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à Alger. Le pape de fon côté, quoique déja fort avancé en âge, laiffa le cardinal Carpi fon vicaire & fon légat apoftolique pour le gouvernement de Rome, & prit la route de Lucques, où il arriva quatre jours avant l'empereur, & alla loger au palais épiscopal. Il étoit accompagné de feize cardinaux, de vingtquatre prelats, & d'un grand nombre d'officiers, outre les ambaffadeurs du roi des Romains, du roi de France & de Portugal, de la republique de Venife, des ducs de Florence & de Ferrare & de l'amiral de Malthe qui avoit à fa fuite dix-huit chevaliers.

au

AN.1541.

Comme l'empereur venoit par mer, il dé-, II. barqua le douzième de Septembre à Via-Reg-mer à ViaIl arrive par gio port de mer de la republique, où il fut Reggio, & reçû par deux des députez des plus diftin- fe rend à guez de Lucques, Cenami & Arnolfini, Lucques. milieu defquels il continua fon chemin : & quoiqu'il fut fort court, il ne laiffa pas de rencontrer une magnifique ambaffade compofée de trente des principaux feigneurs d'Efpagne, fuivis d'Hercule d'Eft duc de Ferrare & de cent cavaliers. Octave Farnese fon gendre & neveu du pape étoit à la tête. A cinq milles de la vil le Charles V. fut complimenté par les cardinaux Sadolet & Farnese neveu du pape. Tous les magiftrats de la ville allerent au-devant de ce prince hors des portes, & le conduifirent à l'église cathedrale de S. Martin, où il trouva le pape en habits pontificaux, dont il baifa les pieds; & après quelques compli mens aflez courts, chacun fe retira au palais qui lui étoit destiné.

III.

On étoit tombé d'accord que le pape & l'empereur fe verroient & fe rendroient vifite fans Entrevûë aucune ceremonie, & qu'il fuffiroit que le pre-de l'empedu pape & mier allât une fois feulement incognito vifiter lereur à Luc

Pa

fe-ques.

4

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in hift. conc.

fecond que pour le refte les conferences fe Paul Jove tiendroient dans l'appartement du pape. Le fuift. 1. 40. jet de leur entretien roula principalement fur Pallavicin.le concile & fur la guerre contre les Turcs; Trid. l. 4. Co quant au premier article quelques-uns ont dit, 16. qu'il fut propofé de convoquer le concile à Lucques, & que les magiftrats s'en défendirent par de très-humbles excufes; ce qui n'eft pas vrai-femblable. Il y a plus de fondement à croire que le pape en confentant à la tenue du concile, infifta fur la ville de Vicenze, où il Pavoit déja convoqué : mais que la republique de Venife qui ne trouvoit pas à propos de recevoir une fi grande affemblée dans une de fes villes, ni de permettre qu'elle fervît à traiter de la guerre contre les Turcs, répondit que l'accord qu'elle venoit de conclure avec Soliman aïant changé la face des affaires, elle ne pouvoit plus donner certe fatisfaction au pape, d'autant que le fultan ne manqueroit pas d'en prendre ombrage, comme d'un deffein qu'on auroit de conclure une ligue de tous les princes Chrétiens contre lui. Ainfi Paul III, fut contraint de prendre d'autres mesures.

IV.

N'aïant pû réüffir de ce côté-là, il chercha les moïens de détourner Charles V. du dessein qu'il avoit d'aller faire la guerre en Afrique, & de l'engager plûtôt de tourner toutes les grandes forces du côté de la Hongrie, où le peril paroiffoit plus preffant & plus grand; mais P'empereur lui déclara qu'il ne vouloit pas à quelque prix que ce fut changer de résolution.

Il prit donc congé du pape après avoir reçû Le pape fa benediction. Paul III. partit auffi, & aïant prend con- paffé les Monts qui font entre Pistoie & Bologé de Charles V. & gne, il fe rendit à Rome, où il entra incogni s'en retour-te, comme il l'avoit ordonné, afin d'éviter la me à Rome. dépense & l'embarras. Deux jours après il fic

pu

publier dans tout l'état ecclefiaftique un jubilé, & fit faire des proceflions & des prieres extraordinaires pour implorer l'affiftance & la benediction du ciel fur la perfonne & les armes de l'empereur, qui alloit expofer la vie contre les ennemis de la foi. Il fit faire la même chose en Allemagne par fon nonce; mais il ne voulut pas rendre ce jubilé general, dans l'apprehenfion que les François & les Venitiens ne refufaffent de le publier.

AN.JS 41.

V. Le roi d'Angle

terre fond fix nou

Pendant que Charles V. cherchoit à faire des conquêtes hors de les états, Henri VIII. ren fermé dans le fien ne s'y occupoit que de nouveaux établiffemens. Il avoit commencé dès le mois de Decembre de l'année précedente la veaux évêfondation de quelques nouveaux évêchez, en chez. érigeant Fabbaie de Westminster en églife Burnet hift. de la refor. I épifcopale avec un doïen & douze chanoines, 3.p.412. & dans cette année 1541. il convertit de mê-fuiv. me le monaftere de Werbourg dans la ville de Chefter en un évênhé, un doïenné & fix prébendes, l'abbaïe de faint Pierre de Glocefter de même, celles d'Ofnay dans la ville d'Oxford, & de faint Auguftin dans Bristol, furent auffi érigées en évêchez auffi-bien que celle de Peterbourg. Dans la fuite les prieurez de la plupart des cathedrales, comme celle de Cantorbery, de Winchester, de Durham, de Worcefter, de Carlifle, de Rochester & d'Ely fu rent convertis en doïennez & en canonicars, & appliquez à quelques autres ufages ecclefiaftiques. Cranmer travailla à faire un fonds dans chaque cathedrale pour entretenir des profeffeurs en theologie, en grec & en hebreu, & un certain nombre de jeunes gens qu'on de. voit inftruire pour les répandre enfuite dans les diocefes. Mais il échouia dans ce deffein, Les Catholiques ruinerent tous les projets, pré

P 3

voïant

voïant que par-là le Lutheranifme s'introduiAN:1541. roit plus aitement dans le roiaume, parce que ce prelat favorifoit ce parti.

VI.

elare here

Ja foi.

Milord

L'affaire de ces nouvelles fondations étant Le roi de reglée, on travailla aux matieres de la religion; tiques ceux & le livre de l'expofition de la foi dont on a qui rejette- déja parlé, étant imprimé, le roi y joignit ront l'ex- une ordonnance par laquelle il declaroit herepofition de tiques tous ceux qui croiroient plus ou moins que ce qui étoit contenu dans ce livre; néanHerbert dans moins comme il n'étoit pas poffible que tout hifiore di le monde s'y conformât, & qu'on ne voit pas Henri VIII, que perfonne ait souffert à ce fujet dans le Burnet hift, cours de cette année, il y a quelque apparende la refor. ce que le prince avoit donné un ordre fecret ut fupra pe pour empêcher qu'on n'executât la loi des fix 414.. articles, du moins capitalement.

regne de

VII.

des de ce

roi,

, tou

cofle.

Buchanan in hift. Siotia.

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Mais fi tout paroiffoit plier fous lui en AnInquietu- gleterre, il ne laiffoit pas d'avoir quelque inquietude par rapport au roi d'Ecoffe, qui, quoichant PE- que fon neveu, n'avoit pas fujet de l'aimer & qui pouvoit aifément donner du fecours aux Anglois mécontens, dont le nombre étoit grand dans les provinces du Nord. Henri craignoit fur tout que le zele de la religion ne portât ce prince à entreprendre quelque chofe contre Jui, parce qu'il fuivoit fidélement les confeils des Catholiques. Il y avoit déja plufieurs an nées qu'on puniffoit du fupplice du feu les heretiques en Ecoffe; & comme le nombre ne laiffoit pas d'augmenter tous les jours, ils ne laiffoient pas auffi de faire dans le roïaume un parti affez confiderable ainfi Jacques V. fe voïoit d'un côté environné de Lucheriens qui favorifoient le roi d'Angleterre d'un autre de Catholiques entierement oppofez à Henri, & qui emploïoient tous leurs foins pour le porter lui-même à punir ceux qui s'éloignoient de

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l'an

l'ancienne religion, & il fuivoit ce dernier AN.1541.

VIII.

refuse,

parti. Henri VIII. voïant que ce prince fe laiffoit Henri progouverner par les Catholiques qui dépendoient pofe une trop de la cour de Rome, craignit qu'enfin entrevûe ils ne l'engageaflent à s'unir contre lui avec le au roi d'Epape & l'empereur. Cette crainte lui paroiffoit coffe qui la d'autant mieux fondée, qu'il ne pouvoit plus gueres compter fur le roi de France qui avoit accoûtumé de conduire la cour d'Ecoffe, parce que cet ancien ami étoit extrémement refroidi envers lui; c'eft ce qui lui fit prendre la refolution d'emplorer toute fon adreffe pour gagner le roi d'Ecoffe, & l'engager à rompre avec la cour de Rome. Il lui envoïa un député pour lui demander une entrevûë à Yorck; Jacques accepta la propofition, & promit de fe rendre à Yorck où Henri alla l'attendre : mais fes amis zelez pour la religion catholique, lui firent fi bien connoître les confequences fâcheufes d'une femblable entrevûë, qu'ils lui perfuaderent de chercher quelque pretexte pour s'en difpenfer. Henri étoit donc déja à Yorck où il Partendoit, lorfqu'il en reçut des lettres d'excufes de ce qu'il ne pouvoit pas avoir le plaifir de fe rendre auprès de lui. Le roi d'Angleterre en fut piqué jufqu'au vif; & ce refus qu'il regarda comme un affront, produifit bien-tôt après une rupture entre les deux roïaumes.

pa

IX.

la comteffe de Salisbu

Ces divifions n'empêchoient pas les perfecutions en Angleterre. On y puniffoit de mort Supplice de tous ceux qui fe déclaroient en faveur du pe, & qui paroiffoient oppofez aux entreprifesi, meredu du roi. Pour confommer ces cruautez, Henri cardinal donna ordre que la comteffe de Sarum ou Salis- Polus. buri, mere du cardinal Polus fubît la rigueur Act.publ. de la fentence dont il fufpendoit l'execution depuis deux ans, dans l'efperance que cette

P 4

fuf

Angl. tom. 14.p.652..

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