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foit devoir être long. Luvente attaqua un pont de radeaux
que
les Mogols avoient fait conftruire, il fut enfuite battu
dans une autre occasion, mais il ruinoit les Mogols en cou-
pant leurs vivres, & Vang-kien avoit toujours l'avantage
dans les attaques. Les Mogols qui commençoient à s'en-
nuyer, firent venir de nouvelles troupes, & réfolurent d'em-
porter d'affaut la place. Mangou-khan vifita lui-même les
travaux (a), & ordonna l'efcalade pour la nuit suivante.
Les Mogols étoient déja en grand nombre fur les murail-
les, mais Vang-kien les repouffa avec tant de furie, que
le Général chargé du fiége, fut tué avec ceux qui le fui-
voient, & plufieurs quartiers des Mogols furent mis en
défordre. Mangou s'approcha lui-même pour monter à l'af-
faut, un grand orage qui furvint fit tomber les échelles
beaucoup de Mogols furent tués, & le grand Khan fut trouvé
parmi les morts. Ce Prince étoit âgé de 52 ans, & il en
avoit regné 9 (b). Aufsi-tôt Moka ogull fon frere leva la
fiége, & fe retira dans le Chenfi avec le cercueil du grand
Khan qui étoit au milieu de l'armée; les autres Généraux
Mogols quitterent le Se-tchuen.

Kublai étoit alors dans le Hou-kouang, où il venoit de
s'emparer de plufieurs fortereffes qui font dans le voisinage
de Ma-tching; c'est-là qu'il reçut la nouvelle de la mort du
grand Khan. On auroit defiré qu'il fe fût retiré aussi-tôt
vers le Nord, mais ce Prince qui vouloit faire une action
d'éclat avant que de partir, c'eft-à-dire, tenter le passage du
Kiang, fur lequel les Chinois avoient une flotte nombreuse,
fit préparer un grand nombre de barques; un de fes Officiers
remonta le fleuve à force de rames, & alla
& alla attaquer l'avant-
garde des Chinois; le défordre fe mit parmi ceux-ci, &
Kublai étant paffé le lendemain, il alla avec toute fon ar-
mée faire le fiége de Vou-tchang-fou. Les Mogols fe répan
dirent dans le Kiang-fi; la capitale de l'Empereur de la
Chine en fut fi allarmée, que ce Prince ouvrit ses trésors,
fit diftribuer des fommes confidérables aux troupes, & en-
voya au fecours de Vou-tchang-fou une grande armée

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commandée

fans ex,

Apr. J. C.

khan.

commandée par Kiaffetao, homme fans talens périence, plein de vanité, vindicatif, qui ne fçavoit point L'an 1258. diftinguer le mérite, par conféquent haï des troupes & des MangouOfficiers, qui prirent dès lors le parti de paffer chez les Mogols. Le Gouverneur de Vou-tchang-fou fut tué dans une des premieres forties. Kiaffetao, craignant que cette ville ne tombât entre les mains des ennemis, leur fit faire des pro- L'an 12592 pofitions de paix, dont une étoit que l'Empereur Chinois feroit tributaire des Mogols. D'abord Kublai renvoya fon député; mais bientôt après, ce Prince ayant été informé que fon frere Arigh bouga fongeoit à fe faire déclarer grand Khan en Tartarie, confentit à faire la paix avec les Chinois. Kiaffetao envoya un nouvel Officier, & on convint que l'Empereur de la Chine payeroit tous les ans un million en argent & autant en foie, & qu'il feroit vaffal du grand Khan; on régla les limites des deux Empires, & tous les Mogols fe retirerent. Kiaffetao, peu fidele à fes engagemens, fit tailler en piéces ceux qui refterent les derniers. L'Empereur de la Chine ignoroit la paix honteuse que ce Général venoit de faire. On crut que c'étoit le courage de Kiaffetao qui avoit obligé Kublai à fe retirer, la défaite de 170 foldats Mogols fut annoncée comme une grande victoire, & on regarda Kiaffetao comme le libérateur de l'Empire. La mort de Mangou obligea tous les Grands de la nation Mogole à repaffer en Tartarie, pour procéder à l'élection d'un nouvel Empereur, & l'expédition de la Chine fut interrompue,

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Kublaikhan.

ou

Chi-tçou.

LIVRE SEIZIE ME.

LES MOGOLS DE LA CHINE,
OU DYNASTIE DES YUEN.

L

So.......000 EMPIRE de la Tartarie qui avoit été réuni jufqu'alors fous un même Prince, fut divifé, après la mort de Mangou-khan, en plufieurs Royaumes, qui étoient encore très-confidérables; les Defcendans de Batou-khan devinrent Souverains dans le Captchac, Houlagou en Perfe, Zagatai dans le Maouarennahar. Mais tous ces Princes recevoient l'inveftiture de celui qui régnoit dans la Tartarie & dans la Chine, qui étoit regardé comme le Grand-Khan, & ce ne fut que dans la fuite qu'ils cefferent

Kublai

de lui rendre quelques hommages. Kublai ayant été informé de la mort de Mangou fe rendit avec fes troupes à khan. Yen-king, où la plupart des Chefs le prefferent de fe faire proclamer Grand-khan; il balança pendant quelque tems, & ne s'y détermina qu'après avoir reçu un Envoyé d'Houlagou fon frere, qui le follicitoit d'accepter l'Empire. Alors tous les Grands fe rendirent à Kai-ping-fou en Tartarie, où ils donnerent le titre de Grand-Khan à Kublai (a). Après L'an 12605 cette proclamation on fit partout de grandes réjouiffances, & Kublai s'attacha à choisir d'habiles Généraux, & des Miniftres fages & integres. La domination des Mogols, jufqu'alors fi barbare & fi dure, changea fous ce Prince, qui adopta entierement les mœurs des Chinois, & qui fut regardé par ces peuples même, comme un des plus grands & des plus illuftres Empereurs qui ait régné dans la Chine. Son regne fut fertile en grands hommes, en grands événemens, parce que Kublai étoit grand lui-même, qu'il fit fleurir les Arts & les Sciences, & qu'il s'attacha à rendre fes Sujets heureux, en cherchant partout le mérite pour le récompenfer, en veillant à la culture des terres, au progrès des Manufactures & au Commerce. Si les Chinois ont fouvent été vaincus, jamais leurs loix n'ont éprouvé un pareil fort, & les plus grands Conquérans qui ont foumis cette Nation ont été obligés de fe foumettre eux-mêmes à fes loix. La plûpart des Mogols fe dépouillerent de leur barbarie; plufieurs, & à l'imitation des Chinois, fe rendirent célèbres par une fidélité inébranlable pour le fervice du Prince, & par l'amour de la patrie. Un des plus grands crimes que l'on puiffe commettre à la Chine, eft de manquer de refpect & d'obéiffance à fon pere, & l'Empereur y eft regardé comme pere de la Nation.

le

La proclamation de Kublai n'avoit pas été unanime; Arighbouga fon frere qui afpiroit au trône, avoit une grande armée à Caracorom, & un puiffant parti dans les Provinces de Se-tchuen & de Chenfi (b); fon Général Alantar s'effor

(a) Les Chinois lui donnent dans leur Hiftoire le nom de Chi-tçou.

(6) Ses partifans étoient Alantar qui

commandoit fon armée à Caracorom,
Afoutai, Yulongtaché & Siliki, trois fils
de Mangou-khan,

L'an 1260.

Kublaikhan.

çoit de gagner les Chefs des Hordes à force de préfens. Apr. J. C. Dans le Chenfi, Hoen-tou-hai à la tête de foixante mille hommes de troupes, s'emparoit de Fong-tfiang-fou, & se pratiquoit des intelligences fécretes pour fe faifir de Siganfou, & pendant que l'on proclamoit Kublai Grand-Khan à Kai-ping-fou, Arighbouga fe faifoit donner le même titre à Caracorom. Kublai inftruit de toutes ces démarches de fon frere, leva de nombreuses armées pour lui réfifter. Il envoya Lien-hi-hien en diligence dans le Chenfi, & ce Général y arriva affez à tems pour empêcher que Siganfou ne fe déclarât en faveur d'Arighbouga, par les intrigues du Gouverneur qui avoit embraffé le parti de ce Prince. H rétablit l'ordre dans cette ville, fit arrêter ceux qui étoient fufpects, établit partout de bonnes gardes, & après avoir découvert par un Officier qu'on lui amena, les noms de ceux qui vouloient livrer la ville, il fit prendre les principauxqu'il fit mourir, & envoya une armée dans le Se-tchuen Hoen-tou-hai voyant que tout avoit été découvert, & que la prife de Siganfou étoit manquée, repaffa le Caramoran, & alla rejoindre Alantar en Tartarie, après s'être rendu maître de Kan-tcheou, malgré les efforts de Hatan qui le fuivoit, & qui étoit chargé d'empêcher la jonction de ces deux armées. Hatan entra auffi-tôt en Tartarie, campa entre Caracorom & l'armée des rebelles, & leur livra bataille Un grand vent qui portoit le fable & la pouffiere dans les yeux de fa cavalerie donna d'abord l'avantage aux ennemis, mais une partie des Cavaliers ayant mis pied à terre fe battirent à armes blanches, & mirent l'aîle gauche en déroute; enfuite la droite plia, toute l'armée prit la fuite, les deux Généraux ennemis furent tués, & par cette grande victoire le Chenfi & le Se-tchuen rentrerent dans le dey voir.

Pendant ce tems-là Kublai appelloit à fa Cour les Sçavans & les hommes diftingués par leur mérite, pour faire fleurir les fciences, & publioit de fages Réglemens fur le Gou vernement. Il étoit jaloux de connoître par lui-même ceux de ses Sujets, même les Etrangers de quelque Nation & de quelque Religion qu'ils fuffent, qui pouvoient le plus

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