Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

AN544

comm.lib.

re du Breuil miniftre facramentaire, après avoir prêché pendant quelques années à Strasbourg Sleidan. in vinc trouver à Tournay en Flandres la fin de Les avantures & de fa vie. Ses erreurs aïant 15. p. 527. excité contre lui le zele des magiftrats, on fit Surius in fermer les portes de la ville de peur qu'il n'é-mm. ·Spond, hac chappât mais fes amis voulant le fauver lean.n. 18 firent defcendre pendant la nuit avec une cor de par la muraille le deuxième de Novembre: il étoit déja à terre, lorfqu'un de fes amis qui. étoit encore fur le mur, s'étant baiflé pour lui dire adieu, en fit tomber une groffe pierre qui caffa la cuiffe de du Breuil; les cris qu'il fit étant parvenus aux oreilles de ceux qui le cherchoient furent caufe qu'on l'arrêta, & qu'on le conduifit en prifon. Le fenat de Strafbourg aïant appris fa détention s'emploïa beaucoup pour obtenir la grace, auffi-bien que les ambaffadeurs des Proteftans qui étoient alors à Wormes; mais toutes ces follicitations vinrent trop tard, il fut brûlé vif à petit feu le dix-neuviéme de Février fans vouloir retracter Les erreurs qu'il foutint jufqu'au dernier foupir.

LXI.

Merindol

& de Ca

L'execution fut beaucoup plus fanglante à CommenMerindol & Cabrieres, deux bourgs qui fer-cement de voient de retraite à quelques reftes de Vau-l'affaire de dois, fur les frontieres du comté Venaiffin. en Provence. Les habitans avoient toûjours confer-brieres. vé les erreurs dans lesquelles leurs ancêtres Sleidan. in étoient nez, & cultivant les montagnes de Pro-comm.lib 16. vence par un travail prodigieux, ils avoient pag. 534.6 nt fey., rendu ce pais affez fertil & propre à nourrir du De Thoms betail. Quand la reformation parut, & qu'ils hift liv. 6. eurent appris ce qui se paffoit en Allemagne fous Henri ils reprirent courage, ils fe reconnurent freres, 1550. de ceux qu'on appelloit Proteftans, & firent videford venir de leurs docteurs pour les inftruire. Celiv. 138. n. qui fit qu'ils fe multiplierent beaucoup, & qu'ils85. &86.

[ocr errors]

AN15440

firent une profeffion ouverte de l'herefie qu'ils tenoient de leurs peres, entretenant une grande correfpondance avec les Lutheriens d'Allemagne, qui leur envoïoient de tems en tems de leurs miniftres pour les animer davantage, & pour y prêcher publiquement la nouvelle doctrine, Le parlement de Provence voulant arrêter les defordres, & craignant quelque prochain fou levement de la part de ces heretiques, leur fit donner un ajournement perfonnel, à la requête du procureur general. Barthelemi Chas fanée grand jurifconfulte étoit alors premier prefident; & les accufez aïant refufé de com paroître après trois citations, parce que leurs amis leur avoient confeillé de ne le pas faire, s'ils ne vouloient être brûlez vifs, ils furent condamnez par contumace le dix-huitième de Novembre 1540. & l'on prononça contre eux ce terrible & fanglant arrêt, par lequel tous bitans de les habitans de Merindol étoient condamnezáu ces deux feu, leurs maifons, leurs bois, leurs retraites à bourgs. De Tross. être rasées & brûlées, leurs biens & leurs personnes hift. ut fuprà confifquez au roi, les arbres de leurs jardins, de leurs vergers & des forêts voifines déracinez. L'on donna la charge de faire executer cet arrêt aux juges ordinaires d'Aix, de Tour ves, de faint Maximin & d'Apt. Les uns you loient qu'on en fufpendît l'exécution, les au tres au contraire la follicitoient fortement ; entr'autres les archevêques d'Arles & d'Aix, qui promettoient de fournir en partie aux frais de la guerre.

LXIL

Arrêt con

tre les ha

[ocr errors]

LXIII.

l'execution

Pendant ces conteftations de part & d'autre, Onfufpend Paffaire fut differée fur les remontrances d'un de cet ar- gentilhomme d'Arles nommé d'Allens, qui fe rêt. fervit d'une hiftoire affez plaifante arrivée à Sleidan. ut Chaffanée à Autun, lorfque n'étant encore qu'a Sopra Bo yocat, il s'étoit chargé d'une cause contre les

5340

habitans

[ocr errors]

de France

habitans du territoire, qui fe plaignoient que les rats mangeoient tous leurs bleds, & qu'il prit AN-1545la défense de ces rats; cela fut cause que l'on Duplex hift. differa l'execution de l'arrêt, & que les trou-vie de Frang. pes affez nombreuses qui étoient déja assem-1. hot an. blées, furent renvoïées jufqu'à ce que l'on fût De Thou ut informé de la volonté du roi. On prétend que Supra. cette fufpenfion arriva auffi en partie fur les remontrances de Guillaume du Bellay seigneur de Langey, qui pour lors étoit lieutenant de roi en Piemont, qui jugea l'arrêt trop fevere, & qui crut qu'on devoit fe contenter de quelques foumiffions que firent les habitans de Merindol; d'autant plus, dit-il, qu'aïant reçû ordre de fa majefté de s'informer particulierement de cette affaire, & de mander à la cour la verité, il avoit trouvé après une perquifition exacte, que ceux qu'on nommoit Vaudois dans ces montagnes, étoient des gens qui depuis trois cens ans avoient pris des terres en friche, à la charge d'en païer la rente à leurs maîtres, & que par un travail affidu ils les avoient rendues fertiles & propres au pâturage & au grain. Qu'ils étoient gens de beaucoup de fa tigues & de peu de dépenfe; qu'ils païoient exactement la taille au roi, & les droits à leurs feigneurs; qu'à la verité on les voïoit rarement à Péglife; qu'y étant ils ne fe mettoient point à genoux devant les images, qu'ils ne faifoient point dire de meffes ni pour eux ni pour les morts, qu'ils ne faifoient point le figne de la croix, qu'ils ne prenoient point d'eau benite, qu'ils n'ôtoient point le chapeau devant les croix, que leurs céremonies étoient differentes des nôtres; que leurs prieres publiques fe faifoient en langue vulgaire; qu'enfin ils ne reconnoiffoient ni le pape ni les évêques, & avoient feulement quelques-uns d'entr'eux qui Tome XXVIII. X leur

leur fervoient de miniftres & de pasteurs dans AN.1545 les exercices de leur religion.

Vaudois à

LXIV. Ce rapport aïant été fait au roi, il envoïa Le roi par- au parlement d'Aix une déclaration dattée du donne aux dix-huitiéme Février 1541. par laquelle il parcondition donnoit à ces Vaudois, pourvû que dans trois qu'ils abju- mois ils abjuraffent leurs erreurs. Et afin qu'on reront leurs pût plus facilement connoître ceux qui souhai Maimbourg toient de jouir de cette grace, il ordonna au hift. du Cal-parlement de faire venir à Aix des députez de vinifmeto.1.ces endroits pour faire abjuration au nom des Liv. 2.p.123 autres ; & en cas que quelques-uns ne voulus

erreurs.

124.

fent pas obéir, il commanda qu'ils fuffent pu-
nis felon les ordonnances, & que tous les of
ficiers & gens de guerre prêtaflent main-forte
à la cour pour l'execution de fes arrêts. Cette
déclaration étoit du huitiéme Février, & fut
verifiée en parlement. François Chaï, & Guil
laume Armand députez de Merindol vinrent à
Aix & prefenterent requête au parlement, pour
fupplier que leur caufe fût revûë, & qu'on fit
une aflemblée de theologiens pour conferer fur
les points de leur doctrine, n'étant pas rai-
fonnable qu'ils s'avoüassent heretiques s'ils n'é-
toient convaincus, ni qu'ils fuffent condamnez
fans être ouïs. Le premier prefident Chaffanée
qui avoit beaucoup réflechi fur les bons avis
de fon ami d'Allens, prit les députez à part en
presence des gens du roi, les exhorta à recon-
noître leur erreur, & à ne point contraindre
leurs juges par une trop grande opiniâtreté,
à les traiter plus rigoureufement qu'ils ne de
firoient. Mais voïant qu'ils perfiftoient à vou
loir qu'on leur fit connoître en quoi ils étoient
dans l'erreur, il obtint enfin d'eux qu'ils en-
voïeroient les articles de leur doctrine au par-
lement qui les feroit tenir au roi.

Les habitans de Cabrieres bourg du comtat

Ve

[merged small][ocr errors]

LXV. Ceux de

Venaiffin fe volant déja attaquez par les trou-
pes du vice-legat d'Avignon, & craignant d'é- AN.15 45.
prouver le même fort que
les autres, mirent
auffi par écrit leur profeffion de foi affez fem- Cabrieres
blable àcelle des Lutheriens; & en envoïerent une envoïent
copie au roi qui la fit examiner. Ils en envoïerent au roi leur
profeffion
une autre copie à Jacques Sadolet, qui étoit de foi.

alors évêque de Carpentras & cardinal, & qui
fuivant fon naturel plein de douceur & de bon-
té, reçut très-bien ceux qui la lui porterent,
& leur dit, que toutes les chofes qu'on pu-
blioit d'eux n'avoient été inventées que pour les
rendre odieux, qu'il n'en avoit rien crû ; mais
qu'ils devoient penfer à reformer leur doctrine qui
n'étoit pas celle de l'églife, que dans les endroits
où ils parloient du pape & des évêques, il y
avoit trop d'aigreur & d'animofité, qu'il falloit
fe foumettre, & parler d'un ftile plus mode-
ré. Qu'au refte il conferveroit toûjours pour
eux beaucoup d'affection, & que ce ne fe.
roit jamais par fon avis qu'on les opprime-
roit. Qu'il iroit bien-tôt dans fa maifon de
Cabrieres, où il s'informeroit plus particulie-
rement de toute l'affaire, & qu'il empêcheroit
les troupes du vicelégat de continuer leurs hofti-
lirez, en quoi il réuffit. Auffi-tôt que ceux de Me-
rindol eurent prefenté leur confeffion de foi,
le parlement leur envoïa Jean Durandy évêque
de Cavaillon, & quelques docteurs en theolo
gie pour leur faire connoître leurs erreurs, les
en retirer s'ils étoient dociles & foumis, ou
les déferer à la cour, s'ils les trouvoient opi-
niâtres & incorrigibles. Ils perfifterent toutefois
dans leurs erreurs, & parce que le roi avoit
évoqué la caufe à fon confeil, on ne les mal-
traita point pendant la vie de Chaffanée; mais
auffi-tôt qu'il fut mort, Jean Meynier baron d'Op-
pede qui lui fucceda, recommença la prese-

X 2

cution

« AnteriorContinuar »