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propofition fauffe & heretique: fçavoir, que AN.1541.les Saints ne font point de miracles, & qu'on députeroit deux docteurs Blangez & Godefroi pour être témoins de cette retractation. Le religieux fe foumit, & executa le déliberé de la faculté.

XXIII.

vraux.

in coll.to. 2.

Le treiziéme de Mai, on s'affembla aux MaLettre de la thurins pour répondre à une confultation de faculté de Pabbeffe de Fontevraux, qui demandoit s'il lui theologie, à l'abbeffe étoit permis de nommer pour confeffer les rede Fonte- ligieufes, des moines d'un autre ordre que du fien. La faculté répondit le dix-huitiéme de D'Argentré Mai qu'on avoit examiné ferieufement fes difp. 132.col.1, ficultez, aufquelles on ne pouvoit répondre fi promptement. Mais que comme les envorcz ont inftamment requis qu'on répondit du moins au principal article qui touche la charge de l'abbeffe, & qui concerne le repos & la tranquillité tant de fa confcience, que de celles de fes religieufes. La faculté répond que vûs & confiderez les ftatus de l'ordre de Fontevraux, touchant les confeffions des religieufes aux peres de l'ordre; s'il lui eft permis, & confequemment s'il eft permis aux meres prieures des monafteres qui lui font foumifes d'accor der auxdites religieufes pour cause juste & raifonnable de fe confeffer à d'autres, foit reguHiers ou feculiers, on décide que les ftatuts étant faits pour le falut des ames, l'abbeffe & les prieures peuvent accorder la liberté aux religieufes de fe confeffer & demander confeil hors la confeffion à d'autres que les peres confeffeurs ordinaires, pourvû qu'ils foient de bonnes mœurs & d'une faine doctrine, même en maladie, à l'article de la mort & dans d'autres cas, prenant foin d'éviter toutes tromperies, fantaifies ou curiofitez, & faifant enforte que les permiflions n'aillent pas au mépris des confeffeurs

feffeurs ordinaires, & au renversement de la difcipline monaftique. La faculté ne répondit que l'année fuivante aux autres demandes de l'abbeffe.

AN.1541.

ré à la fa

Le vingt-troifiéme de Mai un député du par- XXIV. lement défera à la faculté certains livres qui Livre defetraitoient de differentes matieres, concernant culté par le la foi & les mœurs, le doïen les dénonça dans parlement. l'affemblée fuivante, & l'on nomma plufieurs D'Argentré docteurs pour examiner les ouvrages & en fait fup. tom. 1. in append re leur rapport, ce qu'ils firent le premier de P. II. colon Juin fuivant en prefence de la faculté, à la-1.2. quelle ils prefenterent cinq livres fur lesquels elle prononça. Le premier étoit intitulé les arrêts ordonnances de la cour céleste. Ce livre fut trouvé pernicieux, manifeftement Lutherien, contenant plufieurs propofitions heretiques, & tendant à détruire le vrai fens des faintes écritures, en lui fubftituant des fens inventez, fuperftitieux & fondez fur des pratiques & fur des traditions humaines, enfin comme intro. duifant le Lutheranifme, en rejettant avec im pieté toutes les faintes & falutaires conftitutions que l'églife a établies fur le difcernement des viandes & la chafteté des ecclefiaftiques.

Le fecond livre avoit pour titre introduction familiere pour apprendre facilement en peu de tems la Grammaire latine, faite en forme de dialogue. Il fut declaré dangereux, & contenant plufieurs propofitions Lutheriennes, dont la premiere étoit Maintenant on ne prêche que reveries & fonges des hommes, ce qui eft condamné comme faux, fcandaleux & fchifmatique. La feconde, le diable voit que nous fommes fauvez feulement par la foi que nous avons en JESUS-CHRIST. Propofition fauffe & heretique en ce qu'elle tend à enfeigner que nous fomines fauvez par la feule foi en

JE

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JESUS-CHRIST. La troifiéme, jamais AN.1541. homme aimant l'honneur de Dieu ne fit défenfes de lire la parole de Dieu en quelque langue que ce foit, propofition fauffe, condamnée par un ancien decret du fiege apoftolique parce qu'il y a plufieurs raifons, dit la facul té, pour lesquelles on ne doit pas mettre entre les mains du fimple peuple, une traduction nuë de l'écriture fainte, fans une claire explication, vû qu'on l'expoferoit par là à tomber dans beaucoup d'erreurs, quand il n'y appor teroit pas un efprit foumis.

Le troifiéme livre commence ainfi. Ce font les grands pardons indulgences. On y traite les indulgences & le trefor de l'églife d'une maniere impie & fchifmatique. Le quatrième livre commençoit par ces paroles: C'est la bonne coutume, &c. Ce n'étoit qu'une lettre adreffée aux pauvres églifes des Lutheriens. On y dé elamoit fort contre les pratiques de la religion Catholique, contre fa doctrine & contre l'égli fe qu'on traitoit de maratre & de traîtreffe. Le cinquième étoit une épître à un frere, qui commençoit par ces paroles: La grace, paix

mifericorde de Dieu. On y declamoit d'une maniere feditieufe & impie contre les merites de JESUS-CHRIST; on y railloit les ceremonies de l'églife & les évêques; on y parloit avec beaucoup d'impieté du figne de la croix. Après la condamnation de ces cinq livres, les commiffaires en prefenterent encore cinq autres, qui furent de même cenfurez.

Le premier étoit intitulé: Brief enfeignement tiré hors la fainte écriture, pour amener la perfonne à volontiers mourir, ne point craindre la mort, dans lequel on découvrit beaucoup d'erreurs, dont la premiere étoit, que tout meLite dans l'homme eft ôté; ç'a été le diable,

difoit ce livre, qui a le premier apporté ce mot fur la terre, auffi long-tems que nous vivons, nous pouvons meriter, & toutefois il ne ment point, nous meritons certes, mais c'est l'enfer. Propofition manifeftement contraire à l'écriture fainte, qui dit, qu'on rendra à chacun felon fes œuvres, & que chacun recevra fa recom penfe felon fon travail; & par consequent heretique. La feconde difoit, qu'il ne falloit point faire de bonnes œuvres pour le falut, la remiffion & la fatisfaction des pechez, ce qui étoit exprimé en ces termes : Nous ne faifons point nos bonnes œuvres pour falut, pour avoir remiffion de nos pechez, ou pour fatisfaire, car cela appartient feulement aux œu yres & merites de JESUS-CHRIST dans fon amere paffion & fa mort. Nous devons auffi lui attribuer la fatisfaction de nos pechez. Cette propofition heretique, parce que l'écriture enfeignant que le merite de la paffion & de la mort de JESUS-CHRIST produit principalement en nous le falut, la remiffion des pechez & la fatisfaction, elle démontre auffi que nous devons travailler & faire de bonnes œuvres pour être fauvez, pour obtenir la remiffion de nos pechez, & pour dûement satisfaire. La troifiéme regardoit la confiance qu'on a dans la feule parole de Dieu, & étoit ainfi énoncée Nôtre juge JESUS-CHRIST ne connoît d'autre merite qu'un propre merite qu'il a merité par la croix & une ferme foi & confiance en fa feule parole. Cette propofition qui contient l'herefie de Luther, eft par confequent erronnée & contraire à la foi catholi1 que, en ce qu'elle enfeigne que la feule foi dans la parole de Dieu, procure le falut & la remiffion des pechez.

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Le fecond livre avoit pour titre, expofition

des

AN.15419

des dix commandemens de la loi, dont on tira

AN.1541. les propofitions fuivantes. La premiere conçûë en ces termes la maladie fpirituelle nous affoiblit tant qu'entre toutes les choses que nous fommes obligez de faire ou de laiffer, nous ne pouvons rien faire ni laiffer. Cette propofition eft erronée dans la foi & dans les mœurs, parce qu'elle ôte aux impies toute préparation à la vertu & à la penitence. La fe conde en ces termes, l'accompliffement des commandemens, eft de fe commettre & s'abandonner tout-à-fait à Dieu, afin que lui feul opere en nous & faffe fa volonté en nous. Certes, ces commandemens requierent que l'homme foit pour cela, s'offrant à Dieu comme mort, & n'étant rien. Propofition heretique, en ce qu'elle prétend que la bonne action vient totalement de Dieu, & en aucune maniere de l'homme, ou de fon libre arbitre. La troifiéme ainfi exprimée, nous n'avons befoin de nous occuper aux chofes qui ne font en aucun lieu commandées, pour tant qu'elles ne font point agréables à Dieu, auffi ne peuvent en rien profiter. Cette propofition étant évidemment contraire aux faintes écritures, eft cenfurée comme heretique.

Le troifiéme livre de l'inftruction des enfans dans lequel l'auteur enfeigne que les enfans doivent éviter le culte des images, comme fi ce culte étoit contraire à la volonté de Dieu; de plus que le fidéle ne doit rien faire que ce qui eft contenu dans la bible. L'un & l'autre font impies & heretiques. Dans un quatrième livre intitulé les faintes évangiles de JESUSCHRIST. Il y avoit au commencement une exhortation qui ne refpiroit que la doctrine Lutherienne, & condamnoit comme des traditions humaines beaucoup de points de la do

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