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collegues, le chapitre appella au pape, & à l'empereur comme protecteur de l'églife, des ordonnances & du procedé du prelat.

AN.1543.

France

fe retracte.

A Paris Landry curé de Sainte Croix de la LXXVIII. cité, n'aïant pas voulu répondre aux articles Le roi de que la faculté de theologie lui avoit prefenté mande à figner, d'une maniere qui pût montrer la François pureté de fa foi, fut pourfuivi dans les formes Landry qui & mis en prison. La faculté en donna auffi Sleidan. ut avis au roi afin de lui montrer fon zele pour fuprà p. la faine doctrine, & en même tems pour en-489.1. 15. gager ce prince à continuer de la favorifer dans fes bons deffeins. François I. reçût leur avis avec beaucoup de joïe, & s'étant tranfporté quelque tems après au château de faint Germain, il fit venir le curé pour lui parler lui-même. Landry déconcerté par cet ordre, & craignant beaucoup pour fa perfonne, ne put tenir contre la prefence du roi, & parut repentant de fon obftination. François I. content de ses réponses le renvoïa à Paris, & le vingt-neuvième d'Avril on le conduifit dans l'église cathedrale où il retracta tout ce qu'il avoit enfeigné de contraire à la doctrine de l'églife catholique. On fit faire la même retractation à un docteur LXXIX. en theologie de la maifon de Navarre nomLe docteur mé Claude d'Efpenfe qui étoit de Châlons fur fe retracte d'Efpenfe Marne. Il avoit été recteur de l'université avant auffi. que de prendre le bonnet. Le cardinal de Lor- Sleidan. ib. raine qui avoit connu fon merite, le fit venir in collect. D'Argentré dans fa maison, & fe fervit de lui dans les judic. to. 1. affaires ecclefiaftiques dont il étoit chargé, in append. Cette place n'empêcha pas d'Espense de travail. col. 1.p.13. ler à la vigne du Seigneur par les prédications, qui lui attirerent quelques fâcheufes affaires; car aïant prêché un peu trop librement dans l'églife de faint Merry, ou Mederic pendant le carême de cette année 1543. quelques-unes Tome XXVIII.

S

des

des propofitions qu'il avoit avancées furent déAN.1543. ferées à la faculté de theologie; & d'Efpenfe fuivant le confeil de cette même faculté, fit un difcours dans la même églife le dimanche vingt-uniéme de Juin, dans lequel il adoucit. ou retracta quelques-unes de fes propofitions. La faculté vouloit proceder contre lui, entendre les témoins, & avoit déja nommé pour cet effet feize commiffaires; mais par le confeil & fur les inftances du penitencier de l'église de Paris nommé Mafurier, qui promit de voir d'Efpenfe & de l'engager à faire fa retractation fans bruit & fans éclat, la faculté y confentit & la retractation fe fit en la maniere qu'on a rapportée.

tions de

ibid.to.2.p.

LXXX. Le dix-huitiéme de Janvier la même facul Les inftitu- té renouvella fes cenfures contre les principaCalvin brû-les erreurs des Lutheriens. Le quatorziéme de lées par ar- Février fuivant, par fon conseil & à la requête rêt du par-de l'inquifiteur, le parlement rendit un arrêt lement. qui condamnoit au feu un grand nombre de D'Argentre livres heretiques, entre lefquels étoit principa133. lement l'ouvrage de l'institution chrétienne de Calvin, comme contenant une damnable, per. nicieuse & heretique doctrine, faisant défense à tous libraires & imprimeurs d'imprimer, faire imprimer, ou expofer en vente de femblables livres, & à toutes perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles fuffent d'en avoir ou garder en leur poffeffion, fur peine d'être punis comme heretiques. Les autres livres joints aux inftitutions de Calvin étoient, les geftes du roi, les épigrammes de Dolet, Caton, Crifpian l'exhortation à la lecture de la fainte écriture, la fontaine de vie, les cinquante deux dimanches compofez par le Fevre d'Etaples, les heures de la compagnie des penitens, le chevalier chrétien, la maniere de fe confeffer d'Erasme,

le

le fommaire de l'ancien & du nouveau teftament imprimé par ledit Dolet en François, les œuvres de Melanchton, une bible de Geneve. On trouve encore une lifte de foixante-trois ouvra

que

ges differens la faculté examina depuis la fête de Noël, jufqu'au fecond jour de Mars, & parmi lesquels on voit les trente premiers pfeaumes de David mis en vers François par Clement Marot, & les autres, avec beaucoup d'ouvrages d'Oecolampade, quelques-uns de Melanchton, de Bucer, de Brentius, de Calvin, de Luther & d'autres; & à la fin l'on y trouve condamné l'éloge de la folie par Erasme. Enfin on peut joindre à toutes ces cenfures celle qu'elle fit des notes de Pelican fur les commentaires de Cefar. Le vingt-fixiéme de Septembre la faculté affemblée chez les religieux Mathu rins entendit le rapport qu'on lui fit de quelques propofitions heretiques, erronées & Icandaleufes, d'autres qui ébranloient la foi Catholique, avancées par frere Jean Bernardi de l'ordre des hermites de faint Augustin, dans fes fermons & dans fes entretiens, & après une mûre deliberation, elle ajourna ledit religieux à comparoître devant elle, le lundi fuivant premier d'Octobre à huit heures du matin, pour être interrogé par quelques do&eurs nommez à ce fujet & répondre aux propofitions qui avoient été déferées, ce qui fut executé.

AN.1543

LXXX.

de Ramus

D'Argentré

Le vingtiéme d'Octobre on prefenta à la Ouvrages faculté deux ouvrages de Ramus ou la Ramée cenfurez philofophe, qui vivoit alors & qui fit de fi par la fagrands progrès dans cette étude, que lorsqu'on culté. le reçût maître ès-arts, il s'engagea de foute- coll. jud. to. nir l'opposé d'Ariftote fur tout ce qu'on lui.in append. propoferoit. Il s'en tira avec affez de fuccès: pag. 13.col. ce qui lui infpira l'envie d'examiner plus à 2. tom. 2. fonds 136.

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fonds la doctrine de ce prince des philofophes. AN,1543 Les deux premiers livres qu'il compofa à cetBexe ep. 34. te occafion furent les inftitutions dialectiques, 36. Hifi.niverf. Inftitutiones dialectica, & rémarques fur AriftoParif.t.6.p.te, Ariftotelica animadverfiones, qui exciterent 387.

LXXXI.

Charles V.p.

230,

de grands troubles. Pierre Danés profeffeur de langue Grecque puis évêque de Lavaur, fut commis par le roi François I. avec Jean de Salagnac docteur en theologie, Jean Quentin docteur en droit & quelques autres fçavans, pour examiner les fentimens & la conduite de Ramus, dont Antoine de Govea Portugais l'un des plus grands philofophes de fon tems s'étoit declaré la partie adverse. Par le jugement que la faculté rendit dans cette année 1543. Ramus fut interdit de fa profeffion, & fes livres défendus. Les commiffaires faifant leur rapport au roi, declarerent à ce prince qu'on trouvoit dans ces livres beaucoup d'impudence, & une profonde ignorance, & que l'auteur devoit être évité dans le roïaume comme une peste trèsdangereufe, mais il fut maintenu.

Si ces cenfures réfterées faifoient voir le zeEntrevue le de la France pour la faine doctrine, Paul du pape & III. affectoit auffi de montrer fon impatience de l'empereur. pour la tenue du concile. Voulant en conferer Anton. de avec Charles V. qui venoit en Italie, il lui enVera hift. de voïa plufieurs perfonnes pour l'engager à avoir avec lui une entrevûë fur ce fujet, & ce prince Pallav. hift. l'aïant promife, Paul III. refolut de fe rendre Conc. Trid. à Buffeto petite ville fur la riviere d'Ongina à lib. 5. c. 2. une lieuë du Pô entre Cremone & Parme, par où l'empereur devoit neceffairement paffer. Ce voïage du pape aïant été propofé dans un confiftoire, plufieurs cardinaux opinerent qu'il ne lui convenoit pas d'aller trouver l'empereur, eu égard à fa dignité, à fes infirmitez & à son grand âge, dans une conjoncture où il ne pa

roiffoit

roiffoit aucune efperance d'heureux fuccès; qu'il convenoit mieux d'envoïer des nonces pour traiter avec ce prince; mais comme il pa foifloit que Paul III. defiroit fort de faire ce voïage, l'opinion pour l'affirmative l'emporta le pape fans confiderer ni fa vieilleffe, ni la longueur du chemin, ni les grandes chaleurs qui regnoient alors, laiffa le foin du gouver nement de Rome entre les mains du cardinal Carpi & s'en alla à Buffeto. Il envoïa au-devant de lui deux legats, Parifio qu'il avoit rappellé de Trente & Cervin, pour aller recevoir l'empereur, & il y arriva lui-même le vingttroifiéme de Juin le même jour que l'empereur, qui étoit accompagné du cardinal Farnefe.

AN.1543

leurs con

n. 5.

Belcar.in

comm. lib.

Ils logerent tous deux dans le même palais, LXXXIL & le lendemain jour de faint Jean-Baptifte le Sujet de pape celebra la meffe, après laquelle il se ren-ferences à dit dans fon appartement avec l'empereur. Buffeto. Charles V. reconnut dès cette premiere confe- Pallav. ut rence qu'il avoit penfé jufte en croïant que lefuprà cap. a. pape n'avoit d'autre deffein que de le porter Anton.de à faire fa paix avec François I. puifque ce fut Vera ut fula premiere chofe qu'il propofa. Le cardinal prd p. 231. Grimani que le pape avoit mené avec lui comme un homme très-habile dans les negocia-23.7. 31. tions, fit un long difcours à l'empereur, pour Pexhorter à cette paix; mais ce fut inutilement, ce prince declara toûjours qu'il n'y avoit point de confideration qui pût l'obliger de pardonner à un homme qui n'avoit cherché qu'à le furprendre en tant d'occafions, & que quand le roi de France lui-même demanderoit la paix, il ne la lui accorderoit pas il s'expliquoit avec une certaine aigreur qui faifoit affez voir combien il étoit éloigné de tout accommode. ment; il fe plaignoit particulierement de ce que le roi de France avoit fait tous fes efforts

S 3

par

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