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AN.1545.

comme le bien de l'état fembloit l'exiger, parce qu'ils ne doutoient point qu'elle ne fe terminât heureusement, fi l'on s'y conduifoit avec un efprit defintereffé, & dans la vûë de fervir Dieu. Que fi la brieveté du tems & le danger preffant dont le Turc menaçoit l'Allemague, ne permettoit pas de le faire prefentement; on devoit du moins expliquer & declarer plus précilement l'article qui concerne la paix de la religion, dont on n'étoit convenu que jufqu'au futur concile. Mais ils ajoûterent, qu'ils ne reconnoiffoient point celui qu'on avoit indiqué à Trente pour legitime, tel qu'on Pavoit promis dans les dietes précedentes; qu'ils avoient fouvent declaré les raifons de leur re fus; & qu'ainfi, il falloit conclure une paix abfolue qui ne dépendît point d'un concile papal, & qui fut entretenuë jusqu'à ce qu'on eut decidé cette affaire d'une maniere fainte & chrétienne; & parce que cette paix ne pouvoit être arrêtée, fi l'on ne regloir l'administration de la juftice, comme on l'avoit ordonné dans la derniere diete de Spire, il ne tiendra pas à eux que le decret n'ait fon plein & entier effet. Que fi on leur accordoit ces deux articles, ils ne refufoient pas qu'on deliberât fur l'affaire des Turcs.

Les autres princes & états Catholiques, & principalement les archevêques de Maïence & de Treves étoient d'avis que l'affaire de la religion fût renvoïée au concile, que le pape avoit déja convoqué; que la chambre imperiale fut reglée, fuivant les anciennes loix de l'Empire, & que la juftice s'y rendît felon le droit écrit. Qu'au refte, on devoit députer quelquesuns de l'affemblée pour conferer enfemble fur la guerre du Turc. Que quant aux fubfides de la chambre, ils en promettoient la moitié pour

1

fans.

fix ans, & prieroient l'empereur de fournir le AN. 545.
refte. Ferdinand repliqua aux Proteftans qu'on LXXVII.
les fatisferoit fur ce qui regardoit la chambre Réponse de
imperiale, mais que n'aïant point pris d'autres Ferdinand,
précautions pour la paix dans la diéte de Spi.& replique
re, fi-non que la liberté de la religion fubfi-des Prote
fteroit jufqu'au futur concile, qui étoit déja in- Sleidan. ut
diqué, ils ne devoient rien demander davan-fup.i. 16. p.
tage fur cet article, & qu'il ne s'agiffoit plus 32.5 33.
à prefent que de déterminer les moïens qu'on
devoit prendre pour s'opposer aux Turcs. Les
Proteftans infifterent & déclarerent qu'ils n'at-
tendoient aucun bien du concile où le pape fe-
roit maître; qu'ainfi ils prioient l'empereur qu'a-
vant la fin de la diéte, il en affignât une au-
tre où l'on pût trouver les moïens de s'accor-
der avec douceur fur la religion. Qu'il avoit
été ordonné à Spire, qu'on ne troubleroit per-
fonne à cette occafion, & que de-là dépendoit
la paix de l'Allemagne. Que c'étoit pour em-
pêcher cet accord, que le pape avoit publié fon
concile, dans lequel lui & les fiens pourroient
définir ce qu'il leur plairoit. Qu'ils étoient prêts
à fournir des fecours contre les Turcs, mais
qu'il falloit qu'on les affurât auparavant, qu'on
ne les inquieteroit point fur leur religion. Ils
parlerent encore de la chambre imperiale & des
fubfides; & toutes leurs conteftations dure-
rent tous les mois d'Avril, jusqu'au feptiéme
de Mai, fans qu'on put les accominoder. LXXVI.
Ferdinand voïant les princes Proteftans fi at- Arrivée de
tachez à leur fentiment, remit toute l'affaire à l'empereur
l'arrivée de l'empereur, qui étoit parti de Brur à Wormes
& du legat.
xelles le douzième d'Avril, & qui ne vint qu'à Sleidan. in
petites journées, à cause de fa goute. Ce qui comm. 1. 16.*
fut caufe qu'il n'arriva à Wormes que le fer
ziéme de Mai. Le cardinal Farnese neveu du

pape y arriva auffi le lendemain, mais il n'y

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538.

Cochlee in

act. & fcrip utheri hos de-an.p.309

AN.1545

&

demeura pas long-tems, parce qu'aïant propofé à l'empereur de foutenir le concile, & de fe déclarer contre les Proteftans; ce prince qui avoit befoin du fecours de ceux-ci contre les Turcs, ne voulut point rompre avec eux, lui répondit que le pape pouvoit commencer le concile, s'il le jugeoit à propos, mais que pour lui, il ne s'en mêleroit point du tout. Le comte de Grignon que le roi de France L'empe- avoit envoïé à la diéte, déclara le vingtiéles Luthe- me de Juin, que le roi fon maître approuvoit riens obfti- l'affemblée du concile à Trente, & exhorta nez à refu- les princes d'Allemagne, & même les Proteftans cile. à ne s'y pas oppofer; mais quoi qu'il put dire, Sleidan.p.. ces derniers n'y voulurent jamais confentir; 143.

LXXIX.

reur trouve

fer le con

y

ainfi l'empereur, qui s'étoit promis que les Lutheriens auroient des fentimens plus moderez, quand il s'agiroit de faire des reglemens fur les affaires de la religion, fut très-piqué de les trouver toûjours opiniâtres à déclarer qu'ils vouloient un concile dans une ville fituée au cœur de l'Allemagne, où l'autorité du pape ne pût donner aucune ombre de jalousie à perfonne, & qu'ils prétendoient de plus que ce prince lui-même ou le grand chancelier de l'Empire devoit y prefider, & non d'autres. Char les V. fut furpris encore de ne voir aucuns des princes Proteftans en perfonne à cette diéte, à l'exception de l'archevêque de Cologne & de l'électeur Palatin; encore le premier n'étoit-il pas déclaré Lutherien; ainfi l'on n'y traita point des affaires de la religion, comme on l'avoit projetté; mais après avoir difcu té plufieurs affaires qui furvinrent, l'empereur rompit la diete, & en indiqua une autre à Ratisbonne pour le quatriéme de Janvier fuivant. Cependant le clergé de Cologne & l'univerfité profiterent de l'affemblée de Wormes pour

con

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AN.1545.

archevê

continuer leurs pourfuites contre leur archevêque, qui par toutes les entreprises ne tendoit qu'à LXXX. introduire la nouvelle prétenduë reforme dans Pourfuites fon diocése, & à foutenir les miniftres Luthe-du clergé riens. L'empereur aïant reçû leurs plaintes, don- de Cologne na fur la fin de Juin des lettres patentes par contre fon lefquelles il prenoit le clergé & l'univerfité lous que. fa protection, défendant à tous les fujets d'in- Sleidan, ut quieter les ecclefiaftiques & les Catholiques defp. 4. 16. p. Pélectorat de Cologne, & de les vexer dans 543 leur religion Spond. in dans leurs perfonnes, dans la annalib. ad poffeffion de leurs biens & de leurs droits, à hunc an. n. peine d'être mis au ban de l'Empire. Par 7. d'autres lettres, il ajourna l'archevêque à comparoître devant lui dans trente jours, ou de commettre un procureur pour répondre aux accufations intentées contre lui, faifant toutefois défenfes de rien changer & innover, & lui ordonnant de rétablir les chofes qu'il pouvoit avoir changées dans l'état où elles étoient auparavant. Il commanda la même chose aux habitans d'Andernac, Bonn, Campen & autres villes de l'électorat. Le pape de fon côté cita auffi l'archevêque le dix-huitiéme de Juillet fuivant, Henri Stolberg doïen de l'églife cathedrale de Cologne, & cinq chanoines tous de naiffance & de familles très-diftinguées, à comparoître dans foixante jours, parce qu'ils approuvoient leur prélat, & blåmoient fort la conduite de ceux qui lui étoient opposez. En rompant la diéte de Wormes, l'empereur ordonna une conference de quatre docteurs de part & d'autre, c'eft-à-dire, des Catholiques & des Proteftans, & convint de deux arbitres, avec un autre ordre de fe rendre à Ratisbonne au commencement de Decembre pour être en état d'ouvrir les conferences avant la diéte. Il renouvella auffi & confirma les édits des années

pre

precedentes qui concernoient la paix, défendant AN.1545. a tous d'agir au contraire. Il remit la reformation de la chambre imperiale à la diéte prochaine, en maintenant jufques alors les juges dans leurs jurifdictions. Les princes Catho liques confentirent à tous ces articles, à l'excep tion de celui qui concernoit la conference entre quatre docteurs, dont ils ne voulurent jamais convenir. Les Proteftans rappellant auffi la pro cedure precedente, dirent qu'il n'avoit pas tenu à eux que l'affaire de la religion n'eut été décidée, repeterent ce qu'ils avoient dit du refus du concile & de la chambre imperiale, & infifterent fur le dernier décret de Spire, proteftant qu'ils ne recevroient point celui-ci de Wormes, dans les points où il étoit contraire au precedent.

LXXXI.

Brunswick

guerre aux

Sicidan, ut

Henri de Brunswick qui étoit allé trouver le Henri de roi de France pendant la diéte, arant appris à déclare la fon retour qu'un certain Frideric Rifeberg levoit des troupes fur les frontieres de la Saxe pour princes le roi d'Angleterre, fe fervit de cette occafion Proteftans. pour perfuader à François I. que s'il lui envoïoit Sap. 1.16. p. de l'argent, il diffiperoit ailément ces levées, $45.546. Il reçut, à ce qu'on croit, quelques milliers d'écus, & n'aïant pû empêcher Rifeberg de le ver des foldats, il emploïa cet argent à faire la guerre aux princes Proteftans qui l'avoient dépouillé de fes états. L'empereur, entre les mains de qui l'on avoit mis les terres de ce prince en fequeftre, lui écrivit auffi-tôt de ne point prendre les armes, & de poursuivre fon droit en juftice, avec menaces de le mettre au ban de l'empire, s'il n'obéïffoit. Mais Henri ne fit aucun cas de ces ordres, & ne laiffa pas d'affembler des troupes, & de fe mettre en devoir de recouvrer par les armes ce qu'on lui avoit ôté. Il s'avança du côté de Rotterbourg ville du territoire de Breme, dans le deffein de

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