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Elle

du pape. Et toutes leurs plaintes exciterent une AN.15 36. revolte, qui ne tarda pas long-tems à éclater. parut d'abord dans la province de Lincoln, où un docteur en theologie, prieur du mona. ftere de Barlins, fit prendre les armes à près de vingt mille hommes, dont il fe fit chef fous le nom de capitaine Cobler, c'eft à-dire, le capitaine Savetier. Les foulevez envoïerent au roi leurs griefs, dans lefquels ils fe plaignoient qu'il eût fupprimé un très-grand nombre de monafteres; qu'il s'étoit fait accorder par le parlement de grands fubfides fans aucune neceffité qu'il admettoit dans fon confeil des gens de baffe naiffance, qui ne penfoient qu'à s'enrichir; que plufieurs d'entre les évêques avoient abandonné Pancienne foi, pour fuivre de nouvelles doctrines condamnées par l'églife; qu'après avoir vu le pillage de tant de monafteres, ils apprehendoient qu'on n'enlevât les biens de leurs églifes. Ils finifloient en affurant le roi qu'ils reconnoiffoient fa fupremacie, & qu'ils croïoient tous qu'on devoit lui païer les décimes.

Le roi répondit à ces griefs avec beaucoup de hauteur. Il commanda aux rebelles de pofer les armés, d'avoir recours à sa clemence, & de livrer à fes officiers une centaine des plus mutins, ou des plus coupables d'entr'eux, afin qu'ils fuffent punis comme leur revolte le meritoit, & il ajoûta, que ce n'étoit qu'à ces conditions qu'il feroit grace aux autres. En

même tems il commanda au duc de Suffolk d'affembler des troupes, & de marcher contre les revoltez. Mais ce duc fe trouvant trop foible, crut qu'il réüffiroit mieux à diffiper cette revolte en emploïant la voie de la negociation. Il en écrivit au roi, lui manda l'état des chofes, & lui fit connoître la neceffité qu'il y avoit de terminer cette affaire par la douceur.

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Henri n'y étoit pas porté, mais aiant appris
AN 15.3.6.
que la province d'Yorck venoit auffi de pren-
dre les armes, & craignant de voir bien-tôt

tout fon rdiaume foulevé contre lui, il fuivit
le confeil du duc, & tâcha de gagner par la
douceur, ceux qu'il eût été très-dangereux
d'aigrir par la violence.

LXXV.

dans la

En effet le foulevement de la province d'Yorck étoit d'une bien plus grande confequence que Souleve celui de Lincoln parce que plufieurs feigneurs ment plus y entrerent, & que le nombre des revoltez étoit dangereux beaucoup plus grand. Un nommé Aske, hom-province me intriguant, & qui fçavoit gagner les peuples, d'Yorck.. s'étoit fait chef des mécontens. Dès le mois de Raynald, ad an. 1537... Juillet, il avoit tenté de gagner milord Darcy-38. Les rebelles s'affemblerent au nombre de qua rante mille hommes, fous pretexte de conferver la foi, de rétablir l'églife, & de reprimer les heretiques & l'herefie; ils donnerent à leur marche le titre fpecieux de pelerinage de grace :: des prêtres alloient devant eux la croix à la main, on voïoit fur leurs drapeaux un cruci fix, avec les cinq plaïes de Nôtre-Seigneur, & un calice. De plus chacun d'eux portoit fur la manche une reprefentation de ces cinq plaïes, au milieu defquelles étoit le nom de Jesus. Et pour témoigner qu'elles étoient leurs intentions, ils faifoient jurer à tous ceux qui fe rangeoient fous leurs bannieres, qu'ils entroient dans la focieté de leur pelerinage de grace pour l'amour de Dieu, & avec deffein de défendre le roi & fes enfans, de reformer & d'épurer la nobleffe, & de, chaffer de vils & de pernicieux confeillers; qu'au refte, ils ne fon geoient point à faire leur profit particulier du malheur public, qu'ils ne feroient tort à perfonne, & qu'ils ne tueroient point volontai rement leurs freres. Dans ces difpofitions ils

com

AN.1536.

commencerent à courir tout le païs, fans rancontrer aucune oppofition; ils s'emparerent de la fortereffe de Pomfret, ils prirent les villes d'Yorck & de Hull, & firent de plus grands progrez après que les provinces de Richemont, de Lancaftre, de Durham & de Weftmorland fe furent declarées en leur faveur. Le comte de Schrewsbury fut le feul qui ofa prendre les armes pour le roi, fans en avoir reçû aucun ordre. Henri lui en fçut bon gré, & lui envoïa une commiffion par laquelle il l'établissoit fon lieutenant. Mais pour ne point rendre le parti des rebelles plus nombreux, il se hâta de faire publier, qu'il accordoit une amniftie ge nerale à tous ceux des revoltez de Lincoln qui fe retireroient dans leurs maisons, & qui cefferoient toute hoftilité. Cette publication eut fon effet. Prefque tous ceux de cette province qui s'étoient foulevez, rentrerent dans leur devoir, & il n'y en eut qu'un très-petit nombre qui alla fe joindre aux revoltez de la province Yorck. Il ne s'agiffoit donc plus, que de reduire ou d'appaifer ces rebelles. Henri prit d'abord le parti de les amufer, en attendant qu'il eut affemblé fon armée. Il leur envoïa un heraut le vingtiéme d'Octobre pour les fommer de pofer les armes, & de fe remettre à fa clemence. Aske reçut ce heraut avec beaucoup de ceremonie; mais il le renvoïa auffi-tôt qu'il fut inftruit du fujet de fa commiffion, fans vouloir l'écouter. A mefure que les rebelles avançoient, ils rétabliffoient les religieux dans les maifons d'où on les avoit chaffez; & afin de confirmer les peuples dans leur averfion pour le gouvernement, ils répandoient le bruit que LXXVI. le roi avoit deffein de mettre des impôts ge Leduc de neralement fur toutes fortes de choses; ce qui eft envoïé obligea Henri de convoquer l'arriere-ban de fa

Nortfolk

ontr'eux.

по

AN.1536

nobleffe pour le feptiéme de Novembre. Il marqua la ville de Northampton pour le rendezVous pendant que le duc de Nortfolk, le marquis d'Excefter & le comte de Schrewsbury empêchoient avec cinq mille hommes feulement, que les ennemis qui en avoient plus de trente mille ne s'emparaffent de Doncafter, & ne s'étendiffent dans les provinces meridionales. Mais comme ce duc fe fentoit trop foible, & que d'ailleurs il n'approuvoit pas les changemens qui s'étoient faits dans la religion, il commença à agir avec eux par la voie de la negociation, pour les difpofer à accepter des. propofitions de paix. Il engagea d'abord quelques-uns de leurs chefs avec qui il avoit quelques intelligences, à porter les autres à prefenter une très-humble requête au roi, & à le prier lui-même de l'appuier de fon crédit. Cet. LXXVII. artifice réuffit les conjurez firent leur requê- Il entre em te, & prierent le duc de la prefenter lui-même negociation avec quelques-uns d'entr'eux, qu'ils deputerent à cet effet. Nortfolk y confentit, mais il exigea des mécontens qu'ils arrêtaffent les hoftilitez pendant fon voïage; ce qu'ils promirent. Henri étoit à Windfor quand les deputez vinrent avec le duc pour lui prefenter leur requête, mais il differa autant qu'il pût de leur répondre, parce qu'il avoit appris que la divifion étoit parmi ces rebelles, & que depuis la fufpenfion d'armes, plufieurs s'étoient retirez dans Papprehenfion d'être trahis par leur chef. Cependant informé que ces délais faifoient murmurer les mécontens qui avoient recommencé leurs hoftilitez, & que ceux qui avoient quitaé le camp, étoient difpofez à y revenir au premier avis, il chargea Nortfolk d'une amnistie generale pour tous ceux qui avoient eu part à la rebellion, excepté fix qui étoient nommez,

&

avec eux.

AN.1536.

& quatre dont les noms étoient en blanc. Mais cette claufe fit rejetter l'amniftie, parce que les fix nommez étoient des principaux » & que chacun craignoit d'être du nombre des quatre que le roi s'étoit refervé de nommer ; il fallut donc en venir à des conferences, pour lefquelles on choifit la ville de Doncafter, & trois cens deputez des mécontens eurent ordre de s'y trouver le fiziéme Decembre pour traiter avec les commiffaires du roi.

Ce prince efperoit divifer les revoltez, en demandant un fi grand nombre de deputez. Mais ce moïen n'étoit gueres capable de reduire des gens qui paroifloient être dans la réfolution de fe porter aux dernieres extrémitez. Ces deputez vinrent en effet aux conferences indiquées, avec leurs demandes contenues en dix articles, que les ecclefiaftiques de leur par ti avoient dreflez. Le premier portoit, qu'on leur accorderoit à tous un pardon general, & fans aucune exception. Le deuxième que le roi affembleroit un parlement dans la ville d'Yorck. Le troifiéme, qu'il établiroit dans cette ville une cour de juftice, afin que les habitans des provinces du Nord, ne fuffent pas obligez de porter leurs procez à Londres. Le quatrième, que certaines loix faites dans les derniers parlemens, feroient revoquées, parce qu'elles étoient trop à la charge du peuple, Ces loix étoient celles du dernier fubfide d'argent, accordé au roi, celle qui regloit les in terêts, celle qui faifoit condamner les gens à la confifcation & à la prifon pour de fimples paroles, celle qui avoit tranfporté au roi les decimes & les annates. Le cinquième, que la princeffe Marie feroit declarée legitime. Le fixième, que l'autorité du pape feroit rétablie fur le pied qu'elle étoit auparavant. Le feptié

me,

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