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d'une partie des papiers de Rincon, & de FreAR.1542. gofe, qui avoient été fi malheureusement masfacrez par les foldats Efpagnols de la garnison de Pavie, avoit déchiffré ces lettres, & avoit mandé à Ferdinand roi des Romains, que ces ambaffadeurs n'avoient été envoïez par la cour de France, qu'afin d'engager les Venitiens à rompre l'alliance qu'ils avoient faite avec l'empereur, & pour porter Soliman à declarer la guerre à l'empereur par mer & par terre; ainfi Olivier fe voïant par là expofé au mépris des autres à qui il en avoit voulu imposer, & connoiffant qu'il n'étoit pas écouté favorablement à Spire, en partit avant la fin de la diéte, & s'en retourna en France aflez mécontent de fa commiffion.

XXXI.

Jean Moron légat du pape parla aussi le Difcours vingt-troifiéme de Mars dans cette diéte, à la du légat du pape à la priere de Ferdinand, qui lui demanda quels diéte de étoient les fentimens de Paul III. Il dit d'abord Spire. que l'empereur en paffant par l'Italie Pannée Sleidan. ib.precedente avoit conferé avec le pape touchant 14. p. 451. le concile & la guerre contre les Turcs ; mais Belcar.1.23.que l'affaire étant d'une extréme importance,

ut Supra

9.

ces deux monarques n'avoient rien conclu, à caufe du voïage de l'empereur en Afrique ; en forte que l'affaire n'avoit été terminée qu'avec Granvelle qui étoit demeuré en Italie ; que tous les voeux du pape ne tendoient qu'à cette guerre, & que pour la faire réüffir à l'avantage de l'empire, il s'étoit emploïé à la paix entre les princes, & principalement à maintenir la treve entre l'empereur & le roi de France. Que fur les bruits qui fe repandoient des grands preparatifs des Turcs, fans qu'on fçût de quel côté il tourneroit les armes, le pape offroit cinq mille foldats d'infanterie, fi l'empereur commandoit lui-même l'armée; fi-non qu'il

n'en

:

n'en fourniroit que la moitié, comme il en étoit convenu avec Granvelle. A l'égard du concile AN.1542. il dit, que le pape étoit toûjours dans la même volonté de l'affembler; qu'il étoit bien vrai que jufqu'à present il l'avoit fufpendu avec l'agrement de l'empereur & du roi des Ro mains, dans l'efperance que les princes Allemands conviendroient entr'eux & s'accorderoient mais que l'affaire aïant manqué il fal. loit revenir au premier deffein. Qu'il n'y avoit pas d'apparence qu'on put tenir ce concile en Allemagne, tant à caufe du grand âge du pape qui vouloit y affifter, que pour l'incommodi té du chemin & le changement d'air ; que d'ailleurs l'Allemagne n'étoit pas un païs qui convînt à toutes fortes de nations, & qu'il étoit à craindre qu'il n'y eut du trouble. Que pour toutes ces raisons il lui fembloit plus à propos de choifir Mantoüe, ou Plaisance, ou Boulogne, ou Ferrare, villes affez grandes & très-com. modes. Que cependant fi elles n'agréoient pas, le pape ne refufoit pas qu'on tînt le concile dans la ville de Trente voifine d'Allemagne. Il ajoûta que le deffein de Paul III. avoit été d'en faire l'ouverture à la Pentecôte, mais que ce terme étant trop court il le differeroit jufqu'au treiziéme du mois d'Août, & qu'il les fupplioit tous d'y contribuer de concert, & d'oublier tous fujets de divifion.

Trente

Ferdinand & les princes Catholiques avec les XXXII. vicaires de l'empire remercierent le pape de fes La ville de bonnes intentions, & dirent qu'ils acceptoient propofée la ville de Trente, puifqu'il n'y avoit pas de & acceptée moïen d'obtenir quelque autre ville d'Allemagne pour le lieu comme Ratisbonne ou Cologne. Les Proteftans Slaidan.ib. au contraire n'approuvoient ni le concile du ut fuprà l. pape ni le lieu où l'on vouloit l'affembler, & 14. p. 462. même ils déclarerent qu'ils ne confentiroient;

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du concile.

Pallav. ut

fup.n.9.

1

Cochlée in

jamais qu'il en fût fait mention dans le décret AN.1542 de la diete. Après quelques autres décifions fur a.&fcript. des affaires civiles, on conclut la diete le onLuther. hoc ziéme du mois d'Avril, & l'on en indiqua une am.p. 303. autre à Nuremberg pour le mois de Janvier de Pannée fuivante.

intitulé

& Seq.

an. n. 4.

XXXIII. Luther compofa cette année après la diete de
Ouvrage Spire un petit ouvrage intitulé, Difcours mili-
de Luther taire, dans lequel il paroît retracter ce qu'il
Difcours avoit autrefois enfeigné touchant la guerre con-
militaire. tre le Turc; fçavoir, qu'il falloit vouloir non
Sleidan. ib. feulement ce que Dieu veut que nous voulions,
ut fup. lib. mais abfolument tout ce que Dieu veut d'où
14.p. 463.
il concluoit que combattre contre le Turc, c'é-
Spond. in toit refister à la volonté de Dieu qui nous vou-
annal. hos loit vifiter. En quoi il fut condamné par Leon
X. dans la cenfure de fes propofitions. Mais
dans l'ouvrage qu'il publia cette année, il di-
foit au contraire qu'auffi-tôt que le magiftrat
commanderoit de prendre les armes contre les
Turcs, il ne falloit épargner ni fes biens ni
fa perfonne. Il exhorta les princes à ne point
s'endormir contre un ennemi fi cruel & fi vi-
gilant, qui veut détruire, dit-il, la doctrine
de l'évangile par fon Alcoran; mais que ce
n'eft point l'affaire du pape, que ce devoir
n'appartient qu'à l'empereur, qui doit s'y por-
ter, non par efprit de vengeance, ou dans la
vûë de quelque interêt, ou pour acquerir de la
gloire, mais uniquement pour défendre ses
fujets des perfecutions de ce tyran. Qu'il ne
faut point exciter ce prince à cette guerre, fous
le fpecieux pretexte qu'il eft le chef de toute
la Chrétienté, le protecteur de l'églife, & le
défenfeur de la foi; parce que ces titres font
trop remplis d'orgueil & font injure à JESUS-
CHRIST, qui feul défend fon églife. Luther
exhorte enfuite les Chrétiens qui font efclaves

chez

1

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chez les Turcs, à fouffrir patiemment, & à
ne point abandonner la vraïe foi. Il finit par
une priere à Dieu contre la fureur & la bar-
barie de ces infidéles.

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ANJ542

Eckius fit auffi dans le même-tems une apo- XXXIV. logie contre Bucer en faveur des Catholiques d'Eckius Apologie à l'occafion de ce que ce theologien Proteftant contre Bu avoit écrit fur les actes de la diete de Ratis-cer.

Cochl in

bonne. Il montre premierement dans ce livre, act.& fcript.
que le nombre des articles difputez & débattus Lutheri hoc
dans la conference, furpaffe de beaucoup ceux an. p. 303.
que Bucer dit avoir été accordez. Enfuite il&feq.
fait plufieurs obfervations fur tout ce qui eft
reprehenfible dans ce livre prefenté aux theolo-
giens, & dans chaque chapitre du même ou-
vrage, au nombre de vingt-trois. En troifiéme
lieu il refute un grand nombre d'erreurs Lu-
theriennes contenues dans les écrits de ceux
qui l'avoient figné, de même que les défaites
& les calomnies de Bucer contre la réponse des
princes Catholiques & des états à l'occasion de
ce livre. Il prend la défense des réponses &
des déclarations du cardinal Contarin légat du
pape que Bucer avoir fort maltraité. Enfin il
examine la réponse donnée à l'empereur par
les Proteftans touchant les articles accordez &
débattus, & fait voir combien elle eft foible
& mal fondée : il y eut auffi dans la même
année une autre apologie d'Albert Pighius con-
tre Bucer.

convoque

Le pape volant que les princes Catholiques XXXV. avoient accepté la ville de Trente pour le lieu Paul II. du concile, & qu'il n'y avoit plus de pretexte par une pour en retarder la convocation, publia le bulle le vingt-deuxième de Mai de cette année la bulle concile à d'indiction pour le premier de Novembre fui- Trente. Pallav. hift. vant. Il fit envoïer auffi-tôt deux originaux de cette bulle, le premier au roi des Romains,4.c. 17. Q 4

qui

conc. Trid. I.

qui avoit l'autorité de l'empereur en Allemagne, ANJ542. afin qu'il en donnât avis à tous les princes &

XXXVI.

la convoca

concile.

Bullar. in

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villes libres de l'une & l'autre communion avec ordre de nommer les deputez qui de voient y affifter de leur part. Le fecond à Charles V. qui avoit beaucoup à cœur cette

convocation.

Paul III. difoit dans cette bulle. Que depuis Bulle du fon exaltation, il avoit cherché tous les remepape pour des propres aux maux de la Chrétienté, que tion de ce n'en aïant point trouvé de meilleur que de tenir un concile, il s'étoit enfin refolu de le con4. Paul. III. Voquer. Et après avoir parlé des deux convocations précedentes à Mantoüe, & à Vicenze, Raynald.hoc il expofoit les raifons qui l'avoient contraint an. n. 13. de le fufpendre fi long-tems, pour attendre Labte col- celui que Dieu avoit deftiné pour l'execution 14. p. 7269 de ce pieux deffein. Mais que venant à confiSeg.

bull. 33

lect, conc. t.

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derer que tout tems eft bon, quand il s'agit de fon service, il avoit pris la refolution de n'attendre pas davantage le confentement des princes. Que puifqu'il ne pouvoir plus difpofer de Vicenze, & que les Allemands defiroient la ville de Trente, quoi qu'une autre ville plus avancée dans l'Italie lui eut été plus commode, il vouloit bien, par une affection paternelle, s'accommoder à leurs defirs, & defignoit le premier jour de Novembre fuivant pour ouvrir le concile, donnant ce terme afin que fa bulle pûr être publiée par tout, & que les évêques euffent le loifir de s'y rendre : il ajoûtoit enfuite que fe confiant fur l'autorité de Dieu, le Pere, le Fils & le Saint-Esprit, & des bien-heureux apôtres faint Pierre & faint Paul; laquelle il exer. coit fur la terre, de l'avis & du confentement des cardinaux, la fufpenfion du concile préala blement levée, il convoquoit à Trente ville li. bre & commode à toutes les nations, le concile

œcume

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