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khan.

députât vers lui ou le Vizir, ou le Douaidar, ou un autre Officier nommé Soliman fchah. Le Khalif leur ordonna L'an 1258. Apr. J. C. inutilement de partir, il ne fut point obéi, & Houlagou, Mangoupeu fatisfait de ceux qu'on envoya en leur place, commanda auffi-tôt à Baijou-novian & à Sounjac-novian de prendre la route d'Arbel, pendant qu'il iroit vers Houlouan.

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CG

Les Mogols arrêterent alors un Emir du Khalif, qu'ils conduisirent à Houlagou. Ce Prince accorda la vie au prifonnier, à condition qu'il lui ferviroit de guide. De concert avec le Prince Mogol, l'Emir écrivit aux principaux de Bagdad, pour les engager à chercher les à chercher les moyens de faire la paix avec les Mogols, afin de s'épargner tous les malheurs dont il les voyoit menacés. Voici la réponse qu'il reçut : « Quel eft Houlagou, & que peut-il fur la maifon d'Abbas, qui »tient toute sa puiffance de Dieu même aux volontés duquel on ne s'oppose pas impunément ? Si Houlagou avoit » defiré la paix, il ne feroit pas venu porter le ravage fur » les terres du Khalif. Si cependant ce font-là fes intentions, qu'il s'en retourne à Hamadan alors nous prierons le » Daouidar de fe jetter aux pieds du Khalif, afin d'obtenir de lui le pardon pour Houlagou ». A la vûe de cette lettre le Prince Mogol rit de l'orgueil des habitans de Bagdad, & continua fa route. Le Douaidar ayant été informé que Sounjac-novian marchoit du côté d'Anbar, alla au-devant de lui avec fon armée, & remporta quelques avantages; mais Baijou-novian étant venu au fecours, les Mogols fe rallierent, & défirent à leur tour les troupes du Khalif, dont ils tuerent une grande partie, le refte se sauva à Bagdad & dans la Syrie. Alors Houlagou parut devant Bagdad (a), la L'an 1258; fit environner d'un mur, qu'il fortifia d'un foffé très-profond; enfuite il dreffa fes machines, prépara fes feux grégeois, & commença les attaques (b). Le Khalif, à qui il ne reftoit aucune espérance de fecours, envoya le Chef de fon Divan vers le Général Mogol, pour faire quelques propofitions d'accommodement, & le chargea de préfens, mais peu confidérables, afin de faire voir en même tems qu'on

(a) Au milieu du mois Mouharram de (b) Le 22 de Mouharram. l'an 656 de l'Hegire.

Apr. J. C.

khan.

ne craignoit pas les Mogols. Houlagou ayant demandé pourL'an 1258. quoi on ne lui avoit pas envoyé le Douaïdar & Soliman Mangou- fchah, le Khalif fit auffi-tôt partir fon grand Vizir Moïadeddin; cette démarche ne fatisfit pas Houlagou, qui répondit que lorsqu'il étoit à Hamadan, il avoit exigé qu'on ne lui envoyât qu'un de ces trois perfonnages, qu'à préfent il vouloit qu'ils vinffent tous; il redoubla en même tems les attaques, chargea Bouga-timour de battre la ville du côté de l'Occident, & Sounjac-novian du côté oppofé; il fit écrire en caractères Arabes fur les fleches qu'on lançoit contre les affiégés, que les principaux de Bagdad, les partisans d'Aly, les Docteurs, & en général tous ceux qui ne combattoient pas, auroient la vie fauve, & qu'on leur laifferoit leurs biens & leurs femmes. Après beaucoup de travaux les Mogols s'emparerent d'une grande tour & d'une partie des murailles (a). Houlagou demanda derechef que le Douaïdar & Soliman fchah fe rendiffent auprès de lui, & laiffa au Khalif la liberté de fortir ou de refter. Les deux Officiers fortirent accompagnés de plufieurs Emirs, mais le Douaïdar qui étoit rentré auffi-tôt, fous prétexte d'empêcher qu'on ne tuât dans les rues les Mogols, périt le len demain. Le peuple envoya Scherfeddin de Maraga & Schehabeddin de Zendgian, pour traiter avec les Mogols. Alors le Khalif, abandonné de tous fes fujets, fit demander à Houlagou la permiffion de fe rendre auprès de lui, & fortit de fon palais (6) fuivi de toute fa famille. Houlagou le fit loger à la porte de Kaloud, livra enfuite la ville au pillage, & entra dans le palais du Khalif, où il fit venir en fa préfence ce Chef de la Religion Musulmane. Mostaasem lui fit de grands préfens qui furent auffi-tôt diftribués à tous les Chefs; enfuite Houlagou retourna à fa tente, & ordonna au Khalif de mettre à part fes femmes & celles de fes enfans, elles étoient au nombre de fept cens, qu'on fit fortir du palais avec trois cens eunuques. Le pillage dura sept jours. Alors Houlagou quitta cette ville (c), & fit mourir à une journée de chemin le Khalif avec fon fecond fils & (c) Le 14 de Sepher.

(a) Le 26 de Mouharram.

(6) Le 4 de Sepher.

Apr. J. C.

khan.

fix eunuques. L'aîné avoit été tué en défendant la porte de Kaloud. Quelques-uns difent que le Khalif fut étranglé; L'an 1258. d'autres, qu'il fut mis dans un fac, où on l'affomma, & plu- Mangoufieurs, qu'il fut jetté dans le Tigre. Houlagou, après avoir ordonné au Chef du Divan, au grand Vizir, & à quelques Schasibi autres, de réparer Bagdad, envoya Bouga-timour pour fou mettre Hella & Vafeth. Ce Général exécuta fes ordres tua beaucoup de monde dans ces villes, & vint le rejoindre à Siakouh.

ces pays

Ainfi finit l'Empire des Khalifs qui avoit fait trembler autrefois toute l'Afie. Il paffa tout entier fous la domina+ tion des Mogols, ainfi que les autres pays occidentaux. Houlagou porta la guerre dans la Syrie, devint maître de l'Afie mineure jufqu'au détroit de Conftantinople, fon Général Baijou-novian disposa à son gré du trône d'Iconium (a), & tous furent ravagés. Il ne reftoit prefque plus aux Mogols, pour avoir foumis toute l'Afie, que de détruire la Dy- Gaubili naftie des Song qui régnoit dans les provinces méridionales de la Chine. Kublai, frere d'Houlagou, chargé de cette expédition, étoit entré (b) dans la province de Se-tchuen & de-là dans celle de Yun-nan, qui étoit foumife à un « Prince particulier indépendant de l'Empereur. C'étoit ce que l'on appelloit alors le Royaume de Tali. Il fit prifonnier le Roi de ce pays, & voulut maffacrer tous les habitans, mais le fage Yao-chou qui l'accompagnoit, le détourna d'un deffein fi barbare. Kublai fe fit donner la carte du pays, foumit tous les Princes, pénétra enfuite dans le Tibet, & après en avoir fait en partie la conquête il reprit la route de fon Gouvernement, & laissa Ouleang houtai dans ces provinces. Ce Général foumit (c) tous les pays qui font fur les frontieres du Yun-nan, & se disposa à aller dans le Tong-king & dans la Cochinchine. Pendant ce tems-là Kublai étoit occupé à policer les Mogols; il avoit fait venir auprès de lui un fameux Lettré, nommé Hiu-heng, qui après des efforts incroyables vint à bout d'engager les Mo

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Apr. J. C. gols à étudier les sciences, dans lesquelles plufieurs d'entre L'an 1258. eux fe rendirent auffi habiles que les Chinois.

Mangoukhan.

Mangou-khan de fon côté, en adoptant les coutumes des Chinois, commençoit à faire aimer fon gouvernement. Dans une grande affemblée qu'il tint à la fource de la riviere Onon (a), il fit un facrifice folemnel au Ciel. Enfuite il établit dans la Chine de grands magasins de vivres, & fit réparer les murailles des villes ; il défendit que les troupes fiffent aucun dégât dans les campagnes, dédommagea ceux qui avoient fouffert, & porta fi loin la févérité à cet égard, qu'il fit punir fon fils pour avoir incommodé le labourage de quelques payfans. Il reçut (b) les hommages de plufieurs Princes nouvellement foumis dans le Midi, & de ceux qui régnoient dans l'Occident. Comme la ville de Caracorom lui paroiffoit trop petite, il en fit bâtir une nouvelle plus commode pour la chaffe & pour la pêche, qu'il nomma Kai-ping-fou (c). Après avoir réglé toutes les affaires de la Tartarie, avoir fait un facrifice en l'honneur de Genghizkhan, & nommé fon frere Arighbouga (d) pour commander à Caracorom il fe rendit dans le Chenfi (e), dans le deffein de recommencer la guerre contre les Empereurs de la Chine. Il étoit alors mécontent de Kublai, qu'il venoit de dépouiller de fon Gouvernement, parce qu'on accufoit ce Prince, qui étoit aimé & eftimé de tous les Chinois, de vouloir fe rendre indépendant; il caffa plufieurs de fes Généraux, & nomma des Officiers pour inftruire leurs procès. Cette difgrace imprévûe fit d'abord prendre à Kublai la rés folution de fe révolter; adoré des troupes, n'ayant aucun crime à fe reprocher, il espéroit trouver de grands fecours; mais Yao-chou, dont il suivoit les confeils, l'engagea à aller fe jetter promptement aux pieds de l'Empereur fans gardes, & à lui offrir tout ce qu'il poffédoit. Kublai se rendit dans le Chenfi où étoit alors Mangou-khan, qui touché de l'humiliation dans laquelle il vit fon frere, l'embrassa,

(a) L'an 1254. (b) L'an 1256.

(d) Les Chinois le nomment Alipou ko; & quelques Hiftoriens Arabes, Ar

(c) Lat. 42°. 25'. long. 10. Qu 12. tic ou Artoc bouca. Occident. de Peking.

(e) L'an 1257.

révoqua tous fes ordres, & lui ordonna d'aller faire le fiége de Vou-tchang-fou, capitale du Hou-kouang, & enfuite ce- L'an 1258. Apr. J. C. lui de Hang-tcheou, capitale du Tche-kiang, & la réfidence Mangoudes Empereurs de la Chine. Hou-leang-houtai, qui venoit de prendre la capitale du Tong-king, reçut en même tems ordre de venir joindre Kublai.

khan,

L'armée de Mangou-khan, compofée des meilleures troupes, fut divifée en trois corps qui entrerent dans le Setchuen par autant d'endroits différens. Le premier étoit commandé par Politcha; le fecond, par Moka ogull, frere du grand Khan, & le troifieme, par Mangou lui-même. Ce Prince prit la route de Han-tchong-fou dans le Chenfi. Les Chinois avoient placé par-tout de bons Officiers, & quoique battus ils reprenoient toujours les places que les Mo gols leur enlevoient, parce que ceux-ci manquoient de vivres & de fourages. Mangou ne put empêcher qu'ils ne repris fent Tching-tou (a), malgré les fecours qu'il y envoya, mais elle fut reprise auffi-tôt, & l'armée des Chinois diffi pée. Mangou alla attaquer Pao-ning-fou (b) dans le Setchuen, qui fe rendit. Pendant ce tems-là Ou-leang houtai, qui étoit entré dans la Chine par le Tong-king, s'étoit emparé de Kuei-lin-fou dans le Kouang-fi, & après avoir battu les Chinois en plufieurs rencontres, il pénétra dans le Hou-kouang, & vint affiéger la ville de Tchang-cha. Mangou fit en même tems le fiége de Ho-tcheou dans le Se-tchuen (c). Plufieurs Généraux doutoient du fuccès de L'an 11594 cette entreprise, & propofoient qu'on fe retirât vers le Nord; mais quelques autres s'y étant oppofés, on attaqua la place qui étoit très-fortifiée. Vang-kien y commandoit, & Luven-te qui étoit à la tête d'une armée dans la province, ne ceffoit de harceler les Mogols; il s'emparoit de tous les / endroits difficiles, & les Mogols étoient obligés de marcher toujours en corps d'armée. Mangou ayant fait propofer à Vang-kien, par un Officier Chinois qui avoit été attaché au fervice de l'Empereur, de fe rendre, Vang-kien reprocha à l'Officier fa trahison & le fit mourir. Le fiége paroif

(a) L'an 1258.

(b) Elle étoit alors appellée Lan

tcheou.
(c) A la feconde lune.

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