Imágenes de páginas
PDF
EPUB

fâcheufes. Qu'il ne leur faifoit enfin ces reAN.1541. montrances que pour obéir au pape, & s'acquitter des devoirs de fa charge. Le jour même on répondit au legat qu'il ne tenoit qu'à lui de prévenir tous les inconveniens qu'il craignoit, en follicitant le pape d'assembler un concile fans differer plus long-tems, ce qui feroit ceffer toutes les demandes d'un concile national, comme tous les états de l'empire le defiroient. Mais on ajoûtoit, que fi le concile general promis tant de fois & depuis tant d'années, ne fe tenoit pas effectivement & au plûtôt, l'Allemagne fe trouveroit dans la neceffité abfolue de recourir au concile national, ou à une diete, pour y decider les queftions en prefence d'un legat.

CXVI. Les Prote

8.447.

Les theologiens Proteftans firent une plus ftans réfu- ample réponse aux écrits de Contarin; ils prétent les étendoient montrer qu'il ne pouvoit naître aucrits du lé-cune fedition en decidant les controverfes de gát. foi felon la parole de Dieu, & en corrigeant Seidan.ibles abus felon la doctrine de l'église & des 448. canons. Que l'on n'avoit jamais contefté aux Raynald. ad conciles nationaux le droit de terminer les hunc an. n. queftions de foi; JESUS-CHRIST aïant proExtat.apud mis fon affiftance toutes les fois que deux ou Goldaft. to. trois perfonnes feroient affemblées en fon nom. 2.p.300. Qu'on avoit vû plufieurs conciles non feuleMatth.c.18.ment nationaux, mais même de très-peu d'é

17.

vêques qui avoient donné leur décifion fur les differends de la religion, & fait des reglemens ecclefiaftiques, comme en Syrie, en Grece, en Afrique, en Italie, en France, & en Espagne contre les erreurs de Paul de Samofate, 'Arius, des Donatiftes, de Pelage, & d'autres heretiques; & qu'on ne peut dire fans impieté que les actes de ces conciles foient nuls. Qu'à la verité le fiege de Rome avoit la pri

mauté,

mauté, & son évêque la prééminence entre les patriarches, mais qu'il ne fe trouvoit dans aucun pere que l'évêque de Rome eût été appellé le chef de l'église & des conciles. Que JESUSCHRIST feul étoit le chef de l'églife, & que Paul, Apollon & Cephas n'en font que les miniftres. Que la difcipline qui s'observe à Rome depuis tant de ficcles & les difficultez continuelles que cette cour apportoit à la celebration d'un concile legitime, montroient qu'ils en devoient attendre peu de fatisfaction. Enfin ils difoient en concluant, qu'il appartenoit à chaque province d'établir le vrai culte de Dieu, & de regler ce qui concerne la religion.

AN.154.1.

Comme les Proteftans convenoient des arti- CXVII. cles reçûs avec les modifications, & de tra. L'empevailler à s'accorder fur les autres ; ils réitere-reur conrent à l'empereur les mêmes prieres qu'ils luiéte. gedie la avoient faites de fufpendre le decret de la diete Sleidan. ut d'Ausbourg, & d'emploier fes foins pour affuprà. fembler un concile libre en Allemagne, pour-hunc an. n. Raynald. ad vû que le pape n'y fût pas juge, adherant fur, 34. ce fujet à la proteftation qu'ils avoient faite Pallavic. contre le concile indiqué à Mantouë; qu'enfin hift. conc. au défaut d'un concile tel qu'ils le fouhai-Trid.l.4. 6. toient, on traitât des differends dans une diete 15.7.11. de l'empire, où l'on regleroit toutes choses. L'empereur voïant les avis ainfi partagez, congedia la diete, en remettant la décifion des difficultez au concile general, & à son défaut à un concile national d'Allemagne, ou à une diete de l'empire, qu'il convoqueroit dans dixhuit mois. Il promit d'aller lui-même en Italie pour y traiter cette affaire avec le pape, de qui s'il ne pouvoit obtenir aucun concile, ni general, ni national, l'on feroit en forte de terminer les differends dans une diete, & l'on prieroit le pape d'y envoïer un legat.

[ocr errors]

Il donna ordre aux Proteftans de ne rien en

AN.1541 feigner de nouveau fur les articles accordez, & aux évêques de reformer leurs églises. Il défendit d'abattre les monafteres, de s'emparer des biens ecclefiaftiques, & de folliciter quelqu'un à changer de religion, & voulut qu'on maintînt la jurifdiction de la chambre imperiafe. Eckius informé de cette refolution de l'empereur, écrivit une lettre circulaire aux princes pour décrier le livre de la concorde. Je n'ai jamais approuvé cet ouvrage, dit-il, je l'ai même trouvé fort mauvais. Je pourrois montrer qu'il eft plein de fautes dangereufes, & fi l'on y fait attention, on y verra à chaque page les expreffions de Melanchton. Gropper & Phlug aïant eu.communication de cette lettre, fe trouverent offenfez, & crierent à la calomnie. Cette petite agitation pouvoit causer une violente tempête entre ces theologiens, mais l'empereur les reconcilia & empêcha les fuites de la difpute.

CXVIII.

accorde

ftans.

Mais parce que les Proteftans paroiffoient méGraces que contens, & fembloient ne pas approuver tout l'empereur ce qu'ordonnoit ce prince, il leur donna un aux Prote- écrit particulier par lequel il declaroit qu'il ne prétendoit pas leur preferire aucune loi fur les Sleidan. in articles qui n'avoient comm. 1. 14. été accordez; qu'il ne vouloit pas qu'on démolît les monafteres, Belcar.in mais qu'il n'empêchoit pas qu'on ne réformât comm. 1. 22.les moines; de plus il ordonnoit que des deux 1.53.

P. 448.

pas

côtez on laifferoit jouir les ecclefiaftiques de leurs revenus, & de leurs biens, fans avoir égard à la diverfité de religion. Qu'en défendant aux Proteftans de folliciter les Catholi ques qui n'étoient pas leurs fujets à changer de religion, ils pourroient néanmoins recevoir ceux qui volontairement & de plein gré viendroient les trouver pour embraffer leur parti;

enfin il marquoit dans ce même écrit, qu'il fufpendoit le décret d'Ausbourg pour ce qui AN.1541. concernoit la religion, tous les jugemens rendus, & tous les procez intentez à la chambre imperiale pour le même fait, en confideration du repos & de la tranquillité qu'il vouloit procurer à fes fujets, jufqu'à ce que l'affaire fut examinée en quelque concile ou diéte. Cependant il défend d'exclure quelqu'un de la cham bre parce qu'il eft d'une autre religion, & or donne qu'on rende également juftice à tout le monde. Sur les affurances fondées fur la pàrole & fur l'écrit de l'empereur, les Proteftans promirent du fecouts contre le Turc qui étoit déja entré dans la Hongrie.

ves.

c. 5.

Le troifiéme de Juillet Pempereur fe plai- CXIX. gnoit dans la diéte de Guillaume duc de Cle- Plaintes de l'empereur ves qui retenoit le duché de Gueldres, & pre- à la diéte fenta à tous les états un écrit pour prouver contre le le droit qu'il avoit fur ce duché, il ajoûta qu'il duc de Cleavoit mandé ce duc, mais que bien loin de Sleidan.ib. fe rendre auprès de lui, il avoit pris une rou-ut fup. te bien differente; il vouloit parler de fon en- Heiff. hift.de gagement avec la France. Les ambafladeurs du l'empire. 3. duc de Cleves qui étoient prefens tacherent Belcar.lib. . d'excufer leur prince; mais l'empereur les quit-22. n. 54. ta & fortit de l'affemblée. Le vingt-uniéme de Juiller tous les princes & états vinrent le trouver pour lui parler en faveur du duc & le prier de le recevoir fous la protection de l'empire, & de permettre qu'on traitât cette affaire à l'amiable, fi-non qu'il pouvoit poursuivre fon bon droit en juftice. Mais l'empereur leur fit répondre que cette affemblée aiant été convoquée pour les interêts de la republique, & pour rétablir la paix en Allemagne, en retranchant toute femence de divifion, il étoit fort furpris qu'ils priffent parti dans une caufe qui Tome XXVIII.

P

le

Hiftoire Ecclefiaftique.

338 le regardoit en particulier & qui ne pouvoit AN.1541. caufer aucun trouble. Après ces paroles il les quitta, non fans faire paroître fon mécontentement. Le lendemain l'ambassadeur de France aïant entendu les reproches du duc de Savoïe contre François I. qui l'avoit chaffé de ses états, lut un long difcours pour justifier la conduite de fon prince.

CXX.

te de Ratis

bonne.

Ceux de Strasbourg avoient envoïé Calvin Calvin affi- à la diéte de Ratisbonne, où il fe trouva avec fte à la diéBucer & Melanchton, & confera avec eux fur la céne. Theodore de Beze dit qu'il fut fort Theodor. de honoré à Ratisbonne, & qu'on lui donna le Bexe in vita furnom d'excellent theologien. On croit qu'il engagea les princes Proteftans à écrire au roi de France en faveur de ceux qui profefloient la nouvelle religion, & qu'on perfecutoit vivement dans le Dauphiné, où il y en avoit beaucoup de prifonniers, fur tout à Grenoble & dans la Provence.

Calvini.

AN.I541.

I.

L'empe

va en Ita

lie.

LIVRE CENT-QUARANTIEME.

L'EMPEREUR aïant conclu la diéte de Ratisbonne, par un décret qui fut lû & arreur part rêté le vingt-huitiéme de Juillet, ne penfa plus de Ratis- qu'à quitter l'Allemagne. Il partit auffi-tôt pour bonne, &pItalie, dans le deffein d'engager le pape à affembler au plûtôt un concile, & dans la vûë D. Anton. de s'embarquer enfuite pour une expedition en de Vera hift. Afrique qu'il méditoit. Il laiffa le foin de l'emde Charles V. pire à Ferdinand fon frere, & étant auparavant Paul Jove convenu par lettres avec le pape Paul III. de hift.1.40. s'aboucher ensemble dans la ville de Lucques, il partit accompagné d'un grand nombre de feigneurs qui voulurent le fuivre dans la guer re, qu'il avoit refolu de faire contre les Turcs

p. 221.

à

« AnteriorContinuar »