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fa methode eft d'expofer la doctrine de l'églife, & de faire voir qu'elle eft conforme à P'écriture fainte, & que les novateurs ne l'attaquent que fur de fauffes fuppofitions ou par de mauvaises raifons. Dans fon traité de la puiffance du pape, il prouve que le pouvoir que le fouverain pontife a de gouverner le troupeau de JESUS-CHRIST, a été donné à faint Pierre par nôtre Seigneur, & qu'il eft de droit divin. Son explication du pfeaume Ad te levavi, fut compofée à la priere d'une fœur qu'il avoit, & qui s'étoit retirée dans un monaftere. Enfin on a de lui quelques lettres.

AN.1542

LVI.

Mort du

cardinal Lorerio.

15.

Sadolet

Le quatrième cardinal' mort dans cette année, eft Denis Laurerio, ou plûtôt Lorerio de Benevent, d'une famille affez obfcure. Etant entré affez jeune dans l'ordre des religieux Ser- Ciacon, de vites, il y fit de fr grands progrez dans les rit. Pont. t. fciences, qu'il fut dans la fuite profeffeur de 3.p.672. philofophie, de mathematique & de theologie inter epiff. à Perouse, à Boulogne, enfin à Rome, ou il lib. 3. epif. prêcha avec applaudiffement & merita d'être 13. 14. & élû general de fon ordre. Il n'étoit que pro-Aubery vie cureur general lorfque Clement VII. Penvoïa des card. en Angleterre auprès de Henri VIII. pour les Ughelin Itaaffaires de la religion, & ce ne fut qu'à fonliâ fac. retour qu'on l'élut general. Paul III. Penvoïa en Ecoffe en qualité de nonce, avec pouvoir de vifiter les monafteres, & d'y mettre la reforme qu'il jugeroit neceffaire. Revenu en Italie, le pape à qui Lorerio avoit prédit fon élevation fur le faint fiege, lorfqu'il n'étoit que cardinal Farnefe, le mit dans le facré college au nombre des cardinaux en 1539. avec le titre de faint Marcel. On a dit que ce prelat corrompu par les promeffes magnifiques de Pempereur Charles V. ofa propofer dans un confiftoire, de priver le roi de France du titre

de roi très-chrétien. Prefque tous les cardinaux, AN.1542. même ceux qui étoient partifans de l'empereur, rejetterent une propofition fi extravagan te. Dominique de Cuppi doïen du facré col. lege l'en reprit avec beaucoup de fermeté, & un autre cardinal regardant Lorcrio avec mépris & avec indignation: laiffez, dit-il, aboïer ce chien, on voit bien qu'il cherche quelque morceau. Il étoit alors évêque d'Urbin & legat de la campagne de Rome. Il mourut à Rome le dix-feptiéme de Septembre 1542. âgé de quarante-cinq ans, & fut enterré dans l'églife de faint Marcel, où le pere Dominique de Veronne religieux Servite prononça fon oraifon funebre.

LVII.

Mort de

Jean le Fe

Jean le Fevre ou Faber mourut auffi cette année. Il étoit de Suiffe, & après avoir été fecretaire & confeiller d'état de l'archiduc FerDupin Bi- dinand, devenu dans la fuite roi des Romains

vre.

tears tom.

14. in 4. p. 164.

bliot.des an & empereur, il fut chanoine de Conftance, & évêque de Vienne en Aûtriche. Il eft un de ceux qui fe font les plus diftinguez, tant par leurs écrits que par leurs conferences avec les Proteftans. Ses principaux ouvrages font le marteau contre les heretiques Malleus hæreticorum, divifé en fix livres & dedié au pape Adrien VI. imprimé à Rome en 1524. & un autre intitulé la défenfe orthodoxe de la foi catholique, imprimé à Leipfik en 1528. écrit contre Baltazard Pacimontanus, un des chefs des Anabaptiftes, qu'il avoit obligé de se retracter. Il a encore compofé beaucoup d'autres ouvra ges de controverfe, entr'autres, un traité de la foi & des œuvres, un autre contre quel. ques dogmes de Luther, une refutation des fix articles d'Ulric Zuingle, prefentée à l'affemblée des Suiffes à Bade en 1526. une lettre en Allemand adreffée à Zuingle, dans laquelle

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il lui fait des reproches de ce qu'il ne s'eft pas
trouvé à cette affemblée de Bade; des traitez
de la puiffance du pape, du celibat des prê-
tres, du baptême des enfans & de la patien-
ce. On a encore de lui des homelies fur l'eu-
chariftie & fur d'autres matieres qui font im-
primées à Cologne.

AN.1542.

Bernardin

Ochin ge

Boverius

L'apoftafie de Bernardin Ochin ou Okini LVIII. arriva auffi dans cette année; il étoit de Sienne & après avoir pris l'habit de religieux par- neral des mi les Cordeliers, il embrafla la reforme des Capucins. Capucins vers l'an 1534. Ses foins ne contri- Florimond. buerent pas peu à l'accroiffement de cette re- de Raymont forme naiffante, dont il fut élû general, mais 3.5.7. dont il n'avoit point été l'inftituteur, comme annales des plufieurs l'ont prétendu. Pendant qu'il fut chez Capucins. les Capucins, même étant general, fa vie parut reguliere & fa conduite édifiante. Son âge, fa maniere de vie auftere, fon habit rude, fa barbe qui defcendoit jufqu'au-deffous de fa poitrine, fes cheveux gris, fon vifage pâle & décharné, une certaine apparence d'infir mité & de foibleffe affectée avec beaucoup d'art, & l'opinion qui s'étoit repanduë par tout de fa fainteté, le faifoient regarder comme un homme extraordinaire. Ce n'étoit pas feulement le peuple, les plus grands feigneurs & les princes fouverains le reveroient comme un faint; lorfqu'il venoit chez eux, ils alloient au-devant de lui, ils le recevoient avec tout P'honneur & toute l'affection imaginable, & le reconduifoient de même lorsqu'il partoit; pour lui, il fe fervoit de tous les artifices qui pouvoient confirmer les bons fentimens qu'on avoit de lui. Il alloit toûjours à pied dans fes voïages, & quoiqu'il fut d'un âge & d'une complexion fort foible, on ne le vit ja-mais monté à cheval. Lorsque les princes le R 4

for

forçoient de loger chez eux, la magnificence AN1542 des palais, le luxe des habits & toute la pompe du fiecle ne lui faifoient rien perdre de la pauvreté, ni de l'aufterité de fa profeffion. Dans les feftins il ne mangeoit jamais que d'une forte de viande la plus fimple & la plus commune, & ne bûvoit prefque point de vin. On le prioit de coucher dans de fort bons lits & richement parez pour le délaffer un peu plus commodément des fatigues du vorage; mais il fe contentoit d'étendre fon manteau & de coucher fur la terre. On ne fçauroit croire la reputation qu'il fe fit dans toute l'Italie.

LIX.

Il avoit outre cela quelque fçavoir, mais il s'étoit plus attaché à l'éloquence & à la beauté des paroles, qu'à la doctrine & à la force du raifonnement. A peine avoit-il appris le latin, mais lorsqu'il parloit fa langue naturelle, il expliquoit ce qu'il fçavoit avec tant de grace, tant de politeffe & tant d'abondance, que la douceur & la pureté de fon difcours raviffoient tous les auditeurs. Lorsqu'il devoit prê cher quelque part, le peuple y accouroit. Les vilks entieres venoient pour l'entendre, il n'y avoit point d'églife affez vafte pour contenir la multitude. Lorfqu'il devoit paffer par quelque ville, une infinité de gens allojent au- devant de lui pour écouter les inftructions. Avec de fi grands talens & une vie qui paroifloit fi aufte. re, il ne laiffa pas d'abandonner fa profeffion, la vraie foi, & d'embraffer les nouvelles erreurs peut-être ne fongeoit-il à rien moins qu'à vouloir apoftafier, & voici qu'elle en fut. l'occafion.

Il converfoit fouvent avec un jurifconfulte Ce qui en Espagnol nommé Jean Valdefius qui avoit pris a apoftafier goût en Allemagne à la doctrine de Luther. & à quitter Ce fut à Naples où il eut ces converfations qui fa religion.

com

commencerent à lui mettre des doutes dans

AN.1542.

n. 22.

l'efprit. Il commença à prêcher des chofes qui Temafe Cofio parurent nouvelles; mais ce qui acheva de le fupplement. perdre, ce fut fa vanité & le depit de n'avoir ad Mampas été élevé au cardinalat. Ses difcours aïant brin. 1.4. fait du bruit, il fut cité à Rome pour le ju- dan.1547 apud Spond, stifier. Il étoit en chemin pour s'y rendre, lorf qu'il rencontra à Florence Pierre Martyr fon Bzovius ad ami, auquel il communiqua fa fituation & le ann. 1542. hazard auquel il s'expofoit en fe livrant ainfi”. 34. à la difcretion du pape. Pierre Martyr entra dans fes fentimens, il lui diffuada le voïage, & l'affaire bien examinée entr'eux, ils refolurent de fe retirer tous deux en païs de fureté.. Ochin partit le premier, paffa par Ferrare, où il prit l'habit feculier, & vint à Geneve, ou Il prend il époufa une fille de Lucques qu'il avoit dé-culier & fe bauchée en paffant par cette ville. C'étoit pour retire à Gedonner une preuve authentique de fon renon-neve. cement à la religion Romaine Pour Pierre Spond. uti Supra. Martyr il fe mit en chemin deux jours après, Raynald. ad & alla gagner la Suiffe.

LX.

l'habit fe

hunc an. n.

Geneve.

Calvin étoit revenu à Geneve dès le treizié- 36. mé de feptembre de l'année precedente, lorf LXI. qué la faction contraire à ceux qui l'avoient Retour de chaffé de cette ville fut devenue la plus puiflan-Calvin à te. Son retour même fut honorable, les nou-Theod. Bexa veaux fyndics & le confeil l'en avoient prié, & in vita Calle jour qu'il rentra, les magiftrats comme levini hoc ano peuple, lui applaudirent, lui témoignerent leur joie, & les premiers lui donnerent un pouvoir abfolu de regler leur églife comme il le jugeroit à propos. Calvin ufant du pouvoir qu'on lui donnoit, regla la difcipline à peu près de la maniere qu'on la voit encore aujourd'hui dans les églifes pretenduës reformées, il établit des confiftoires, des colloques, des fynodes, des anciens, des diacres & des furveillans; il

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