftique, ce prélat après y avoir fitions de mûrement penfé, donna fa réponse par écrit, l'empeconçue en termes affez ambigus. Il difoit qu'aïant reur. vû le livre prefenté à l'empereur, & tous les Sleidan.ib. ut fup.l. 14. écrits des deputez de la conference avec lesp. 442. apoftilles faites de part & d'autre, il trouvoit Extat.apud que comme les Proteftans differoient en certains Melch. Gol articles de la créance commune de l'églife, fur daft. tom. 2. lefquels il efperoit, avec le fecours de Dieu, p. 223.

Rer. Germ.

de les voir bien-tôt d'accord avec les Catholi- Pallav, hift. ques; l'on ne devoit point paffer outre, mais conc. Trid. l. remettre le tout au pape & au faint fiege, 4.6.1.5. qui décideroit les controverfes, ou dans le concile general qui fe tiendroit bien-tôt, ou de quelque autre maniere convenable au befoin des affaires de l'Allemagne & de toute la Chré

tienté.

ibid.

CVI.

Sleidan.

tienté. Enfuite pour montrer le grand defir AN.1541 qu'il avoit de la reformation, il manda à tous Réforme les évêques de fe trouver dans fon logis, & du clergé leur fit un très-long difcours, les exhortant propofée à éviter foigneufement toute apparence de luxe, par le légat. d'avarice & d'ambition, & tout ce qui pourroit fcandalifer les peuples; à tenir leurs domeftiques dans le devoir, d'autant que le peuple juge des mœurs & de la conduite de fon évêque par l'ordre qui s'observe dans fa maifon; à demeurer dans les lieux les plus habitez de leurs diocefes, & à mettre dans les autres des hommes fidéles pour veiller fur les actions. des ecclefiaftiques; à vifiter exactement leurs diocefes; à conferer les benefices à des gens de bien qui aïent du merite & de la capacité : à emploïer leurs revenus au foulagement des pauvres; à mettre des prédicateurs pieux, fçavans, moderez, & qui n'aiment point la difpute; à faire les reglemens neceffaires pour l'instruction & l'avancement de la jeunefle, en établissant des écoles, & des collèges; les Proteftans aïant emploïé ce même moïen pour attirer toute la nobleffe à leur parti. Il donna copie de ce difcours à l'empereur, aux évêques & aux princes.

CVII.

'des deux

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dans

Aucun des deux partis ne fut fatisfait ni des Il ne fatis-difcours, ni de la conduite du légat. Les fait aucun Proteftans aïant lû les deux écrits, l'un prepartis, fenté à l'empereur & l'autre adressé aux évêS'eidan.ib. ques, y firent une réponse de concert, at fap. 14. laquelle ils fe plaignoient de l'injure qu'on leur faifoit, & de la maniere dont il les traitoit, eu égard à la haute idée qu'ils s'étoient formée de fa profonde érudition; ils le blâmoient fort de ce qu'il fembloit animer & exciter les princes à ufer de rigueur & à fe rendre cruels; enfin ils lui donnoient à entendre qu'il fe trom

7.444.

poit fort de penfer qu'ils puffent jamais approuver les erreurs qu'ils condamnoient à prefent, ou qu'ils s'accordaffent avec l'église Catholique tant qu'elle foutiendroit des vices fi manifeftes. Les Catholiques ne paroiffoient pas plus contens de la réponse du légat, parce qu'il fembloit y approuver les articles accordez dans la conference. Comme cette réponse étoit ambigue, ils la prirent en cé fens, que le cardinal ne s'oppofoit pas aux articles dont on étoit demeuré d'accord,& qu'il vouloit bien qu'ils fuffent obfervez jufqu'à la tenue du concile. Ils prétendoient que Gropper & Phlug n'étant pas affez profonds théologiens avoient erré dans la conference fur l'article de la juftification, & qu'on en pourroit inferer que l'homme étoit juftifié par la feule foi fans aucunes bonnes œuvres; erreur condamnée dans la diéte d'Ausbourg.

noit en divers fens

par

AN.154.

CVIII. Autre ré

hoc. ann.n.

Contarin apprenant que fa réponse fe preles Catholiques, & par les Proteftans, fit un troifiéme écrit dans lequel onfe du jégat aux il dit qu'aïant prefenté à l'empereur depuis peu Catholiques ce qu'il penfoit fur les affaires de la religion, & aux Proà l'occafion des dernieres conferences, & étant teftans. Extat.apud informé que les princes & états de l'empire Goldaftum donnoient differentes interpretations à fa répon-to. 2.p.225. fe, quelques-uns l'expliquant comme s'il avoit, Raynald. dit qu'on devoit accepter les articles dont on étoit tombé d'accord, & les tolerer jufqu'à la Sleidan. lib. tenue du concile, d'autres au contraire croïant 14.pag.444. que fans rien approuver, il avoit renvoïé toute l'affaire au pape & au faint fiege dont il falloit attendre la décifion dans un concile general. Pour ôter les differentes penfées, il déclare par cet écrit qu'il n'a rien voulu décider dans le premier, ni définir qu'on dût recevoir, tolerer, même obferver certains articles dudit traité juf

qu'au

15.

qu'au futur concile, comme à prefent il ne AN.1541. décide & ne définit rien là-deffus, fon intention aïant toûjours été de referver generalement tous les articles ou accordez ou débattus au jugement du pape & du faint fiege apoftolique dans un concile ou autrement comme il l'a déja déclaré par écrit à l'empereur & le confirme encore à prefent.

convent.

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CIX. Cependant l'empereur n'eut aucun égard à On propofe à la diét cette déclaration de Contarin, & communiqua de recevoir le douzième de Juillet à la diéte tout ce qui les articles s'étoit paffé, même jufqu'aux lettres & aux dont on eft memoires du légat. On y délibera fi les articles Sleidan.ib. dont les deux partis étoient convenus, ne feme fuprà. roient pas reçûs du moins jufqu'au tems de la célebration du concile general, & que s'il n'y avoit pas d'efperance qu'il put s'affembler, ou qu'il fut renvoie trop loin, on ne convoqueroit pas alors une diéte de l'empire pour y traiter des affaires de la religion. A cette propofition l'empereur conclut qu'après avoir fait toute la diligence néceffaire, il ne reftoit plus qu'à déliberer, fi l'on devoit, sauf l'édit de la diéte d'Ausbourg, recevoir les articles accordez dans la conference comme une doctrine Chrétienne, fans les mettre davantage en difpute, du moins jufqu'au concile, ou renvoïer l'affaire à une diéte de l'empire. Qu'il lui femble qu'on ne peut décider autre chose, & qu'on doit inceffamment finir, & faire un décret touchant la religion & la paix, pour enfuite réu nir toutes leurs forces contre le Turc, & faire échouer les grands préparatifs que cet ennemi commun fait par mer & par terre pour s'emparer de toute la Chrétienté, fur quoi il attend leur avis, refolu d'aller trouver le pape pour fçavoir de lui ce qu'il y a lieu d'efperer, & delà revenir en Allemagne pour mettre ordre aux affaires de l'empire.

Le

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