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foit veritablement & non pas d'une manierē AN.1536 imaginaire, ils étoient d'accord entr'eux, & Articles de qu'il les reconnoifloit & les recevoit pour fes l'accord en-freres en JESUS-CHRIST on fit enfuite un tre les Lu- projet de formule qui fut dreffé par Melanchtheriens & ton, & contenoit fix articles. a. Que fuivant mentaires. les paroles de faint Irenée, l'eucharistie consiste

les Sacra

145.

en deux chofes, Pune terreftre, & l'autre celefte; & par confequent que le corps & le fang Hofpinian.de JESUS-CHRIST font vraiment & fub. ann. 1536.ftantiellement prefens, donnez & reçûs avec le part. 2. fol. pain & le vin. 2°. Qu'encore qu'ils rejettaffent In lib. conla tranfubftantiation, & ne cruffent pas que le cord. p. 729. corps de JESUS-CHRIST fut enfermé localement dans le pain, ou qu'il eut avec le pain aucune union permanente hors l'ufage du facrement, il ne falloit pas laiffer d'avouer que le pain étoit le corps de JESUS-CHRIST par une union facramentelle, c'est-à-dire, que le pain étant prefenté, le corps de JESUS CHRIST étoit tout enfemble present & vraîment donné. 3°. Ils ajoûtoient néanmoins qu'hors de l'ufage du facrement, pendant qu'il eft gardé dans le ciboire, où montré dans les proceffions, ils croïent que ce n'eft pas le corps de JESUS-CHRIST. 4°. Ils concluoient, en difant que cette inftitution a la force de facrement dans l'églife, & ne dépend pas de la dignité ou indignité du miniftre, ni de celui qui reçoit. 5. Que pour les indignes qui, felon faint Paul, mangent vraiment le facrement, le corps & le fang de JESUS-CHRIST leur font vraiment prefentez, & qu'ils les reçoivent veritablement, quand les paroles & l'inftitution de JESUS-CHRIST font gardées. 6°. Que néanmoins ils le prenoient pour leur jugement, comme dit le même faint Paul, parce qu'ils abusent du facrement en le recevant fans peni

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tence

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rence & fans foi. On remarque que dans cette formule il n'eft point fait mention de reception AN 1536, orale du corps de JESUS-CHRIST, & que les Sacramentaires qui croïoicnt que le corps de JESUS-CHRIST n'étoit prefent que par la foi avouent toutefois que ceux qui n'ont pas la foi, ne laiffent pas de recevoir veritablement le corps de nôtre Seigneur.

IV.

La formule

Après cet aveu des Sacramentaires, Luther fe perfuada qu'il n'avoit plus rien à en exiger, d'union eft & il crut qu'ils avoient dit tout ce qu'il fal- approuvée loit pour confeffer la réalité. Cette formule fut dans la

haute Al

fignée par les miniftres des villes de la hau- lemagne. te Allemagne, ils confererent enfuite le vingt-Hift. des Vacinquiéme de Mai avec Pomeranus fur les rites riat. tom. I. de la meffe, les habits facerdotaux, les ima- v. 4. ges, les lampes, l'élevation & l'adoration du faint facrement qui étoient encore en usage en Saxe. Pomeranus dir que Luther penfoit que ces chofes étoient contre l'ordre, qu'on ne les avoit confervées qu'à caufe des foibles, & qu'il fongeoit à les abolir. Le vingt-feptiéme du même mois Bucer & Capiton prefenterent à Luther la confeffion de foi des églifes Suiffes, afin qu'il l'examinât. Il y trouva quelques termes qui pouvoient, difoit-il, bleffer les fimples. Cependant il dit qu'il les reconnoîtroit pour les freres, s'ils vouloient figner la formule d'union qu'on venoit de dreffer. C'est ce qui obligea Bucer de retourner à Strasbourg où il gagna les miniftres de cette ville; mais il n'eut pas le même fuccès en Suiffe, où il envoïa la formule d'union: elle y fut jugée obfcure, ambigue, captieufe, & on refufa de la foufcrire: en forte qu'il fut obligé de fe rendre avec Capiton à Bâle, où les Cantons tenoient encore une affemblée dans le mois de Septembre. Il y reprefenta que Luther n'avoit point defapprou rejettent A 3

Les Shiffes

nion.

:

part

vé la confeffion des Suiffes, mais qu'on avoit AN.15 36. trouvé à cette forpropos de & d'autre, de dreffer mule d'u- une formule d'union dont la doctrine n'étoit pas differente de celle de leur confeffion de foi; ce qu'il s'efforça de montrer par plufieurs raifons, en les exhortant de la figner. Mais tout ce qu'il put dire, ne fit pas changer de fentiment aux Suiffes bien plus, dans la déclaration qu'ils donnerent des fentimens de leurs égli fes, qui eft affez longue, les articles de la formule d'union fur la céne font expliquez d'une maniere entierement favorable au fentiment de Zuingle, & oppofée à la prefence réelle. Elle. fut dreffée dans le fynode de Zurich tenu au mois d'Octobre, & approuvée dans une autre affemblée à Bâle dans le mois de Novembre, d'où on l'envoïa à Luther, qui differa d'y répondre jufqu'à l'année fuivante parce qu'il tomba malade.

VI.

Retour du nonce Ver

19. n.1.

Le nonce Verger étoit retourné à Rome dès le commencement de cette année, & avoit ger à Ro- rapporté au pape, que les Proteftans ne receme. vroient jamais aucun concile à moins qu'il ne Pallav. hift. fut libre, & tenu dans quelque lieu commode conc. Trid. de l'empire, comme Charles V. le leur avoit lib.3.cap. toûjours promis; qu'il n'y avoit plus rien à efperer de Luther, ni de fes compagnons, & qu'il ne falloit plus penfer qu'à reduire ces fetaires par la voye des armes. Le pape le recompenfa de l'evêché de Capo-d'Iftria fa patrie, & l'envoïa auffi-tôt après à Naples, où l'empereur étoit encore pour regler les affaires de ce Roïaume, afin que ce prince apprît par lui la difpofition des Proteftans d'Allemagne, & l'état où étoient les chofes. Ce rapport lui fit prendre le parti d'aller lui-même à Rome pour en conferer avec le pape ; & pour s'y rendre plûtôt il fit celebrer le mariage de fa fille

natu

VII.

d'Alexan

naturelle Marguerite avec le prince de Florence Alexandre de Medicis, auquel elle avoit été AN.15.36. promife dans le traité que Charles V avoit fait avec le Clement VII. Les deux époux fe pape rendirent donc à Naples, Alexandre étoit accom- Mariage pagné de toute la nobleffe de Tofcane, & ladre de Meprinceffe y fut conduite par la ducheffe d'Arfchot dicis avec & d'autres. Le mariage fut celebré dans le châ- Marguerite teau de Capoana fur la fin du mois de Jan-fille natuvier. Les nôces durerent quatre jours avec des l'empereur. fêres & des rejouiffances magnifiques. L'âge difproportionné des époux fut le fujer des railleries des François, Alexandre aïant plus de cinquante ans, & la princeffe Marguerite étant à peine entrée dans la treiziéme année.

du

relle de

Du Bellay

liv. 5. p.

219.

L'empereur demeura plus de quatre mois à VIII. Naples, & en partit enfin le vingt-neuviéme L'empede Mars: il prit la route de Rome, & fut ac- reur part de Naples compagné une demi journée par un corps de & arrive à cavalerie compofé de plus de cinq cens nobles, Rome. barons & magiftrats, & de deux cardinaux lé- Heiff. hiß. gats pape. Sur les frontieres de l'état eccle- de l'empire fiaftique il fut reçû par deux autres cardinauxliv. 3. p. envoïcz à ce fujet par Paul III. avec un grand 365. nombre de prélats. Etant près de Rome tout, le facré college vint au-devant de lui hors des portes de la ville, outre que Virginio des Urfins, qui l'avoit accompagné en Afrique, étoit déja auparavant allé au-devant de lui, de la part de la ville, à la tête de trois cens perfon nes à cheval depuis plufieurs hiecles, Rome n'avoit vû une entrée plus fuperbe. On emploïa trois mois entieres à en faire les préparatifs, & on alla jufqu'à demolir le temple de la paix qui étoit un édifice trè-ancien, pour élargir une rue par laquelle l'empereur devoit paffer. Mais le pape fit reparer cet édifice après cette ceremonie, ce qui coûta des fommes immenA 4

fes,

me.

IX.

courte

ses, qui ne fervirent qu'a charger le peuple, AN.1536. Le matin du cinquième d'Avril, Charles V. Son entrée fit fan entrée dans Rome à cheval, au milieu dans Ro- de deux cardinaux, le doyen à la droite, & Farnese neveu du pape à la gauche, fous un dais de damas blanc à fond d'or fuperbement orné & porté par des fenateurs & des principaux de la ville. Tous les cardinaux suivoient deux à deux, avec les autres prélats, archevêques & évêques, tous montez lur des mules: toutes les rues étoient tapiffées, & toute la bourgeoifie fous les armes étoit rangée en haye des deux côtez. Au milieu de cette fuperbe pompe, l'empereur le rendit à l'églife de faint Pierre, où le pape au milieu de quatre cardinaux étoit affis fur fon trône, & à la porte de cette églife au bas de l'escalier, il fut reçû par les chanoines. S'étant avancé jufques devant le grand autel, il fe mit à genoux & fit une priere, après laquelle il alla devant le trône du pape, aux pieds duquel il y avoit un carreau, & le faint: pere tenoit fur trois autres fon pied droit que l'empereur baifa. Cette cere monie étant finie, Paul III. embraffa Charles V. jufqu'à trois fois, & fe retira le premier au Vatican, après avor quitté fes habits pontificaux. L'empereur de fon côté étant paflé dans la facriftie, alla occuper l'appartement qui lui avoit été marqué dans le Vatican, du côté qui regarde la place de faint Pierre, où Charles VIII, avoit auffi autrefois logé en allant à Naples. Comme on pouvoit aller de l'appartement du pape à celui de l'empereur fans monter, & fans defcendre, parce qu'ils étoient de plain-pied, l'un & l'autre fe virent fouvent durant les treize jours que Charles fut à Rome, fans même que les courtisans s'en apperçuffent.

Le

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