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LXII.

la doctrine

Hieronim.

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regla la forme des prieres & des prêches & AN.1542. la maniere de celebrer la céne, de baptiser & d'enterrer les morts. Il établit une jurisdiction Reglement confiftoriale, à qui il prétendit pouvoir donner qu'il y éta- le droit de cenfures & de peines canoniques, blit pour & même l'excommunication. Il écrivit auffi & la difci- un catechisme latin & françois fort different du pline. premier, & beaucoup plus ample, diftribué Beza ut fu- par demandes & par réponses. Tremelius Juif prà Chrétien le traduifit en hebreu, & Henri EftienBolfec.in vi- ne en grec. Ces innovations déplurent à pluta Calvini. fieurs qui s'y oppoferent, mais enfin Calvin Hift. verit. l'emporta, & le nouveau canon paffa en forme du Calvin. à de loi dans une affemblée de tout le peuple le vingtiéme de Novembre 1541. Le clergé & les 119. liv. 3. laïques s'engagerent pour toûjours à s'y conformer. La feverité avec laquelle ce miniftre exerçoit fon pouvoir fans bornes & les droits de fon confiftoire, lui attira beaucoup d'ennemis, & caufa quelquefois du défordre dans la ville, mais il ne s'étonnoit de rien. Cet efprit de vanité dont il étoit plein, le rendoit opiniâtre dans fes fentimens. Il vouloit qu'on foufcrivit aveuglement à ce qu'il avançoit, & il répondoit avec aigreur & emportement à ceux qui ofoient le contredire,

Amfterdam

1683. P.

L'année fuivante 1542. il confirma l'obser. vance des ftatuts dont il étoit auteur, & reçut un grand nombre d'étrangers, & fur tout de François, qui étant inquietez pour la religion dans leur patrie, fe refugioient à Geneve, per fuadez qu'ils y jouiroient de toute la liberté que la nouvelle fecte accordoit à tous ceux qui en faifoient profeffion. Ils s'attachoient tous à Calvin comme à celui qui pouvoit les fervir plus fûrement & plus utilement, & Calvin de fon côté pour les engager encore plus fortement, prenoit foin de leur procurer quelques établis

femens,

AN.1542.

LXIII.

France

femens, & d'empêcher qu'on ne leur fît aucune injuftice. Ses foins s'étendoient fur les autres roïaumes, où fa fecte avoit déja des partisans, & toute fon attention étoit d'en groffir le nombre. En France François I. crut arrêter le cours de ce defordre, en renouvellant la rigueur des Le roi de précedens édits contre les novateurs, par celui veut empê qu'il fit publier en 1540. par lequel il fut or- cher les donné aux magiftrats d'en faire une exacte re-progrez de cherche ; mais ils tenoient leurs affemblées pen- dans fon l'herefie dant la nuit d'une maniere si secrete, qu'il étoit roïaume. bien difficile de les furprendre. Plufieurs prédicateurs fe trouvant infectez de ces erreurs, commencerent à les débiter dans leurs fermons pendant l'avent de 1541. Ce qui obligea le clergé de joindre fon zéle à celui du roi, empêcher les funeftes effets que cette licence auroit pû caufer. La faculté de theologie de Paris s'affembla donc chez les Mathurins le dix-huitiéme de Janvier 1542. & après la meffe du SaintEfprit, elle dreffa des articles par forme de profeffion de foi, qui traitoient de toutes les matieres controverfées, & contenoient ce qu'il falloit croire, & ce que les prédicateurs devoient prêcher & enfeigner. L'on fit jurer les licentiez & bacheliers fur ces articles, & l'on obligea les étudians de faire la même chofe avant que de commencer leurs cours de theologie. Ce ftatut fut figné de plus de foixante docteurs : Voici les termes.

pour

LXIV.

Comme nous fommes obligez, à l'exemple de S. Paul, de faire attention aux dangers évi- Decret de dens qui menacent les Chrétiens en ces tems- la faculté de ci, par l'impudente & déteftable doctrine de de Paris fur theologie quelques prédicateurs, qui ne rougiffent point les articles d'avancer dans leurs difcours & d'infpirer aux qu'il faut fidéles avec une hardieffe temeraire des propo- croire. fitions erronées, fcandaleuses, feditieufes, fchif

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D'Argentré

matiques, heretiques & blafphematoires, cherAN.1542, chant en cela à plaire plûtôt aux hommes qu'à in collect.ju- Dieu. Nous, voulant obvier à tant de maux, dic. tom.i.p. autant qu'il eft en nôtre pouvoir, & fuivant les 413.& feq.obligations de nôtre état, qui nous engage 6.2.pag maintenir la doctrine falutaire des écritures fain

133.

à

tes, & de l'églife Catholique, nous avons crû devoir renfermer en abregé fous certains titres quelques articles de foi que tout Chrétien doit croire, afin qu'on connoiffe plus facilement les opinions d'un chacun, & ce qu'il faut particu lierement prêcher au peuple en ce tems-ci. Enfuite la faculté rapporte ces articles qui font au nombre de vingt-neuf.

LXV. 1. Il faut croire d'une foi certaine que le Articles

on doit ju

faculté. D'Argentré mt fuprà.

fur lefquels baptême eft néceffaire aux enfans pour obte nir le falut, & qu'il confere la grace du Saintrer, propo- Efprit. 2. Qu'il y a dans l'homme un libre arfez par la bitre avec lequel il peut faire le bien & le mal, & par lequel, quand il feroit en peché mortel, il peut obtenir la grace avec la cooperation de Dieu. 3. Il n'eft pas moins certain que les adultes après avoir commis un peché mortel ont befoin de la penitence, qui confifte dans la contrition, dans la confeffion facramentelle qu'on doit faire à un prêtre, & dans la fatisfaction. 4. Que le pecheur n'eft pas justifié par la feule foi, mais encore par les bonnes œuvres, qui font fi neceffaires, que fans elles aucun adulte ne peut obtenir la vie éternelle. 5. Chaque Chrétien eft obligé de croire fermément que le vrai corps de JESUS-CHRI S T est contenu dans le facrement de l'euchariftie, le même qui eft né de la fainte Vierge, & qui a souffert fur la croix. 6. Il faut croire avec la même foi, que dans la confecration facramentelle, il fe fait une tranfubftantiation du pain materiel dans le vrai corps, & du vin dans le vrai sang de JESUS

AN.1542.

JESUSCHRIST. 7. Que le facrifice de la meffe eft inftitué par JESUS-CHRIST, & qu'il fert aux vivans & aux morts. 8. Que la communion fous les deux efpeces n'est pas neceffaire aux laïques pour le falut, & que l'église a fagement ordonné qu'on ne les communieroit que fous une feule efpece. 9. Que JESUSCHRIST a donné aux prêtres ordonnez felon le rite de l'églife, la puiffance de confacrer fon vrai corps, & d'abfoudre des pechez dans le facrement de la penitence. 10. Que quand ils. feroient méchans & en peché mortel, il eft certain qu'ils confacrent le vrai corps du fils: de Dieu, s'ils ont intention de le faire. 11. Que la confirmation, le mariage & l'extrême-onction: font de vrais facremens inftituez par JESUS CHRIST, qui conferent la grace du SaintEfprit. 12. Qu'il ne faut pas douter que les Saints n'operent des miracles, foit qu'ils vivent encore, ou qu'ils foient en paradis. 11. C'eft une chofe très agréable à Dieu & très-pieufe, de prier les Saints qui font dans le ciel, afin qu'ils foient nos avocats & nos interceffeurs auprès de Dieu. 14. On ne doit pas féulément imiter les Saints qui regnent avec JESUS CHRIST, il faut encore les prier & les ho norer; & ceux-là font une œuvre de pieté, qui par devotion font des pelerinages aux lieux. qui leur font dédiez. 15. Si quelqu'un dans l'églife ou dehors adreffe fes prieres à la Vierge ou à quelqu'un des Saints avant que de les adresser à Dieu, il ne peche pas, & même il agit faintement, 16. On ne doit pas douter non plus que ce foit une bonne oeuvre de flechir les genoux devant les images du crucifix, de la Sainte Vierge & des Saints pour prier JESUSCHRIST & les Saints. 17. Il faut croire fermément qu'il y a un purgatoire dans lequel les

ames

ames des défunts font aidées par la priere, le AN.1542. jeûne, les aumônes & d'autres bonnes œuvres, afin d'être plûtôt délivrées de leurs peines. 18. Chaque Chrétien eft de même obligé de croire qu'il y a une église univerfelle vifible fur la terre, qui eft infaillible dans la foi & dans les mœurs, & à laquelle tous les fidéles font obligez d'obéir en ce qui regarde la foi & les mœurs. 19. Qu'il appartient à cette même église de definir & de déterminer toutes ces difputes & les doutes qui arrivent touchant l'écriture sainte. 20. Qu'on doit croire plufieurs choses qui ne font pas fpecialement & en termes exprès dans l'écriture, & qu'il faut toutefois neceffairement recevoir par la tradition. 21. Que la puiffance d'excommunier a été accordée à l'églife immédiatement par JESUS-CHRIST qu'elle eft de droit divin, & que par cette raifon on doit beaucoup craindre les cenfures ecclefiaftiques. 22. Qu'il eft certain que le concile general legitimement affemblé reprefentant toute l'églife, ne peut fe tromper dans les décifions qui regardent la foi & les mœurs, 23. Qu'il n'eft pas moins affuré que le fouverain pontife eft de droit divin dans l'églife militante, & que tous les Chrétiens font obligez de lui obéïr. 24. Qu'il a la puiffance d'accorder des indulgences. 25.Que les conftitutions ecclefiaftiques touchant le jeûne, le discernement des viandes, l'abftinence, & autres obligent veritablement en confcience. 26. Que les vœux obligent de même, quand ils feroient monaftiques & de continence perpetuelle. 27. Qu'il y a de faintes & loüables coûtumes que les predicateurs doivent obferver en prêchant, comme celle d'implorer la grace du Saint-Esprit par P'interceffion de la bienheureuse Vierge. 28. Qu'en prêchant on ne doit pas dire le CHRIST

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