tentes en forme, & des perfonnes mieux inftruiAN.1545.tes de les intentions. Dans cette congregation Mendoza qui y affiftoit voulut avoir une place au-dessus du cardinal de Trente, sur cette prétention, que reprefentant la perfonne de l'empereur, il ne devoit ceder qu'aux légats qui reprefentoient le pape, après lequel fon maître étoit le premier: mais cette conteftation n'eut pas de fuite alors, & l'on trouva le moïen de faire affeoir Pambaffadeur & le cardinal de telle maniere qu'on ne pouvoit diftinguer lequel des deux avoit la preference. LXXXVIII. Les légats étoient fort indéterminez s'ils ou Le pape vriroient le concile ou non, mais comme ils mande à étoient prefque feuls à Trente, il n'y avoit fes légats d'ouvrir le pas d'apparence de le faire avec fi peu de mon. concile. de. Dans cette incertitude ils écrivirent au pape Pallav.1.5. pour lui reprefenter que l'empereur paroiffant c.11.1. le foucier fort peu du concile & qu'y aïant lieu de craindre que l'on n'entreprît de juger la caufe de la religion dans la diéte indiquée à Ratisbonne, ils jugeoient à propos de commencer le concile feulement par une messe du Saint-Efprit qui en feroit comme l'ouverture, afin de prevenir par-là tout ce que l'empereur pourroit faire dans la diéte après qu'il y feroit arrivé, d'autant plus qu'on feroit toûjours en liberté de continuer, ou de furfeoir, ou de transferer le concile fuivant la conjoncture des affaires. Le pape après avoir examiné ces raifons, prit la refolution d'ordonner à fes légats de faire l'ouverture du concile pour le troifiéme de Mai jour de l'invention de fainte Croix, Et là-deffus les légats déclarerent à Mendoza, & aux autres ambaffadeurs la refolution du pape, fans toutefois leur dire le jour qui leur avoit été marqué. Mais. malgré le zele des légats on ne put encore rien faire au jour indiqué, parce ANJ545+ LXXXIX. different le tenuë du parce que Pierre de Tolede viceroi de Naples Tome XXVIII. Y Le AN.1545. XC. Farnefe paffe à Le cardinal Farnefe qui étoit parti de Rome pour le rendre à Wormes, paffa à Trente où Le cardinal il arriva le vingtiéme d'Avril. Les legats après avoir pris fon avis écrivirent au pape qu'il étoit de fa reputation de tenir le concile avec la maallant à jefté qu'exigeoit une fi célebre affemblée ; qu'il Wormes. y avoit beaucoup d'évêques pauvres qui manPallav. ut quoient du neceflaire, & qu'il étoit à propos fup.1.5.c.11. d'établir un tréforier avec un fonds capable de n.4.7 fournir aux befoins; on traita avec le même Trente en XCI. ne les ce du concile. legat de l'ouverture du concile, & comme il y avoit déja dix évêques à Trente, on crut qu'il falloit leur communiquer les ordres qu'on avoit reçû de Rome, fans leur parler du jour fixé par le pape pour cette ouverture. Il fe tint donc une congregation à ce fujet dans laquelle on expofa aux prélats la commiffion qu'on avoit de commencer le concile, & on ajoûta que le jour n'en feroit déterminé qu'après que le cardinal Farnefe en auroit donné avis à l'empereur; cette refolution aïant été approuvée, le pape envoïa à fes legats la bulle de fufpenfion, comme ils l'avoient demandé, & laiffa même à leur pru'dence la liberté de commencer fans de nouveaux ordres, fuivant les nouvelles qu'ils recevroient de fon neveu le cardinal Farnese touchant les difpofitions de l'empereur. Dans cette même congregation, on regla Reglement certaines ceremonies qui devoient être observées qui concerdans le concile; on décida d'abord que les trois remonies legats cardinaux de differens ordres, l'un évêque, l'autre prêtre, & le dernier diacre, n'auroient toutefois que les mêmes ornemens, parce que leurs charges & leurs pouvoirs étoient uniques. Que le lieu de l'assemblée dans la cathedrale feroit tendu de tapifferies, qu'il y auroit des fieges pour le pape & pour l'empereur quoique ablens; que Mendoza ambaffadeur de l'em pereur pereur auroit une place plus honorable que les AN.1545. concile. Le cardinal Farnese fuivant l'avis des prélats de Trente s'étant rendu à Wormes, vit l'em- Obftacles pereur & le roi des Romains, & eut une lon. Propofez par l'empegue conference avec ces deux princes au fujet reur au ledu concile. Il leur dit que les legats qui depuis gat fur l'ouplus de deux mois étoient à Trente, avoient verture du reçû ordre du pape d'ouvrir le concile, que Pallav. ut cependant ils avoient toûjours differé, jufqu'à fup.1.5.cap. ce qu'on eut appris les affaires de la diete. Mais 12.8. 1. 2. P'empereur qui avoit paru fouhaiter le concile&feq. avec tant d'ardeur, tant qu'il avoit crû que les Allemands l'accepteroient, changea de langage, & dit au legat qu'il fentoit bien qu'il falloit apporter un prompt remede aux herefies, qui ne tendoient qu'à détruire l'autorité du pape & la fienne mais qu'il ne falloit pas irriter les Proteftans, dont la puiflance étoit à craindre, & pour informer plus amplement le legat de fes intentions, il le renvoïa à Granvelle, dont Farnefe : Y 2 nefe ne tira pas plus d'éclairciffemens; ce miAN.1545. niftre lui reprefenta que les Proteftans aflurez qu'on les condamneroit dans le concile, cour reroient auffi-tôt aux armes pour n'être point furpris, qu'ils opprimeroient les Catholiques, qu'ils porteroient la guerre en Italie & peutêtre iroient-ils affieger Rome qu'ils avoient en execration, que c'étoit au pape à y pourvoir, d'autant plus qu'il n'y avoit aucun fecours à attendre des princes Catholiques qui étoient trop foibles, ni de l'empereur que les dernieres guer res avoient épuifé. Le roi des Romains tint à peu près le même difcours au legat en prefence d'Othon Truchfez. Farnele s'apperçût auffi-tôt des artifices de l'empereur qui vouloit, en differant le concile, tirer des Proteftans tous les fecours qu'il pour roit, ou engager le pape à fournir de l'argent & des troupes pour les contenir dans leur de voir, en cas qu'ils vouluffent remuer; au lieu que fi le concile étoit une fois commencé, il avoit fujet de craindre que les Proteftans ne vouluffent plus paroître dans les dietes, qu'ils ne lui refufaffent toutes les demandes, de forte qu'il vouloit tenir le concile en fufpens, pour fe gouverner après felon les conjonctures, foit en l'ouvrant ou en le fermant ; fentimens qui furprirent d'autant plus le iegat, que Charles V. n'avoit rien à craindre alors de la part des Turcs, parce que le roi de France avoit envoïé un deputé à Conftantinople pour traiter d'une treve avec l'empereur, Le legat parla auffi à ce prince de l'ordre du viceroì de Naples pour empêcher les évêques de ce roïaume de venir au concile à quoi il répondit qu'il n'y avoit aucune part, & qu'il examineroit les raifons du viceroi; tout cela fut mandé aux legats de Trente, qui par là connurent Pimportance d'af |