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afluroit la fucceffion aux enfans mâles ou filles AN.15 36. que le roi pourroit avoir de Jeanne, ou de toute autre femme qu'il épouferoit dans la fuite; enfin elle accordoit au roi le pouvoir de regler le rang de ceux qui devoient lui fucceder, foit par fon teftament figné de fa propre main, ou par des lettres du grand sceau, & declaroit traîtres tous ceux qui soutiendroient la validité de fes deux premiers mariages.

LXIV.

Le pape

tente de fe

racommo

tom. 1. 1. 3.

P. 288.

Le pape qui faifoit alors de nouvelles tenta tives pour fe remettre en poffeffion de fon autorité en Angleterre, pria vers le même-tems der avec le Cafali qui avoit été ambaffadeur de Henri à roi. Rome, d'écrire à ce prince fur ce fujet, & de Burnet hift. lui faire entendre avec quelle ardeur il defiroit de la reforme fe réunir avec lui. Sous le pontificat de mon prédeceffeur, difoit le pape, j'ai été três-favoSander. de rable à ce prince, il eft bon de l'en informer. fchifm. Angl. lib.1.p.162. A l'égard de la fentence d'excommunication que j'ai portée contre lui depuis mon élevation, j'y ai été forcé, d'ailleurs elle n'est pas encore publiée, & je lui promets de ne pas aller plus loin. Affurez-le auffi que j'embrasserai volontiers tous les moïens que l'on jugera les plus propres & les plus convenables pour procurer un bon accommodement entre lui & le faint fiege. Mais Henri étoit alors très-éloigné Statuts du de fonger à faire fa paix avec le pape, & pour parlement contre l'au- lui en ôter toute efperance, fon parlement fit deux loix, dont l'une condamnoit à la peine du pramunire, tous ceux qui feroient quelque tentative rétablir en Angleterre l'autorité de l'évêque de Rome, & tous les magiftrats qui négligeroient de punir ceux qui auroient la hardieffe de violer ce ftatut: l'autre caffoit & aboliffoit toutes difpenfes, exemptions & privileges émanées de la cour de Rome, sauf à l'archevêque de Cantorbery, à confirmer ce

LXV.

torité du

pape. Sanderus lib.

1. p. 154.

pour

qui ne feroit pas contraire à la loi de Dieu ou à l'honnêteté publique. Ces deux loix furent faites dans le mois de Juillet, Pune le qua torziéme & l'autre le dix-feptiéme & les feances prirent fin le dix-huitiéme du même mois, après avoir duré fix femaines.

AN.1536.

Le clergé qui ne vouloit point ceder au par- LXVI. lement, faifoit de fon côté les mêmes efforts Plaintes du pour fe rendre agréable au roi, en approu-d'Angleclergé vant toutes les actions; il confirma la fenten-terre contre Ice du divorce du roi avec Anne de Boulen ; les refor& peu de jours après la chambre-baffe envoïa mateurs, porter à la haute foixante & fept propofitions de la reforme Burnet hift. qu'elle jugeoit dignes d'être condamnées, &t. 1. liv. 3. dont la plupart étoient tirées de la doctrine des p. 291. Lutheriens, d'autres des anciens Lollards & des Anabaptiftes. Et en même-tems les dépu tez firent de grandes plaintes contre ceux qui vouloient introduire des nouveautez dans la religion; ce qui regardoit principalement Cranmer, Cromwel, Shaxton, Latimer, & quelques autres qu'on regardoit comme les chefs & les fauteurs de la reformation, & qui fouvent faifoient des railleries contre l'ufage de la confeffion, contre l'invocation des Saints, contre l'eau benîte, & plufieurs autres ceremonies de l'églife. Un Ecoffois nommé Alexandre Aleffe, homme fçavant que Cranmer te noit chez lui, avoit fait dans l'assemblée un long difcours pour prouver qu'il n'y avoit que deux facremens qui fuffent d'inftiturion divine, le baptême & la fainte céne. Stockefley évêque de Londres entreprit de le refuter; & fut fecondé par l'archevêque d'Yorck & d'autres prélats. Mais Cranmer prit la parole & s'étendit beaucoup fur l'autorité de l'écriture, l'ufage des facremens, Pincertitude de la tradition, & les corruptions que les moines, difoit-il avoient

D 2

fait

fait gliffer dans la doctrine du Chriftianifme, AN.1536.& Pevêque d'Hereford l'appuia, en difant aux autres prélats, que le monde ne vouloit plus être la dupe des ecclefiaftiques, qui jufques-là avoient debité tant de faufletez, & qu'on fe trompoit fort fi on prétendoit le gouverner comme auparavant. Ainfi toutes les plaintes des bien-intentionez, n'eurent aucun fuccès. Cranmer & Cromwel n'avoient jamais fi bien été

dans l'efprit du roi, qui peu de tems après donLXVII. na à ce dernier une nouvelle marque de fon Cromweleftime; en le créant fon vice-gerent dans les affait vice-gefaires ecclefiaftiques.

rent de l'é

glife Angli- On fut bien-tôt convaincu de fon grand crécane. dit, quand on vit qu'il avoit persuadé au roi Sanderus lib, de retrancher du culte public une partie des 1.p.155. céremonies; & les ennemis de la reformation

eurent encore plus fujet de s'allarmer, quand quelques jours après Cromwel alla porter à Paffemblée du clergé des articles dreflez par le roi même, qui comme chef fouverain de l'é glife d'Angleterre, avoit crû devoir faire quelques changemens, même dans les dogmes. Le clergé eut ordre de les examiner, & d'en faire fon rapport. A cette nouvelle, les deux partis fe diviferent ouvertement, Pun pour avancer la réformation, l'autre pour s'opposer à fes progrès. Cranmer à la tête du premier étoit foutenu par Pévêque d'Ely, Shaxton de Salisburi, Latimer de Worchefter, Barlow de SaintDavid, Fox de Hereford, Hilfey de Rochester. Au contraire Lée archevêque d'Yorck, chef du parti qui étoit dans les interêts du pape, avoit pour lui Stockefley évêque de Londres, Tonftal de Durham, Gardiner de Winchester Longland de Lincoln, Sherburn de Chichester Nix de Norwick, Kitte de Carlisle.

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Cependant après beaucoup de conteftations

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LXVIII.

terre faits

tom. I. liv.

de part & d'autre, le parti de Cranmer eut le deffus, & l'affemblée convint des articles fui- AN.1536 vans au nombre de dix. 1°. Que la fainte écri Articles de ture feroit pofée comme le fondement de lala religion croïance, conjointement avec les trois fymboles en Angle des Apôtres, de Nicée, de faint Athanafe & par le cler les quatre premiers conciles generaux, & que gé. tous les évêques & les prédicateurs auroient Burnet hift. foin d'enfeigner les peuples, conformément à de la reform. cette écriture & à ces fymboles. 2°. Que le 3. p. 2930 baptême est un facrement néceffaire aux en-294. fans pour obtenir la remiffion du peché ori ginel & la vie éternelle; & qu'aucune perfonne baptifée ne devoit être rebaptifée, que les adultes qui, recevoient ce facrement, devoient témoigner de la repentance & de la contrition de leurs pechez. 3°. Que la penitence inftituée par JESUS-CHRIST, eft neceffaire pour ob tenir la remiflion des pechez, qu'elle eft compofée de trois parties, la contrition, la confeffion & la fatisfaction; que la confeffion au prêtre eft neceffaire, & que l'abfolution a été inftituée par JESUS-CHRIST, qui a donné au prêtre le pouvoir de remettre les pechez; qu'il ne faut pas condamner l'ufage de la confeffion auriculaire & que la fatisfaction de JESUS-CHRIST n'empêche pas les fruits de la pénitence, ou les œuvres fatisfactoires, telles que font la priere, le jeûne, l'aumône, la reftitution des chofes mal acquifes, la réparation des injures, &c. 4°. Que dans le facrement de l'euchariftie, on reçoit veritablement & en fubftance le même corps de JESUSCHRIST, conçu de la Vierge, fous les enveloppes, ou, comme parle Poriginal anglois, fous la forme & la figure du pain. 5°. Que pour être juftifié & recevoir la remiffion de les pechez, il faut avoir la contrition, la foi &

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la charité. 6°. Qu'on devoit apprendre aux AN.15 36. peuples que l'ufage des images étoit fondé sur Pécriture fainte, qu'elles fervoient à donner un bon exemple aux fidéles, & à exciter leur de votion; qu'ainfi il falloit les conferver, leur faire brûler de l'encens, ploïer le genou devant elles, leur faire des offrandes, leur rendre du refpect, en confiderant ces hommages comme un honneur relatif qui se rapportoit à Dicu, & non à l'image. 7°. Qu'il eft bon d'honorer les Saints, & de les prier d'interceder pour les fidéles, fans néanmoins croire qu'ils aïent par eux-mêmes la vertu d'accorder les chofes que Dieu feul peut donner. 8°. Qu'on peut invoquer les Saints, en retranchant tous les abus qui pourroient fe gliffer dans cette invocation, & pourvû qu'on le faffe fans fuperftition que leurs fêtes doivent être obfervées ; mais que fi le roi jugeoit à propos d'en retrancher quelques-unes, on fe conformeroit à fa volonté. 9°. Qu'on devoit retenir les ceremonies ufitées dans l'églife comme les ornemens des prêtres, l'eau benîte, le pain beni, les rameaux, les cierges allumées, la benediction des fonts baptifmaux, les exorcifmes dans le baptême, la céremonie de donner des cendres au commencement du carême, celle de fe profterner devant la croix & de la baifer, pour celebrer la memoire de la paffion de JESUSCHRIST. 10. Enfin à l'égard du purgatoire, on résolut d'enseigner aux peuples que c'étoit une bonne œuvre & une action charitable de prier pour les morts, & de faire dire des mefles pour la délivrance des ames des trépaffez; cette priere aïant un fondement certain dans le livre des Machabées, & étant reçûë dès le commencement de l'églife. On ajoûte à cet article, , que néanmoins l'écriture ne marquant

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