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AN.JS 44.

pape àl'em

comm.1.16.

rurent appaifer un peu les Catholiques qui confentirent au decret, quoiqu'ils le cruffent fort préjudiciable, parce qu'ils ne vouloient point s'opposer au pouvoir de l'empereur. Mais le pape en fut très-mécontent, & ne put s'empê cher de s'en plaindre avec amertume. Ce n'étoit pas la feule chofe qui lui avoit fait de la pei ne dans cette diete. Il étoit encore chagrin de ce que Charles V. s'étoit ligué avec le roi d'Angleterre ennemi declaré de l'église, & de ce qu'il n'avoit accepté aucun des partis avantageux que le cardinal Farnefe fon legat lui avoit propofez, pour l'inveftiture du duché de Milan en faveur de fon petit fils, comme auffi de ce que pour complaire aux Proteftans, il n'avoit pas voulu permettre au legat d'affifter à la diete. De plus confiderant que le decret de cette affemblée portoit un grand préjudice à fon autorité & à la dignité du faint fiege. Il

crut devoir pour fa reputation, faire connoîXXXII. tre à l'empereur fon mécontentement. Il lui în Lettre du écrivit une longue lettre dattée du vingt-qua pereur fur triéme d'Août 1544. dans laquelle il fe plaint le décret de entr'autres chofes de ce qu'on y avoit refolu Spire. fans le confulter, de tenir un concile general Sleidan, in ou national, ou une affemblée imperiale pour $. 520. traiter des affaires de l'églife. En fecond lieu Pallavic. que les laïques & même des heretiques avoient hift. conc. entrepris de porter leur jugement fur cette Trid. 1.5. matiere, & faire des reglemens fur les biens de l'églife. Enfin de ce qu'on y avoit accordé aux Proteftans des conditions favorables au préju dice des édits faits auparavant contr'eux.

I, Reg. 6.4.

Il ajoûte qu'il devoit comme un bon lui pere découvrir les fentimens, pour ne pas tomber dans la faute du grand prêtre Heli, que Dieu punit fi rigoureufement, à caufe de la trop grande indulgence qu'il exerçoit envers fes en

fans.

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fans. Que le decret de Spire alloit à la perte
de fon ame & au trouble de l'églife; qu'il ANJ$44.
fçavoit très-bien qu'il n'appartenoit qu'à l'égli-
fe Romaine de porter un jugement fur les ma
tieres de foi; & que néanmoins fans faire at
tention que le pape eft feul en droit par les
loix divines & humaines de convoquer les con-
ciles, & d'ordonner des chofes de la religion
il avoit eu la pensée d'en tenir un, avoit pro-
mis à des heretiques & à des ignorans de ju-
ger ce qui concerne la foi, s'étoit mêlé de
faire des ordonnances fur les biens ecclefiafti-
ques, & avoit rétabli dans les honneurs & di-
gnitez des rebelles à l'églife, condamnez aupa
ravant par les propres édits. Qu'il vouloit croi
re que tout cela ne venoit point de fon propre
mouvement, mais des confeils pernicieux de
quelques ennemis de l'églife Romaine, pour
lefquels il trouvoit d'autant plus mauvais qu'il
eut une fi grande déference, que l'écriture étoit
remplie d'exemples de la colere de Dieu con-
tre les ufurpatcurs des droits du fouverain prê
tre, qu'un Ozée, un Dathan, un Abiron,
un Coré, un roi Ozias & tant d'autres en 4.Reg.s.17.
étoient de bons témoins. Que de dire, com- 2. Paralip.
me on fait, que ces decrets font feulement c. 26.
provifionnels & en attendant le concile, c'est
une défaite qui n'eft pas recevable, parce
qu'une chofe de foi-même bonne & fainte,
devient mauvaise & impie à l'égard de celui
qui n'a aucun droit de la faire,

Num.c.16.

Le pape entre enfuite dans un détail d'exemples tirez des princes & des laïques que Dieu a feverement punis pour avoir ufurpé les droits de l'églife, & manqué de refpect au faint fiege, au lieu qu'il a toûjours comblé de fes faveurs & de fes dons les princes affectionnez à l'églife de Rome, & qui lui ont été fidéles;

té.

૯.

AN.1544.

témoins Conftantin le grand, Theodofe, Charlemagne, au lieu que ceux qui fe font declarez les ennemis, qui ont manqué de respect à fon égard, & qui ont ufurpez fes droits, ont tous fini malheureufement, comme un Anaftafe le premier empereur de ce nom qu'on trouva mort d'un coup de foudre, un Maurice à qui Phocas fit couper la tête, un Conftantin II. qui après avoir pillé Rome fut tué dans le bain par fes officiers, un Philippe, un Leon & quelques autres; le pape cite encore P'exemple d'Henri IV. qui fut dépouillé de l'empire par Henri fon fils, & qui mourut miferablement à Liege, de Frederic II. qui fut étranglé dans fon lit par Manfrede fon fils naturel. Il eft vrai, dit le pape, que les rebelles à l'églife n'ont pas toûjours été punis dans cette vie, qu'on les a vû quelquefois au contraire comblez de biens, mais Dieu n'agit ainfi que pour empêcher de croire qu'il n'y a point de jugemens de Dieu dans l'autre vie, fi tous les méchans étoient châtiez dans celle-ci. Aucun peché ne demeurera impuni, & la plus grande marque de la colere de Dieu eft, quand ceux qui pechent, croient pouvoir le faire impunément. La punition divine, continuë-t-il, n'est pas feulement tombée fur les princes, mais encore fur des nations entieres, fur les Juifs pour avoir crucifié JESUS-CHRIST, & fur les Grecs pour avoir méprifé fon vicaire en ter re. Ce qui doit donner à l'empereur d'autant plus de crainte, qu'il tire fon origine d'empereurs qui avoient reçû plus d'honneur de l'égli fe Romaine, qu'ils ne lui en avoient fair.

Enfin le faint pere dit qu'il loue la paffion que Charles V. avoit pour la reformation de Féglife, mais qu'il doit laiffer ce foin à ceux que Dieu en a chargez. Que ce prince peut

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AN.1544

fecourir la religion, mais non pas s'en declarer le maître ni le chef; qu'il ne defiroit pas moins que lui cette reformation qu'on demande, & qu'il l'avoit fait affez voir en convoquant le concile toutes les fois qu'il avoit entrevû quelque raïon d'efperance pour le pouvoir aflembler; que fi le fuccès n'avoit pas encore répondu à l'attente publique, il ne falloit pas s'en prendre à fa fainteté, qui avoit toûjours regardé cette convocation comme l'unique remede aux maux de la Chrétienté, & particulierement de l'Allemagne qui en avoit le plus de befoin. Que la guerre étant la caufe de la fufpenfion du concile, c'étoit à l'empereur procurer fa celebration, foit par une bonne paix, ou par une tréve durant la tenue. Enfin il l'exhorte de fuivre les avis paternels, d'empêcher à l'avenir qu'on ne traite dans les dietes imperiales de ce qui regarde l'églife & la religion, de renvoïer la connoiffance de ces affaires & de ce qui concerne les biens ecclefiaftiques au tribunal de l'églife, de revoquer ce qu'il avoit accordé à ceux qui étoient re- Pallavicm. belles au faint fiege faute de quoi il fera "pra p 452.& feq. forcé, pour ne point manquer à fon devoir, Sleidan. ut d'ufer de feverité envers lui, quelque éloigne-fup. p. 5240 ment qu'il ait pour la rigueur.

:

Ce bref fur porté à l'empereur par David XXXIII. Oedatius de Breffe camerier du pape, qui fut Réponfe de l'empechargé de la réponse en Espagnol, dans laquelle reur au paPempereur dit, qu'il avoit pefé les raifons im- pe. portantes contenues dans le bref, & confideré Pallav. hift. en même-tems les dangers aufquels il expofoit conc. Trid. fa dignité & fa réputation, en agiffant aurre-45.6.7. ment; qu'il feroit dans un autre tems plus favorable une réponse plus ample, & que pour le prefent il fe contenteroit de reprefenter à fa fainteté, qu'il n'avoit jamais donné occafion

aux

aux maux qui defolent la republique ChrétienAN.I 544 ne; qu'au contraire il avoit emploïé tous fes foins pour y remedier autant que le devoir & la dignité d'empereur l'exigeoient, & que la religion d'un prince Catholique fembloit le demander. Que fi chacun dans fon état & dans fa condition cut fait la même chofe, & s'y fut livré autant que lui, on ne verroit pas aujourd'hui la religion expofée à tant de mal heurs; qu'ainfi les reproches du pape devoient retomber fur ceux qui les meritoient, & que la pureté de fes intentions & de fes fentimens mettoit fa conduite à couvert de ces reproches & de toute calomnie.

XXXIV.

Lutheriens

Lutheri hoc

Les Proteftans ne parlerent pas avec la même Ecrit des moderation. Les Lutheriens chargerent le pape contre le d'injures & d'invectives, les uns en latin, & lcs bref du pa- autres en Allemand. Luther même compofa pe. un fort long traité en Allemand contre ce bref, Cochl. in Il fit encore un autre ouvrage en la même lanact. fritt. gue divifé en quatre parties, dont la premiere an. p. 308. traitoit des principaux articles de foi contre le Spond. hoc pape. La feconde contenoit fa confeffion. La An. R.8. troifiéme à quelles marques on pouvoit diftinguer la veritable églife de la fauffe, & la quatriéme traitoit des trois fymboles de foi. XXXV. Ces ouvrages ne furent pas fans replique de Ouvrage la part de Cochlée, qui fit beaucoup d'écrits de Cochlée dans cette année tant contre les Lutheriens Lutheriens que contre les Zuingliens. Il parle lui-même & les Zuin-dans fon traité des actes de Luther, d'une figliens. xiéme Philippique contre Melanchton & Bucer Cochl. ibid. fur le jugement de Cologne, d'une défense des at fupra p. ceremonies de l'églife contre les trois livres d'Ambroise Morban de Breslau, d'un traité des nouvelles verfions de l'ancien & du nouveau teftament, d'un autre où il donne quatre moïens de s'accorder touchant la confeffion d'Ausbourg.

contre les

309.

Ces

ச.

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