de l'églife Romaine. Le pape leur expedia le bref de leur légation, avec ordre, quand ils AN.1542. feroient arrivez à Trente, d'entretenir adroitement les prélats & les ambaffadeurs qui viendroient au concile, fans faire aucune action particuliere, jufqu'à ce qu'ils euffent reçû les inftructions qu'il leur envoïeroit lorsqu'il feroit tems. Il leur enjoignit de faire fçavoir aux princes les raifons de leur légation, de les exhor. ter à envoïer leurs évêques au concile, de faire afficher fa convocation aux portes de la grande églife, afin que tout le monde en fut informé, de ne point entrer en difpute avec les hereti ques avant l'ouverture du concile, mais de les traiter avec beaucoup de moderation; enfin de ne point commencer le concile qu'il n'y eut des évêques en nombre fuffifant, venus d'Italie, d'Allemagne, de France, & d'Espagne.

fe rendent à

Auffi-tôt que l'empereur qui étoit à Madrid XLVIII. eut reçû avis de la députation des légats, il Les légats donna ordre à dom Jacques de Mendoza, qui rente aétoit alors ambaffadeur auprès de la republique vec les amde Venife, à Nicolas Granvelle, & à l'évêque baffadeurs d'Arras fon fils, de fe rendre à Trente en quade l'empelité de fes ambassadeurs, avec quelques évêques reur. du roïaume de Naples; non qu'il crut que dans comm.1.23. une pareille conjoncture où il étoit en guerre n.24.628. avec la France, il put fe paffer quelque chofe à l'avantage de la religion, mais du moins afin qu'on n'y fit rien à fon préjudice.

Le pape fit auffi partir quelques évêques d'Italie, qui firent cependant le voïage affez lentement. Les Imperiaux s'y étant trouvez au tems preferit, prefenterent aux légats les let tres de l'empereur, & demanderent avec beaucoup d'inftances l'ouverture du concile. Mais les légats le refuferent, ne jugeant pas à pro pos de le commencer avec un fi petit nombre

d'évê

Belcar.in

de huit car

dinaux par

que le

pape

d'évêques, dans un tems où la guerre étoit alAN.1542.lumée de toutes parts. Granvelle repliqua, qu'on pouvoit du moins en attendant, travailler à la réformation, où il n'y avoit pas beaucoup de difficultez. Mais les légats répondirent que comme cette matiere regardoit plufieurs nations, il falloit qu'on la traitât devant tous, & remirent la décifion à l'avis du pape, qui leur manda au commencement de l'année prochaine de fe retirer, remettant le concile à un autre tems. XLIX. Jean Moron un des légats avoit été nommé Promotion cardinal dans cette même année avec fept autres Paul III. éleva à cette dignité le Paul III. trente-uniéme de Mai. Le premier fut Marcel Crefcentio Romain, évêque de Marfico prêtre Ciacon. in vit.pontif.to.cardinal du titre de faint Jean & faint Paul, 3.p.677. Le fecond Jean Vincent Aquaviva d'Arragon jeg. Napolitain, évêque de Melfi, prêtre cardinal du titre de faint Sylveftre & de faint Martin aux Monts. Le troifiéme Pomponne Caci Romain, évêque de Citta-di-Caftello, puis de Sutri, vicaire du pape, prêtre cardinal du titre de faint Cyriaque. Le quatriéme Robert Pucci Florentin, évêque de Piftoye, prêtre cardinal du titre des quatre faints Couronnez, & grand pénitencier. Le cinquiéme Jean Moron, dont on a parlé, Milanois, évêque de Modene, prêtre cardinal du titre de faint Vital. Le fixiéme Gregoire Cortez Modenois, abbé du MontCaffin, prêtre cardinal du titre de faint Cyriaque, puis évêque d'Urbin. Le feptiéme Thomas Badia theologien, religieux de l'ordre de faint Dominique & Modenois, maître du facré palais, prêtre cardinal du titre de faint SylveAre au champ-de-Mars. Le huitiéme Chriftophle Madrucce, évêque de Trente fa patrie, prêtre cardinal du titre de faint Cefaire & évêque de Paleftrine, il ne fut point déclaré alors.

Pom

Pomponne Caci mourut trois mois après fa promotion le quatrième d'Août. Il étoit grand philofophe & bon aftronome. Il fut inhumé dans l'églife de faint Jean de Latran, où il avoit été chanoine.

ANJ542.

L.

Mort du

Quatre autres cardinaux moururent auffi dans cette année; le premier eft Jerôme Aleandre, cardinal qui étoit de la Mothe petite ville fur les con- Aleandre. fins du Frioul & de l'Iftric, où il nâquit le trei- Ciacon.ib.ut ziéme de Février 1480. Son pere nommé Fran-fuprà t. 3. p. çois Aleandre étoit médecin, & prit grand foin 623. de Jerôme fon fils qu'il envoïa étudier à Venife Pauvin, in & à Porto-Naone, où à l'âge de quinze ans, Spond. hoc il enfeigna les humanitéz, & fe fit une grande an. n. 16. reputation. Dans la fuite il étudia les mathematiques, la phyfique, la medecine & les langues grecque & hebraïque, dans lefquelles il fit de

grands progrès avec le fecours d'une memoire prodigieufe, qu'il les parloit & les écrivoit fans peine. Le pape Alexandre VI. informé de fon rare merite, le deftina pour être secretaire de fon fils, & l'envoïa enfuite en Hongrie en qualité de nonce; mais une maladie fâcheufe aïant obligé Aleandre à prendre d'autres mefures, il vint en France où le roi Louis XII. l'appella & le gratifia de lettres de naturalité. Il fut recteur de l'univerfité de Paris & profeffeur en grec, depuis il enfeigna à Orleans & à Blois. Eftienne Poncher évêque de Paris l'attira chez lui, & le donna à Evrard de la Marck évêque de Liege qui le fit fon chancelier, & lui confera la dignité de Prevôt de fon églife. Ce même prélat l'engagea à faire un voïage à Rome, où le pape Leon X, qui le retint à fon fervice, l'envoïa nonce en Allemagne en 1519. & quoiqu'abfent, il le fit bibliothecaire du Vatican en 1520. Après la mort de Zeno. bio Acciaioli, Aleandre parut dans fa nonciature

avec

Paul. III.

avec éclat, foit par fa doctrine & fon éloquence AN.1542. qui fut admirée dans la diéte de Wormes, où il parla trois heures de fuite contre les erreurs de Luther avec beaucoup de fuccez. Il ne put empêcher que cet herefiarque ne fut entendu dans cette diete; mais il refufa de difputer avec lui, & il obtint que l'on brûleroit fes livres, & que l'on profcriroit fa perfonne, il dreffa même l'édit qui le condamnoit. A fon retour Clement VII. lui donna l'archevêché de Brindes, & le nomma nonce en France. Il étoit auprès du roi François I. à la bataille de Pavie, où ce prince fut fait prifonnier. Le même pape l'envoïa encore en Allemagne en 1531. où il trouva un grand changement. Le peuple n'étoit plus à ce qu'il dit, fi animé dans les villes Proteftantes contre le faint fiége; mais dans les villes Catholiques il témoignoit une envie extrême de fe retirer de l'obéillance du pape, & de s'enrichir des biens de l'églife, à l'exemple des Proteftans. Aleandre fit tout ce qu'il put, mais fans fuccez, pour empêcher Charles V. de faire une tréve avec les princes Lutheriens. Il fe rendit enfuite à Venife, d'où Paul III. le rappella pour l'honorer d'un chapeau de cardinal en 1536. Il fut encore nom. mé légat pour préfider au concile qu'on devoir tenir à Vicenze: mais ce deffein n'aïant pas été executé, il alla dans cette même qualité en Allemagne, & mourut étant retourné à Rome le premier de Février de cette année, dans le tems qu'il mettoit la derniere main à fon grand ouvrage contre les profeffeurs des fciences, qui n'a pas paru, & qu'on le deftinoit à préfider au concile de Trente; il étoit alors âgé d'environ foixante-deux ans, & il auroit vêcu plus long-tems, s'il eut été moins credule aux ordonnances des medecins qui l'épuiferent à for

ce

ee de remedes. Il nous eft refté de lui des poëfies, des dialogues & quelques lettres qui trai- AN.1542. tent des affaires de l'églife. Son corps fur transporté à la Mothe, & enterré dans l'église de faint Nicolas.

LI.

Mort du

cardinal Cefarini.

des card.

Le fecond fut Alexandre Cefarini Romain, qui fut d'abord protonotaire apoftolique, & aïant contracté une amitié particuliere avec les feigneurs de la maifon des Medicis, le pape Ciacon. ib. Leon X. qui en étoit, le mit au nombre des ut fuprà t. cardinaux diacres le premier de Juillet 1517.3. p. 404.. avec le titre des faints Serge & Bacche ; & Cle-bery via ment VII. lui changea ce titre en celui de Ughel. in fainte Marie in via latâ. Paul III. lui confia Ital. fas. Padministration des églifes d'Albane, de Prenefte & de Pampelune; il gouverna auffi celles d'Otrante, de Breffe & d'autres. Auffi-tôt après l'élection du pape Adrien VI. le facré college le députa à Sarragoffe pour faluer ce nouveau pontife & conferer avec lui de quelques affaires importantes. Après le fac de Rome, il fut donné en ôtage aux impériaux, & Paul III. l'envoïa avec le cardinal de Sienne évêque d'Oftie en qualité de légat auprès de l'empereur Charles V. pour lui faire compliment für fon expedition d'Afrique & la conquête qu'il venoit de faire de Tunis. Dans le mois de Juin 1537. le pape defirant d'unir les deux princes, l'empereur & le roi de France par une paix folide, leur députa Cefarini avec les cardinaux de Sienne & Ghinucci. Le fouverain pontife l'emploïa encore en beaucoup d'autres affaires, & il fut du nombre de ceux qui furent choifis pour regler le concile qu'on devoit bien-tôt af-fembler. Il étoit d'une grande integrité, & aimoit beaucoup les gens de lettres. On lit dans Ciaconius deux lettres que le cardinal Sadolet lui écrivit, & qui font connoître dans quel

le