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de latitude, 15 degrés 35 minutes de longitude Oueft. 10°. Sur le Patarik-pira, 46 degrés de latitude, 15 degrés minutes de longitude Oueft. 11°. Sur le Tegurik-pira, 45 degrés 22 minutes, 45 fecondes de latitude, 19 degrés 30 minutes de longitude Ouest. Ajoûtez à tous ces lieux la ville de Hami & fon petit territoire, poffédés par des Mahométans qui dépendent de l'Empereur de la Chine, 42 degrés 53 minutes de latitude, 22 degrés 23 minutes de longitude.

Tous ces peuples ont un même langage, une même Religion & les mêmes moeurs. Leur langage s'appelle simplement la langue Mogole, les caractères qui fubfiftent fur les anciens Monumens, font les mêmes que ceux d'aujourd'hui, qui font différens des caractères Mantcheous. Les Mogols font la plupart d'une taille médiocre, mais robufte. Ils ont la face large & plate, le teint bazané, le nez plat, les yeux noirs & pleins, les cheveux noirs, & auffi forts que le crin de leurs chevaux. Ils fe les coupent ordinairement affez près de la tête, & n'en confervent qu'une touffe au fommet, qu'ils laiffent croître de fa longueur naturelle. Ils ont peu de barbe. Ils font fort groffiers, mais honnêtes & de bon naturel. Ils font fales dans leurs tentes, mal-propres dans leurs habits, & vivent parmi la fiente de leurs animaux qui leur tient lieu de bois dans leurs foyers. Ils excellent à la chasse & dans l'art de mener les chevaux, & fe fervent habilement de l'are à pied & à cheval. En général ils menent une vie fort miférable. L'averfion qu'ils ont pour le travail leur fait préférer l'herbe de la terre aux fruits de l'Agriculture. Leur principale ambition eft de conferver le rang de leurs familles. Ils n'eftiment les chofes que par l'utilité, fans aucun égard pour la rareté ou la beauté. Leur naturel eft gai & ouvert, toujours difpofé à la joye. Ils ont peu de fujets d'inquiétude, parce qu'ils n'ont pas de voifins à ménager, ni d'ennemis à craindre, ni de Seigneurs auxquels ils foient obligés de faire leur cour, ni d'affaires difficiles, ou qui les obligent à fe contraindre. Leurs occupations, ou plutôt leurs amusemens continuels, font la chaffe, la pêche, & d'autres Tom. III.

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exercices du corps dans lefquels ils excellent. Cependant ils font naturellement capables, non-feulement d'application aux sciences, mais encore des plus grandes affaires comme on a pû s'en convaincre, lorfque leurs Ancêtres ont poffédé la Chine. Leur habit ordinaire eft compofé de peaux de mouton & d'agneau, dont ils tournent la laine du côté du corps. Leurs armes font la picque, l'arc, & le fabre. Leurs troupeaux font compofés de chevaux, de chameaux, de vaches & de moutons.

La Religion, comme celle du Tibet eft celle de Fo, qu'ils appellent Tucheki, ils croyent la tranfmigration des ames, rendent une obéiffance aveugle aux Lamas, qui paffent pour fçavans lorfqu'ils fçavent lire leurs Livres, qui font écrits en langue du Tibet. Ces Lamas font fort ignorans, leur libertinage eft exceffif; au lieu d'inftruire le peuple, ils trouvent plus d'avantage à courir les tentes où ils répétent certaines prieres pour lefquelles ils fe font bien payer, ou à exercer quelques pratiques de Médecine, dans lefquelles ils fe prétendent fort habiles. Ils n'ont pas de facrifice ni l'ufage des offrandes; mais le peuple fe met fouvent à genoux devant eux, tête nue, pour recevoir l'abfolution; ils prétendent avoir le pouvoir de faire tomber la grêle & la pluye. On croit que ces Lamas n'ont paffé en Tartarie que fous le regne de Kublai-khan; mais il eft certain qu'il y en avoit auparavant quelques-uns penfent qu'ils font des reftes des Chrétiens qui étoient en Tartarie fous le régne du même Prince, & ils fe fondent fur ce que ces Lamas employent l'eau-bénite, chantent dans le fervice divin, prient pour les morts, portent la mître comme nos Evêques, & ont d'autres cérémonies & coutumes qui reffemblent à celles des Chrétiens. Cette conjecture eft du Pere Gerbillon, & elle paroîtra vraisemblable à ceux qui examineront tout ce que j'ai dit des Lamas dans cette Hiftoire. Ces Lamas ont à leur tête un Koutouktou (a) ou Fo vivant, qui réfide à Koukou-hotun, & qui eft envoyé par le Grand-Lama; mais celui des Kalkas

(a) On dit encore Houtou&ou

n'eft point foumis au Grand-Lama. On le regarde comme un Dieu, & il a fous lui plufieurs autres Koutouktous. Il s'eft fouftrait peu-à-peu à l'autorité du Grand-Lama. Le peuple eft perfuadé qu'il vieillit à mesure que la Lune décline, & que fa jeuneffe recommence avec la nouvelle Lune. Dans les grands jours de Fêtes il paroît au fon des inftrumens, fous un magnifique dais de velours de la Chine, ouvert par-devant. Il eft affis fur un grand couffin de velours, les jambes croifées, avec une figure de Fo à chaque côté. Les autres Lamas de diftinction font au-deffous de lui fur des couffins moins élevés, lisent en filence, & feulement des yeux. Après que le peuple s'eft profterné devant cette Affemblée, les Lamas apportent des encenfoirs avec des herbes odoriférantes; on encense d'abord Fo, enfuite le Koutouktou & le peuple. On apporte après cela plufieurs vafes de porcelaine remplis de liqueurs & de confitures. On en place fept devant chaque image de la Divinité, autant devant le Koutouktou qui en goûte un peu, & fait diftribuer le refte aux Chefs des Hordes. Ce Koutouktou n'a pas de demeure fixe, comme le Dalai-Lama ou le Grand-Lama; pendant l'Eté il campoit quelquefois aux environs de Nerchinskoi & du fleuve Amour; mais depuis que les Ruffes fe font établis dans ce canton, il ne paffe plus au-delà de Selinghinzkoi. On le voit ordinairement fur les rivieres d'Orkhon, de Selinga & d'Urga, où il est toujours environné d'un grand nombre de Lamas & de Mogols armés. Le peuple fe préfente à lui fur fa route pour recevoir fa bénédiction qu'il donne en pofant sa main fermée fur la tête.

Tel eft l'état actuel de ces anciens Maîtres de la Chine & de toute l'Afie. Ces peuples après avoir eu autrefois parmi eux les plus grands hommes dans les fciences, dans le Gouvernement & dans la guerre, & après avoir adopté les Loix d'un pays auffi policé que auffi policé que la Chine, devoient porter ces Loix dans la Tartarie, & policer ces vaftes pays. Mais toutes les sciences, la connoiffance des Arts & des Loix de la Chine fe font évanouies en paffant la grande muraille; elles font reftées à la Chine, & les Mogols font rentrés dans

leur pays, auffi groffiers qu'ils en étoient fortis; ils ont repris leurs tentes & leurs troupeaux. La même chofe eft arrivée à tous les autres Tartares qui ont conquis la Chine, & la même chofe arrivera toujours, tant qu'une Nation policée ne foumettra pas la Tartarie, & ne bâtira pas de grandes villes dans ces plaines immenfes, qui n'infpirent aux habitans que la vie champêtre.

V.LS

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HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUNS.

LIVRE DIX-SEPTIE ME.

I.

LES MOGOLS DE LA PER SE,
OU DE L'IRAN.

L

000000000000 ORS QUE Mangon-khan fur parvenu à l'Empire de la Tartarie, ce Prince envoya fon Apr. J. C. Houlagous frere Houlagou (a) dans l'Afie Occidentale, khan. c'eft-à-dire, vers la Perfe & la Syrie, & donna Hift. géné. le Gouvernement du Khorafan à Argoun aga de la horde des Ouirats, qui mourut après en avoir joui pendant dix ans. Houlagou, ainfi que nous l'avons rapporté, détruifit la fecte des Melahedites ou des

(a) Haiton le nomme Haolon, d'autres Halfon,

des Tatarse

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