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par rufes, cabales & argent, pour corrompre AN.1543. les princes d'Allemagne même ceux qui lui étoient les plus affectionnez, pour les obliger à quitter fon part & à prendre les armes contre lui, en leur propofant des traitez fort avantageux, comme il y avoit réüffi à l'égard du duc de Cleves. Il ajoûta que pour montrer le caractere de ce prince, il fuffifoit de confiderer l'alliance qu'il avoit faite avec les Turcs, dont les infidéles mêmes avoient été fcandalifez, & dit encore beaucoup d'autres choses. LXXXIV. Le pape ne parut pas perfuadé des raisons Le pape ex- de l'empereur. Il le pria même avec beaucoup horte l'em- de douceur de vouloir confiderer qu'il ne poupereur à faire fa voit jamais faire d'action plus glorieuse ni plus paix avec le utile à la religion, que de pardonner à un enroi deFran- nemi qu'il avoit vaincu & par les armes & par fa magnanimité. Quelles benedictions, lui dit-. act.confift. 'il, la Chrétienté ne vous donnera-t-elle pas, fcriptis ab fi elle voit que vous lui donniez la paix? Alexand. Quelle gloire ne vous acquererez vous pas dans Farnefie toute la terre, fi au lieu de porter les armes M. S. card, contre les Chrétiens, vous les tournez contre Spada fign. les Turcs? Quel triomphe n'en feront pas les 33.P.410. Anges mêmes dans le ciel, fi par vôtre moïen

ce.

Extat, in

Vicecancell.

ils entendent chanter parmi les hommes ce même cantique qu'ils chanterent autrefois à la naiffance de celui qui eft appellé dans l'écriture le roi pacifique. Un difcours fi patetique n'ébranla point l'empereur, il étoit trop irrité pour écouter de femblables propofitions, ainfi les conferences après avoir durées trois jours se rompirent, fans avoir rien conclu fur ce qui re gardoit la France. Charles V. après avoir pris congé du pape, partit pour l'Allemagne par le chemin le plus court, qui eft celui de Trente, fans s'arrêter en aucun lieu & le pape s'en retourna à Rome, fans autre fruit que d'avoir

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impofé filence aux médisans, qui lui auroient reproché de s'être un peu trop menagé, s'il n'avoit pas entrepris ce voïage.

AN.1543.

LXXXV.

reur.

L'empereur étoit encore en Italie, lorfque le Ambaffaduc de Brunswick vint le trouver à Cremone, deurs des pour lui porter fes plaintes contre les princes princes Proteftans qui l'avoient dépouillé de fes états. Proteftans à l'empeCeux-ci aïant reçû les lettres de l'empereur écrites de Genes, & apprenant qu'il s'appro- Sleidan. we choit avec les troupes, s'affemblerent à Smal-fuprà l. 15. kalde le vingt-quatriéme de Juin, pour lui en-Pag. 494. voïer leurs députez, & pourvoir à la défense des états de Brunswick; cette affemblée finit le vingt-uniéme de Juillet, & fur la fin du même mois les ambassadeurs des Protestans, François Burcart, George Bemelberg, Chriftophle Veninger, & Jacques Sturmius arriverent à Spire, où l'empereur étoit depuis quelques jours; ils eurent audience le deuxième du mois d'Août & dirent à peu-près les mêmes chofes qu'ils avoient déja dites au roi des Romains. Ils conclurent que fi on leur affuroit la paix, qu'on reformât la chambre imperiale, comme il avoit été arrêté à Ratisbonne & qu'on rendît les contributions égales, ils ne manqueroient pas de fournir aux befoins de l'empire,

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aux ambaf

Deux jours après ils reçurent la réponse de LXXXVI. l'empereur qui leur fut communiquée par Na- Réponse de vec en prefence de Granvelle. Elle contenoit l'empereur qu'à l'égard de la paix on y avoit fi bien pour- fadeurs vû dans les diétes precedentes, qu'ils avoient Proteftans. fujet d'être contens: que quant aux juges de Sleidan. ut la chambre imperiale ils ne pouvoient être dé-fuprà p. pofez fans être auparavant entendus; qu'au refte on feroit là-deflus les informations dans le mois d'Octobre, & qu'ils feroient punis s'ils fe trouvoient coupables: que pour l'égalité & la moderation des contributions, elle ne peut

495.

AN.1543.

dans fes

états.

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fe faire que du confentement de tous les états; qu'il les prie de confiderer la fituation de l'empire qui eft telle, qu'il y a beaucoup à crain dre s'ils n'accordent un prompt fecours à l'exemple des autres états : que pour le prefent il eft obligé d'emploïer toutes les forces contre le roi de France & le duc de Cleves, pour empêcher qu'on ne fafle tort à ses sujets : qu'à l'égard du duc de Brunswick, comme il preffe fort pour être rétabli dans fes états, c'est à eux à voir là-dessus le parti qu'ils veulent prendre. Les Proteftans aïant entendu cette réponse pricrent qu'on la leur donnât par écrit, ce que l'empereur leur accorda volontiers. Ils y firent leurs reflexions & reprefenterent à Granvelle, & à Naves que n'étant pas affurez qu'on les laiflât jouir de la paix, ils demandoient qu'on executât l'édit de Ratisbonne, & qu'on les entendît fur l'affaire du duc de Brunswick, Granvelle leur dit qu'il n'avoit point d'ordre là-desfus que l'empereur ne pouvoit faire autre chofe, & que fi le duc de Brunswick n'étoit rétabli amiablement, il prendroit d'autres voïes pour recouvrer fon païs: & les ambassadeurs n'en pouvant obtenir davantage, prirent congé & s'en retournerent faire rapport aux prinees de ce qui s'étoit paffé.

LXXXVII. Dans le même tems le duc de Saxe MauLoix établies rice fit quelques loix pour être obfervées dans par le duc de Saxe fes états. En premier lieu il avertit les miniftres Maurice de l'églife, de faire exactement leur devoir, d'enfeigner la doctrine de l'évangile dans touSleidan. ut te la pureté, de donner bon exemple par leur fuprà liv. conduite, d'exhorter le peuple à la priere & à 15. p. 492. une charité reciproque, de reprendre les vices avec fermeté & de feparer de la communion les opiniâtres, avec le confentement du magiftrat jufqu'à ce qu'ils fe corrigent; de déferer

493.

aux magistrats, ceux qui fe livrent au liberti nage, & qui ne veulent pas s'en retirer. Et AN.1543. parce que la jeuneffe eft comme une pepiniere de fujets pour le fervice de l'église & de l'état, le duc fonda trois colleges ou academies, l'un à Meiffen, l'autre à Mersbourg & le troifiéme à Torgaw, & mit dans chacun un certain nombre de jeunes gens, aufquels il fournifloit de quoi les nourrir, & les entretenir en affi gnant des revenus honnêtes aux maîtres; le terme de leur demeure dans ces colleges étoit de fix ans. De plus, des biens des monafteres & des chapitres il augmenta de deux mille écus les revenus de l'univerfité de Leipfick avec quelques muids de bled qu'il lui fournit. Il interdit la quête & la mendicité dans fes états, & il affigna des rentes pour fournir à l'entretien des pauvres familles. Il ordonna des peines à ceux qui féduifoient les filles & ne vouloient pas les époufer. Il fit punir de mort les adulteres, & quant aux nobles qui se marioient avec celles dont ils avoient abufé; il priva les enfans nez avant le mariage de leur part en la fucceffion du pere.

Accufation

heim.

Vers le même tems ceux d'Hildesheim, ville LXXXVIII. de la basse Saxe, furent accufez devant le roi devant des Romains & la chambre imperiale, par Va- l'empereur lentin évêque de leur ville, d'avoir changé la contre ceux religion, d'avoir reçû des miniftres Lutheriens d'Hildespour prêcher au peuple, d'avoir aboli la meffe "Sleidan. ut & de perfecuter ceux qui fuivoient l'ancienne fup.. 15.p. doctrine; que non contens d'abattre les autels 495. &. & les fonts baptifmaux, ils ruinoient les égli-496. fes de fond en comble; qu'ils avoient enlevez les omnemens des églifes, & depuis peu qu'ils avoient reprefenté des jeux dans lefquels ils tournoient en rifée la fainte Vierge & les Saints ;, qu'ils vouloient fe fouftraire de fa jurifdiction; qu'ils

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qu'ils étoient entrez dans la ligue des ProteAN.1543 ftans, & forçoient les religieux & autres, à pratiquer leur nouvelle religion, bannissant ceux qui le refufoient. Cette accufation ouïe, Pempereur écrivit de Wormes, le fixiéme d'Août aux magiftrats d'Hildesheim, & leur commanda avec de fortes menaces de rétablir l'ancienne religion, avec défenses de rien innover jusqu'à ce qu'il en fut ordonné.

pape & de

496.

LXXXIX. Trois jours après l'empereur écrivit au conLettres du feil de Cologne qu'il avoit appris que certains l'empereur prédicateurs faifoient tous leurs efforts pour à ceux de leur faire quitter l'ancienne religion, en faveur Cologne. de laquelle ils paroiffoient avoir beaucoup de Sleidan. ut fermeté, qu'il s'en réjoüissoit & qu'il les exhorSup.. 15.P. toit à perfeverer & à entretenir les citoïens Paul.III.1. dans leur devoir. Le pape avoit auffi écrit au Brev. an. 9. même confeil, & le premier de Juin il avoit P. 39. mandé au chapitre de l'églife cathedrale que Rayna'd.hoc ann.n. 22. parmi les inquiétudes & les chagrins que lui caufoit la conduite infenfée de leur archevêque, il étoit fort confolé de leur conftance & de leur pieté, qui n'étoit pas feulement falutaire à leur ville, mais encore à tous leurs voifins, puifqu'après Dieu on pouvoit dire que s'étoit à eux à qui la province étoit redevable de fon falut. C'eft pourquoi il les congratule de ce qu'ils fe font fi fagement comportez, & leur promet d'en conferver un éternel fouvenir. Mais il ajoûte qu'ils doivent con tinuer, de peur que s'ils fe relâchoient l'archevêque ne prît le deffus & ne fe vengeât. Ne ceffez donc point, ajoûte-t-il, de défendre le nom de Dieu & la religion Catholique, d'où dépend vôtre falut & vôtre liberté. Je fçai bien que vous n'avez pas befoin d'avis là-deffus, mais je croi qu'il eft de mon devoir de vous exhorter à empêcher que celui qui porte d'une maniere fi

fcan

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